a matter of time ft. viladra the betrayer |
Quasiment un siècle, cela faisait maintenant si longtemps que tu n'avais pu revoir celle que tu avais appelé de si nombreuses fois sœurs, celle que tu avais pu accueillir en ce monde parmi les derniers de votre race. Celle qui avait pu profiter de la gloire, du luxe des cérémonies et de tout le travail que vous aviez réalisé il y a de cela encore bien plus de siècles. Traîtresse qui avait même fini par te demander ton avis en une soirée peu de temps avant ces fameux jours d'infamie où le sang de tant d'innocents avait fini par être versé. Elle était comme une plaie, une des ces neuf plaies encrées en ton esprit qui ne cessaient de t'accabler en ton quotidien même si elle, même si le souvenir lié au sien n'en était que plus vif en quelque sorte. Tu te rappelais de cette célèbre nuit ou plutôt de ce banal moment que vous aviez vous deux passés à la source de la vie, en l'un des lieux loin du regard des mortels, en l'un des lieux loin de tous regards, juste entre vos deux yeux, vos deux bouches comme vous tu l'avais fait avec d'autres Seraph lorsqu'il s'agissait d'évoquer des sujets épineux ou nécessaires. Désir ou plutôt actuellement Jalousie, c'était elle qui t'avait peut être le plus marqué en sa perfidie, celle dont tu voulais le plus la tête ou alors plus logiquement les explications, les raisons de son départ afin de peut être qui sait adoucir ton jugement ou l'aggraver.
Simple détail, tu l'avais ainsi rencontré à cet endroit nimbé de ce liquide qui vous avait vu naître alors que le soleil avait fini par quitter le ciel depuis bien des heures pour offrir son trône à sa comparse lunaire. Cadre si paisible, cadre que tu avais fini par apprécier de par sa quiétude lorsqu'il était vital de peaufiner ta perception d'une affaire, d'un problème. Tu avais fini par déambuler en cette nuit entre la terre et l'eau, tes pieds s'étant parfois encrés en cette source là où les constructions humaines ne l'avaient encore défigurée. Votre berceau à vous tous, votre berceau à vous trente le seul réel lieu qui était sacré à tes yeux, votre mère une conception que les mortels avaient su en quelque sorte d'inculquer durant tes nombreux périples avec eux même s'il était impossible de réellement percevoir ainsi de la simple flotte. Tu avais ainsi fini à l'époque par te poser entre ces deux textures, celle qui t'avait offerte la vie et celle qui t'avait ensuite accueilli, t’asseyant sur la terre alors que tes chevilles ou du moins ce qui y correspondait en ta forme monstrueuse trempaient en le liquide si cristallin malgré le poids de l'âge et l'activité des mortels sur celui-ci. Tu avais dès lors fini par trouver l'endroit parfait, la place parfaite alors qu'en cette nuit tu avais eu pour idée en un premier temps de méditer sur le cas de certains humains.
C'est ainsi que tu l'avais vu elle, celle qui quelques jours, quelques semaines plus tard tu ne savais plus exactement avait tenté de te poignarder toi et les vingt autres honnêtes, celle dont tu n'aurais du jamais accepter la compagnie en cette obscurité naturelle qui s'était profilée. Raisonnement que tu n'avais pu tenir à l'époque alors tu avais fini par longuement la fixer avant de lui offrir cette simple parole, l'appelant comme vous l'aviez toujours fait par cette dénomination qui lui était exclusive.
« - Viladra, ce n'est pas souvent que je te vois traîner ici et encore plus à cette heure et surtout sous cette forme. »
Léger sourire ayant déformé tes lèvres ou du moins leur équivalent imperceptible sous ces étoffes qui parcouraient ta tête de chose. Tu t'étais permis de machinalement tapoter la parcelle à tes côtés afin de l'invité à te rejoindre en cette nuit. Tu avais bien appris une chose des mortels, quitte à passer un peu de temps avec quelqu'un autant que cela soit en bonne compagnie et il y a cela des années, tu l'avais considéré comme vos autres frères et sœurs de bonne compagnie et tandis qu'elle avait fini par se rapprocher tes lèvres s'étaient mises à formuler cette question.
« - Cela fait quelque temps que je ne t'ai pas vu ainsi vu que tu préfères généralement traîner auprès de tes fidèles sans qu'ils s'en rendent compte, tu te serais un peu lassée d'eux ? »
Tu avais dès lors commencé la conversation comme tu l'aurais fait avec n'importe qui aujourd'hui, avec n'importe qui exception faite pour les traîtres qu'elle avait fini par représenter. Tu t'étais montré donc naturellement curieux, tout sauf inquisiteur, des plus normaux tout bonnement en tes prises de parole à son attention, temps malheureusement révolu même si le souvenir de cet échange te collait à la peau.
« - Ou alors tu es ici car tu souhaites t'entretenir avec l'un de tes semblables sur une quelconque chose ? »
Dernières palabres à son attention, tu avais fini donc par attendre sa réponse choyé par le crépuscule qui vous entourait.