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Lost Kingdom  :: Mearian :: La source de vie

A matter of time | ft. viladra | flashback | fini

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a matter of time
ft. viladra
the betrayer

Quasiment un siècle, cela faisait maintenant si longtemps que tu n'avais pu revoir celle que tu avais appelé de si nombreuses fois sœurs, celle que tu avais pu accueillir en ce monde parmi les derniers de votre race. Celle qui avait pu profiter de la gloire, du luxe des cérémonies et de tout le travail que vous aviez réalisé il y a de cela encore bien plus de siècles. Traîtresse qui avait même fini par te demander ton avis en une soirée peu de temps avant ces fameux jours d'infamie où le sang de tant d'innocents avait fini par être versé. Elle était comme une plaie, une des ces neuf plaies encrées en ton esprit qui ne cessaient de t'accabler en ton quotidien même si elle, même si le souvenir lié au sien n'en était que plus vif en quelque sorte. Tu te rappelais de cette célèbre nuit ou plutôt de ce banal moment que vous aviez vous deux passés à la source de la vie, en l'un des lieux loin du regard des mortels, en l'un des lieux loin de tous regards, juste entre vos deux yeux, vos deux bouches comme vous tu l'avais fait avec d'autres Seraph lorsqu'il s'agissait d'évoquer des sujets épineux ou nécessaires. Désir ou plutôt actuellement Jalousie, c'était elle qui t'avait peut être le plus marqué en sa perfidie, celle dont tu voulais le plus la tête ou alors plus logiquement les explications, les raisons de son départ afin de peut être qui sait adoucir ton jugement ou l'aggraver.

Simple détail, tu l'avais ainsi rencontré à cet endroit nimbé de ce liquide qui vous avait vu naître alors que le soleil avait fini par quitter le ciel depuis bien des heures pour offrir son trône à sa comparse lunaire. Cadre si paisible, cadre que tu avais fini par apprécier de par sa quiétude lorsqu'il était vital de peaufiner ta perception d'une affaire, d'un problème. Tu avais fini par déambuler en cette nuit entre la terre et l'eau, tes pieds s'étant parfois encrés en cette source là où les constructions humaines ne l'avaient encore défigurée. Votre berceau à vous tous, votre berceau à vous trente le seul réel lieu qui était sacré à tes yeux, votre mère une conception que les mortels avaient su en quelque sorte d'inculquer durant tes nombreux périples avec eux même s'il était impossible de réellement percevoir ainsi de la simple flotte. Tu avais ainsi fini à l'époque par te poser entre ces deux textures, celle qui t'avait offerte la vie et celle qui t'avait ensuite accueilli, t’asseyant sur la terre alors que tes chevilles ou du moins ce qui y correspondait en ta forme monstrueuse trempaient en le liquide si cristallin malgré le poids de l'âge et l'activité des mortels sur celui-ci. Tu avais dès lors fini par trouver l'endroit parfait, la place parfaite alors qu'en cette nuit tu avais eu pour idée en un premier temps de méditer sur le cas de certains humains.

C'est ainsi que tu l'avais vu elle, celle qui quelques jours, quelques semaines plus tard tu ne savais plus exactement avait tenté de te poignarder toi et les vingt autres honnêtes, celle dont tu n'aurais du jamais accepter la compagnie en cette obscurité naturelle qui s'était profilée. Raisonnement que tu n'avais pu tenir à l'époque alors tu avais fini par longuement la fixer avant de lui offrir cette simple parole, l'appelant comme vous l'aviez toujours fait par cette dénomination qui lui était exclusive.

« - Viladra, ce n'est pas souvent que je te vois traîner ici et encore plus à cette heure et surtout sous cette forme. »

Léger sourire ayant déformé tes lèvres ou du moins leur équivalent imperceptible sous ces étoffes qui parcouraient ta tête de chose. Tu t'étais permis de machinalement tapoter la parcelle à tes côtés afin de l'invité à te rejoindre en cette nuit. Tu avais bien appris une chose des mortels, quitte à passer un peu de temps avec quelqu'un autant que cela soit en bonne compagnie et il y a cela des années, tu l'avais considéré comme vos autres frères et sœurs de bonne compagnie et tandis qu'elle avait fini par se rapprocher tes lèvres s'étaient mises à formuler cette question.

« - Cela fait quelque temps que je ne t'ai pas vu ainsi vu que tu préfères généralement traîner auprès de tes fidèles sans qu'ils s'en rendent compte, tu te serais un peu lassée d'eux ? »

Tu avais dès lors commencé la conversation comme tu l'aurais fait avec n'importe qui aujourd'hui, avec n'importe qui exception faite pour les traîtres qu'elle avait fini par représenter. Tu t'étais montré donc naturellement curieux, tout sauf inquisiteur, des plus normaux tout bonnement en tes prises de parole à son attention, temps malheureusement révolu même si le souvenir de cet échange te collait à la peau.

« - Ou alors tu es ici car tu souhaites t'entretenir avec l'un de tes semblables sur une quelconque chose ? »

Dernières palabres à son attention, tu avais fini donc par attendre sa réponse choyé par le crépuscule qui vous entourait.


ft. Viladra

ft. Olieron

「Mémoires de l'eau」
Assise sur le bord de l'eau, je contemplais mon reflet d'un œil vide, observant les vestiges d'une gloire passée et désormais oubliée. Je me rappelais encore de ce temps où les hommes et les femmes se pâmaient d'admiration et de loyauté envers ma personne, où une simple apparition de ma part suffisait à attirer les passions les plus enfouies dans le cœurs de mes fidèles. Je me rappelais encore du temps lointain où les bardes louaient ma beauté, ma bienveillance et mon aura magnétique. C'était une époque révolue qui s'effaçait peu à peu dans ma mémoire centenaire mais dont les bribes de quelques souvenirs revenaient encore me hantaient. Je me rappelais de ce temps où je brillais parmi les miens, où rien ne me faisait peur et où le monde entier se ployait sous nos présences... Divinité parfaite, déesse du désir, rien ne me résistait et je possédais les âmes des plus fragiles comme des plus forts entre mes mains... Que me restait-il désormais si ce n'était le poids d'une immortalité morne et insipide, que possédais-je désormais hormis rancœur et regret. Je pouvais encore sentir le goût amer et désagréable du poison de la trahison qui s'était déposé sur ma langue... Je ne pouvais me débarrasser de ces images du passé qui m'assaillaient, de ces moments où, d'une rage et d'un désespoir incontrôlés j'avais décidé de franchir la limite du non-retour. Certains auraient pu m'en empêcher... D'autres avaient tenté en vain de le faire, et par une suite hasardeuse et négative de choix aussi mauvais les uns que les autres, me voici ici maintenant : pauvre, pauvre petite âme corrompue et isolée.

C'était dans un lieu semblable à celui-ci où mon avenir avait commencé à prendre une direction dangereuse. Un endroit où les éléments se côtoyaient sans haine et où il était agréable de se prélasser... Les sources de vie n'étaient pas un mon refuge, je passais plus de temps dans ma dimension où dans les bras de mon amant, mais à cette époque charnière... Ces derniers ne m'étaient pas accessibles, résultat d'une trahison perfide qui me fit perdre la tête.
Je me souvenais de ce jour comme si c'était hier, ce moment où, perdue et désespérée, j'avais inconsciemment recherché la présence d'une personne de confiance. Moi qui ne me confiais que très rarement, j'étais à un tel point de tristesse que je m'étais rendue sur ces lieux dans l'espoir enfoui d'y croiser une âme bienveillante qui saurait me rassurer, ou bien me conseiller. Oui, Olieron... Ce fut sur toi que mon regard voilé se posa ce jour-là... La justice, impartiale et majestueuse, beaucoup te respectait pour tes mots toujours égaux et même parmi nos confrères, l'on s'accordait à dire que tu faisais partie des plus avisés. Si seulement... Si seulement ce qui faisait ta vertu n'avait pas été aussi parfaite, peut-être aurais-tu réussi à faire une entorse à ta nature et aurais-tu su me retenir.

Ayant délaissé ma forme humaine, je flottais à mi-chemin entre ciel et terre parmi les bassins naturels, mon corps sombre et auréolé de flammes. Sur mon visage de jais aux expressions indéchiffrables, il était impossible de deviner mon esprit tourmenté et je continuais donc d'errer dans un silence oppressant en quête d'un peu de sagesse. Pourtant... Dans mon esprit n'étaient que déferlement de haine, vague de déception traîtresse et envie de vengeance. Il n'y avait plus aucune place au doute... Le couteau que j'avais reçu dans mon dos avait percé mon âme, toutes mes espérances et les images d'avenir radieux que je m'étais imaginées. Je n'étais désormais rien d'autre qu'un esprit brisé, en colère contre celui qui avait osé me faire du mal, mais aussi en colère contre moi-même. Si faible, avais-je été... Moi, déesse, incarnation du ciel, du feu, de la terre et de l'air, je m'étais faite emprisonnée par un simple humain. Je l'avais laissé m'étreindre, me toucher, je l'avais laissé faire ce qu'il souhaitait jusqu'à ce qu'il me torture par ses mensonges et sa perfidie. Mon cœur n'était que souffrance là où mon souffle ne projetait plus que de la braise. Douloureuse blessure... Les éclats de souffrance me perforaient l'âme tandis que je me sentais faiblir. Il fallait que je tienne, que je survive à cette épreuve. Je n'en ressortirais que plus forte... Car si je sombrais, je ne remonterai pas.

Viladra...

Une voix reconnaissable me tira de mes pensées et mon regard se posa sur Olieron. Visage masqué, apparence androgyne et prestance pourtant indubitablement masculine, un sourire crispé étira mon visage sans qu'il ne transparaisse sous mon apparence monstrueuse. De tous les seraphs, il n'était pas celui dont j'étais la plus proche mais j'avais toujours apprécié sa compagnie. Désir et Justice n'étaient pas spécialement compatibles, l'un usant des sentiments tandis que l'autre se montrait absent de toutes émotions. Néanmoins, c'était quelqu'un de sage et sa présence avait toujours eu un côté rassurant. S'étonnant de me voir en ces lieux, il me fit signe de le rejoindre et je traversai d'un pas aérien les derniers mètres qui nous séparaient. Toujours sans rien dire, je m'assis à ses côtés, trempant mes longues jambes d'ébène dans l'eau turquoise. Lorsqu'il me demanda si j'étais ici en quête d'une discussion, un frisson parcourut mon échine et je remerciai la lueur crépusculaire de dissimuler ce trait de nervosité. Marquant un silence pour réfléchir à la façon dont j'allais tourner mes phrases, je préférai alors opter pour un ton que j'espérai paisible et dont les légers tremblements passeraient pour imperceptibles.

Bonsoir, Olieron, dis-je alors, c'est plaisant de te croiser, ce soir.

Les banalités polies étant terminées, je laissai à nouveau un blanc s'installer, battant lentement des pieds dans le bassin. Lorsque la première onde provoquée atteint l'extrémité de l'eau, je repris à nouveau la parole malgré une certaine appréhension. Il était la justice, il était à même de me conseiller... Mais il me jugerait aussi, et je ne savais pas si j'étais prête à le supporter.

Dis-moi, Olieron, est-ce que...

Ce n'était peut-être pas une bonne idée de lui parler. Peut-être devrais-je aller voir Semna, je savais qu'il ne me critiquerait pas sur mes choix. Mais j'étais lancée, et je n'arrivais pas à m'arrêter...

… Est-ce que la vengeance personnelle peut être considérée comme juste ? Lui demandais-je alors. Je veux dire, si... Si quelqu'un te fait du mal, violemment, peut-être parce que tu as fait l'erreur de lui accorder ta confiance, considérerais tu qu'il mérite d'être puni ?

Je voyais déjà son visage indéchiffrable se tourner vers le mien et je regardai alors devant moi, le regard fixé sur l'ombre des arbres. Je redoutais autant que je désirais sa réponse... A cette époque là, j'étais aussi faible qu'une simple humaine. Je m'étais trop approchée d'eux, et ils m'avaient contaminé de leur stupidité... Et toi, Olieron, j'avais espéré un instant que tu m'en libères.


a matter of time
ft. viladra
the betrayer

Elle avait fini par traverser cette simple étendue d'eau pour prendre place là où tu lui avais indiqué, satisfaction se faisant présente, celle de pouvoir avoir à tes côtés une connaissance, une semblable, celle qui était une seraph comme toi à l'époque. Échange d’amabilités s’enchaînant machinalement alors que tu vins lui offrir une oreille attentive, toujours à l'écouté même de l'être le plus infâme car la Justice se devait d'être ainsi cependant, écouter chacun afin d'analyser au mieux le monde et les individus qui l'entouraient. Tu avais dès lors reporté ton regard sur l'eau n'ayant jamais réellement laisser transparaître une quelconque réaction de ta part à ses multiples paroles alors que même en ton esprit tu ne pouvais cependant cacher la curiosité vis à vis de ce qu'elle déclara doucement mais sûrement. La vengeance, un mot non pas agréable à ouïr mais dont la signification l'était bien moins elle cependant, tu avais dès lors deviné que la situation allait en être quelque peu compliquée et plus que tout épineuse. Elle s'était montrée évasive à l'époque, omettant bien des détails, bien des paroles qui auraient été nécessaire à l'établissement d'un bien meilleur conseil à son attention.

Ton visage se tournant simplement vers le sien, une simple réaction que tu lui avais offert il y a de cela des années maintenant. Tu avais pris ton temps pour répondre, laissant un silence bien trop pesant envahir les lieux, laissant ton regard se perdre sur elle même si tu te contentais plus qu'autre chose de fixer un point perdu en tes songes. Tu avais dès lors entamé ton analyse penchant parfois doucement la tête sur le côté. C'est ainsi qu'une sonorité s'était permise de franchir le seuil de tes lèvres voilées entamant un semblant de réponse même si celle-ci était incomplète.

« - Techniquement oui, tout péché ou transgression à la loi que nous avons établi mérite punition, une punition malgré tout proportionnée au fait. Le plus dur étant de trouver la sentence la plus en accord comme le méfait, on ne peut pas faire exécuter n'importe qui n'importe comment. Tu sais Viladra qu'exercer la Justice est quelque chose de plus complexe que des vertus comme l'Amour et bien d'autres à l'image de celle que tu portes. »

Sagesse devait être l'un de vos frères et sœurs qui te comprenait le mieux, qui pouvait le plus facilement comprendre les dilemmes qui se posaient à toi au quotidien. Cela n'empêchait donc que tu n'avais terminé ta prise de parole ayant fait savoir de par quelques gestes que tu n'avais fini ton raisonnement à l'attention de celle qui incarnait le Désir, lui faisant savoir que le temps était aussi une bonne conseillère comme l'attente totale de ton verdict. Tu en revenais tout le temps à ce même problème, le fait qu'elle ne t'offrait guère plus d'informations sur ce qu'elle sous entendait. Tu avais par expérience perçu le fait que l'on ne posait aussi pas ce genre de questions sans la moindre arrière pensée, elle avait une idée n'importe qui pouvait le deviner, n'importe idiot ou mortel.

« - Tu as une idée derrière la tête Vildara, n'importe qui pourrait le deviner. Dit moi tout car on ne peut pas juger d'une chose et donner des conseilles avec si peu de choses. »

Tu t'étais tourné dès lors un peu plus vers elle curieux, appréhendant ses futurs réponses te demandant si elle allait te révéler plus de choses ou si tu allais devoir te contenter de ses premiers mots. Tu ne te fis point prier pour commenter une nouvelle fois ta propre pensée concernant, la jugeant ou la mettant plutôt en garde contre son questionnement, contre la réponse qu'elle était venu te trouver.

« - Tu sais pertinemment qu'il y a tout le temps des pour et des contre et que dès lors ce que je viens de te dire n'est pas à prendre au pied de la lettre vu que cela doit concerner une affaire, un jugement précipité et incomplet est la pire erreur qu'il est possible de faire garde toi ca bien en tête à défaut de vouloir m'exposer ta réelle motivation derrière cette question. »

Votre échange allait sûrement être long même si tu espérais que le sujet ne soit pas trop houleux même si lorsqu'un seraph venait demander l'avis d'un de ses comparses il ne pouvait s'agir qu'un fait quelque peu délicat pour le concerné, à ses yeux. Visiblement ta sœur Seraph, l'incarnation du désir n'avait pas fait les choses à moitié sous un autre aspect, venir quérir l'un de ses semblables alors que la nuit allait pouvoir de surcroît lui porter conseil comme les humains le disaient parfois. Tu espérais juste qu'elle ne soit pas trop tourmenté, que la chose qui lui hantait l'esprit ne soit pas porteuse d'un geste inconsidéré et déplacé même si le futur t'avait prouvé bien plus que le contraire.



ft. Viladra

ft. Olieron

「Mémoires de l'eau」
Tout péché ou transgression à la loi que nous avons établie mérite punition.

Je n'entendais plus que cette phrase se répéter en bouche et en boucle dans ma tête tandis qu'il continuait sa réponse. A ce moment-là, tu ne savais pas que tu venais à l'instant de me donner l'arme qu'il me manquait pour m'exécuter... Car effectivement, tu avais raison, ceux qui trompaient nos règles ne méritaient que châtiment. Qui étais-je ? J'étais la déesse du désir, membre de la confrérie des seraph et porteuse de paroles toutes puissantes. Blasphémer mon nom ou ma personne était un crime d'hérésie extrême. Me faire du mal était impardonnable... Car les lois, ici, c'était nous.
Je sentais mon souffle saccadé se calmer progressivement tandis qu'une paix étrange m'envahissait. Il n'y avait plus aucune place au doute, désormais. L'idée même d'avoir hésité à exercer ma vengeance divine me dégoûtait. J'étais une déesse, il n'était qu'un humain, sa vie n'avait donc aucune valeur à nos yeux... Il n'était rien.

Il reprit la parole, me demandant pourquoi je lui posais une telle question. Évidemment, si je n'avais donné aucun nom ou aucune information précise sur le tourment qui m'habitait, il était aisé de comprendre que je cachais quelque chose. Pourtant, alors que quelque secondes plus tôt j'étais assaillie par le désespoir et la douleur, une douce quiétude venait m'envelopper, comme pour me rassurer sur le dilemme qui me faisait face. Ce n'était désormais plus une question de pouvoir, car le droit divin je le possédais, mais une question de vouloir. Néanmoins, un certain trouble continuait de me hanter à ce moment-là, car si nous étions des divinités aux yeux des fidèles, pouvions nous nous bercer nous-même d'illusion au point d'y croire... ? Je n'étais pas dupe et je savais que mes frères et sœurs préféraient fermer les yeux sur cette imposture. Qu'en était-il de moi... Tant de tromperie, de flatterie et de sournoiserie. De la part de grands dieux miséricordieux, c'était assez hypocrite... Et je commençais à en avoir marre de ce petit jeu où nous manipulions les hommes et les femmes comme des marionnettes. La vie avait décidé que ce serait moi, ensuite, celle avec qui on jouerait. J'avais été trompée, bafouée et humiliée... Peut-être était-ce le signal qu'il était temps de s'en aller, de laisser ces faux-semblants derrière moi. Et pourtant... Si je m'étais calmée, je ressentais encore cette douleur intolérable qui me transperçait la poitrine. Était-ce réellement de la justice ? Ou tout simplement une vengeance ardente et violente que je désirais...

Tu as toujours été de bons conseils, Olieron, répondis-je d'une voix douce. Même si parfois ton manque de passion te rend intransigeant, c'est aussi cette rigidité qui fait ta force.

Oui, peut-être que si tu avais eu ce côté émotionnel plus présent chez les seraph proches de ma nature, tu n'aurais jamais formulé tes phrases ainsi et tu aurais tout de suite tempérer les choses. Mais malheureusement, tes premiers mots s'étaient ancrés dans ma mémoire et ton impartialité avait fait le reste : désobéissance, punition. Il n'était pas difficile de faire le lien... Et je sentais peu à peu mon désir se muer en déception, atteignant les limites de la colère et du non-retour.
C'était ça, ton problème, Olieron. Tu ne savais pas comprendre les défauts dont les humains nous avaient contaminé... Tu avais toujours été sage, sévère et d'un jugement équitable. Tu n'avais pas pu voir au-delà, tu n'avais pas senti la nécessité de mettre cette froideur de côté pour adopter un point de vue plus passionné. Justice, Sagesse.... Vous pouviez compléter l'amour et le désir, mais pouvions nous tout simplement nous comprendre ? Maintenant que j'étais la jalousie, je m'étais encore plus éloignée de vos valeurs.

Ne t'inquiète pas, repris-je avec un sourire que j'espérais convainquant. Ce sont des questionnements séniles de jeune déesse éprise de désir... Je me dois de respecter mon rôle après tout. Mais j'avoue être un peu dérangée par autre chose, peut-être pourrais-tu m'éclairer ? Je sais que je viens troubler ta quiétude, ce soir. J'espère ne pas trop te déranger...

La justice et la Sagesse étaient des frères et sœurs qui étaient toujours à l'écoute, mais j'avais toujours mis un point d'honneur à ne pas me montrer trop envahissante. Malgré mon statut de désir, je préférais jouer mon rôle parmi mes fidèles et ne pas le faire supporter à mes confrères. Une vieille légende racontait qu'un jour, nos puretés et nos magies finiraient par nous dévorer jusqu'à nous rendre fous... Peut-être qu'inconsciemment je m'en rapprochais ?
Tournant mon visage vers lui, je plongeai mon regard dans son expression indéchiffrable et repris une énième fois la parole, guettant la moindre de ses réactions.

Que penses-tu de tromper le peuple en nous faisant passer pour des dieux... ? Car il ne faut pas nous leurrer, si nos pouvoirs et notre puissance sont supérieurs au commun des mortels, nous n'avons rien de divins... A vrai dire, nos origines nous rapprochent plus des anges et des démons. Je suis assez confuse sur ce que nous faisons... Mais ne vois pas cela comme du blasphème, je suis simplement en plein questionnement.

Certains auraient été offusqués de m'entendre prononcer de telles paroles, mais j'avais confiance en son impartialité pour passer outre la potentielle colère que cela pourrait éveiller chez lui. C'était en toute innocence que je lui demandais son point de vue, car je connaissais déjà le mien et il me fallait l'appuyer sur quelqu'un de légitime pour pouvoir me décider sur la démarche à suivre...


a matter of time
ft. viladra
the betrayer

Tu as toujours été de bons conseils, parole que tu avais tout juste apprécié de par un geste de narcissisme en ton esprit même si aujourd'hui tu savais que tout ceci avait été un mensonge en quelque sorte ou du moins le fait que tu t'étais trompé en quelque sorte concernant sa personne. Tu n'avais que peu réagi de même à son évocation concernant ton manque de sensibilité un manque que tu comblais généralement en pesant les pour et les contre une nouvelle fois. Tu étais ainsi pragmatique, la source t'avait donné naissance comme cela et on ne pouvait le changer même si tu avais avec le temps réalisé un grand travail sur ta personne même si avec le temps tu avais au moins acquis un soupçon de la perception humaine des sentiments. C'est sur cette pensée de ta part que tu avais fini par entendre une énième fois sa voix en cette soirée, une parole qui venait faire part d'un doute, d'un nouveau même si tu n'étais pas entièrement satisfait de sa réponse qu'importe l'autodérision dont elle avait fait preuve. Elle avait rapidement dévié en son sujet et cela ne te plaisait pas spécialement tandis qu'elle t'avait fait savoir que l'affaire était close. Tu avais le sentiment que tout ceci était incomplet mais tu y reviendras plus tard avais tu songé à l'époque.

C'est ainsi que la fameuse question se fit ouïr, une question à laquelle tu t'étais toi même confronté de si nombreuses fois en privé n'ayant pas peur des grands mots, n'ayant pas peur d'aborder un sujet si houleux. Tu avais dès lors doucement retroussé tes pieds, leur faisant quitter l'eau alors que les gouttes venaient doucement mais sûrement perler le sol, l'herbe en laquelle vous trôniez. Finissant même par t'allonger en la verdure déjà quelque peu humide de par la nuit relativement bien entamée. Mains venant se joindre le long de ton ventre que tu tapotais tantôt en signe de réflexion en un rythme parfois irrégulier. Question toujours délicate même si tu en étais devenu familier avec celle-ci en ces multiples siècles que tu avais vécu. Un instant, c'était ce genre d'instants en lesquels tu te voyais envie autant du doute que d'un égocentrisme bien présent de par les attraits du pouvoir. Non pas tourmenté au point où la question en devenait cornélienne même si tu allais dévier du sujet en la construction de ta réponse, il était assuré malgré tout que la Justice allait être divergente en bien des points avec le Désir. Ta vertu te forçant à être efficace et incisif avant tout alors qu'elle, elle se devait d'être douceur et envie en dehors de vos traits respectifs même si chacun de vous se voyait exacerbé en des aspects.

Tu vins dès lors se faire mouvoir tes lèvres une nouvelle fois à son attention sur une réplique qui se voulait comme la base du raisonnement que sa question avait mis en place, une base subtile qu'il était juste de questionner elle aussi cependant.

« - Qu'est ce qu'un dieu ? Un simple être puissant en lequel nous plaçons notre confiance en des offrandes, des prières mais maintenant est-ce qu'un dieu se doit il être nécessairement d'avoir un pouvoir indomptable ? »

Tu haussas ensuite les épaules à cette première partie de ta réponse avant d'une nouvelle fois tourner la tête en la direction de ton interlocutrice en cette nouvelle réponse que tu vins lui formuler beaucoup plus longue que ta première prise de parole.

« - Je ne trouve pas que nous trompons spécialement le peuple, tu n'as pas connu l'an zéro comme moi et le chaos, tu n'as pas connu les mortels paniqués et surtout plus que tout abandonné de ceux envers qui ils avaient tous placés leur foi et cela ne t'échappe pas que même aujourd'hui ces dieux ne leurs répondent pas. Leurs prières ne leur ayant jamais rien apporté, je pense qu'un dieu n'a pas pour nécessité d'être tout puissant mais de faire du mieux qu'il peut pour aider son peuple, lui apporter ce qu'il a besoin, lui offrir une nation stable. Pour moi les anciens dieux sont bien plus cupides que nous pouvons l'être, pour moi ils n'ont bâti leur règne que sur une chose la terreur alors que nous, nous avons su distiller de l'espoir comme l'acceptation du repentir dans mon domaine de prédilection. Peut être que se faire appeler dieu est certes un abus de langage, peut être que nous méritions simplement le titre de royauté mais dans tous les cas notre responsabilité vis à vis des mortels reste la même. À mes yeux nous devons les aider, les guider du mieux que nous le pouvons afin de palier à l'absence de réponse de ceux qui n'ont jamais dénié les protéger, parfois il faut savoir interférer avec les mortels pour leur bien. »

Longue tirade terminée tu avais toujours cet ultime commentaire qui te brûlait la lèvre, un ultime commentaire que tu ne te fis point prier à lui offrir en un dernier écho de ta voix.

« - Effectivement se présenter en dieu fut peut être une erreur avec le temps mais je ne suis pas venu personnellement pour prétendre au pouvoir sans donner en retour comme je suppose que d'autres perçoivent leur statut. Pense à cela Viladara et au vécu du peuple que nous côtoyons et à l'ancienne religion, si les dieux étaient tout puissant ils ne pouvaient être bienfaisants et s'ils étaient bienfaisants ils ne pouvaient être tout puissant. J'ai choisi d'être bienfaisant moi. »



ft. Viladra

ft. Olieron

「Mémoires de l'eau」
Je remerciai intérieurement Olieron de répondre à ma question sans faillir. Peut-être aurait-il préféré que je ne la lui pose pas et en tant que Justice, j'aurais été à même de le comprendre. Beaucoup de nôtres avaient fini par prendre goût au pouvoir et à la gloire et j'avais été de ceux-là. Longtemps je m'étais pavanée parmi mes fidèles, écoutant leurs louanges et leurs odes à ma personne, savourant les moindres paroles qui vantaient ma beauté et m'enchantant des chansons composée en mon honneur. De tous les dieux, j'étais d'ailleurs peut-être parmi ceux qui appréciaient le plus ces petits rituels de charme, je prenais plaisir à répandre ma vertu sur ceux qui m'approchaient et je m'amusais à susurrer des paroles suaves et pleines de mystères aux oreilles de notre prêtresse. L'entendre les répéter dans mes temples et voir les yeux de mes apôtres s'émerveiller de bonheur était d'une joie indescriptible qui frôlait sans doute avec le narcissisme et la prétention.

Pourtant, j'avais failli comme n'importe lequel de ces êtres que je jugeais inférieurs, je m'étais retrouvée à leur niveau à éprouver des sentiments aussi bas que celui de la colère ou de la jalousie. Ce fut un lourd retour à la réalité... Car si j'étais réellement une déesse, pouvais-je me faire influencer aussi facilement par ces bassesses ? Au final, la réponse n'était pas compliqué : de divin nous n'étions finalement que des personne à la puissance magique supérieure. Alors oui, Olieron, j'avais eu besoin de te demander ton avis, savoir si je n'étais qu'un mouton noir ou si d'autres que moi pouvait avoir les mêmes interrogations. Ta réponse était restée gravée dans ma mémoire au fer rouge bien que je lui accordai aujourd'hui peu de crédit. Tu avais semblé être de mon avis malgré le rôle et les responsabilités que tu prenais en dépis de ma personne, et pourtant tu étais encore en train de trôner parmi les autres, comme un roi sur son peuple alors qu'il était évident... que nous n'étions que des menteurs.

Je laissai passer quelques secondes, continuant d'étirer mes longues jambes d'ébène dans l'eau fraîche. Voyant qu'il ne comptait pas reprendre la parole, je jetai un coup d’œil vers lui, me demandant si son masque pouvait laisser transparaître ses émotions. Non... Même sous forme humaine, Olieron était la justice, et la justice se devait d'être impartiale. Nous étions si opposés... Certains auraient pu penser que cette différence nous rendait complémentaire, mais la complémentarité d'un être était aussi de la tenir par la main quand d'autres la faisait sombrer. Je ne t'en voulais pas, tu n'avais pas réussi à percevoir ma faille à cette époque là. Mais qui aurait pu, alors que la Sensibilité elle-même ne put me retenir. Ma chute semblait être inévitable, le destin lui-même n'aurait pu l'empêcher.
Lâchant un fin soupir, je me remis à regarder l'ombre des arbres, appréciant leur reflet dans l'eau scintillante.

Effectivement, c'est notre bienfaisance qui nous place comme des Dieux. Répondis-je enfin. Mais la bienfaisance est une valeur qui ne peut vivre sans son contraire... Et ce défaut-là nous rapproche inexorablement de ceux qui nous adorent. Pour ma part...

Me penchant en avant, je glissai mon indexe dans l'eau, observant les cercles concentriques qui se dessinèrent à sa surface.

… Je ne sais pas si je suis assez sage pour guider un peuple. Achevais-je dans un murmure.

Je laissai cette supposition sortir de mes lèvres bien que la certitude était déjà ancrée dans mon âme. Une étrange sérénité régnait autour de nous et le désespoir qui m'habitait quelques instants plus tôt avait disparu. J'étais déterminée... Déterminée à agir en mon nom, et mon nom seul. J'étais déterminée à me venger et à fuir tout ces mensonges, œuvrer pour moi et me libérer des chaînes de l'ordre des astres. Pouvais-je lui confier ? L'idée même de lui dire me tira un sourire, dissimulé par les ombres. Évidemment que non... Il était la justice, et s'il savait lire mes pensées, il tenterait de me tuer sur le champ pour haute trahison. S'il se rendait compte à cet instant précis de ce que je comptais faire... Il ne resterait pas aussi serein et l'estime qu'il me portait s'envolerait aussitôt. J'appréciais beaucoup Olieron et sans même avoir commis mon crime, je savais déjà que sa sagesse me manquerait pour l'avenir qui se dessinera devant moi.

Affichant un sourire plus jovial, je levai la tête vers le ciel, baignant mon visage des rayons de l'astre lunaire. Oui, cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'impression d'avoir l'esprit éclairé. Tout était limpide dans mon esprit, c'était un sentiment euphorisant, grisant, presque jouissif. Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression de tendre vers une liberté nouvelle et l'idée de devoir l'atteindre par la violence et le sang ne m'horrifiait plus. Bientôt serait l'heure de mon départ... Il fallait que je profite de mes derniers instants ici dans une bonne atmosphère.

Je peux te poser une question indiscrète, Olieron ? Dis-je soudainement, avec un sourire.

C'était un changement de sujet radical, mais le désir en moi ne se limitait pas au plaisir de la chair et des bonnes choses. C'était aussi une curiosité poussée, j'avais toujours eu envie de connaître mon prochain, savoir ce qu'il pensait et ce qu'il ressentait. J'aimais connaître mes pairs et malgré les décennies passées ensemble, il était vrai que nous ne nous connaissions au final qu'en surface.

As-tu déjà été amoureux, toi la justice ? Poursuivis-je sans attendre de réponse. Les sentiments sont assez contradictoire avec l'égalité que tu recherches, non ?

La question était plutôt... Si tu étais dans une situation comme la mienne, que tu avais offert ton âme et ton cœur à un seul être et qu'il les brisait, comment réagirais-tu... ?



a matter of time
ft. viladra
the betrayer

La bienfaisance ne pouvait vivre sans son contraire de par les mots de celle qui partageait le même rang que toi il y a de cela des années. Perception des choses que tu partageais cela n'empêchait que toutes créatures à tes yeux étaient douées de sentiments là où tu ne doutais point du fait que même les anciens dieux de par leur histoire s'y voyaient soumis. Il n'y avait qu'à voir leur soi disant lutte contre Obscural qui souhaitait le pouvoir sur ce bas monde tout en voulant le corrompre. Des motivations bien souvent liées à la convoitise, la jalousie et le désir même sous sa forme la plus impure. Elle avait fini par soulever une phrase qui te fit doucement hausser les épaules, une phrase que tu approuvais mais qui était éventuellement liée aussi à sa vertu respective ou encore la façon dont vous aviez bâti votre culte sans le réformer de l'intérieur au fur et à mesure des saisons. Mots qui en revenaient cependant à un détail qui n'était pas n'importe lequel malgré tout, si vous gouverniez entre vous sous la forme d'un conseil c'était belle et bien pour palier les faiblesses et les dérives de ce que chacun devait représenter. Vertus des plus durs côtoyant d'autres bien trop douces, le feu face à la glace banalement.

Il est vrai que tout aussi tu t'étais questionné et te questionne toujours d'ailleurs aujourd'hui. Tu te demandais si votre mode de gouvernance était le mieux, si vous n'auriez pas plutôt prendre le rôle de souverains et non de divinités là où les démons avaient su se faire une place au quotidien en la société. Peut être auriez vous dû vous contenter d'un conseil comme celui de Nueva sans trop abuser de cet aspect religieux, un roi ou un dieu, tous les deux ont pour but de mener la population. Il n'y aurait eu qu'une différence, la durée de votre règne même si tu avais déjà songé à de multiples façons pour palier à ceci sans tomber dans l'abus. Tu vins ensuite doucement relever la tête pour la tourner en direction de celle qui incarnait le désir de par le passé un tant soit peu étonné de sa question. Tu n'avais tardé d'ailleurs à totalement te redresser pour décrire une nouvelle fois ta semblable restant silencieux un long moment, émettant un jugement sur sa personne de par sa question. C'était doucement mais sûrement que tu avais ainsi fini par lui offrir cette première réponse qui n'en était pas une, une réponse qui était en réalité une interrogation entièrement retournée vers sa personne à elle.

« - Tu me demandes cela car tu as un faible pour un mortel avec qui tu as éventuellement déjà partagé le même lit ? Car tu souhaites offrir chacun de tes instants en tant qu'humaine à un individu précis ? On ne pose jamais ce genre de questions au hasard surtout de par celles qui ont suivi. »

Tu te relevas définitivement, faisant quelques pas en la verdure qui choyait ce lieu pour timidement se mêler à l'eau. Tu étais passé en le dos de ta sœur céleste pour continuer ton petit chemin, déambulant sans réel but que simplement celui de te dégourdir. Tes doigts s'enlaçant en ton dos. Tu ne comptais mentir à ton interlocutrice, en tant d'années, bien plus qu'elle en ce bas monde effectivement tu avais pu avoir plusieurs expériences tantôt lors du premier siècle en vos voyages tantôt une fois sédentarisé à Mearian. Tu te remémorais chacune, plaisantes comme mauvaises, porteuses d'expérience et d'un précieux savoir dont tu te servais pour porter un certain jugement et mieux appréhender les raisons des autres. Il n'y avait que la mort qui pouvait apporter la peine capitale là où l'amour ses méfaits simples sur l'esprit étaient hors de ta juridiction en quelque sorte. Les sentiments n'étaient pas entièrement incompatibles, il fallait juste que tu te rappelles qu'il était impossible de juger le cœur pour sa nature frivole en terme d'émotions. Condamner, tu le faisais face à des blessures physiques et autres même s'il t'arrivait aussi d’inclure des préjudices moraux, mais des préjudices moraux bien plus grave que l'amour et ses contrecoups. C'est grâce à ces sentiments que tu avais aussi souvent considéré le repentir et la seconde chance comme acceptables envoyer au bûcher n'étant plus la meilleure solution à tes yeux.

Tu entrepris donc de répondre à la question que tu avais laissé en suspens lui en ayant amené une autre de ta part. Tu vins énoncer ton vécu de la façon la plus objective soit elle et surtout la plus utile lorsqu'il s'agissait de comparer l'immortel à son opposé qui lui avait cependant énormément apporté.

« - S'il y a bien une chose que j'ai appris c'est que les sentiments n'ont pas de frontière Viladra, du divin à la plus insignifiante personne. Bien sûr que j'ai éprouvé de l'amour pour des mortels, en plusieurs siècles de vie, bien plus que toi cela en est normal. Tel les mortels j'ai sans doute été parfois maladroit, faisant du mal en quittant la personne m'aimait pour diverses raisons, parfois on m'a causé du tort aussi. Je n'ai jamais cependant cherché à me venger ou autre, on ne peut pas juger le fait qu'une personne a trouvé une autre plus à son goût alors que même nous au quotidien en notre forme humaine nous attirons aussi la convoitise à un rare point. »

T'arrêtant sur cette réplique, tu rajoutas ce léger détail.

« - As tu déjà compté les hommes et voir même les femmes qui te regardaient avec envie alors que tu vagabondais parmi eux ? Je suis sûr que même certains de nos frères et sœurs envient tes traits d'humaine de par le fait que les sentiments des mortels ne nous furent jamais inconnu je pense, juste endormi au début. »

Tu conclus ainsi ta prose de parole de par une note, une note que beaucoup ne pouvaient comprendre te concernant.

« - Les sentiments me complètent, parfois appliquer bêtement la loi du talion est la pire des choses, une femme qui se fait battre par son mari et qui décide de le tuer, l'empoisonner ce que tu veux... Elle l'a fait pour sa survie, pour ne plus souffrir, penses tu que je la condamnerais à mort ? Ils sont utiles, les émotions et autres sont utiles même s'il faut savoir aussi les modérer pour ne pas tomber soit même dans l'excès. »




ft. Viladra

ft. Olieron

「Mémoires de l'eau」
Olieron posa le doigt là où ça faisait mal et j'eus du mal à conserver mon trouble au fond de mon être. Oui, des mortels, j'en avais côtoyé depuis ma venue sur cette terre... Je connaissais presque chacun de mes adorateurs et bon nombre avait partagé ma couche durant ces dernières décennies. Mais lui... Lui. Pour lui, j'avais fait une différence, je l'avais élevé au rang d'amant de la divinité, je lui avais offert une place qu'aucun dieu ne donne à un simple être humain.

Olieron ne pouvait pas comprendre cette rage et cette déception. Il ne pouvait pas ressentir ma tristesse, car son esprit pragmatique juste le protégeait de ces vices. Moi, j'étais le désir, celui que l'on entretenait et que je procurais... Si quelqu'un venait à me faire face, à le salir, alors il se corrompait petit à petit et ma vertu se transformais en péché. Allais-je donc devenir folle ? Peut-être l'étais-je déjà... Et ma venue auprès de la Justice était certainement un appel à l'aide inconscient.

Tu as sans doute raison. Répondis-je à la fin de sa tirade. Mais si nous sommes des guides et que certains s'éloignent du droit chemin, il est peut-être de notre rôle de les y remettre...

« Ou de les punir. » ajoutais-je en mon fort intérieur.

J'ai conscience de la vertu que je représente, et je sais l'effet que je peux causer dans le cœur des hommes et des femmes. Mais je n'ai jamais transformé mon aura en quelque chose de malfaisant... Je suis le désir, je n'évoque ni jalousie, ni envie.

A cette époque, je n'avais pas encore conscience que je venais déjà de prononcer la sentence qui m'attendrait. J'aurais du m'en douter... Me douter que ce qui était ma propre nature ne tarderait pas à se retourner contre moi. Nous étions condamnés, et moi j'avais été trop aveugle à ce moment-là pour m'en rendre compte. Olieron avait-il sombré dans la folie ? Peut-être... Et que devenait la justice, quand elle se corrompait ? De la cruauté ? Je n'en avais aucune idée.

La loi du talion... Repris-je alors. Il s'agit de ton domaine. Tu es guidé par un esprit impartial là où moi je place les émotions en avant. Nous sommes si opposés...

« peut-être aurais-je du aimer un homme comme toi » pensais-je, nostalgique.

… Mais c'est ce qui fait ta force là où se trouve ma faiblesse. Je sais modérer mes accès sentimentaux, mais je ne sais pas les annuler. J'en ai conscience... Mais j'apprends, encore aujourd'hui malgré le poids du temps.

Oui... Cela faisait longtemps que nous parcourions ces terres... Ou plutôt, que nous stagnions au même endroit, animés d'un désir de faire le bien là où il n'existait en réalité qu'une avidité de contrôle. Je n'étais pas dupe... Je savais que la base de notre objectif était axée sur de bonnes intentions. Mais plus le temps passait... Et plus j'ouvrais les yeux sur ce que nous étions. Au final, humains, seraph... Seule la puissance et l'immortalité nous séparaient. Nous étions d'ailleurs peut-être bien plus fous et bien plus dangereux par notre force et notre instabilité. Mais qui était en mesure de nous contrôler ? Qui donc pouvait bien avoir les capacités de nous faire face …. Nous étions forts tant que nous étions entre nous. Mais le groupe se désagrégeait petit à petit... Même si rien d'officiel n'avait éclaté au grand jour, j'avais eu vent des rumeurs de rébellion qui parcouraient nos rangs.

Souriant légèrement, je l'entendais toujours se déplacer dans mon dos, déambulant avec une tranquillité majestueuse dans ce paysage idyllique. Olieron, divin Olieron... Je te connaissais assez pour savoir que mes intentions te blesseraient et te rendraient fou de colère. J'avais conscience de l'importance que tu accordais à la loyauté, mais je ne pouvais plus me montrer fidèles à des principes qui me dépassaient et qui ne me convenaient plus. J'allais partir, je le savais... Je n'étais pas encore certaine des actes méprisables et violents que je refoulais au fond de moi, je ne savais pas si je passerai à l'acte ou si je m'éclipserai discrètement... Mais malgré tes paroles sages, je n'étais pas convaincu de m'arrêter. Tu ne le sauras sans doute jamais car te le dire serait un aveu à la trahison, mais je te remerciai longtemps pour ce moment que tu m'accordas. Tu su m'écouter, peut-être pas me comprendre ni me conseiller comme je l'attendais. Mais ta présence avait été apaisante... Et de la rage, tu avais laissé en moi une simple détermination, froide et mesurée, sur ce que je souhaitais faire.

Merci, Olieron.

« Merci pour ce que tu as essayé de faire sans me juger... Et pardonne moi de ce qu'il adviendra par la suite... Et ne t'en veux pas. »

Je n'avais pas besoin d'en dire plus. Je ne pouvais que le remercier pour ce qu'il avait fait, et ce qu'il avait inconsciemment tenté de faire. J'étais venue ici, sans doute en quête de réponses, et il me les avait apportées. Certes, ce n'était peut-être pas celles qu'il aurait voulues, mais j'étais déjà plus sereine...  



a matter of time
ft. viladra
the betrayer

Bien des sujets sont subjectifs, le principal problème qu'il y avait eu et qu'il y aura toujours entre toi et toutes les vertus c'est simplement ceci. Le fait que tout est subjectif même si nous acceptons généralement d'un commun accord que des faits sont condamnables par rapport à d'autres. On ne pouvait interdire les sentiments, la base de la vie en société, la base de l'existence de chaque chose en ce bas monde mais l'on pouvait condamner cependant leurs dérives qu'importe la précédente motivation afin de protéger des vies. Crimes passionnelles et autres égarements, il était si compliqué de composer avec ceux-ci alors que lorsque l'on s'engage en une quelconque relation il fallait tout simplement s'attendre au meilleur comme le pire et encore ceci était qu'une brève vision de ta perception sur ce sujet. Accepter un péché de par les émotions et tout ce qu'elles amenaient, c'était accepter l'anarchie, que chacun réalise sa propre juste et fasse ce qui est juste à ses yeux donnant lieu à des bases tout sauf justes. Les sentiments et le chaos, finalement peut être que tout ceci était lié en réalité que l'un ne pouvait aller sans l'autre et qu'au milieu se dressait la justice pour limiter la casse même si ces altérations de l'esprit te conféraient parfois un jugement plus malléable et bien plus adapté à la situation pour éviter de faire couler un quelconque sang.

Elle revient une nouvelle fois sur la différence qui vous opposait. Tu l'assumais totalement et tu l'approuvais même, parfois il t'arrivait de te questionner sur ta propre personne, sur ta façon de juger une chose mais tu considérais avoir eu le plus souvent raison. Tu considérais n'avoir d'erreurs bien trop graves.

« - Chacun de nous a son domaine de prédilection, c'est normal d'aller voir l'autre afin d'éviter une éventuelle erreur même si nous aussi pouvons en commettre, autant les limiter au mieux. »

Gardant le silence, ne rajoutant guère plus pour l'instant te disant que votre conversation allait toucher à sa fin, sûrement de par le merci qu'elle avait alloué à ta personne. Tu levas donc petit à petit la tête vers le ciel avant de laisser se faire ouïr un léger soupir de par la situation et les nombreux questionnements qui te ramenaient à ta perception la plus intime de tout ceci, n'aurait il pas été plus intéressant d'élire un roi que de se faire passer pour des divinités. Tu repris dès lors ta forme humaine en une légère aura, naturellement aveuglante qui masqua ton être le temps de la transformation. Tu comptais rentrer en ville n'ayant guère plus à faire ici et ayant pu te satisfaire d'un certain moment d'apaisement entre deux questionnements. Tu aurais peut être dû rester plus longtemps en cette nuit en sa compagnie pour qui sait, la raisonner, lui faire comprendre que tout ceci n'était qu'un contre temps face à une vie d'immortel. Tu avais failli, qui sait à vrai dire.

« - Tu n'as pas spécialement à me remercier pour cela d'ailleurs Viladra, je vais te laisser et je te souhaite une bonne fin de soirée, si tu as d'autres doutes n'hésite pas à m'en faire part. »

Tu repris ta marche d'une démarche plus assuré, d'une démarche qui était innée à celle de ta nouvelle forme, de cette forme que tu avais emprunté depuis bien trop longtemps maintenant alors que tu étais l'un des seraph qui pouvaient se vanter du fait de n'avoir jamais eu à se réincarner, à changer ses traits de mortel. C'est quelque chose que tu n'aurais jamais souhaité à un de tes semblables même si aujourd'hui une exception avait été faite avec les traîtres, souhaitant les capturer à cette fameuse source qui vous accueillait comme quoi les temps changent...