Vampire d’un mètre quatre-vingt-quatre, Eberton se détache de la foule non pas par sa taille, mais par sa présence. Droit comme un i, il possède une démarche franche mais digne qui est renforcé par son âge apparent : Une chevelure et un pilosité faciale blanchâtre, des rides prononcées au coin des yeux et du front et des traits marqués par l’existence. Ou peut-être pas, comme tout vampire, son apparence n’est pas calquée sur son véritable âge, sans quoi il ressemblerait davantage à un cadavre qu’à un humain vieillissant. Mais sa noblesse n’en est pas moins réelle, que ce soit dans sa démarche ou son style vestimentaire, on ne peut ignorer qu’il a un gout certain pour le luxe et le raffinement, son activité allant de pair avec son train de vie.

Mais si vous avez l’impression d’avoir un humain au teint quelque peu pâle en face de vous, quelques secondes d’observation tueront cette idée dans l’œuf, car s’il ne montre pas des canines disproportionnées en permanence, ces oreilles pointues et ses ongles aux angles un peu trop tranchants pour être naturels vous feront comprendre votre erreur, sans compter les yeux aux reflets tantôt carmin, tantôt orangé qui achèveront de vous convaincre sur sa nature nocturne. Sa voix de baryton et son phrasé témoigne pourtant d’une personne détendue, à l’aise quelques soit l’endroit où l’on peut l’y voir trainer. Mais ne vous trompez pas, son air ne cache rien de moins qu’un artisan à la précision et l’efficacité qui a fait sa réputation… Mais aussi tueur aux proies bien particulière…

Aux airs froid et distant, Eberton n’est pourtant pas un mauvais bougre et même si son âge pourrait fait croire à une personne ayant tout vu et tout entendu, cela reste un personnage curieux de nature. La curiosité est son maître mot, son métier lui offrant la merveilleuse possibilité de s’essayer à diverses créations, il pourrait passer pour un savant quelque peu dérangé, mais au fait, c’est davantage un artisan qui cherche toujours à innover. Ellgard est pour lui comme un délicieux jardin plein de mystère qu’il compte bien explorer avec son efficacité habituelle, doté d’un certain sens des affaires et fait preuve d’une motivation communicative lorsqu’on lui commande un produit. Mais ses Psyphers sont monnaies courantes depuis son arrivé à Ellgard, le rêve d’Eberton serait dans domaine bien plus inattendu : Un psypher intelligent, peut être même doté d’une conscience qui sait…

Mais s’il y a bien une chose qui pourra intéresser Eberton, ce sont les Automata, êtres artificiels qui ont conduit l’orfèvre à quitter son pays natal vers les contrées de la techno-magie, il y voit la perfection, celle qui aimerait posséder. Non pas qu’il souhaita devenir lui-même un de ces êtres, mais surtout en connaître les moindre secrets, quitte à démonter certains sans se soucier de leur origine. Il est à noté qu’Eberton possède un sens de l’humour bien particulier, celui de l’absurde, quand une situation échappe à tout contrôle, le vampire est, pour ainsi dire, dans son élément car il dévoile alors toute sa capacité à s’adapter, mieux encore, à en tirer partit. Pour preuve que si sa famille d’Akantha l’appelle par son prénom – qui se prononce « é-ber-tonne » d’ailleurs – dans la capitale d’Ellgard, Keivere, beaucoup de gens connaissent le vampire sous le sobriquet de Bob. C’est à l’origine une façon de se moquer de ce nocturne un peu décalé avec l’univers techno-magique d’Ellgard, mais à la surprise de ceux qui l’appelait ainsi, Eberton trouva la blague si amusante qu’il se présentât souvent par ce pseudonyme, si bien qu’à présent beaucoup de ses clients ne le connaissent que par ce surnom : Bob le Vampire.

Je suis née le 14 Septembre de l’an 244, deuxième enfant de la famille et premier garçon à voir le monde au sein des Solane et comme tout garçon de la famille, j’étais destiné à suivre les pas de mon père. Je commencerais donc mon apprentissage à quatorze ans… Oh, j’ai oublié de préciser : Nous étions orfèvre depuis trois générations, les trois générations de la famille à confectionner toutes sorte d’objet, le titre d’orfèvre n’est d’ailleurs pas totalement vrai puisque nous étions versatiles et les bijoux et autres ornements n’étaient pas forcément les seuls choses que nous fabriquions.

J’ai passé quelques années à améliorer mon style, profitons des rares moment de liberté pour flâner dans la capitale d’Akantha, y rencontrer d’autres habitants et trouver l’inspiration pour de nouvelles créations. Ce fut durant ces sorties que je fis deux découvertes qui bouleversa mon existence, l’une était comme un miroir, l’autre était tout son contraire : Elina Solgore et son teint de marbre et 043, ou comme j’aimais l’appeler, l’homme de fer, mon tout premier androïd. Enfin, ce ne fut pas le mien mais celui d’un marchant d’Ellgard qui s’était déplacé jusqu’à Everbright. Si la première fut dure à conquérir, la seconde m’échappa bien avant que je puisse en savoir plus, mais la graine de la curiosité était plantée.
Même si Elina était de la noblesse, ce fut à la fois heureux et surpris que notre union soit si facilement accepter par sa famille, non pas que les Solane soient de parfaits inconnus, nous avions tout de même une réputation pour la qualité de nos œuvres, mais cela restait un mystère… Du moins, jusqu’au moment fatidique… J’appris plus tard que ma bien aimée souffrait d’une maladie rare, expliquant son teint de marbre surprenant même pour l’une des nôtres, quelques années à peine après notre union, elle nous quitta. Faut d’autres moyen de soulager ma peine, je terminai mon apprentissage avant de m’installer non loin de la résidence familiale. Nos parents nous quitteront durant ma centième année d’existence et l’exception de ma sœur, plus rien ne semblait me lier au royaume d’Akantha, au contraire de ma future destination : Ellgard.

Ma première rencontre avec 043, oui, je n’avais pas pu comprendre comment cette chose vivait, j’avais bien fait quelques recherches dans le domaine, mais cela restait mystérieux pour l’artisan que j’étais à l’époque. Mais depuis, j’avais acquis une assez bonne maitrise de l’utilisation de cristaux et la fabrication d’objet magique. Bien que je me doutai que les androids étaient plus complexe, j’avais dans l’idée qu’en ouvrir un ou deux, histoire de voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Ellgard n’est pas ce qu’on pourrait appeler une nation généreuse, sa technologie était presque un secret d’état et même après avoir emménager là-bas, j’eu du mal au départ à m’intégrer, mais mon travaille d’artisan et mon « humour » sembla bien faciliter les choses. J’héritai d’un nouveau nom et d’une petite réputation qui me permettais de rencontrer des possesseurs d’androïds de première génération, me permettant d’améliorer ma compréhension de cette technologie…
Ma boutique tournait plutôt bien, même si je n’avais pas l’aura que notre famille possédait de part son passif dans la capitale d’Akantha, je gagnais suffisamment bien ma vie pour engager une assistante, Elly, une jeune cyborg qui me permis de me concentrer sur cette spécialité d’Ellgard qu’était l’intelligence artificielle. Mais avant cela, je devais parfaire ma connaissance mécanique des androids et autres machines plus grandes que de simple création que j’avais créé jusque-là.

Malheureusement, Ellgard n’était pas une ville parfaite et des conflits internes grandissaient, au point qu’une tentative de renversement du pouvoir provoqua un tumulte sans nom. Un tumulte qui me réservait une bien mauvaise nouvelle… Car après plus de cinquante ans de service, celle qui était devenue ma seconde femme, Elly Solane, fut tuée lors de l’attentat…