Sa main toucha doucement le bois épais de sa chaise, les nervures et les indentations délicates du bois se dessinant sous ses doigts avec une précision tranchante. Même ici, sur cette terre désolée et noire, sur ce caillou puant la radiation et la catastrophe, il pouvait faire transporter cette œuvre d’art. Cinquante kilos de bois et de tissu et de métal et de vénération tout entiers dédiés à sa personne. Son trône, le symbole de son statut. C’était dans ce genre de moment qu’il se rendait réellement compte que tout ce qu’il avait fait valait le coup. Toutes les souffrances qu’il endurait au quotidien, toutes les cicatrices qui fleurissaient dans sa chair endurcie et dans son esprit, le jeu d’acteur auquel il se livrait et la patience dont il faisait preuve. Les risques pris, et sa colère contrôlée. La lumière crue braquée sur lui, et la pression qu’exerçaient autant les autres que sa propre situation. Plus que tout cela, le fait d’aller contre son instinct, de lutter contre ce qu’il était. De se museler, de limer ses griffes.
Il caressa distraitement un de ses molosses, un bâtard comme ses frères, une masse noueuse de muscles, fruit d’un eugénisme brutal opéré par un maître impavide et d’une éducation violente, et se rassura. Tout cela valait le coup. Il suffisait pour s’en assurer de regarder le regard terrifié que levait vers lui son vis-à-vis. Derrière sa posture droite et réglementaire, il sentait sa terreur, une peur diffuse qui imprégnait son être, une peur qui émanait de lui sans trouver réellement d’origine bien définie. C’était le genre de peur que l’on ressentait devant un être qui avait transcendé ses limites, devant un monstre qui se dévoilait juste suffisamment pour qu’il comprenne ce à quoi il avait affaire sans qu’il ne parvienne réellement à en définir les contours. L’Inquisiteur frissonna de plaisir, et leva une main distraite, interrompant le rapport de l’autre.
"Venons-en au fait. Au fait. Nos chasseurs ont repéré les mouvements d’une patrouille de Mearian qui semblait transporter quelque chose d’important, hm ?
- C’est cela même, Seigneur Inquisiteur. Quelque chose qui irradiait d'une forte aura magique, Seigneur Inquisiteur.
- Hm. Tu as eu raison de venir me voir. L’Ordre des astres est un ramassis d’imbéciles incompétents, mais on ne peut pas leur enlever une certaine… Expertise, en ce qui concerne les rituels magiques."
Il regarda sur la carte l’endroit que lui désignait le capitaine d’escadron. Ce dernier était proche de la côte est du continent, assez éloigné du camp de leurs ennemis pour que cela ne soit a priori pas un piège. Mais avec leurs forces aériennes qui patrouillaient en permanence le ciel, il semblait curieux que leurs ennemis ne fassent pas plus d’efforts pour camoufler leurs opérations. Cela semblait tout simplement trop beau pour être vrai, et l’Inquisiteur avait depuis longtemps appris que c’était généralement le cas. Il passa ses griffes sur son menton, le caressant un bref instant, avant de se décider.
"Je vais intercepter moi-même ces gens. Pendant mon absence, j’attends de vous que vous me fortifiez notre camp. Si une force armée non-identifiée s’approche, vous me la pulvérisez. Pas de questions, pas d’hésitation, je veux qu’on entende nos tirs de mortiers sur tout le continent."
La suite des procédures fut somme toute très ordinaire. Hallgrimr aboya une série d’ordres secs et claquants, provoquant une avalanche de saluts militaires précis et ordonnés, et regarda la ruche industrieuse de ses hommes de mettre en marche dans un grand vacarme de métal et de cris. Une demi-heure plus tard, un large convoi motorisé quittait les lieux, emmenant l’Inquisiteur, ses hommes, et les mesures de contingence qu’il avait mis au point en cas d’imprévu. Leur voyage dura la majeure partie de la matinée, et quand il descendit enfin de son véhicule, ses corbeaux le renseignant sur la présence de la troupe adverse, il organisa ses hommes, les déployant en haut d’une pente, cachés au sommet d’une colline escarpées. D’ici quelques heures, il pourrait satisfaire sa curiosité, et voir ce que l’Ordre avait en réserve pour lui. D’ici quelques heures, il pourrait se nourrir. Il se coucha dans la poussière de Fhaedren, et attendit, immobile, laissant son esprit se lier complètement à celui de ses charognards ailés, surveillant la zone à la recherche d’éléments suspects.
Il caressa distraitement un de ses molosses, un bâtard comme ses frères, une masse noueuse de muscles, fruit d’un eugénisme brutal opéré par un maître impavide et d’une éducation violente, et se rassura. Tout cela valait le coup. Il suffisait pour s’en assurer de regarder le regard terrifié que levait vers lui son vis-à-vis. Derrière sa posture droite et réglementaire, il sentait sa terreur, une peur diffuse qui imprégnait son être, une peur qui émanait de lui sans trouver réellement d’origine bien définie. C’était le genre de peur que l’on ressentait devant un être qui avait transcendé ses limites, devant un monstre qui se dévoilait juste suffisamment pour qu’il comprenne ce à quoi il avait affaire sans qu’il ne parvienne réellement à en définir les contours. L’Inquisiteur frissonna de plaisir, et leva une main distraite, interrompant le rapport de l’autre.
"Venons-en au fait. Au fait. Nos chasseurs ont repéré les mouvements d’une patrouille de Mearian qui semblait transporter quelque chose d’important, hm ?
- C’est cela même, Seigneur Inquisiteur. Quelque chose qui irradiait d'une forte aura magique, Seigneur Inquisiteur.
- Hm. Tu as eu raison de venir me voir. L’Ordre des astres est un ramassis d’imbéciles incompétents, mais on ne peut pas leur enlever une certaine… Expertise, en ce qui concerne les rituels magiques."
Il regarda sur la carte l’endroit que lui désignait le capitaine d’escadron. Ce dernier était proche de la côte est du continent, assez éloigné du camp de leurs ennemis pour que cela ne soit a priori pas un piège. Mais avec leurs forces aériennes qui patrouillaient en permanence le ciel, il semblait curieux que leurs ennemis ne fassent pas plus d’efforts pour camoufler leurs opérations. Cela semblait tout simplement trop beau pour être vrai, et l’Inquisiteur avait depuis longtemps appris que c’était généralement le cas. Il passa ses griffes sur son menton, le caressant un bref instant, avant de se décider.
"Je vais intercepter moi-même ces gens. Pendant mon absence, j’attends de vous que vous me fortifiez notre camp. Si une force armée non-identifiée s’approche, vous me la pulvérisez. Pas de questions, pas d’hésitation, je veux qu’on entende nos tirs de mortiers sur tout le continent."
La suite des procédures fut somme toute très ordinaire. Hallgrimr aboya une série d’ordres secs et claquants, provoquant une avalanche de saluts militaires précis et ordonnés, et regarda la ruche industrieuse de ses hommes de mettre en marche dans un grand vacarme de métal et de cris. Une demi-heure plus tard, un large convoi motorisé quittait les lieux, emmenant l’Inquisiteur, ses hommes, et les mesures de contingence qu’il avait mis au point en cas d’imprévu. Leur voyage dura la majeure partie de la matinée, et quand il descendit enfin de son véhicule, ses corbeaux le renseignant sur la présence de la troupe adverse, il organisa ses hommes, les déployant en haut d’une pente, cachés au sommet d’une colline escarpées. D’ici quelques heures, il pourrait satisfaire sa curiosité, et voir ce que l’Ordre avait en réserve pour lui. D’ici quelques heures, il pourrait se nourrir. Il se coucha dans la poussière de Fhaedren, et attendit, immobile, laissant son esprit se lier complètement à celui de ses charognards ailés, surveillant la zone à la recherche d’éléments suspects.