Maximus & Amniè
Rencontre entre Océan et Polluants
Les yeux clos, je me contente d'avancer dans un silence de plomb. Seul dans l'immensité, je me laisse porté par les courants chauds, venant danser avec les forces marines tandis que les faisceaux de lumière se font de plus en plus présents. Pour ne rien cacher, je dois bien avouer que j'aime beaucoup ressentir le soleil sur ma peau, néanmoins.. Le fait de me retrouver sur jambes me donne toujours une sensation de faiblesse. D'incapacité à effectuer ce que la nature m'a toujours offert. Comme si l'on me liait à une forme réductrice. Enfin, de là à hurler à la douleur à chaque fois que mes pieds touchent la berge serait un peu excessif. Et puis, peut-être est-ce là uniquement la gêne d'un triton mais je me trouve autrement plus attirant avec ma véritable forme qu'avec ces artifices. Même si je dois bien avouer que certains jeux de jambes sont assez charmeurs, personne ne m'enlèvera le fait que les orteils sont répugnants. Mais je m'égare.
Arrivant près de la surface, je ne peux m'empêcher de poser la main sur la sacoche étanche déposée en bandoulière. Un peu comme quelqu'un qui mettrait la main à la poche pour vérifier qu'il possède bien ses clefs avant de partir de chez lui. Ce réflexe aussi absurde soit-il fait partie de ma vie et apparaît à chaque fois que je quitte l'océan. J'ose espérer que personne ne l'a remarqué malgré les années. Même si je doute que quiconque viennent se moquer de moi, j'apprécierais ne pas ternir la famille en me faisant passer pour un éternel angoissé.
Brisant la surface de l'eau avec une certaine forme d'élégance, je laisse mon corps se faire amener vers les côtes, les yeux clos et le visage porté vers le ciel dégagé. Les rayons venant réchauffer ma peau en provoquant un délice à peine dissimulé. Aussi, alors que je sens petit à petit ma queue se heurter et traîner contre la dureté de la berge, je viens lentement me mettre sur le dos. Le visage vers l'océan, ma colonne vertébrale vient lentement s'épouser à la forme du sable, finissant de m'échouer sur la plage avec une grâce indéniable.
Les yeux toujours mis clos, je me contente de déposer mon sac sur mes côtés et tâche de laisser ma peau nue se faire sécher par le soleil d'après-midi. La queue toujours présente, je laisse l'eau s'en retirer avec une lenteur presque lascive tandis que mes écailles laissent lentement place aux prémices d'un bassin plus humain. Nul besoin pour moi de me presser ni de presser ma transformation. Non, aujourd'hui, je prends mon temps. Ayant mangé récemment et étant parti en avance, je n'ai ni à craindre la faim ni le temps. Me laissant tout le loisir de profiter d'une berge accueillante et on ne peut plus calme que le rivage portuaire aux exclamations incessantes.BY .SOULMATES