Les Marais de la grande forêt de Nueva ;
septembre de l'an de terreur quatre cent dix-sept
Sombre et lugubre ce sont des mots qui sont souvent associés aux marais. La Corriveau les imaginaient ainsi, elle qui ne les avait vu que dans les gravures des livres, des histoires, légendes d'horreurs, la réalité vorace est fort triste en comparaison. Il n'y a pas cette sensation de mort, de fantôme, angoissante, terrifiante. A moins qu'elle soit présente, mais indéchiffrable pour les yeux de la spectre. Bien trop habituée à cette sensation qui la façonne depuis des centaines d'années.
C'était la première fois qu'elle accompagnait Cyrus, son époux, dans l'un de ses voyages, Dahlia n'avait qu'un seul rôle, celui de jouer l'épouse, sensible et discrète, au verbe agréable et aux doigts capable d'égayer les oreilles. Mais il était hors de question qu'elle reste journée durant tout son séjour dans les pas de son époux, elle s'éclipsait pour découvrir des jardins, augmenter sa collection d'insectes et de scarabées, peut-être ramener une plante originaire de ce pays inconnu, même s'il était fort probable qu'elle se meurt durant le voyage retour, au mieux, ou qu'elle se fane dans la terre aride, au pire.
Accompagnée d'un de ses serviteurs asservit à la mort, la spectre marchait le long des rivages, ses bottillons se plantant dans la tourbe fraîche, sa robe de marche noire se plantant parfois entre des branchages, elle aux couleurs du deuil, noir et col blanc. Il ne manquait que la crêpe, pour l'imaginer en veuvage. Son visage assombrit par les pans d'un chapeau, et ses yeux encerclés de verre rond fumée. Il n'y avait qu'une rose rouge écarlate épinglé à sa poitrine qui apportait de la couleur à sa tenue sombre. Rigide comme à chaque fois, qui semble peu adapté à déambuler dans ses lieux, corseté sans folie pour se mouvoir tout de même. Dahlia ne mettait pas la main en première, elle laissait cela à son serviteur, sans être pour autant délicate et hypocondriaque.
「Crépitement.
Bruits.
Qui frémit.
Sur les rives.
Des marécages.」
Il n'y a pas besoin de lui offrir un mot. De son esprit adroit, elle envoi son serviteur, et chaperon, voir d'où venait le bruit, découvrir la drôle de créature qui sommeil ici. Qui est là ? S'aventure-t-elle, sans crainte. La Corriveau enlève l'une de ses mitaines noire, qui découvre son alliance et la naissance de sa chemise blanche aux manches brodées.
「Un monstre.
Rugira-t-il ?
Une légende.
Contera-t-elle ?
Ou le silence implacable.」