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Lost Kingdom  :: Nueva :: Izrheron

Suaire mensonger || pv. Eleanor (flashback) (terminé)

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Suaire mensonger

A lie told often enough becomes the truth.

Ses pas finalement l'avaient menée à l'endroit tant attendu, à celui qu'elle cherchait parmi tout ce bordel interminable de bâtisses. Même si elle ne semblait affectionner particulièrement Nueva, ses pas sur ce continent allaient s'avérer plus qu'utiles en espérant ne pas être desappointée. Devant elle se tenait les indications brèves et hyeroglophiques qu'on lui avait données et heureusement l'individu ne l'avait pas roulé dans la farine - cela aurait été fâcheux de le retrouver dans tout le continent dans le simple but de l’éviscérer lui et sa femme mais cela aurait été une procédure nécessaire pour éviter la récidive. Sans un mot le dragon observa la pancarte rongée par les termites et le lierre qui ne semblait plus vouloir dire grand chose de prime abord, mais cette atmosphère tendue et propice au mysticisme, au surnaturel - presque métaphysique contrastait affreusement mal avec l'ambiance de la ville. Ainsi, il fallait être idiot pour ne pas que tous ces facteurs ne prouvent la présence d'un individu comme celui-ci à Nueva, même s'il était caché dans les rues les plus désertes, et éloigné de la mélasse citadine.

Il fallait avouer que l’entrée de la petite boutique était bien cachée à l’écart des autres et surtout dans une des rues les moins fréquentées. Mais cela ne suffisait pas pour arrêter Aerith - on l’avait particulièrement bien fournie en information, le bouche à oreille étant la meilleure façon de répandre une rumeur. Hélas pour l’hôte de cette adorable bâtisse, les informations étaient tombées entre les griffes d’Aerith et elle était bien curieuse de voir les talents d’un All’ombra - créatures ma foi bien discrètes et surtout anciennes. Elle en avait connu quelques uns. Quelques uns étaient morts, d’ailleurs.

Elle avait observé quelques moments le petit habitacle d’un oeil curieux, se grattant la base de la corne, enfoncée dans son crâne. Elle jeta par-dessus son épaule un sac en tissu qui semblait débordé - de la matière semblait se former ce qui ressemblait à des pièces et parfois même des formes plus grosses, comme des cristaux. Tout travail méritait d’être payé, et elle était aussi bien au courant que l’argent faisait parler les gens bien plus qu’ordinaire. Elle espérait simplement ne pas se faire rouler dans la farine par un charlatan, auquel cas elle risquerait d’être un peu agacée d’avoir fait tout ce chemin pour rien. Elle se décida enfin de pénétrer dans l’endroit, poussant la porte qui actionna une petite clochette à l’intérieure. Aerith s’était légèrement courbée afin de pouvoir entrer dans la pièce, la dimension de la porte semblant adaptée à des gens de plus petite mesure. Ses yeux dans un premier temps avaient observés l’endroit - si l’extérieur ne payait pas de mine l’intérieur semblait être joliment décoré et littéralement plutôt bien garni. Les étagères étaient remplis de livres poussiéreux, et la lumière était tamisée et relaxante - du moins le dragon supposait qu’elle était censé l’être. C’est seulement après que ses orbes aient détaillées chaque recoin qu’elle dédaignait de refermer la porte et d’accorder un regard à celle qui trônait en maîtresse ici, une jeune femme frêle et pâle assise derrière une table ornée de jolies décorations à la fois sobres et sophistiquées. Elle se trouvait derrière un rideau à peine opaque, comme si une barrière semblait la séparer de ce monde et de l’autre.

Sans plus attendre et sans un mot Aerith s’était dirigée en sa direction ; se positionnant sans vergogne aucune en face d’elle et prenant place sur le coussin placé en vis-à-vis de celui où trônait la voyante. Son poids s’écrasant contre la matière créa une légère secousse sur le parquet, et Aerith déposa son sac à côté d’elle. Ses yeux féroces se plantaient à présent directement dans ceux de la jeune femme qu’elle ne se gêna pas de dévisager avec une grande attention. Elle rabattit d’ailleurs ses ailes afin qu’elles ne prennent grande place. Elle possédait en effet un physique terriblement atypique qui dégageait assurément quelque chose que les autres ne parvenaient à émaner ; une aura ancienne et mystérieuse. Elle s’attarda un instant sur l’uniformité de son être et les traits délicats de sa face qui pourtant semblaient dégager une immense fragilité. D’ailleurs, elle ne semblait pas particulièrement éminente, ses membres étaient fins et son ossature suintait la faiblesse. Elle semblait si facilement destructible. Elle plissa les yeux en constatant les nombreux bijoux qu’elle portait, espérant qu’ils n’étaient pas synonyme de cupidité.

« C’est toi la diseuse de bonne aventure, pas vrai ? J’ai eu ouï dire de tes prouesses, sourit-elle malicieusement en desserrant le fil qui retenait son sac, dévoilant ainsi au sein de ce dernier une quantité d’or et de cristaux dépassant excessivement la mesure, je suis prête à beaucoup te payer pour tes services. »

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L'ambiance du magasin était étrangement silencieuse ce jour-là. Normalement, Eleanor était en mesure d'entendre les craquements des vieilles planches de bois dissimulées par son tapis, ou encore les sons extérieurs comme le passage des chats errants ou le chant lointain des oiseaux, peut-être même le hurlement atténué du vent passant à travers les ruelles de la ville. Mais aujourd'hui... Il n'y avait rien de tout ça. Le silence régnait, à sa définition la plus pure. C'était pour le moins déconcertant, mais ce n'était pas ce qui dérangeait autant la voyante, loin de là. Non, ce qui l'aliénait à ce point était cette impression qui ne la quittait pas, ce sentiment que quelque chose d'encore plus bizarre allait se produire. En fait, elle n'arrivait pas à se concentrer sur quoi que ce soit d'autre, pas même sur son livre tout neuf. Cette sensation l'alarmait et l'All'Ombra se demanda si elle ne ferait pas mieux de fermer boutique pour la journée et de revenir plus tard... Mais elle n'en fit rien. Elle resta simplement assise dans son grand coussin, entourée du désordre que créait ses livres et ses notes éparpillées et empilées sur toute la pièce. Ce fut lorsqu'elle décida de fermer son livre et de fixer la porte que celle-ci s'ouvrit, faisant sonner la vieille clochette qui dissimulait le grincement des gonds.

La silhouette qui pénétra dans son antre était... Impressionnante. Eleanor n'avait jamais vu une telle créature de toute sa vie. Ce n'était pas un démon, c'était... Différent. Inexplicable. Et l'aura qu'elle dégageait lui fit comprendre qu'elle était la cause de l'impression qui l'assaillait depuis le début de la soirée. Eleanor bougea un peu sur son siège dans une tentative de rendre sa position plus confortable, mais elle ne quitta pas des yeux la créature qui avançait d'un pas lourd vers elle, prenant place de l'autre côté de la table. Que ce soit la couleur de ses cheveux, ses étranges tatouages (du moins, elle assumait que c'était des tatouages), ses cornes ou ses... pattes écailleuses, tout chez elle était du jamais vu. Et ces ailes... Eleanor ne savait même pas où donner de la tête, son regard parcourant le corps tout entier de sa cliente, scrutant les moindres détails pour le moins exotique de son être. La seule chose qui la ramena à la réalité fut le son des pièces de monnaie, suivi par la voix de la créature.

Eleanor n'écouta qu'à moitié ses paroles, son attention se portant immédiatement sur son sac. Plus particulièrement, sur les cristaux. Elle ne pouvait que les scruter de loin, mais ils avaient l'air d'être d'une valeur inestimable; en fait, peu importe. Elle les voulait tous. La voyante se redressa légèrement dans son coussin, plantant finalement son regard dans les yeux de la créature, son expression restant éternellement impassible.

- Mes séances sont dispendieuses. Que cherche-tu à savoir qui puisse avoir une telle valeur à tes yeux ?
ft. ✧ Aerith Faalenas


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Suaire mensonger

A lie told often enough becomes the truth.

La créature semblait emprunte d’une impassibilité à toute épreuve - un visage qui ne semblait si peu exprimer semblait tout de suite moins beau aux yeux d’Aerith. Naturellement son visage à elle semblait aussi livide de toute émotion, même si le léger sourire qui tranchait latéralement son visage semblait donner un peu de vie face à cette carcasse d’argile. Le dragon avait bien vu l’attention portée par l’All’Ombra sur les petits tributs qu’elle lui avait ramené - ils aimaient tous l’argent peu importe leur longévité. Cela ne faisait qu’agrandir son sourire, en espérant que ça la motive à faire son travail. Quand sa voix cristalline résonna dans la pièce, Aerith s’esclaffa en agitant la main en l’air.

« Eh bien j’espère qu’elles seront aussi dispendieuses que qualitatives, ce n’est pas l’argent qui manque, souffla-t-elle, pouffant. Elle reprit par la suite son calme, son visage abandonnant lâchement le sourire agréable qui lui allait si bien au teint. »

Elle eut un certain temps d’arrêt pour remettre ses esprits en place après ce rire bien mérité. Ses yeux se glissaient tour à tour sur chaque livre, salissant les manuscrits de ses yeux. Elle s’attaqua de nouveau à l’ensemble de la pièce, ouvrant les narines. Cela sentait l'encens, ou quelque chose de ce type. Un profond soupir fut exhalé du poitrail du dragon, alors qu’elle relâcha son attention sur le sac en le laissant s’affaler contre le sol et vomir quelques pièces et un ou deux cristaux qui roulèrent sur le parquet.

« Les voyants se font rares, fit-elle, très rares. Et pour quelqu’un comme moi, avoir conscience de ce que la fortune pourrait me réserver serait un avantage considérable. »

Aerith caressa du sommet de sa griffe le fin tissu qui recouvrait la table les séparant, sa voix se faisant plus calme et également prise d’une douceur lugubre. Si elle avait conscience de son futur, elle saurait quels choix faire. Aerith refusait de se faire avoir davantage par le destin qui lui avait réservé de bonnes surprises. La main qui torturait le tissu se plongea dans le sac en toile pour y extirper une impressionnante poignée de pièces d’or, puis une seconde, inondant rapidement le morceau de bois. Le trésor brillait de mille feux - elle ne savait pas combien exactement se trouvait sur cette table, mais une chose était sûre, c’était bien suffisant pour ce qu’elle allait lui demander. Et autant dire qu’elle n’allait pas s’arrêter à une simple question. Son regard se posa sur celui de la voyante, tranchant.

« Si tes prédictions sont satisfaisantes, tu seras payée comme il se doit. J’aimerai savoir dans un premier lieu si la mort me guettera dans les siècles à venir - disons trois cent ans. »

Une période assez courte. Elle préférait miser sur ça plutôt que sur une large durée, qui serait potentiellement plus floue. Bien sûr, elle ne lui avait donné la moindre information sur elle, la laissant se débrouiller afin de voir si elle en était capable.

« Un évènement important à venir, peut-être ? »

Sourit-elle pour conclure sa première demande, tenant entre ses griffes un cristal bleu d’une brillance majestueuse, taillé par une main d’expert. Un véritable chef-d’oeuvre qui saurait sans aucun doute être au goût de la voyante. Observant cette dernière du coin de l’oeil, elle jeta en l’air le cristal pour le réceptionner sans souci dans le creux de sa paume. Elle finit par la suite par serrer le poing autour du caillou, le réduisant en un vulnérable tas de miettes. Des fins copeaux de cristaux s’échappaient de part et d’autre de sa main, et lorsqu’elle ouvrit la paume celle-ci laissa retomber une poudre bleutée sur les pièces. Il n’avait résisté à la pauvre pression effectuée par le dragon - ce qui prouvait sa fragilité malgré sa préciosité comme beaucoup de choses sur ce bas monde. C’était la raison pour laquelle comme ce cristal, il fallait prendre soin des choses les plus fragiles comme la vérité, par exemple. Qui était une vertu en perdition, qu’Aerith même n’adoptait que rarement. Elle s’essuya les mains au dessus de la table en dévisageant la femme.

« C'est déjà bien, pour commencer. »


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Eleanor serra légèrement les dents lorsque la créature réduisit le magnifique cristal en une misérable poudre sans aucune valeur. Ce n'était pas la perte d'un tel trésors qui la fit se crisper ainsi, mais bien la preuve de la force de la créature. En fait, créature était un mot bien faible. Ce que Eleanor avait laissé entrer dans son antre ne pouvait être qu'un monstre... Son regard parcouru la nappe dorée qui recouvrait maintenant sa table, calculant rapidement une estimation du tas de pièces. C'était... Beaucoup d'argent. Elle balaya le meuble des mains pour écarter tous les écus, en faisant tomber plusieurs sur le sol, le tapis atténuant le son de leur atterrissage. Maintenant qu'elle avait de l'espace, la voyante présenta ses fines mains à sa cliente, paumes vers le ciel, sans plus de cérémonies.

- Prenez.


Il était temps de se mettre au travail et le futur de cet être promettait d'être intéressant. Lorsque la créature s'exécuta et établit le contact, la première chose que la voyante remarqua fut à quel point ses étranges mains étaient dangereuses. Elle les manipula avec prudence. Pour la voyante, le contact des écailles était et avait toujours été légèrement plus agréables que, disons, les mains moites d'un forgeron. Par contre, ce qui la frappa le plus fut la poigne de la... chose. Elle avait beau être au repos, la force de ses mains se ressentait malgré tout. Ne perdant pas une seconde de plus, Eleanor cessa de bouger complètement, fermant les yeux et ralentissant sa respiration, jusqu'à être parfaitement stable. Elle inspira profondément et se laissa simplement emporter.

Une silhouette difforme, sombre, violente.
Une cascade écarlate, poisseuse.
Une odeur familière.

Une abomination tourmentée par la famine, avide, rendue folle par ce sérum rubis, ardent, divin.
Ce n'est pas suffisant.
Il lui en faut plus...
Et...

Et...


Eleanor fut prise d'un spasme, retournant brutalement à la réalité. Elle baissa la tête, sa respiration saccadée, réalisant que son cœur battait très fort dans sa poitrine. Elle ouvrit les yeux, sa vision redevenant de plus en plus claire à chaque seconde. Sa poigne s'était considérablement resserrée sur les étranges mains de la créature, aussi la voyante s'empressa de les lâcher, se calmant rapidement. Elle fit signe à sa cliente d'attendre un instant, le temps qu'elle fasse du sens à sa vision. Inutile de la cacher, celle-ci avait été beaucoup plus violente que ce à quoi elle s'était attendue. Elle en avait presque des sueurs froides. Cette créature était menaçante, intimidante, démente... différente de tout ce qu'elle avait vu. Et cela la rendait infiniment intéressante. Un être au potentiel si unique... C'était incroyable.

Eleanor ne prit que quelques minutes pour retrouver ses sens. Elle croisa ses mains ensembles sur la table en s'appuyant légèrement dessus pour mieux regarder sa cliente. Son futur était inestimable à ses yeux. Les informations qu'elle détenait valaient beaucoup, beaucoup plus que tout l'or et les cristaux que son sac de toile pouvait possiblement contenir.

- Ma vision a été très courte comparativement à l'habitude, donc je n'ai pas grand chose à dire. Tout ce que j'ai pu discerner était... Un repas ? Avec un menu pour le moins... disons, non conventionnel.
ft. ✧ Aerith Faalenas


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Suaire mensonger

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Les pièces chutaient, provoquant un son tantôt sourd contre le parquet pour celles n’ayant bénéficié de l'amortissement de leur chute sur le tapis. Certaines roulaient, roulaient, avant d’effectuer quelques rotations sur elles-mêmes pour finir par s’aplatir au sol en un dernier mouvement avant l’inertie la plus totale. Aerith observa ainsi les mains de la femme se présenter à elle. Elle observa chaque détail que ses yeux étaient capable d’assimiler, de la forme de ses poignets aux lignes de sa paume. C’étaient des mains fines et frêles, dotées d’une élégance à elles toutes seules pourtant assez ahurissante. Ce n’étaient pas les mains d’une femme ni d’un enfant, c’étaient celles d’une créature abattue par le destin lui ayant conféré un physique fragile et pourtant gracié par celui-ci par ses pouvoirs sans aucun doute d’une puissance infinie. Même si Aerith ne pouvait à présent plus ressentir le mana s’émaner des choses ou des gens, elle le sentait d’ici. Cette femme, si elle ne brillait peut-être pas pour sa force de combat semblait posséder un potentiel magique dépassant sans aucun doute l’entendement et le commun des mortels. Elle était bien une All’Ombra, une race qu’elle respectait - ou tolérait - davantage que les autres, de par sans doute leur longévité et la maturité et l’édurisme qu’ils étaient capable d’acquérir en tant de temps.

C’est après quelques secondes d’observations que Aerith décida de joindre ses mains à celles de la voyante - le contraste se faisant parfaitement ressentir et arrachant un petit rictus amusé au dragon. La facilité avec laquelle elle semblait pouvoir lui briser les os lui donnaient presque envie d’essayer de tester la fragilité des membres de la femme, c’était pour dire. Mais elle n’était pas là pour s’amuser. Elle resta alors silencieuse en observant leurs mains, et parfois le visage de la diseuse de bonne aventure qui semblait plongée dans une réflexion spirituelle et un état de concentration plutôt singulier. Un long silence s’installa dans la pièce, sans que Aerith ni la femme ne prononce le moindre mot. Lorsque finalement les paupières de l’all’ombra laissaient la place à ses yeux immaculés, Aerith resta attentive. Elle semblait avoir étrangement changé - il ne fallait que sentir la poigne qui se resserrait sur les griffes d’Aerith alors que quelques minutes auparavant, leur toucher, bien que concret semblait incroyablement doux et emprunt d’une certaine distance. Quelques traits de son visage semblaient être plus crispés, d’ailleurs. Le dragon était incroyablement impatient de découvrir le fruit de sa vision.

Qui… fut incroyablement décevant. Ou plutôt incroyablement flou. Elle s’attendait aussi à quelque chose de clair, de plus concret. Et elle semblait..laissée sur sa faim. Ses appétits sales témoignaient déjà de l'inconventionnalité de ses repas. Etait-ce quelque chose ? Aerith esquissa une moue circonspecte, plongeant dans une mince réflexion avant de soupirer.

« Oh, vraiment. Voilà qui est dommage. »

Elle semblait incroyablement calme et pas un seul moment sa voix ne semblait prise de ce dépit qui remuait son âme. Mais elle avait d’autres tentatives. Elle observa son vis à vis, gardant ses mains sur la table. Ses griffes pianotaient contre elle.

« Bien, bien. Peut-être était-ce une demande un peu trop… vaste. Tu peux garder l’argent, évidemment. »

Tout en relevant légèrement le menton, elle ramena ses mains à elle pour croiser ses bras sous sa poitrine. Elle avait beaucoup de questions mais le temps était compté et elle se doutait qu’aussi excellente voyante pouvait-elle être, elle était capable d’essuyer plusieurs séries de divinations. Cela devait être épuisant à la longue. Tout en décroisant les bras, Aerith suivait de son doigts les lignes des arcanes rouges encrées dans son corps. Le rouge semblait s’intensifier au fil de pulsations qui étaient incroyablement lentes, témoin de sa monstruosité mais surtout de sa détente actuelle.

« Vois-tu ces traces ? Sans entrer dans les détails, certaines créatures m’ont causé beaucoup de tort. Ce sont des entraves magiques ancestrales totalement indestructibles, et ça fait extrêmement longtemps qu’elles se portent comme un charme sur ma peau sans que je n'aperçois la moindre fissure. »

Son coeur semblait battre un peu plus fort, et ses mâchoires se contractaient. Rien que d’évoquer cet événement humiliant lui donnait la rage. Comment avaient-ils osés ? Ce n’était absolument pas sa faute - les dragons n’étaient rien d’autre que des créatures excluantes et intolérantes. Heureusement, ils étaient tous morts et c’était bien fait pour eux. Il ne suffit à présent qu’une simple fissure se présente sur son corps pour qu’elle se dégage de ces satanés liens. Rien que ça.

« Vont-ils un jour se briser ? Vais-je pouvoir retrouver ma force d’antan, ou suis-je condamnée à vivre avec cette malédiction collée à la peau ? »

Une de ses plus grandes affliction était sans aucun doute ces arcanes. Même si c’était dans mille ou deux milles ans, si elle pouvait seulement un jour s’en débarrasser… Eh bien, cela serait terrible, pas vrai ? Elle observa la femme avec une grande attention. En fonction de sa réponse, elle pouvait gagner gros. Très gros, même davantage que ce ridicule sac.

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Le regard de la voyante parcouru les marques dont la créature parlait. Ce n'était donc pas un tatouage, mais... une malédiction ? Cette information eut l'effet d'une illumination pour Eleanor. Elle n'avait encore jamais vu ce genre de sort, surtout pas causé par des créatures ancestrales. Peut-être étaient-elles de la même espèce inconnue et que sa cliente ? De mieux en mieux. Oh, elle avait bien fait de rester dans sa boutique ! Elle cligna des yeux, l'une de ses mains se portant à sa joue le temps d'une rapide réflexion. Sa question était excellente et attisait d'autant plus sa curiosité, alors elle ne voyait vraiment aucune raison de refuser. Et puis, il s'agissait là d'une opportunité unique : ne pas la prendre la laisserait avec le goût amer du regret dans la bouche pour les siècles à venir. C'est pourquoi Eleanor replaça ses mains sur la table, paumes toujours tournées vers le ciel.

- Voyons voir.

Elle recommença son petit rituel aussitôt que les pattes de sa cliente se retrouvèrent entre ses mains. Cette fois, la voyante se concentra sur ce qu'elle ressentait au contact de ses griffes et de ses écailles, tentant de se projeter plus loin, plaçant sa concentration sur les marques. Elle arrivait à sentir des pulsations régulières et naturellement, sa respiration se synchronisa avec elles. À travers ses paupières fermées, elle arrivait à voir une douce lumière "respirer" toujours au même rythme que les marques de la créature... Puis plus lentement. Puis la lumière changea.

Une barrière.
Une prison ?
Non.
Une limite... Un mur... Un sceau.
Mearian est inaccessible, taché, souillé et à jamais blessé.
Des voix lointaines et cachées murmurent entre elles.
Elles s'étendent, deviennent plus fortes. Leurs paroles, plus claires.
Prononcées avec effroi...

«Dévorés. Tous.»

Des ailes blanches et duveteuses,
Des ailes ensanglantées et brisées,
Et cette faim,
Cette faim,
A-t-elle une fin ?


Eleanor sentit le contact écailleux des mains de sa cliente à nouveau, puis son propre poids contre le coussin qui lui servait de siège. L'odeur de l'encens, du vieux bois, des pièces d'or et de la poussière, suivit des sons et finalement, des couleurs. Sa vision avait beau être floue pour le moment, ses pensées, elles, filaient à une vitesse hallucinante. L'All'Ombra s'enfonça légèrement dans son siège, fixant le vide en mordant sa lèvre inférieure bleutée, les sourcils imperceptiblement froncés, l'une de ses mains allant rejoindre son menton tandis que l'autre se posait machinalement sur sa cuisse. Elle se racla la gorge et prit la parole sans vraiment regarder son interlocutrice, puisque celle-ci lui apparaissait toujours floue pour le moment.

- Ta malédiction est tenace. Elle ne se brisera pas.

Eleanor prit un moment pour cligner des yeux, le temps qu'elle puisse voir clairement ses alentours. Bien. Elle avait définitivement un monstre en face d'elle. Il valait mieux agir avec prudence si elle voulait chercher à en savoir plus. Plus cette séance allait loin, plus elle avait de questions sans réponses. Premièrement, sa race. Quel genre d'abomination était-elle ? Et cette faim... Si elle continuait dans cette direction, elle serait peut-être la cause d'un véritable génocide. Eleanor avait besoin d'en savoir plus. En plus de trois siècles d'existence, elle n'avait encore jamais vu de futur aussi sombre venant de quelqu'un. Ou, dans son cas, de quelque chose. La voyante planta finalement son regard dans les prunelles ésotériques de la créature, son expression se faisant plus sérieuse alors qu'elle se redressait dans son coussin.

- Mes prédictions sont toujours vraies au moment où je les transmet. Néanmoins, selon tes actes ou tes décisions, elles peuvent s'avérer... différentes.

Elle voulait dire par là que sa "malédiction" pouvait peut-être se briser d'une façon ou d'une autre, même si ce n'était pas ce qu'elle avait vu dans sa vision. Effectivement, elle n'avait pas ressentit de différence sur ce point. Le regard de l'All'Ombra se posa ensuite sur un cristal scintillant, qu'elle prit et examina distraitement. Un joyau des plus parfaits, indubitablement. Mais maintenant, son intérêt était ailleurs. Elle reposa la pierre précieuse parmi les pièces d'or sur sa table et s'avança en direction de sa cliente, pesant ses mots, soulignant le sous-entendu...

- As-tu d'autres questions ?

... Encore une vision. Ou deux. Ou trois ! Le plus possible, tant qu'elle avait les moyens de les payer.
ft. ✧ Aerith Faalenas


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Suaire mensonger

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La voilà, à nouveau plongée dans cette concentration surnaturelle et Aerith se trouva plongée dans un mutisme presque aussi assumé que l’all’ombra, ses yeux distraitement parcourant pour la énième fois la pièce. Ce processus là était long elle en avait conscience mais cela semblait en valoir la chandelle. En fonction de sa réponse sur laquelle elle se fiera plus ou moins, elle serait capable de très grandes choses. Comme détruire ce satané Jormungandr, par exemple. Elle n’avait pas de plan de conquête du monde ou ce genre de motivations trop téméraires même pour les plus puissantes créatures, simplement avait-elle quelque revanches à prendre et quelques affaires à régler. Finalement, lorsque les mains des femmes se quittaient, le dragon finit par détourner son attention sur son interlocutrice.

Sa réponse était… Elle aussi, ma foi bien décevante. Cela commençait à être un peu agaçant, pensa-t-elle alors que ses mots ne semblaient pas dévoiler tout l’énervement qui bouillait en elle.

« Je vois. »

C’était tout ce qu’elle s’était contenté de dire. Elle allait attendre la suite de son récit si elle en avait à lui offrir. L’approximation de ses prédictions n’égalaient pas les rumeurs qui couraient à leurs sujets. Cette femme était vue comme une prodige, la voyante la plus talentueuse de la région de par la véracité de ses propos, mais tout ce qu’Aerith avait en face d’elle n’était qu’une voyante incapable d’aligner plus de dix mots en réponse à ses questions, et c’était bien dommage. Ou peut-être en attendait-elle un peu trop. Dans tous les cas, vu le prix qu’elle déboursait dans un loisir si onéreux elle attendait au moins être satisfaite de ce que la femme lui disait.

Elle n’était pas étonnée quand la voyante lui avoua que ses prédictions n’étaient pas absolues. Ses yeux s’étaient déposés sur le cristal que la femme glissait entre ses doigts, son kaléidoscope reflétant dans ses prunelles opalines. Elle finit par pousser un profond soupir, cherchant ses mots.

« Je trouve ça dommage de faire payer autant pour des réponses aussi fermées. Je m’attendais à des choses bien plus précises, à la hauteur du prix que je paie pour tes services ; un échange de bons procédés. »
Là, j’ai l’impression qu’on me prend légèrement pour une imbécile.


Elle se pinça l’arrêt du nez avant d’hausser les sourcils. Elle ne devait pas se montrer désagréable malgré sa déconfiture, elle faisait sans doute son travail.

« Mais peu importe, disons que c’était encore un peu trop vaste, pas vrai ? C’est le jeu, après tout. Mais si tu n’es pas apte à répondre je ne pourrais te payer. »

Mon cul. Aerith avait conscience d’être un client particulier, et elle avait également conscience que ce qu’on pouvait fouiller dans son futur soit tout aussi sinistre que son passé et son présent. Elle espérait ne pas avoir placé des visions dont elle n’avait pas accès dans de mauvaises mains. Mais dans tous les cas, cette femme ne semblait pas véritablement menaçante et dans tous les cas il y avait une solution absolue qui fonctionnait à chaque fois. Aerith se rapprocha alors de la table, déposant ses coudes contre elle. Son visage semblait prendre une crispation un peu plus attristée, et elle observa Eleanor avec de grands yeux.

« Mon amant est parti prendre la mer il y a quelques temps de cela et il n’est pas revenu. Vais-je le revoir, ou dois-je renoncer à lui ? La fidélité parfois est un lourd fardeau. »

Mesquine. L’art du mensonge. Saint suaire souillé. Aerith n’était pas de ces créatures s’attachant et aimant le moins du monde. La réponse de la voyante déterminerait beaucoup de choses, elle espérait ne pas devoir se mettre en colère. Cela serait fâcheux.
Bien évidemment, ni son visage ni sa voix ne semblait suinter le moindre malaise face à cette question. Elle semblait totalement persuadée en ce qu’elle disait et pas un seul moment on pouvait penser qu’elle sortirait un mensonge aussi grossier pour tromper une voyante et tester sa sincérité.

Si elle l’était, tant mieux. Aerith pourra continuer à lui poser des questions sérieuses sans se demander si elle ne gâche pas son argent.

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Eleanor cligna des yeux. Un amant... Elle ? Décidément, elle n'était pas au bout de ses surprises. L'idée l'amusait, tout de même. Qu'un monstre pareil puisse trouver l'amour... C'était difficile à croire. Mais bon, tout était possible, en ce bas-monde, alors qu'elle le veuille ou non, elle allait devoir s'attaquer au sujet de la fidélité. Ce genre de moment avait toujours été ironique pour elle, puisque les conséquences dans ce domaine pouvaient s'avérer être désastreuses... Il valait mieux se concentrer sur ce qu'elle avait à faire. Une fois de plus, Eleanor présenta ses mains à la créature, les prenant toujours avec prudence et minutie. Elle ferma les yeux et prit un moment pour méditer, préparant le terrain pour la vision qui, cette fois, démarrait lentement. Le silence commença par disparaître, puis elle pu sentir l'odeur particulière du métal... Puis, quelque chose cliqua.

Le son des maillons d'une chaîne s'entrechoquant.
Plusieurs silhouettes armées, leurs craintes sont presque palpables.
Des machines, des lumières, des procédures, tout est si gris. Si froid.
Des plans sont échafaudés, des solutions sont trouvées, des informations sont trouvées.
Dans une pièce, deux hommes fixent leur prisonnière, ahuris.
L'un deux brise le silence.

« Un mythologique. Un vrai. »
« Tu sais ce que ça veut dire ? »
« ... »
« ...Les résultats de l'analyse sont clairs. Si ce monstre ancestral se trouve ici, c'est seulement parce qu'il le veut bien. »


La vision s'effaça doucement, mais sûrement. La transe, elle, dura encore quelques minutes, jusqu'à ce que les sens de l'All'Ombra reviennent petit à petit. Elle lâcha les mains de la créature, mais ne bougea pas beaucoup, se contenta de la fixer, songeuse. Ce qu'elle avait vu répondait enfin à certaines de ses questions. Elle connaissait le conte, son père aimait bien le lui raconter lors des longues nuits où le sommeil lui échappait. Inutile d'en douter, sa vision venait tout juste de prouver l'existence de ce qui n'était pour elle qu'une simple légende pour faire peur aux enfants. À ce point, il était difficile de dissimuler son étonnement : Eleanor était... stupéfaite. Et le mot était faible. Elle n'avait pas été aussi prise au dépourvu depuis des décennies, aussi, elle s'entendit presque murmurer :

- Aerith...

Grave erreur. La réalisation d'avoir laissé passer une information cruciale sur sa vision ramena définitivement Eleanor à la réalité. Elle se redressa dans son coussin, les sourcils légèrement froncés. Elle avait un mauvais pressentiment...
ft. ✧ Aerith Faalenas


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Suaire mensonger

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Le silence, plus que long cette fois ci semblait pesant. Un silence salvateur ou lapidaire. Un terrible silence qui présageait une tempête ou le calme plat d’une mer tranquille. Aerith restait immobile et silencieuse, seule différence étant ce large sourire carnassier qu’elle ne pouvait cacher lorsque la frêle femme avait laissé ses paupières recouvrir ses orbes pour plonger dans une nouvelle torpeur méthodique. C’était un sourire qui dévoilait chacune de ses dents d’albâtre et qui étirait ses joues, plissait ses yeux, crispait sa mâchoire. Heureusement, il ne dura que quelques minutes, s’effaçant sur sa face d’une lenteur angoissante. Elle espérait sincèrement qu’elle ne lui apporterait pas de fâcheux mensonges, et priait sincèrement pour elle qu’elle ne soit suffisamment sotte pour lui répondre des choses fausses. Si elle ne voyait rien, il y avait deux options aux probabilités relatives ; le mensonge, ou la vérité. Elle jugerait de l’un ou de l’autre en fonction d’autres facteurs puisque le mensonge ne trompe pas les plus malins, même s’il est ficelé et brodé à la perfection.

Le moment tant attendu arriva, et Eleanor laissa afficher une face qui ne lui plaisait pas. Le dragon plissa alors les yeux en restant muette, préférant lui laisser d’abord quelques minutes pour reprendre ses esprits. Elle n’était à présent plus pressée. Avec une délicatesse serpentine, Aerith brisa le contact entre elles une troisième fois, déposant ses coudes sur la table. Ses mains se joignant, elle déposa ainsi son menton sur le pont que formait ses doigts entrelacés, l’observant avec une très grande attention.

Un simple murmure. Son nom. Attend, son nom ?
Elle ne lui a jamais dit, en rentrant. Elle ne connaissait même pas le sien ; comment pouvait-elle…? La confusion semblait se lire sur le visage d’Aerith, qui resta silencieuse pendant de longues secondes. Finalement, sa voix brisa le silence qui s’était jalousement emparé de la pièce.

« Enchantée, fit-elle. »

Un simple mot, qui ne présageait rien de bon. Elle conserva ainsi sa position, inclinant légèrement le visage sur le côté. Elle fixait Eleanor d’une insistance dérangeante - l’accablant de ses simples yeux. Même si elle n’avait pas eu la réponse à sa question, elle avait déniché quelque chose de bien plus intéressant. De la même lenteur qu’auparavant, elle retira ses coudes de la table. Sa voix était toujours aussi calme, même si elle semblait affreusement retenir les flots de rage qui inondaient son être.

« Je me demandais si tu ne te payais pas ma tête depuis le début, soupira Aerith de façon attristée. Il faut dire que placer une confiance aveugle dans les propos d’un voyant n’est pas chose aisée…  »

Sa posture courbée se redressa alors, ses vertèbres craquant sinistrement à l’intérieur de son corps. Il ne suffit que d’une seconde pour que l’expression d’Aerith change - la noirceur de ses traits se révélant enfin. Ses sourcils étaient froncés, ses muscles crispés, ses mâchoires tendues et ses yeux plantés dans le regard de l’All’Ombra.

« Oui, tu te paies ma tête. »

D’un coup, son corps se redressa et son poing violemment frappa contre l’extremité droite de la table, créant une crevasse béante dans la matière et brisant deux pieds du meuble - à présent qu’ils ne pouvaient plus assurer leur tâche, les pièces toutes glissaient sur la table désormais en pente ; les faisant s’écrouler contre le tapis et le sol en un bruit sourd.

« Je sens que tu me caches des choses et cette sensation s’est confirmée suite à ta propre trahison, All’Ombra. Tu vas parler à présent, et je te promet que si tu ne parles pas tu risques de rapidement déchanter. Si tu ne parles pas, tu vas tout simplement mourir. »

Ces mots avaient été prononcés comme une solennelle sentence. Elle refusait de se faire mener en bâteau - c’était inconcevable. Une humiliation. Elle était en effet talentueuse en magie et sans aucun doute dans l’art de la tromperie et de la malhonnêteté. Peu importe la véracité de ses visions, elle n’était pas payée pour raconter ce qu’elle désirait.
Aerith semblait se détendre au fil des secondes et se rasseya doucement dans le fond de son coussin - il était ma foi bien confortable. Son visage reprit une teinte moins inquiétante, et elle souriait même.

« Bien, si tu as compris, où en étions-nous ? Ah oui, “Aerith”. Tu connais plus de choses que tu laisses le paraître, hein ? Parle. »

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La supercherie avait été révélée au grand jour. Eleanor ne pouvait que fixer la créature face à elle avec appréhension alors que cette-dernière se redressait et que son expression changeait, se crispait, au point où elle lui donnait froid dans le dos. Elle aurait bien frissonné si elle arrivait encore à bouger un muscle, voire même à respirer. Le choc absurdement violent du poing du monstre sur sa table lui donna l'impression de se faire frapper par la foudre, tous ses sens en alerte, l'adrénaline à son paroxysme, son cœur s'affola alors que les menaces de la créature parvenaient à ses tympans avec une clarté déconcertante malgré l'écho de l'explosion de sa table qui résonnait encore dans ses tympans. Elle devait parler, mais sa gorge était serrée comme si une entité invisible l'étranglait, puis la voyante grimaça alors qu'elle fut prise d'une violente douleur au thorax allant jusqu'à son bras gauche : elle avait l'impression que son cœur allait exploser si elle ne faisait rien.

Elle attrapa quelque chose sous sa table maintenant ruinée : un petit flacon en verre opaque, qu'elle ouvrit avant d'en boire le contenu d'une traite et de déposer d'une main tremblante la petite bouteille vide à côté d'elle. Les effets de la liqueur ne tardèrent pas à faire effet et après un court moment, la douleur se dissipa. Tout en calmant sa respiration, Eleanor prit un mouchoir en tissus pour éponger un peu son visage, son expression beaucoup plus grave et fatiguée. Elle posa son regard sur les mains d'Aerith.

Aerith, ni plus ni moins. Ce n'était plus le moment de jouer. Bien sûr, elle n'avait pas besoin d'un dragon ancestral pour perdre la vie, mais il valait mieux ne pas tenter sa chance à ce point. Eleanor se racla la gorge, étant finalement en mesure de prononcer sa réponse :

- Maintenant que je sais qui tu es... Tout est plus clair.

Elle se débarrassa du mouchoir et se réinstalla de peine et de misère sur son coussin, cherchant à retrouver un semblant de confort, sans grand succès. Par où commencer ? Pourquoi pas par le début... ? La voyante inspira, puis expira lentement, se remettant toujours de sa petite crise.

- Ton futur est perturbant, sombre. Tout se résume autour de ta faim. Je t'ai vue tuer et dévorer un... Très grand nombre d'anges... Voire peut-être même plus que ça. Quelque chose de divin... J'ai également vu un sceau, ou plutôt une barrière autour de Mearian. Et plus tard encore, des machines. Des hommes armés et des projets te visant particulièrement. Il semble que tu seras capturée par eux, mais... de ton plein gré.

Elle laissa s'espacer un autre moment de silence. Malgré sa frousse quelques minutes auparavant, une question lui brûlait les lèvres et elle savait que si elle ne la posait pas immédiatement, elle ne se le pardonnerait pas.

- Ton futur est rempli d'embûches. Certaines peuvent être évitées, peut-être même exploitées si tu joues tes cartes comme il se doit. Laisse-moi regarder encore...

Elle dû se faire violence pour prononcer la fin de sa phrase :

- Gratuitement, cette fois.
ft. ✧ Aerith Faalenas


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Suaire mensonger

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La voyante était fébrile. Aerith l’observa ingérer le contenu d’une petite fiole en la laissant se calmer ; voyant bien les gouttes perlant sur son front immaculé et allant envahir jusqu’au reste de son derme singulier. Elle semblait clairement remuée, et Aerith osait espérer que cette secousse de son esprit et de son corps soient suffisant afin qu’elle se rende compte de l’inconscience de ses actes. Elle croisa les bras, attendant alors silencieusement sans la presser ni la brusquer ; le but premier n’avait pas été de l’effrayer ou alors de faire asseoir sa propre puissance mais bel et bien de recueillir des informations sur son futur. Elle avait fait tant de chemin - voyagé pendant plus d’une semaine en volant pour venir la voir. Elle ne pouvait tout simplement pas repartir bredouille, c’était inconcevable.

Lorsque finalement sa voix à la fois douce et instable finit par se faire entendre, elle arracha un froncement de sourcils à Aerith, d’incompréhension cette fois. Elle la connaissait donc - flatteur, pensa-t-elle. Pourtant, le satan était une créature assez discrète malgré l’impression opposée qu’elle renvoyait. Sans doute les histoires écrites à son sujet ; mythes et légendes la présentant comme une créature infernale, caricaturant peut-être même son image pour certains écrits. Mais elle espérait qu’à présent, elle soit plus honnête.

« Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème. Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né. Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône, tandis que la Femme s’enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu’elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours. »

Aerith resta bouche bée, lorsqu’elle lui donna une liste déroulante des évènements à venir - futur proche, lointain ? Elle plissa les yeux. Le plus troublant était qu’elle venait justement de Mearian. Le plus troublant était qu’elle avait commencé à se repaître de la douce chair de ces êtres purs. Le dragon se massa le front sans prononcer le moindre mot, vraisemblablement troublé par ce qu’elle venait de lui apprendre. Finalement, elle avait bien fait de ne pas croire aveuglément la pauvreté du compte rendu des visions de la diseuse. La finalité de tout cela était stupéfiante et pourtant effrayante. Mais si rien n’était absolu, comme elle le disait, elle pourrait éviter ces conséquences. Suite à la proposition de la femme, Aerith avala sa salive.

« Non, je te paierai. »

Toute bonne information méritait son dû. C’était une excellente information.

« Ce sac ne sera finalement même pas assez. »

Une information inestimable. Elle ne pouvait pas passer à côté de cette ocassion de potentiellement pouvoir changer son futur ; se faire capturer par des hommes ? Volontairement ? Elle ne savait trop comment interpréter ce point, sachant s’il devait être pris avec des pincettes ou interprété à la lettre. Dans tous les cas, elle ne voulait à l’heure actuelle que cela n’arrive pour rien au monde. La liberté était entre ses mains et pas un mortel ne sera en mesure de lui ôter ce qu’elle avait de plus cher.
Personne.

« Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. On le jeta donc, l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Diable ou Satan, comme on l’appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui. »

Aerith tendit alors ses mains à Eleanor, l’observant d’un nouvel éclat. Elle semblait cette fois s’en remettre à elle, comme si l’excès de colère d’il y a quelques minutes n’était jamais arrivé.

« Mais j’accepte avec plaisir. Penses-tu pouvoir être plus précise dans tes visions ? Ou, idéalement pouvoir m’aiguiller dans ce que j’aurais à faire pour éviter ces événements qui ne présagent rien de bon ? »

Pourquoi cracher sur l’occasion ?

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Eleanor hocha lentement la tête en affirmation face à la question de son unique cliente. Elle entendait très souvent ce genre de réflexion, aussi avait-elle trouvé un moyen de satisfaire ce genre de demande, beaucoup plus pour son propre bien que pour celui des autres. Après tout, elle pouvait aller jusqu'à s'éviter des blessures mortelles ou des tragédies de toute sorte avec ce genre de prédiction. Néanmoins, vu son état de fatigue soudain, elle allait avoir besoin de temps, de beaucoup de concentration, d'encore plus de prudence et surtout, d'une autre table. La voyante attrapa sa canne en bois vernis et se leva lentement, avec difficulté.

- Par ici.

En faisant bien attention où elle mettait les pieds, elle se tailla un petit chemin à travers les montagnes de pièces d'or et de cristaux, écartant le délicat rideau transparent sur son passage, puis elle se dirigea tant bien que mal vers un coin de sa boutique. Habilement dissimulé derrière des rideaux opaques se trouvait un petit espace de relaxation, meublé d'une table basse cachée sous des documents remplis et un ensemble antique de thé, une ottomane à l'apparence excessivement confortable, le tout accompagné d'un grand nombre de coussins éparpillés n'importe comment sur le sol, ainsi que de plusieurs objets farfelus à l'usage obscur. Des outils, des pots, des bouteilles vides, des coffrets, des bijoux abandonnés en pleine fabrication, des ingrédients divers, des fleurs soigneusement placées dans des vases richement décorés, des échiquiers variés... Ce genre de désordre qui semblait être organisé. Eleanor se dirigea vers le canapé pour s'y asseoir avec un soupir, chacun de ses mouvements semblant être difficile à exécuter, toutefois accompagnés par le son de ses nombreux bijoux s'entrechoquant entre eux. L'All'Ombra invita sa cliente à prendre place à ses côtés, prenant simplement quelques secondes pour masser son épaule gauche.

Elle le cachait très bien, mais ses membres étaient engourdis et lourds dû à son remède. Elle pouvait encore goûter l'amertume de sa potion... bien qu'elle ne pouvait pas être aussi amère que ce que Eleanor pouvait bien nourrir comme sentiments envers sa condition. Elle tenta de ne pas trop y penser, dirigeant sa concentration vers quelque chose de positif : comme par exemple, l'opportunité inestimable de pouvoir observer le futur d'une créature légendaire, présentement assise juste à côté d'elle.

À défaut d'avoir une table sur laquelle elle pouvait poser ses mains, Eleanor se contenta d'attraper des livres au hasard autour d'elle, formant une pile entre elle et le dragon. Puis, elle prit très doucement ses mains griffues, les joignant ensembles sur les livres avant d'entrelacer ses doigts avec les siens, créant ainsi une prise beaucoup plus solide. Elle en aurait besoin. Sans perdre une seconde de plus, Eleanor ferma les yeux et se canalisa absolument toute sa concentration sur son but, comme une méditation surnaturelle. L'ambiance elle-même semblait se modifier autour d'elles, comme si le temps s'arrêtait et que la lumière se tamisait le plus possible pour ne pas déranger l'All'Ombra dans son rituel. Comme envoûtée par sa propre magie, Eleanor sentait son esprit doucement s'échapper, ses sens se coupant un à un du monde réel pour ne laisser place qu'à sa clairvoyance, qui finit par prendre le dessus complètement, lui montrant des scènes d'une clarté exceptionnelle :

La silhouette monstrueuse tremble sous l'anticipation, l'excitation et le désir;
Attendre plus longtemps est une véritable torture.
Cette faim insatiable semble déchirer et tordre ses entrailles;
Comment diable peut-il y résister ?
La chair est si facile à découper;
Les os, si simples à broyer;
Leur sang si satisfaisant, un vrai festin.
Qu'est-ce qu'un simple sacrifice, s'il représente une chance d'apaiser son mal ?

Et l'allégresse que ces petites chasses lui apportaient en valait amplement la peine...

Les griffes couvertes du sang des anges, ce n'est toujours pas assez.
Le jeu continue encore et encore, comme une danse quasi jubilatoire, mais qui pourtant, laisse le monstre sur sa faim sans fin.

La satisfaction s'estompe, ne laisse place qu'au tourment.
Comme un poison, il alterne son jugement;
Son monde devient gris.
Sombre.

L'ennui.

Doucement, la vie s'échappe. La faim, elle, reste.

Un vrai cauchemar.
À la différence que ce cauchemar, lui, a bel et bien un fin.


La vision sembla s'estomper un moment, mais revint à la charge avec la violence d'un golem, en un simple flash :

Mi-homme mi-corbeau
Marqué par la guerre
Définition parfaite du chaos
Qui, aux yeux du monstre,
Est un nouveau souffle de vie.


...

Le retour à la réalité fut beaucoup plus lent qu'à l'habitude. Tout d'abord, Eleanor sentit ses mains crispées sur les pattes écailleuses d'Aerith, suivi du son de la brise nocturne à l'extérieur, produisant son hurlement lointain, atténué par les vieux murs de la boutique, puis le goût du sang, probablement une trace laissée par sa vision. Elle ouvrit lentement les yeux, ses sens se réveillant lentement mais sûrement, jusqu'à ce qu'elle puisse sentir quelque chose de chaud couler de son nez. La voyante porta sa main à son visage et le liquide bleu qu'elle retrouva sur ses doigts lui servit de preuve : le goût du sang était bien réel, finalement. Eleanor réagit à la lenteur d'un escargot, prenant un morceau de tissus qui traînait par là pour l'appuyer sur son nez le temps de fouiller dans son petit sac. Comme si son esprit n'était toujours pas parfaitement remis en place, elle se mit à déblatérer du charabia sans vraiment s'en rendre compte :

- Ne pas s'inquiéter. Au moins, il n'est pas rouge...

Elle ricana si faiblement qu'elle-même eut du mal à s'entendre. Elle sortir une autre fiole de son sac et l'ouvrit pour en boire une simple gorgée, grimaça et la replaça dans son sac. Elle fit signe à Aerith d'attendre un moment, le temps qu'elle soit certaine que tout était rentrée dans l'ordre. Lorsque son sang commença enfin à coaguler, Eleanor posa son regard sur le dragon. Elle était fatiguée, avait ruiné la couverture d'un vieux livre et elle savait qu'elle allait devoir passer la nuit dans sa boutique... Mais rien de tout ça ne pouvait l'empêcher d'être satisfaite. Elle préférait ruiner un peu sa santé si en échange elle pouvait mettre la main sur des informations aussi cruciales !

Eleanor finit par se débarrasser de son morceau de tissus, qui était passé de blanc à bleu. Pressée de partager ce qu'elle avait vu, elle ne prit pas la peine de se nettoyer avant de reprendre la parole, avec un air beaucoup plus grave, son ton se faisant plus bas encore qu'à son habitude :

- Écoute-moi attentivement. Tu cours le risque de laisser ta faim prendre le contrôle. Je suggère la prudence, peut-être même l'isolation s'il le faut. Mais prends garde à ne pas tomber dans l'excès : la monotonie sera ton pire ennemi. En résumer, si rien n'est fait, tu risques de causer le génocide des anges, puis de te faire consumer entièrement par l'ennui, exactement comme une maladie... ou un poison virulent, peut-être même pire que ta faim.

Elle posa l'une de ses mains sur son ventre machinalement, comme si elle-même ressentait ce genre de famine. Elle prit quelques secondes pour respirer, avant de plisser les yeux et de continuer :

- Il y a néanmoins de l'espoir. Tu le trouveras en la personne qui portera les traits à la fois d'un homme et d'un corbeau, ayant connu la guerre. Une forme d'autorité, peut-être le connais-tu déjà... Il est synonyme de chaos pour les autres, mais te servira de phare.

Le silence qui s'installa dans la pièce suite à ces révélations fut très lourd. La nuit était définitivement tombée et le vent sifflait fortement à l'extérieur, signe de mauvais temps, peut-être même d'un orage. C'était presque poétique, vu les circonstances. La voyante secoua faiblement la tête, posant les yeux sur ses mains froides, puis de nouveau sur le visage de la créature, elle-même synonyme de malheur.

- Agis avec prudence. Dans tous les cas... J'espère ne jamais recroiser ton chemin.
ft. ✧ Aerith Faalenas


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Elles avaient finalement quitté la pièce principale pour en rejoindre une autre, intelligemment dissimulée derrière des ridaux un peu orientaux. Une nouvelle pièce, plus petite, plus chaleureuse. Un petit cocon qui semblait bien aller à l’aura que la femme dégageait ; malgré cette mystériosité, il s’émanait d’elle une certaine délicatesse sans doute exacerbée par sa faible constitution. Aerith prit place en silence sur les coussins, constatant qu’elle semblait particulièrement affectionner ces derniers pour en disposer autant dans un si petit espace. Aerith n’avait pas la même vision du confort que les autres, ainsi elle n’éprouvait pas véritablement les sensations que d’autres clients pourraient ressentir en se retrouvant entre cette montagne cotonneuse et agréable au toucher.

Le dragon resta bien calme une fois de plus, laissant la créature ancienne s’installer et mettre en place un nouveau semblant de table bien rudimentaire face à la magnificence du bois de celle qu’elle avait brisé sans la moindre hésitation. Mais au moins avec cet argent elle pourra sans aucun doute refaire toute cette décoration et remplacer tous ces meubles vieillots. S’emparant de nouveau des frêles mains, elle rétracta cette fois ses griffes afin de resserrer également son emprise sur elle, comme elle le faisait. Aerith l’observa de nouveau entrer dans sa transe, le calme envahissant le nouvel endroit toujours de la même façon cependant. Un calme gênant, pesant, mais méthodique. Qui ne devait être brisé pour rien au monde.

Finalement, une odeur toute particulière taquina les narines d’Aerith… Du sang. Une odeur qu’elle était en mesure de reconnaître parmi mille autres. Un sang à la couleur bien particulière qui ne manqua pas de surprendre la bête - observant le liquide divin s’écouler sur l’épiderme livide de l’All’Ombra. Sa faim lui tordait les tripes, et il n’était même pas encore temps. Elle ne mit pas longtemps à se reprendre, bien trop intéressée par le verdict que ses lippes prononceront. Sans réagir suite à sa première remarque, leur contact fut coupée. Elle épongea son propre sang d’un tissu immaculé ; tâchant celui-ci de la vulgarité de sa substance corporelle. La senteur de cette dernière semblait toujours se diffuser dans l’air, à son plus grand plaisir. Quelle douce odeur.

C’était justement lorsqu’elle pensait à l’odeur et au goût du sang qu’elle fut bien vite rattrapée par les mots tranchants de la voyante qui lui exposa tout ce qu’elle devait éviter. Cela semblait évidemment simple sur le papier bien qu’un peu étonnant fallait-il avouer ; elle allait garder ça dans un coin de sa tête. Il était vrai qu’elle avait toujours eu peur que l’ennui ronge sa chair, heureusement malgré sa longue existence elle avait toujours réussi à apporter un peu d’amusements dans sa vie justement pour éviter de se confronter à ce que tout être éternel était condamné à vivre.

Mais elle ne comprenait pas où elle voulait en venir, avec cet homme. Il lui servira de phare ? Sans doute avait-elle mal interprété ses visions. Enfin, ce n’était qu’un détail parmi un flot d’informations intéressantes et cela lui suffisait amplement. Aerith était satisfaite de cette entrevue et impatiente de voir si ses prophéties se confirmeraient - si seulement étaient-elles vraies ou si elle réussirait à les contourner. Un futur plein d’embûches comme elle disait - mais plein d’excitation et de rebondissements pour Aerith. Son corps se leva alors, se redressant lentement. Elle fixait la voyante de toute sa hauteur, un sourire maigrelet sur la chair.

« Je partage ta pensée, fit-elle. Ah, et tu peux évidemment garder l’argent. Un silence. ...Adieu. »

Un dernier regard. Elle écarta le rideau opaque et se dirigea vers la porte - en ouvrant celle-ci, le même bruit de clochette se faisait entendre. Elle quitta les lieux, la nuit avait déjà tombé et le vent l’orage et la pluie s’étaient emparé de Nueva.

Et merci.


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