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Le diable marchant dans ses pas | ft. Aerith

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the thing
ft. Aerith
le diable

Ton élément naturel, ton royaume, la merveilleuse Fhaedren. Des terres que tu avais appris à chérir avec le temps, des terres porteuses de mort. Avait il en ce bas monde des choses capables de t'offrir ce même sentiment des plus viciés que celui que cette étendue et ses conflits t'apportait ? Non, bien au contraire même, il n'y avait qu'ici où tu n'avais à trop te soucier de ce que tu étais, où tu avais à trop de soucier d'un de tes quelconques débordements. Enfoncé en les lignes ennemis à devoir le briser, pourrir avec vigueur son quotidien. Tu avais enfin retrouvé cette vie à laquelle on t'avait prédestiné depuis longtemps, loin des lits, des bandages, des prises médicamenteuses et bien d'autres que Ragnarök t'avait imposé il y a de cela un peu plus un mois. Tu étais loin de toute réelle civilisation, loin de leurs problématiques et façon de vivre. La névrosé pouvant donc reprendre sa progression en ton esprit, le dérèglement dont tu étais victime pouvant enfin de nouveau totalement s'exprimer alors que les apparences n'étaient plus à sauver tout bonnement. Au final qui savait ce qu'il se tramait au fin fond de ce continent qui ne connaissait que la désolation, une désolation dont tu t'abreuvais loin de tout jugement.

La nuit avait fini pas prendre ses droits sur ces terres vides de vie à l'exception des quelques mouvements de certains parasites. Les jours s'étant écoulés depuis votre départ, incursion en le territoire ennemi dans le seul but de mettre à mal son ravitaillement. Vous aviez attendu depuis des heures que le gibier montre enfin son nez conformément aux informations que vous aviez obtenu, le convois ayant été au rendez vous. Il y avait eu un bien beau massacre, une bien belle œuvre lors de l'arrivée du crépuscule. L'embuscade que vous aviez prévu ayant merveilleusement fonctionné, une déflagration s'en suivant d'un large flot d'hémoglobine. Tu n'avais pas eu à fournir un bien grand effort même si une grande partie du travail avait fini par reposer sur tes épaules de par le maigre effectif que tu avais emmené à tes côtés. Deux carrioles, les animaux les tirant ayant eu aussi trouvé la mort alors que les cadavres traînaient ici et là. Le feu crépitant le long d'une toile, la dévorant méticuleusement, conquérant temporairement son terrain face à l'obscurité qui reprendrait bientôt ses droits.

Tu te tenais au milieu de ce chaos, ta performance étant quasiment terminée alors que tu vagabondais tantôt entre les corps. L'oreille tendue comme la vue aux aguets à la recherche d'un survivant ou d'un malin souhaitant berner la mort en se faisant passé pour mort. Il n'y avait plus de place pour l'homme réfléchi actuellement même si tes gestes ne trahissaient rien d'une certaine animalité. Un simple poignard en main alors que tu cherchais ton tribut, l'affrontement ayant clairement été insuffisant. Il en voulait encore plus au fond de toi tandis que tu voulais le calmer, aucune raison ne te retenant, aucune raison t'ordonnant de le contenir. Les effets du traitement étant des plus imparfaits lorsque l'adrénaline s'occupait de souiller chaque parcelle de ton corps. Il était donc là entrain de s'aventurer hors de ta cage, la carcasse de chair sous ton imposante cuirasse s'étant vu forcée de l'accepter en espérant qu'il ne soit trop difficile par la suite, pour cette nuit. Il t'était dès lors arrivé de t'arrêter parfois comme par paranoïa, par peur d'oublier un vivant qui tentait une nouvelle de fuir son destin. Un simple processus de recherche s'entamant pour le chasseur inhumain, sa petite parade prenant vie sous les actes qui allaient venir.

Tu avais remarqué finalement un de ces couards, cherchant à ramper loin de cette magnifique scène que tu avais crée. T'abaissant pour le bloquer de tout ton poids, un genou reposant contre son dos. C'est en un mouvement prompt que tu vins glisser tes griffes d'acier en sa chevelure l'agrippant jusqu'au moment où la lame vint une première fois se perdre en sa nuque, ne le décapitant pas directement sur le moment. Tu avais laissé quelques infimes secondes s'écouler avant de porter un second coup, arrache définitivement une tête du tronc sur lequel elle aurait dû à jamais reposer. Simple amusement alors que tu avais toujours eu la force surtout en ta tenue de guillotiner avec efficacité et netteté un être pour le peu que tu avais une lame sous la main. Cela l'avait mis en appétit, un bon amuse gueule alors qu'il voulait enfin son vrai repas même si les seuls vivants devaient rentrer *normalement* sain et sauf. Il fallait parfois faire des sacrifices mais celui qui allait se profiler, tu allais leur imposer. Sur quatre hommes, un avait trouvé la mort tandis que deux autres furent blessés à des degrés variables, le dernier plus chanceux mais plus jeune de tous ayant eu peut être beaucoup de chance.

Ils avaient tous été bien trop occupés à s'occuper de leurs blessures respective pour observer ton divertissement en la pénombre même si la panique de ta première victime avait dû se faire attendre, tout comme les témoignages de sa douleur. Tu commenças donc à te diriger vers le reste du gibier qui attendait son destin, autant stressé par les retombés du combat que de par les complaintes d'un inconnu. Tu étais fourbe, prenant un immense plaisir à t'approcher lentement de ceux-ci, chassant d'un premier geste de main celui qui avait pris la charge du blessé le plus grave. Blessé gravement, au point où il n'était pas rentable de le ramener, même si tu avais pu simplement le porter tel un simple ballot de paille. Tu inspectas avec minutie son corps meurtri, une importante hémorragie ayant commencé à imbiber ses vêtements, sa maigre cuirasse. Tu avais tantôt amené tes phalanges une nouvelle fois sur sa personne, tâtant un tant soit peu la plaie. Tu allais sans doute lui faire une fleur, un cadeau à la portée variable mais qui allait un minimum plaire à la chose que tu étais. Tu plaquas dès lors ta paume contre ses lèvres lui ôtant le droit de hurler alors que ta lame que tu avais précédemment posé à même le sol commença à rapidement remonter son flanc pour se loger entre ses côtés, là où se trouvait son cœur, l'achevant. Un bien beau cadeau alors que tu entendis hurler en ton fond le plus jeune qui vint machinalement reculer tandis que tu ne faisais attention à ses paroles.

Tu aurais voulu le garder pour la fin mais il faisait trop de bruit, il était trop encombrant à sa façon pour le prédateur qui comprenait lui aussi le fait qu'attirer plus d'adeptes de Mearian n'était nécessaire. Une totale absence de cérémonie s'en suivant alors que tu le rattrapas avec une rare aisance en une démarche qui respirait qu'une seule envie, la soif de sang. Légèrement voûté comme une bête aux aguets. Tu agrippas bien plus brutalement lui, une seule de tes mains suffisant à englober la totalité du bas de son visage. C'est sans guère plus de cérémonie que tu l'envoyas valser contre l'une des carrioles, non loin du corps du premier sacrifié. La projection l'ayant bien assommé alors qu'il ne s'était point relevé, silhouette frêle qu'il était. Tu allais pouvoir le garder pour plus tard te disais tu finalement, une bien bonne nouvelle alors que tu te permis d'achever sans grand intérêt le blessé plus léger qui avait lui aussi cherché à ramper loin de cette folie, égorgé tel un misérable.

Le bouquet final pouvait arriver, tes pas lourds te portant vers le jeune individu qui reprenait ses esprits, toujours aussi apeuré, plus paniqué que jamais. Une main encore et toujours plaquée contre ses lèvres, enserrant sa mâchoire tandis qu'à l'opposé ta jumelle agitait doucement ton poignard. L'amusement prenant une autre forme alors que tu plantais méticuleusement l'acier acéré à diverses parcelles d'une anatomie que tu ne connaissais que trop bien. Diverses parcelles où l'hémorragie allait être présente mais bien mois importante que de par la section d'une artère. Il se vidait se fatiguant lui même un peu plus à chacun de ses mouvements, ses bras cherchant à repousser avec naïveté un poids mort comme le tien. Ses couleurs disparaissaient, la vision en étant réconfortante, une vision qui te procurait comme une joie. Tu étais envie par une émotion indescriptible mais qui faisait hurler ton côté le plus primaire que l'on t'avait insufflé avec maladresse. Tu n'avais plus qu'à attendre là, essuyant ta lame contre les vêtements du mourant aux larmes qui commencèrent à ruisseler.

Son destin était scellé.




il marche !
dans ses pas, et attend.

domination

La nuit était tombée, et la lune de sang, impérieuse et halte résidait maîtresse dans l’infinité du ciel jusqu’à ce qu’on la pousse loin de son trône froid. Les terres arides de Fhaedren vomissaient en leurs fissures un air chaud et épais qui rendait difficile la respiration, bien plus qu’au sein de Keivere. Ici, la nuit était souvent froide et il n’était pas rare qu’il pleuve des gouttes acidifiées par la corruption totale de l’endroit, rendant la traversée du continent désacrée plus dangereuse. Pourtant, c’était les missions de nuit qui étaient les plus fructueuses - profitant du repos le plus infime dans le coeur des ennemis dans le simple but de prendre l’avantage sur eux et leur trancher la gorge sans aucune vergogne ; les soldats coincés à Fhaedren faisaient tout pour l’Empereur, tout pour leur Inquisiteur, tout pour être couvert de gloire et surtout pour remonter à la surface, sur une terre plus ferme et moins inquiétante. Hélas, beaucoup étaient bloqués ici à tout jamais, et ce, pour l’Empereur. Un sort triste mais nécessaire, supposait-elle.

Elle était sortie, cette nuit. Douce balade à la recherche d’un loup un peu trop affamé. L’Inquisiteur soupçonnait un soldat - et pas n’importe lequel - de décimer ses compagnons, lorsque plus aucun regard n’était posé sur lui. De toute façon, les dieux ne pouvaient voir à travers l’obscurité la plus profonde, sauf lui. Son derme nu s’était recouvert de ses écailles obsidiennes, n’épargnant aucune parcelle de son corps, recouvrant sa chevelure et la faisant disparaître pour ne laisser qu’un crâne nu et deux épaisses cornes s’en échapper. Seule ses yeux et la partie la plus haute de son visage étaient encore visibles, permettant à ses deux orbes de scruter ses proies. Sa bouche était recouverte de la même matière ancestrale, la plongeant dans un mutisme méthodique. La parole n’était pas nécessaire. Ses pas suivaient les soldats, restant à plusieurs dizaines de mètres loin d’eux pour bénéficier de toute la discrétion possible. Loin du feu, loin de la lumière, seules ses lanternes brillaient dans la nuit, mais l’angoisse des ellgardiens les empêchait de l’apercevoir. Elle leur emboitait le pas, inspectant sa cible prioritaire. Un soldat à l’accoutrement différent - recouvert d’une carapace épaisse et imperméable, cachant sa face d’un casque épais et d’une visière sombre. Elle attendait avec eux, loin. Lorsque la bataille fut rage, elle observa le carnage d’un oeil distrait ; pas vraiment intéressée par les enfantillages des deux partis. Ses yeux n’avaient quitté le soldat cuirassé.

Malgré les blessés, elle n’avait pas bougé. Lorsque la pression redescendit, elle analysa discrètement les dégâts, observant les hommes soigner les blessures les plus handicapantes pour sans doute retourner à la base ellgardienne principale après. Ou appeler des renforts. Elle n’en avait cure, ne venait ici que parce que son maître lui en avait donné l’ordre, et avait même finit par s’asseoir en hauteur sur une des déformations de la terre, profitant du linceul ténébreux que représentaient ses écailles. Le feu crépitant n’offrait aucun autre spectacle, tous plongés dans un silence parfois entrecoupé de gémissements de douleur. Et puis, il y eu un mouvement loin d’être naturel. Il était calculé, presque prémédité, venant du plus imposant d’entre eux, en direction de ses propres camarades. Elle observa ses mouvements au départ lents en leur direction, puis s’agiter d’un coup comme un chient à qui on venait de retirer un collier un peu trop serré pour lui, profitant ainsi de sa liberté. Il était libre, oui. Libre de faire ce qu’il faisait en ce moment même. Un sang nouveau, juvénile s’échappa des corps handicapés des ellgardiens, et un à un, ils s’évanouirent. Le traître venait de décimer sa propre troupe déjà assez maigre, confirmant les doutes et les vilenies dont il était accusé. Aerith décida de ne pas intervenir pour le moment - laissant l’homme effectuer son assaut sauvage pour pouvoir l’accabler plus efficacement après coup. Son nez voilé, elle n’arrivait pas à sentir les odeurs de la chair, et ne se sentait pas non plus excitée par sa vision. Il avait tué, certes. Il faisait quelque chose qu’elle-même adorait faire, regarder. Mais il le faisait mal. Il était grossier. Indélicat. Et surtout, il faisait un gâchis immense. Il laissait ses pulsions primaires envahir son sang d’une façon si grossière qu’elle ne pouvait admirer ce qui se trouvait sous ses yeux, mais plutôt s’en moquer. Les gorges avaient été sectionné proprement, les corps avaient été mutilés, mais elle n’appréciait pas ce spectacle. Un singeur grossier. Les yeux de la créature se plissaient, lorsqu’elle le voyait se délecter de l’agonie du plus jeune. Elle sauta de son abris, se réceptionnant au sol sans bruit malgré son poids, avant de se saisir d’une des arbalètes ayant valdingué plusieurs mètres du lieu du carnage. Elle s’approcha peu à peu de la lumière que créait le feu, et avant de se laisser découvrir, pressa la tempe de la grossière arme en bois, détendant la corde fermement retenue et projetant ainsi un unique carreau. Celui-ci se logea dans le crâne de la victime peut-être déjà morte du soldat, transperçant proprement ce dernier. Aerith abandonna son arme de fortune, et fit quelques pas, dévoilant sa silhouette au monstre.

Les écailles sur sa chair restaient intactes, mais celles situées au niveau de son visage s’envolaient et de dissipaient dans l’air, relâchant une chevelure immaculée et libérant son odorat et sa parole. Les fragrances organiques qui s’émanaient des cadavres suffirent à exciter les sens du dragon, et ses pupilles se rétractaient. Sa faim était attisée, mais elle le savait, il n’était l’heure. Il n’était pas temps. Après avoir enjambé les restes charcutés d’un des hommes, elle balaya son regard sur la scène de carnage, détaillant les abats, les os et la chair avec un certain attrait. Puis, toujours dans le calme le plus complet, elle observa l’homme à la visière teintée, redressant légèrement le menton.

Elle le connaissait. Elle ne pensait le revoir. Pas dans ces conditions. Il n’était finalement pas différent d’elle. Ou peut-être l’était-il, grossière et frustre bête qui lui rappelait quelque chose. Un animal.

« L’Inquisiteur Guerre sera ravi de savoir d’où vient précisément cette perte d’effectif. »

Peu à peu, le linceul anthracite formé sur sa chair s’effrita, laissant apparaître le derme pâle de la femme.
@feat brynjar fearghal #6b70b0
Awful


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le diable

Le divertissement des plus dérangeants continuant, il y avait sûrement bien plus horrifiant. Un homme aux émotions dérobées par l'acier s'offrant le droit de vie ou de mort à défaut la gouverne sur sa propre existence. Tu aurais pu doucement hurler à la mort tel un animal, un lycan sous ses traits les plus simples ou alors enfin un hybride, une erreur. Une absence de réaction plus poussés en devenant inhumaine c'est ainsi que la parcelle la plus sauvage de ton être avait quasiment fini par se repaître, le sang ayant coulé, la violence s'étant montrée entre deux moments de pure sadisme. Tu aurais pu être totalement apaisé si elle ne s'était permise de voler la fin de ton repas, si elle ne s'était permise de te substituer ton amusement. Tu étais toujours comme dans un état plus que second, observant d'un coin de l’œil sous cette visière le carreau qui avait fini par se planter en le crâne de ton jouet. Quasiment immobile et toujours à genou au niveau de ce corps maintenant sans vie. Tu étais trop occupé pour réagir, occupé à ta façon face à cet acte qui avait fait plus qu'attiser quelque chose enfoui en toi. Tu n'avais pas peur, peur d'un secret volé car tout pouvait s'arranger, quasiment toujours. Ce n'est pas l'humain emprisonné qui était le plus malmené mais la bête agressive qui se sentait spoliée, spoliée d'une vie qui devait lui revenir, s'ajouter à son tableau de chasse.

Tu avais reconnu cette voix même si tu n'avais pu que très peu l'ouïr de par le passé. Une voix dont les paroles te concernaient directement mais étrangement si distantes. Tu tremblais, tes mains tremblaient surtout alors que tu n'étais toujours pas apte à être toi même, comme une toile incomplète. Il te fallait chasser la créature avant alors que tu luttais du mieux que tu le pouvais car n'y avait il pas pire que d'arracher à un prédateur son gibier ? Les réactions chimiques se multipliant en ton crâne, la rage tentant de dévorer la sérénité, le calme dont tout être civilisé devait faire preuve. L'épreuve en étant déplaisante à souhait pour l'homme qui ne voudra jamais apprivoiser son démon, trop fière pour cela sans doute, percevant l'autre comme un pur défaut. Il te fallut encore de longues secondes pour que ton cœur retrouve un semblant d'humanité en ses battements alors que tes phalanges bougeaient de façon toujours aussi incontrôlée en leur lent mouvement jusqu'à la ceinture de ta cuirasse. Il te fallait ce petit plus, l'une de ces injonctions qui te permettaient de redevenir le seul et unique hôte de ton corps, temporairement du moins. Tes doigts venant donc extirper d'une petite boîte le réceptacle d'un liquide étrange qui ne tarda à être amené le long d'un tes bras et d'un léger compartiment, la substance s'y vidant ni plus ni moins.

Tu te sentis enfin revivre même si le pire était sûrement encore à venir. La bête enfermée pour un moment sans doute alors que tu rangeas en son fourreau le long de ton épaule ton arme. Tu étais toujours embrumé, assommé par les effets de ta prise d'abord puis par le changement brutal d'émotions qui s'opérait, la fureur se changeant en raison, la soif en une prudence vis à vis d'elle mais au grand jamais la peur et tout ce qui y est lié toi que l'on avait épuré de ces handicapes. Tu te relevas donc pour enfin finir par lui faire face pour enfin l'observer. Erreur sur la personne impossible même si ses traits n'étaient au grand jour comme la première fois où vous vous étiez fait face. Il y avait quelque chose de différent en elle une nouvelle fois ou sur elle plutôt que tu épiais encore et toujours. Elle était toujours nimbée de ce noir, cette teinte sibylline mais il ne s'agissait d'une tenue mais plutôt d'écailles. Les détails se cumulant là où tu en devenais à nouveau curieux sur sa personne, bien moins que la dernière fois de par les circonstance présentes. Tu ne manquais pas de réflexions sur elle surtout sur de par les propos qu'elle s'était permise de tenir autant maintenant que de par le passé.

« - Il sera ravi simplement du succès de la mission, ni plus ni moins. »

Ta voix ayant fini par s'extirper de ce casque qui en réalité ne cachait rien, qui en réalité ne faisait que voiler ton visage inexpressif, balafré. Il n'y avait pas de panique en toi, aucune once de remords ou alors d’effrayamment à l'idée que cette histoire soit comptée. Il n'y avait juste qu'un calcul qui s’opérait, que faire d'elle sachant que l'affronter aurait été une alternative longue et qui sait aléatoire. L'autre aurait aimé se divertir mais non tu ne voulais lui faire cette joie surtout de par la situation en laquelle il venait de te plonger.

« - C'est un léger tribut à payer en comparaison de la victoire. »

Quelques vies contre l'assurance d'une éclatante victoire, d'un échec cuisant pour l'Ordre. N'était ce pas un prix juste ? Tu le supposais personnellement aussi cruel cela l'était, des actes de cruauté dont tu te fichais à vrai dire, débarrassé sûrement à jamais de l'empathie typique de tes semblables.

« - Un soldat n'est il pas simplement du matériel sacrifiable ? À divers degrés juste selon son efficacité. »

C'est ainsi que tu avais exprimé ta vision, ta vision sur tout ce massacre même si en réalité tu n'avais aucune carte en mains présentement, tu te devais d'attendre sa prise de parole à elle pour savoir à quoi te préparer en retour. Tu devais avoir dépeint un tableau des plus méprisables de ta personne pour toute personne intellectuellement normale, sans une quelconque carence d'un point de vue des normes sociales. Tu vins sur cette pensée dès lors t'asseoir sur un des carrioles non loin de toi, la jaugeant toujours alors que tes mains vinrent se lier, tes coudes reposant sur tes cuisses où du moins les parties correspondantes sous cette cuirasse.

« - Qu'est ce que tu veux Aerith ? »

Une question simple qui avait le don d'aller droit au but, une question qui empestait le pragmatisme en cette situation. Une réaction qui décrivait parfaitement ton état, il ne restait que l'humain entièrement mesuré en ses faits normalement. L'humain qui savait qu'il n'était pas nécessairement au pied du mur mais simplement en très mauvaise posture. Tu n'étais pas en position de négocier, en position d'imposer quoi que ce soit. Tout allait venir d'elle, de cette femme qui t'intriguait en bien comme en mal, tu allais devoir coopérer alors que tu réservais ce luxe à tes supérieurs. Tu espérais que en retour le tribut à payer n'allait être trop lourd si échange il pouvait y avoir un terrain d’entente. Est-ce que le destin avait il bien fait les choses ? Une nouvelle fois tu te sentais cependant avec comme un collier au cou, comme la bête que tu ne devais être sentant ta liberté se désagréger car sa simple présence te dévorait ce bien que tu volais par intermittence à l'Empire, tes maîtres. Des maîtres qui avaient douté de toi à travers elle malheureusement.




il marche !
dans ses pas, et attend.

domination

Le fraîche cicatrice en formation fut dévoilée, abandonnée par son tissu écailleux qui la recouvrait jalousement. C’était toujours la même trace imposante et profonde qui striait son corps, tranchait sa chair comme un couperet acéré et pourtant rouillé. Elle portait sur elle une rougeur particulière témoignant d’une fraîcheur encore certaine. C’était une marque indélébile qui ne s’effacerait pas avec le temps, et elle refusait qu’elle s’en aille. C’était la marque d’une vie nouvelle, balayant la page d’une autre plongée dans un prélassement narcotique pour tourner celle vers une existence faisant plus de sens ; faisant du sens, simplement.

Elle plissa les yeux suite à sa dernière réponse, et contenta de répondre directement après lui sans aucune réflexion - comme si elle s’attendait à ce qu’il réagisse de cette façon. « Il ne sera pas ravi, non. », souffla la dragonne en respirant avec force par le nez. Elle-même ignorait sa réaction. Peut-être s’y attendait-il déjà - les rapports sur cet homme trahissant des pulsions bien trop sauvages pour que ces disparitions viennent d’une créature nocturne ou d’un surpuissant mearien. « Un léger tribut, tu dis. », grogna-t-elle derrière sa seconde prise de parole. Il avait une vision bien trop cynique des choses pensa-t-elle ; une vision qui différait de la sienne. Si Aerith ne se sentait nullement concernée ou atteinte par le destin des comparses de l’homme, elle refusait de penser que cela était normal. Certes, la réussite de la mission importait, mais le continuel sacrifice d’hommes risquait de ne pas être rentable sur le long terme, surtout lorsque Mort glissera son nez cauteleux dans ces affaires ne pouvant être enfouies éternellement.

Le corps de la femme vint s’agenouiller face à un des soldats ellgardien duquel on avait salement arraché la vie, glissant ses doigts encore écailleux dans les plaies béantes du cadavre. Admirant le travail, ou méprisant ce dernier. Son visage était neutre, elle semblait presque constater une scène de crime avec un pragmatisme conséquent - habituée à ces visions ordurières. Les coupes étaient profondes et méthodiques, et l’on pouvait aisément deviner la carrure d’un homme ayant creusé dans ces chairs élastiques. On pouvait voir la position dans laquelle il avait asséné le coup, avec quel force, et du sang s’échappait également les émotions retranscrites lors de l’expiation de la violence. N’importe qui trouvant le corps ayant des connaissances dans la criminologie serait capable de savoir que cet homme était l’assassin de ces individus. Une chance qu’aucun scientifique n’osait véritablement se mouiller et poser le pied dans les territoires contestés de Fhaedren.

Aerith se releva, alors que les écailles avaient toutes été consumées par les flammes brûlantes et lumineuses dévorant le tissu de la carriole renversée non loin. Non par pudeur mais plutôt par respect, elle s’empara du premier tissu venant entre ses doigts pour cacher ses parties les plus intimes de la potentiel vue de l’homme en armure. Suite à la requête de ce dernier, elle pivota la tête en sa direction, un sourire mauvais aux lèvres. Il y avait ici une volonté de négociations, d’arrangement. Et Aerith sentait qu’elle pouvait en tirer quelque chose de juteux.

« Tu semblais il y a quelques instants serein et tu cherches désormais à négocier ma parole. »

Elle fit plusieurs pas en sa direction, affrontant directement l’immense carrure du colosse engoncé dans une armure sur laquelle avait été projeté quelques pigments cramoisis. Peut-être était-il capable de la broyer en un coup, et d’ailleurs c’était la chose la plus sûre pour lui. Ici, il n’y avait aucun témoin. Les morts ne parlent pas. Il aurait tout simplement pu la tuer, s’il s’en pensait capable, et rentrer seul. Personne, ou du moins presque personne ne se serait douté de quoi que ce soit. Mais Aerith se sentait sereine, car elle se savait plus forte malgré l’armature cyclopéenne du soldat. Elle laissa planer un léger silence, méthodique, les crépitements du feu donnant une dimension inquisitoriale à la situation.

« Je pense que l’Inquisiteur sait que tu es un bon élément, fit-elle. Il te laisse manger dans sa main, mais tu lui dévores le bras. Ne sois pas aussi zélé. Sache que les yeux des autres sont partout, Brynjar. Tu pourrais avoir, par exemple, des soucis avec une autre Inquisition qui elle ne laissera pas tes crimes impunis. »

Un avertissement qui ne prenait les augures d’une menace. Mort était partout, Mort était fouineuse, et elle-même sentait leurs chuchots et leurs pupilles lui coller à la peau, comme une peste insidieuse qui se répandait dans tout l’organisme et qui endolorissait les muscles et les articulations avec une lenteur golémique et pourtant assurée. Elle ne les aimait pas. Encore moins ce golem de pierre Meridius, qui avait le museau bien trop collé à elle sans même qu’il ne le sache, sans doute.

« Je ne veux rien. »

La réponse était claire. Elle aurait pu tirer profit de cette occasion en or et l’enrouler d’un fil arachnéen pour qu’il soit emprisonné dans une toile de laquelle il ne pourrait s’échapper. Mais elle doutait que cela soit la meilleure chose à faire, de sauter sur une opportunité qui se présentait à elle avec une facilité insoupçonnée.

« Je suis son esclave, et je ne peux mentir à mon maître. Je lui raconterai ce que j’ai vu. En détails. Une pause. Ta carrière et ta survie seront entre ses mains. »

Aerith plissa le nez, avant de placer un pied devant l’autre de côté. Son corps s’était activé, et elle marchait avec une lenteur prédatrice autour de l’homme, glissant son regard sur son armure. Un bijou de la technologie ellgardienne. Elle se demandait comment un péon comme lui pouvait obtenir quelque chose d’aussi sophistiqué, et sentait jalousement qu’elle désirait peut-être un modèle comme celui-ci elle aussi. Parce qu’elle devait se délier de ses habitudes à se battre, sous cette forme, de manière si dénudée et ce pour la propre survie de son corps. La femme souffla avec une certaine douceur insidieuse, une idée germant en son encéphale complexe aux configurations labyrinthiques.

« À moins que tu aies quelque chose à me proposer. »
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Ce regard la suivant sous cette visière qui ne laissait rien transparaître, brisant le miroir de l'âme et tout ce qu'il pouvait offrir d'intéressant en une conversation. Il n'y avait une once de désir ou toute autre chose semblable qu'importe ce que tu pouvais observer mais simplement un grand questionnement sur sa personne. Bien des hommes auraient pu avoir un regard plus insistant même si la situation ne s'y prêtait pas à vrai dire mais tu n'avais même pas fini par t'affaisser ou te redresser à l'inverse pour témoigner inconsciemment d'une réaction vis à vis de ce que tu pouvais percevoir. Immobile tu écoutais attentivement chacune de ses paroles, les décortications, les jugeant avec tes propres informations. Il fallait bien avouer une chose, ce n'étaient pas les piques qui te manquaient à chacune de ses prises de paroles même si certaines se voyaient plus légitimes que d'autres. Il n'avait pas fallu énormément de temps pour que le détail d'une autre inquisition entre en jeu, une épine en plus que tu savais problématique même si tu n'avais jamais à t'y confronter directement ou non. Il y avait des choses qui captivaient ton attention en ses paroles à défaut pour d'autres de totalement d'anesthésier même si elles étaient surtout issues d'un manque de connaissance de ta personne, tu ne pouvais lui en vouloir et tu ne lui en voulais en réalité.

Tu ne lui en voulais seulement jusqu'au moment où l'amertume ne tarda à se manifester, comme une piqûre de rappel subtile, inconsciente mais douloureuse pour la simple chose que cela était. Te parler de carrière et de survie, deux choses sur lesquelles tu n'avais jamais eu la main. Cela était un piètre choix de mots, d'arguments pour tenté de te toucher, de vouloir te travailler. Il y avait bien un sujet sur lequel tu serais à jamais intraitable, une thématique des plus simples. Il s'agissait tout bonnement de la possession, importante ou non, subtile ou non. Tu bouillonnais alors que tu avais sans doute quelque peu bougé, le poison étant resté au bord de tes lèvres qui s'étaient décollées l'une de l'autre. La tempérance était le maître mot et tu en faisais preuve à un grand niveau alors que tu aurais voulu lui rire au nez sans guère plus de cérémonie, dédaigneux à souhait. Tu n'étais que frustration, insondable émotion qui avait pris possession de ta perception. Tu la voyais rôder autour de toi, du lieu où tu te tenais tel un prédateur, comique situation que de voir deux chasseurs, deux bêtes de foire en un tel contexte. L'une souhaitant se donner une idée de la saveur de la seconde, la créature écailleuse voguant autour de la chose de chair et de métaux.

Elle n'eut besoin que d'une simple question pour balayer l'éventail d'émotions qui se mêlaient à ton pragmatisme. L'humain se devant de démêler les grandes erreurs de la chose avec qui il partageait son corps, ton corps. Elle souhaitait que tu lui proposes quelque chose ? Toi qui ne savait rien d'elle hormis qu'elle prétendait être esclave et que définitivement elle n'entrait pas dans les classifications normales des races que tu connaissais. Tu vins donc quitter ton pittoresque trône ne retrouvant pas la terre ferme que tu n'avais jamais quitté mais te redressant totalement plutôt en réalité alors qu'elle paressait toujours opérer sa sordide, carnassière danse, ce déplacement autour de toi. Tu ne te fis point prier pour prendre le sens opposé, calquant ton rythme sur le sien, tes foulées se faisant minutieuses, lentes. Tu ne tardas donc à glaner quelques informations jetant parfois un regard sur les cadavres, l'horizon puis enfin elle alors que ce manège continuait.

« - Parler de carrière et de survie, c'est ironique lorsque ce genre de discours est adressé à une chose que l'on a intérêt à garder en chaînes. Une chose qui n'a jamais eu ces deux points en mains. »

Un sourire disgracieux se dessinant le long de tes lèvres sous l'amas de métaux qui te voilait, un sourire ampli de dédain même si tu ne pouvais dénigrer sa vision des choses. Il n'y avait pas à en douter, la tournure de ce dialogue était cruellement comique. Une femme qui demande à un homme qui n'a jamais rien eu ce qu'il lui a à proposer. Innocente qu'elle était sur ta propre personne, chose qui au moins avait le don par intermittence de te faire une nouvelle doucement esquisser un sourire mêlé entre deux teintes, deux ressentiments. Acerbe et amusé, cela était les deux termes qui te décrivaient à la perfection tandis que tu réfléchissais en ton fort intérieur, sous cette cuirasse au poids inhumain.

« - Tu me décrivais comme serein et puis soudainement trop enclin à négocier alors que tu viens de demander à un soldat qui n'a rien d'avancer quelque chose. J'espère que nous n'allons nous retrouver dans une impasse. »

Tu coupas court sur ces propos à votre petit jeu de mouvements, finissant par te retourner pour lui faire face. Tu venais sans doute de l'avoir coupé en ses déplacements alors que ton regard se baissa vers elle. Une première main se déplaçant par la suite à l'arrière de ta tête alors que sa jumelle trouva place au niveau du cou. Une sonorité métallique se fit dès lors ouïr alors que ton casque quittait le tronc sur lequel il reposait. Tu le gardas ainsi sous le bras droit, tes pupilles se mêlant aux siennes sans le moindre artifice. Tout ceci n'avait rien de solennel, aucune portée plus ou moins semblable même si ceci démontrait que au fond de toi, tu ne pouvais nier que tu voulais creuser. Creuser sous ce derme face à toi légèrement vêtu, creuser pour savoir à quoi tu avais à faire autant pour ta propre personne que de par une curiosité qui ne cessait définitivement de croître.

« - Je pourrais simplement te proposer, t'assurer que rien de semblable ne se reproduira même si ca n'est pas réellement à toi que je devrais l'assurer. »

Dévorant d'un pas de plus la distance qui vous séparait alors que empiriquement tu savais qu'une telle parole n'avait aucune valeur. Tu ne comptais plus le nombre de fois où tu avais tenté de chasser la créature en toi, chasser une chose que l'on avait encré en ton esprit, liée à l'humain.

« - Mais nous ne sommes pas naïfs sur le sujet, toi qui a tout observé autant physiquement lors de notre affrontement qu'il y a quelques minutes. Tu dois en avoir décelé plus que tu ne veux en avouer et je ne vais pas te supplier non plus sachant que tu dois avoir identifié à quoi tu parles. »

Tu étais aveugle, c'est ainsi que tu te sentais présentement. Une sensation désagréable qui te traversait même si tu n'étais qu'un colosse de marbre en ses réactions physiques.

« - On a tous certaines tâches que l'on ne peut exercer soi même où un intermédiaire peut être efficace mais je ne peux pas plus parler en ton nom que ca. J'ai juste une chose à te proposer dès lors. »

Une dernière phrase, tes deux mains s'avançant, se présentant à elle paumes vers le ciel. Tu ne pouvais proposer qu'une seule chose, toi alors que la laisse allait peut être se resserrer encore ?




il marche !
dans ses pas, et attend.

domination

Il se leva et se prêta au jeu. Aerith plissait les yeux, serrant les crocs. Ils étaient similaires à deux animaux se battant pour un cadavre, une terre, quelque chose suscitant affrontement et conflit. Deux prédateurs qui se tournaient autour, prêts à sauter à la jugulaire de l’autre. Aerith n’était pas effrayée, il ne lui inspirait pas la moindre peur. Elle esquissa un sourire carnassier quand il soupira une remarque ; perçant à travers le timbre de sa voix une certaine amertume, et à travers ses mots une acariâtreté certaine. Il était aliéné, comme beaucoup à l’Empire, pour ne pas dire comme tous les soldats. Autour d’eux, on plaçait une bride solide et souvent assez longue. On donnait l’illusion aux chiens qu’ils avaient une pleine maîtrise d’eux, de leur destin, et de tout ce qui les entourait et puis au fur et à mesure on raccourcissait cette bride, tirant dessus avec une violence trahissant la captivité de l’animal. Ses espoirs se changent en ressentiment, et il se sent trahi par ses maîtres. Pourtant, il est trop tard pour prendre de l’élan et s’échapper, la main qui tient la laisse est ferme, solide, impérieuse. C’est comme ça que l’Empire tenait ses cabots. En laisse. L’étau s’était resserré sur un nouveau spécimen, semblerait-il.

« Principe de causalité, fit-elle avec sarcasme. »

Elle pensait que le déterminisme était un cancer à éradiquer, et que rien n’était tracé. Mais elle n’était pas là pour le rassurer ou lui faire entendre ce qu’il désirait. Elle n’était à vrai dire pas là non plus pour l’enfoncer et chercher le conflit, même si sa nature décadente cherchait sans doute à gratter l’os solide de sa patience. Elle ne rajouta rien de plus, jetant pendant sa marche chronophage un regard aux odeurs cadavériques qui envahissaient ses narines. Elle préférait la chair fraîche et encore vivante, lorsqu’elle était chaude et dégoulinante d’une sueur exquise. Là, il n’y avait plus rien, et elle était sûre que la peau était devenue légèrement plus rigide et moins élastique. Elle ne mangerait rien, ce soir. Dans tous les cas, c’était trop dangereux de chasser dans des conditions aussi pittoresques, surtout pas face à une créature comme celle-ci.

Elle s’arrêta quand il en fit de même, et l’observa se débarrasser de la rempart qui couvrait jalousement sa face. Elle détailla cette dernière, ne s’attendant pas à ce que quoi que ce soit ait changé depuis leur dernière rencontre. Et puis, elle se fichait du contact visuel même si ce dernier en disait en général énormément sur son interlocuteur. Cependant, elle l’observa lorsqu’il brisa les mètres qui les séparaient, restant droite et fière, le dos cambré, la poitrine bombée et le menton relevée non pas pour le regarder (ses yeux faisaient l’affaire) mais pour lui imposer une fierté et surtout lui montrer qu’elle n’était guère impressionnée par son petit jeu d’acteur.

Elle était restée silencieuse lorsqu’il avait parlé, croisant les bras, plongée dans une certaine réflexion. Suite à sa proposition, elle sentait qu’il était l’heure de peser le pour et le contre, et de réfléchir à ce qu’il venait de lui offrir si gentiment. Un oeil était glissé de côté, niché sur un des arbres morts. Il y avait, posé sur une des branches un corbeau. Majestueux et grand, les fixant de ses deux grands yeux rouges. Elle fit un clin d’oeil discret à la créature. Il était partout. Elle ne pouvait lui échapper. Elle ne pouvait le trahir. Son attention se reporta sur le garçon, duquel elle se rapprocha, brisant le pauvre mètre qui les maintenaient à une distance respectable l’un l’autre. Inspirant profondément son odeur poivrée, elle esquissa un sourire mauvais. Une idée avait germé en son esprit. Elle n’avait pas confiance en lui, c’était une chose certaine. Et elle ne pensait pas pouvoir changer d’avis avant un certain moment. Sa proposition était le moment pour lui de prouver sa loyauté, à son Inquisition, ou à elle.

« Il est vrai qu’avoir un homme de main est utile, surtout dans une société comme celle-ci. Quelqu’un pour protéger ses arrières par exemple. »

Elle laissa planer un certain silence, glissant une main sur le métal froid de l’armure du garçon, au niveau de son épaule. Elle encastra ses doigts en elle sans pour autant déformer l’évidente solidité de sa cuirasse, et intima l’homme à se pencher en sa direction pour un moment plus intimiste.

« Comme tu le sais, je suis esclave. On m’a ôté ma liberté, et on me garde en chaîne solidement aussi. Je n’ai aucun espoir de salvation. Mais j’y travaille. On a toujours possibilité de changer sa vie et sa condition. »

Elle quitta la spalière métallique du soldat, ses doigts glissant sur la matière y instant, analysant celle-ci de son toucher avant de braver cette carapace pour entremêler ses appendices à sa chevelure. Crinière lisse et épaisse, satisfaisante entre les doigts, sans doute davantage entre son poing pour tirer dessus et dévoiler son cou, déchirer sa jugulaire. Le laisser pour mort. Se repaître de son cadavre, sous les yeux de la sentinelle ailée. Elle était tentée pendant un instant, mais s’était contrôlée. Son autre main rejoint sa consoeur, laissant glisser le tissu qui recouvrait sa chair au pied de ses chevilles. Elle prit son visage entre ses mains, ses pouces sur ses joues, et elle l’observait.

« Veux-tu prendre en main ta vie, veux-tu avoir une prise sur cette dernière et ta carrière ? N’es-tu pas enragé qu’on puisse t’ôter ce qui t’es cher ? souffla-t-elle d’une voix presque maternelle et ensorcelante. Ici, il n’y a que nous. Personne ne peut nous entendre. Il n’y a que toi, et moi. »

Elle marqua un temps de pause, alors qu’elle vit un autre corbeau se percher non loin d’eux, puis un troisième encore venir dévorer les chairs putrides des cadavres. Les corbeaux sont de sortie ce soir, semblerait-il. Aerith reporta son attention sur le visage de son interlocuteur, baissant menton cette fois relevé pour l’observer dans les yeux.

« Si je te disais que je souhaiterais voir l’Inquisiteur Guerre, Holker Hallgrimr pour mort, travaillerais-tu avec moi pour le tuer ? »

Un corbeau s’envola, avec un morceau d’intestin entre le bec. Il laissa derrière lui une traînée de plume sinistre. Sur le visage d’Aerith, les dernières particules écailleuses de sa forme s’évaporaient.

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ft. Aerith
le diable

Tu attendis, tu n'avais plus que ca à faire alors qu'elle avait toutes les cartes en main. Il ne lui fallut qu'une petite poignée de seconde pour reprendre ce petit bal que vous aviez entamé tandis qu'elle se permit à son tour de dévorer l'infime distance qui vous séparait. Tu avais pu observer sa réflexion laissant place finalement à la décision prise, de nouvelles mimiques finissant par germer le long de son faciès, un léger mouvement de nez trahissant une inspiration toute sauf naturelle, non pas nécessairement dans le but d'oxygéner son être. Tu ne doutais pas du fait que sa réponse allait être spéciale, une extension des plus simples de la proposition déjà des plus complexes de par ce que cela pouvait impliquer. Le bruit du métal que l'on venait d'agripper finissant par promptement couvrir les crépitements des brasiers le temps d'un battement de cils. Te penchant excessivement pour pouvoir écouter ce qu'elle avait à te proposer, quoi que avais tu le choix d'accepter ? Une première phrase finissant par s'extirper d'entre ses lèvres, une première phrase à laquelle tu ne pouvais être insensible surtout de par l'écho qu'elle avait ravivé, des propos semblables venant d'un tout autre individu il y a quelques semaines.

Changer sa condition, une façon de te rappeler la tienne subtilement. Tu te savais sacrifiable, tu savais que le Ragnarök et ceux à qui ils t'avaient prêté allaient tirer le meilleur de toi même jusqu'à ce que tu en deviennes trop handicapant. Handicapant de par le chaos, la fureur, la soif qui te rongeait et qui s'était petit à petit ranimée. Elle tirait sur ta laisse, inconsciemment ou plutôt de par un choix méticuleux en ses propos. Ses doigts commençant à leur tour par parcourir les parcelles de ta tenue sur lesquelles reposaient ces imposantes plaques, ta vraie seconde peau qui répercutait tes pensées, le contact n'étant pas comme à même ton derme mais étrangement proche de par la proximité. Les traits de ton visage se durcissant quelque peu convaincu que au détour de ces phrases elle allait enfin te livrer ce qu'elle attendait, ce que tu allais devoir lui concéder. Vous grogniez à l’unisson intérieurement la bête et l'humain, la première se remémorant comment elle était bridée malgré ce petit buffet dont elle avait pu se délecter. L'humain étant quant à lui partagé entre appréhension, aigreur enflammée et une curiosité qui en était à ses balbutiements. Chacun voulait sa liberté à sa façon, une liberté bien spécifique...

Elle avait dès lors commencé à conquérir la peau qui lui était offerte qui se trouvait uniquement auprès de ton visage et un tant soi peu le long de ton cou. Ils auraient été nombreux à trouver ce contact agréable mais pour toi il respirait la perfidie, la malice en ses aspects les plus bas. Elle tentait de t'amadouer, t'acheter finement en bien des détails pour après rentrer dans le vif du sujet. Ses questions rhétoriques s'en suivant alors qu'un léger tic se manifesta une nouvelle fois, tes doigts se resserrant au creux de ta main. La contradiction, elle se développait en ton esprit même si depuis des années tu avais toujours courbé l'échine pour l'Empire, la nation que tu avais juré de protéger, qui t'avait dans tous les cas nourris durant plusieurs dizaines d'années. On pouvait dire qu'elle mettait absolument tous les atouts possibles de son côté même si tu étais plus imperméable à certains, d'autres auraient pu recruter par la proximité et la tournure trop insolite de cet échange. Elle et toi, c'était trop facile, tout était trop facile pour que cela soit acceptable à tes yeux là où ton endoctrinement se dressait instinctivement dans ton raisonnement même si la bête tentait de démolir tout ceci de ces crocs, de ses assauts brutaux surtout présentement.

Tu doutais fortement, doux euphémisme là où tu ne pouvais lui faire confiance, là où toutes les solutions amenaient leur lot insatiable de problématiques et se confrontaient à des obstacles spécifiques en ta façon de raisonner. Elle ne tarda par déclarer ce qu'elle avait derrière la tête après avoir enjolivé le tout des plus belles tournures, des plus belles formes qu'on pouvait offrir à un homme à épier. Des formes à épier et surtout une cicatrice que tu avais pu entrevoir il y a de cela pas si longtemps sur l'échelle d'une vie. Tu n'avais quitté son regard, pesant le pour et le contre, ta réflexion et son complexe engrenage se développant pendant de longues secondes où il ne restait que le silence comme observatrice de cet échange. Elle venait de profondément remuer le couteau dans la plaie, ta plaie qui s'était intensifiée avec le temps. Une plaie qui n'avait jamais cessé de saigner, te torturant depuis des années tout comme ton profil psychologique, les études réalisées sur ta personne l'avaient démontrés. Il y avait bien une chose sur quoi les deux s'étaient accordés en dépit de leurs discordes.

Tu lâchas ton casque, celui-ci s'écrasant au sol, partie du cou contre la terre, l'une de tes jambes se soulevant machinalement pour l'enfoncer dans le champ de bataille. La paranoïa ayant doucement frappée sachant pertinemment que la radio intégrée n'était sûrement pas un simple outil de communication même si en réalité cela l'était sans doute... Ta psychologie tourmentée ayant pris le dessus sur la raison. Tu inspiras longuement alors qu'elle te captivait encore et toujours de ses doigts, tu n'appréciais pas un tel rapprochement, tu le tolérais juste. Tu l'autorisais mais il te fallait autre chose pour totalement l'accepter en vérité, pour supporter cette intimité. Tu levas ton bras en ce moment précis pour d'abord l'apposer à la naissance de son cou, la froideur du métal se déposant sur son être. Tu vins enserrer son cou par la suite, ta poigne titanesque faisant le tour de celui-ci, de sa nuque même si tu n'exerçais la moindre pression. Un touché des plus basiques qui n'avait pas pour but de blesser mais plutôt de cerner tout bonnement, donner naissance à un semblant d'égalité en ton âme.

« - Enragé est un bien faible mot. »

Faible étant lui même dérisoire, tu ne pouvais bêtement répondre à ses paroles, lui jeter comme cela ta décision.

« - Pourquoi j'ai la sensation que toi aussi tu me passeras cette laisse si j'accepte, que tu n'hésiteras à me sacrifier lorsque cela s'avérera nécessaire. Qu'est ce qui me garanti que tu ne me feras pas chanter qu'importe l'occasion alors que dans l'autre cas où tu racontes tout ce que tu as vu, je saurais à quoi m'attendre paradoxalement. »

La raison et la certitude s'opposaient à l'inconnu et le risque. Tu inspiras bruyamment, tes poumons, ton odorant s'emplissant de cette senteur typique des corps calcinés et bien d'autres arômes nocturnes auxquels tu étais habitué, que tu pouvais déceler avec tes caractéristiques d'humain.

« - Donne moi des garanties. »

On ne t'avait jamais considéré comme un égal, traité ainsi chose que tu étais et par extension elle devait te donner plus, beaucoup plus. Elle devait te faire redécouvrir la confiance, une perception que tu n'avais jamais connu là où tu avais toujours agi par obéissance pour la hiérarchie. Qui allait il le plus concéder à l'autre...




il marche !
dans ses pas, et attend.

domination

Il y eut un bruit violent au sol, dans la parcelle de terre humide de sang. Les yeux d’Aerith avaient observé le casque du soldat choir et se faire encastrer dans le parquet marronné avec une certaine violence, ne comprenant pas son geste mais se doutant que ce dernier n’était pas un simple événement du hasard. Il avait une raison de faire cela, mais laquelle ? Son attention se tourna à nouveau sur le garçon basané qu’elle fixait avec de grands yeux pétillants, l’immensité de ses opales se perdant dans la terrible banalité de ses iris marrons. Ses doigts arpentaient désormais son visage avec une certaine délicatesse, détaillant celui-ci par le toucher, bravant l’irrégularité de sa barbe négligée sans doute par les semaines de présence à Fhaedren de ses ongles. Ils sillonnaient ensuite sa mâchoire sans aucun doute taillée à la serpe, et sourit.

Elle avait envie de goûter à cette chair. Elle avait une terrible envie de découvrir les gémissements qu’il était capable de grogner alors qu’elle déchirerait son derme et ouvrirait en deux sa cage thoracique. Elle voulait voir la couleur de ses organes, leur parfaite disposition dans son corps et y plonger son visage, mordant à pleines dents son coeur aux battements réguliers, imperturbable métronome qu’il était. Ses joues rougissaient à cette simple vision de son corps ouvert en deux à l’image d’une rose rouge d’amour, et il lui fallut se retenir, alors que les dessins de son cou tendu et de sa pomme d’adam hurlaient les attentions de ses crocs et la pression herculéenne de sa mâchoire. Il lui fallait calmer ses lubies. Son maître ne les accepteraient pas.

Elle ne manifesta pas la moindre animosité quand il porta son épaisse sénestre à son cou, enroulant la délicatesse malveillante de ce dernier sans mal aucun. Il pouvait aisément lui briser, resserrer cette poigne ferme et sentir le bruit caractéristique d’un os qui se brise. Un bruit satisfaisant. Mais il n’avait exprimé la moindre force. Il la tenait juste ainsi, comme s’il désirait se rassurer de quelque chose. Elle avait ses propres mains sur son visage après tout, et elle n’avait besoin que d’un geste pour crever ses yeux et fouiller sa cervelle. Peut-être avait-il besoin d’une certaine équivalence, quelle qu’elle soit. Il avait raison. Il ne le savait peut-être pas, mais Aerith était une créature imprévisible. Et donc inconstante. Incroyablement tentatrice. On ne pouvait lui résister, à elle, son corps, sa face, ses intonations, ses mots et leurs propos sous-jacents. Pouvait-il résister à ces promesses ? Pouvait-il résister à ce qu’elle lui offrait, un plan risqué pouvant cependant être incroyablement méritant ? Elle l’ignorait, mais ne sentait cependant pas sa personne si fermée que cela à ce qu’elle lui exposait. Il y avait comme une fine faille fraîche et maculée de sang qui ne demandait qu’à gentiment être caressée, puis violemment ouverte, déchirée.

Aerith s’abreuva de ses mots avec une certaine avidité, n’étant pas particulièrement surprise de sa réaction. Elle savait qu’il ne pouvait accepter quelque chose d’aussi osé, d’aussi gros sans avoir la certitude qu’on ne le trahirait pas. Pourtant, l’idée était alléchante au fond. Aerith savait qu’elle passerait bras droit de Guerre. Si Holker mourrait, elle serait à la tête de l’Inquisition. Elle savait également que le Jörmungandr était sur le point d’effleurer ce grade aussi. À eux deux, ils s’empareraient de l’Empire, et ils se repaîtraient de leurs âmes lumineuses. Tous. Peut-être que Brynjar aurait pu être de la partie, s’il aidait. S’il l’aidait, il pouvait avoir une place sur ce trône chryséléphantin. Aerith sourit face à ce fantasme qui lui paraissait si improbable. Mais elle y avait déjà pensé auparavant. Cependant, elle n’était pas celle qui tenait la laisse dans sa relation avec Hallgrimr.

Aerith esquissa un doux sourire et libéra son visage de l’une de ses mains, celle-ci reprenant place le long de son corps. L’autre vint se nicher derrière sa nuque, et elle se positionna sur la pointe des pieds, grandissant de plusieurs précieux centimètres pour rapprocher son visage du garçon. Elle sentait son souffle calme - trop calme - contre son visage. Elle sentait son odeur, et elle dût se faire violence pour ne pas lui sauter à la gorge alors qu’au plus profond d’elle et de façon totalement avouée elle voulait lui ôter sa vie de façon torride. Le faire hurler, et déformer ce faciès placide. Il ne méritait rien de plus, personne ne lui en voudrait. Il n’avait pas l’air d’être désiré après tout.

Mais elle avait réussi à se calmer. Elle inspira une nouvelle bouffée moins obsessive et creusa une nouvelle et pourtant toujours maigre distance avec l’homme. Elle s’empara de sa main libre, sans déranger celle qui enserrait son cou. Son colossal poignet entre sa main trop fine et délicate pour être capable d’arracher la chair sans sommation aucune, elle l’observa.

« On m’a arraché ma liberté. Si je ne peux te dire ce que je suis réellement, je ne suis pas humaine. Akantha m’a capturée, affichée comme une bête de foire, et il m’a achetée. Depuis, il me maltraite. Il me bafoue. Il ignore totalement le code des esclaves. Je n’ai pas plus de valeur qu’un objet, ses chiens sont mieux traités que moi. »

Elle remonta sa main au niveau de la sienne, et la déposa sur l’un de ses seins, faisant effleurer ses doigts épais l’épaisse cicatrice encore fraîche qui sillonnait la route entre ses vallées. Son visage était impassible.

« C’est lui qui m’a fait ça. Il m’a ouverte en deux, comme un animal. Il est dangereux. Si tu t’en approches trop, il te brûlera. Tu ne veux pas être brûlé, pas vrai ? J’ai besoin de ton aide, et tu as peut-être besoin de la mienne. »

De ses lèvres s’échappaient un poison insidieux, qui se logea entre les lippes de l’homme noir, brume toxique et épaisse qui semblait pourtant si naturelle. Si tentatrice. Elle avait gardé sa main sur la sienne.

« On est tous l’idiot de quelqu’un, Brynjar, sourit-elle. Je n’ai pas besoin de te passer de laisse. Je n’ai pas besoin de chien ou d’esclave, mais de ma liberté. Je veux quitter ce pays de fou, mais tant qu’Holker sera en vie, cela ne sera pas possible. Il est plus fort que moi, et me retient captive, souffla-t-elle. Elle voulut rire, mais se retint. Vois-tu où je veux en venir ? »

Aerith crispa ses doigts sur la nuque du soldat, rapprochant son visage du sien, le forçant à adopter une position plus arquée qu’elle ne l’était déjà. Elle libéra sa main, sa libre venant se glisser dans sa chevelure en un geste tentateur une fois de plus. Sur son buste, ses épaisses traces rouges labyrinthiques pulsaient au rythme de son coeur. Lentement, mais passionnément. À la folie.

« Et toi, veux-tu être libre ? Je peux t’offrir cette liberté, et beaucoup de choses. Je ne cherche pas à te prendre pour un idiot, mais je cherche un allié puissant et solide. Je suis amie avec le Jörmungandr. Si je ne l’aime absolument pas, il peut m’aider à plumer ce corbeau, rit-elle, alors qu’un autre charognard anthracite vint picorer les cadavres meariens. »

Un nouveau sourire, elle contracte le cou, pour qu’il le sente même sous son armure. Elle fixait intensément le colosse, malicieuse.

« Je suis déjà accablée par beaucoup de crimes. Un de plus, qu’est-ce que c’est ? Personne ne saura que tu es complice. Les morts ne parlent pas. Ce sera sans aucun doute une entreprise longue et fastidieuse, l’Inquisiteur est prudent, trop prudent - paranoïaque. Mais la finalité sera exquise. »

Ses lèvres se rapprochaient de son oreille, et elle murmura ultimement, ses yeux injectés de sang suivant les corbeaux qui, elle le savait, lui tournait autour avec une fougue certaine. Elle profita du fait qu’il ne puisse la voir pour sourire, violents horions ayant ravagé sa bouche et étiré les commissures de ses lèvres, tranchées latéralement par un couteau expert et chirurgical. Oui mes amis, il est à moi. Volez, volez, volatiles.

« Joins-toi à moi, Brynjar. Tuons l’Inquisiteur, prenons cette liberté par la force, que l’Empire le veuille... ou non. »

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ft. Aerith
le diable

Un spectacle bien étrange t'offrait elle à chaque fois qu'elle s'amusait un peu plus à se rapprocher de toi, un spectacle qui te rappelait celui d'un prédateur, du prédateur que tu étais parfois mais d'une façon bien plus subtile. Sa façon d'inspirer à chaque fois qu'elle se trouvait un peu plus proche de ton derme. Tu n'étais un simple gibier et cet ensemble d'actes avait le don de non pas te révulser mais plutôt raviver un peu plus une rare défiance malgré ce qu'elle tentait de bâtir. S'il y avait un autre point sur lequel tes instincts les plus opposés se liaient, la méfiance en faisait excessivement parti une fois la curiosité respective que chacune de tes facettes estompée ce qui se produisait présentement. La chose ne voulait pas lui faire confiance même si elle se trouvait face à une création semblable, l'humain lui s'apprêtant sans doute à démontrer ses limites, à démontrer le fait que justement il n'avait été conçu comme les autres de son espèce. Pouvait elle en quelques caresses et un peu plus profondément changer ce que l'on t'avait dérobé depuis bien longtemps, ton humanité ? Elle allait en avoir la réponse tôt ou tard, la discussion s'y prêtant tout particulièrement surtout pour démontrer tes titanesques lacunes.

Elle ne tarda à se jouer dès lors de toi, ses mains ne cessant de voguer auprès de ton enveloppe charnelle pour prendre possession de ta nuque. Son poison commençant à se répandre sous sa forme la plus simple, la plus pure. Si couleur il y avait à cet acte, ses lèvres en auraient été nimbées. Ton pouce n'ayant réalisé qu'un faible mouvement lorsqu'elle se permis d'amener sa main en une certaine parcelle de son anatomie, une cicatrice de plus ou de moins. Tu te remémorais doucement en parallèle chacune que l'on t'avait imposé, certaines au champ d'honneur d'autres afin que tu puisses transcender ta simple condition d'humain. Un bien néfaste souvenir qui te hantait encore aujourd'hui, une indicible douleur à laquelle tu étais convaincu que tu ne seras plus jamais confronté. Y avait il pire sensation que celle de sentir ses os se briser tel du verre, ses veines se remplir d'un brasier mortel et bien plus, certainement pas. Il n'aurait manqué que quelques notes de violon pour conclure chacune de ses paroles alors que tu étais tiraillé au fond mais non pas sans doute de la façon dont elle l'espérait. La liaison entre vos êtres était si risible là où cela semblait peiner du point de vue idéologique, complexe création que tu étais tel que l'on t'avait modelé.

Tes griffes d'acier toujours auprès de son cou, l'autre logée en cette ce lieu intime selon les normes sociales, ce seins sous lequel résidait le palpitant de tout vivant. Tu la repoussas doucement, juste assez pour avoir une nouvelle fois son visage face au tien pour une nouvelle fois encrer tes pupilles auprès des siennes. Tu ne voulais te voir priver de ce regard non pas par affection, envie, désir ou autres émotions, sentiments semblables mais plutôt par souhait de pouvoir pister chacune de ses réactions en la suite de votre entretien. Il devait lui être facile d'observer, ta réaction ou plutôt le plus dérangeant enfaîte ton absence de réaction. Tu étais vide, on t'avait fait ainsi, vide de toute empathie face à ce qu'elle t'avait raconté. La torture, les droits, le fait qu'elle n'était qu'un simple objet, il n'y avait rien qui te choquait ou autre de proche. Tu étais vierge de tout émoi, de toute agitation et cela n'était pas un faux visage et cela en était le plus alarmant. Au fond même la bête avait plus d'indulgence peut être que l'humain qui se contentait d'être logique dans ses décisions. Heureusement pour elle son discours n'avait pas été totalement bancal à défaut de n'atteindre une corde que tu ne disposais pas.

Tu te contentais de décortiquer chacun de ses propos tout en rassemblant ce que tu savais sur elle, ce que tu avais appris de vrai ou de faux aujourd'hui et ce qu'elle t'avait entrevoir à Ellgard. Tu voulais fouiner, le prédateur souhaitant en faire de même, apprendre plus sur elle, cette irrégularité bien trop développée dans le paysage qui composait ton quotidien. Il n'y avait qu'une chose qui te faisait réfléchir, le fait d'avoir ta liberté même si tout était bien plus compliqué que le fait de faire chuter un inquisiteur. Il restait le Ragnarök et les fouilles tout de Mort dont ton inquisiteur était qui sait, celui qui leur interdisait de fouiller en ton passé douteux. Voulais tu juste ta liberté d'ailleurs au fond ? Ne voulais tu pas le pouvoir, non pas un léger titre mais plutôt être quasiment intouchable ? Une chose que tu allais devoir obtenu toi même en supposant que de par tous les plus grands hasards du monde cet entreprise réussisse, te contenterais tu de ce que tu pourrais glaner surtout de par tant de risques encourues ?

« - On va dire que je n'ai pas eu à écouter ta tentative d’apitoiement, on va mettre cela sur le dos de la découverte sur ce que chacun de nous est. »

Une façon de lui dire que son venin, tu n'y étais réceptif malgré une éventuelle subtilité, une connaissance sur ta personne que tu lui avais servi amèrement qui sait pour l'ego de la jeune femme. Tu ne te fis point prier ensuite pour lui faire comprendre la seule façon dont elle t'avait toujours entre ses mains présentement.

« - Il n'y a qu'une chose qui m'importe, ma liberté. Si je brise mes chaînes cela ne sera pas pour rester celui que je suis actuellement et si nous avons cette discussion encore c'est seulement car tu m'as avancé que tu penses pouvoir m'aidé à l'obtenir et non pas à cause de ton quotidien actuel. »

Tu étais horrible, parfaite image du nord que tu étais et de tous ses défauts. Tu n'avais envie de continuer les négociations avant d'avoir une réponse solide à une question qui n'arrêtait de revenir.

« - Avant que nous continuons, j'aimerai de nouveau savoir qu'est ce que tu es. Tu m'as battu et tu es une esclave tourmentée ? Toi comme moi, on ne nous lie pas seulement par la force, captifs que nous sommes. Moi ils savent ce que je suis, ils se doutent de ce que tu as vu mais je suis encore efficace alors ils me laissent courir, que caches tu toi ? Qui es tu ? »

Elle avait donc fini par refaire surface, cette interrogation qu'elle avait elle même ravivée. Tu rapprochas doucement ton visage du sien, captivant toujours son cou, paume toujours logée mais sans plus grand intérêt auprès de son palpitant. Vos nez pouvant s'effleurer et vos souffles se mêler alors que tu étais bien plus arqué que jamais en ta cuirasse, en tes chaînes de métaux, ces murmures quittant tes lèvres.

« - Plus de poison, plus de beaux discours, je ne veux que la vérité sans ce surplus supposément porteur d'empathie. Répond à ma question. »

Animal ou non, prédateur ou non, créature brisée ou non, il y avait toujours la même finalité. La bête tout comme l'humain choisissaient leur maître et non pas l'inverse surtout lorsque là chose pouvait se montrer si terrifiante.




il marche !
dans ses pas, et attend.

domination

Elle devait arrêter de prendre ces créatures de haut. Elle devrait arrêter de tous les ranger dans le même sac en toile usé, et de tous les considérer écervelés, esclaves de leurs pulsions, débiles, et aliénés. Elle devrait enfin les élever à un état plus noble d’être vivants, d’êtres complexes et imprévisibles capable aussi bien de réfléchir décemment que de se débrouiller et se montrer meilleurs qu’elle sur tous les plans. Aerith était une boule outrecuidante nerveuse et malléable, elle avait confiance en elle et c’était son atout le plus stable mais également sa plus grosse faiblesse. Elle se faisait surprendre, prendre au dépourvu lorsque les choses ne se passaient pas selon ses planifications tantôt fragiles, tantôt réfléchies. Dans cette situation précise, elle ignorait si elle avait eu un plan vraiment ordonné. Elle l’avait échafaudé sur le tas, gribouillé, et le mettait en forme avec maladresse ; cela devait marcher, puisqu’elle supposait cette montagne de muscle bête et aveuglée. Lorsqu’on présentait à un chien sa liberté, il y avait deux cas de figures. Dans un premier cas, il pouvait fuir. Il fuyait, dévalait les plaines la gueule ouverte et la langue pendante, enduite de salive. Il courait jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, et embrassait sa liberté. Et puis, il y avait ce chien qui, malgré le collier coupé au sécateur restait là. Sa bride matérielle n’importait plus. Ses paupières pendaient sur ses yeux, et il n’avait même plus envisagé la possibilité d’être libre.
En observant ces iris sombres, Aerith se demandait : quel genre de chien était-il ?

Lentement, elle le libéra de son emprise, ses doigts glissant le long de sa face pour finir par longer le long de son propre corps. Elle s’écarta de lui, reprenant une position moins contorsionnée, plus humaine. Ses talons rejoignirent le sol. Elle laissa la main du soldat autour de son cou, les yeux plissés. Elle avait du mal à cerner ce personnage imperméable, hermétique. Il ne laissait rien paraître, et ne transpirait que très peu d’émotions. Seuls ses paroles étaient vicieuses parce qu’en les analysant, Aerith pouvait avec plus ou moins d’aise savoir ce qu’il désirait, ou au moins ce qui le révulsait. Ce qui était sûr, c’était qu’il voulait en effet bel et bien sa liberté. Elle pouvait honnêtement lui offrir, lui-même pouvait se la procurer mais il semblait-il n’avait jamais envisagé le fait qu’il était plus libre qu’il ne le pensait. Par exemple, il aurait pu lui donner ici un coup, et fuir. Prendre une barque, n’importe quoi, et partir pour Mearian ou Akantha. Il serait recherché par Ellgard certes, mais le monde était vaste et ils ne le retrouveraient jamais. Quelle liberté désirait-il ?

L’étau devait se resserrer davantage. Il ne semblait répondre directement à ses avances obscures. Elle aurait voulu qu’il le fasse, pour que son rapport auprès d’Hallgrimr soit plus consistant. Elle ignorait si cela était nécessaire de continuer pour aujourd’hui ; il fallait le laisser réfléchir et laisser sur ses épaules peser le poids de la captivité et de la possibilité de fuite. Il fallait que lui-même l’observe et lui dise “Aide-moi à me libérer de ces chaînes qui m’irritent et me torturent”. Mais elle se doutait qu’il le fasse vraiment, pas qu’il en soit incapable mais sans doute parce qu’Aerith n’était pas suffisamment assidue dans sa besogne. Maintenant, il lui demandait des explications sur elle. Bon point, il semblait s’intéresser à son personnage, sans doute pour assouvir sa curiosité mais également peut-être pour tâter le terrain et observer si ce dernier est totalement plat ou recouvert d’irrégularités sur lesquelles il pourrait potentiellement chuter.

Aerith restait silencieuse, un moment. Elle ne réfléchit pas à sa réponse, mais laissa cette dernière planer afin qu’elle soit désirée, voulue. On lui posait souvent cette question ; elle ne disait rien, mais dans un cas comme celui-ci, le mutisme n’était pas envisageable. Elle devait lui apporter les réponses qu’il désirait - peut-être pas celles auxquelles il s’attendait, mais au moins combler le vide béant de sa satisfaction.

« Une expérience, fit-elle. On m’a mêlée à l’essence d’un mythologique, et me voici. Je ne suis pas immortelle, je ne suis pas invincible, mais je suis puissante et ils me préfèrent à leurs côtés que contre eux. Ce genre de chimères sont convoitées, surtout par l’Empire. Il suffit d’observer le Jörmungandr. »

Si grand, si beau, si bas. C’était la raison pour laquelle elle se sentait proche de lui. Mais bientôt, ils allaient recouvrir leur puissance, leur absoluité. Très bientôt. Les années passaient vite et lorsque le corbeau mourra, l’Empire sera détruit, englouti.

« L’Empire aime se sentir puissant, il aime posséder. Elle sourit. Tu es fort, toi aussi. Et si j’ignore ce que tu es, tu n’es pas normal non plus. Ils ont déjà apposé leur marque sur toi, ça se sent. Le véritable faible est celui qui se laisse instrumentaliser. »

Haussement d’épaules. Il n’y avait pas de mensonge. Elle le savait fort. Elle doutait qu’il soit humain. Peut-être était-il un confrère mythique. Peut-être était-il, lui, une véritable création impériale, un assemblage de muscles et d’os distordu pour former un colosse organique. Si cela était le cas, son jeu devra être prudent.

« Je ne suis pas faible. L’es-tu ? »

Ses sourcils se fronçaient, et elle l’observa dans les yeux, intensément. Il n’y avait plus aucun éclat. Elle cherchait en lui la détermination, le vestige d’une force, d’une persévérance peut-être poussiéreux et ravagé par le temps. Il fallait creuser.

« Avec ou sans ton aide, mon dessein sera le même. En m’aidant, tu pourras perdre, tout, comme moi. Mais tu pourras également gagner beaucoup ; au moins ce que tu désires. Aerith tendit une main en sa direction. Pacte avec le diable. Lequel est le plus rentable ? L’inaction et le prélassement dans sa condition, ou l’action, le changement ? Ne veux-tu pas arracher ton destin de leurs serres perfides ? »

Elle garda sa main en place, pendante dans l’air. Elle ne semblait particulièrement perfide. Elle semblait même sincère, mais l’était-elle ? Aerith jeta un oeil à ses propres doigts, sa paume, et sourit.

« Joins-toi à moi, et renversons l’ordre établi. »


@feat brynjar fearghal #6b70b0
Awful


the thing
ft. Aerith
le diable

La curiosité n'en finissant plus de croître tout comme la bête n'arrêtait pas de vagabonder elle aussi mais docilement avide de savoir en son cas. Le prédateur éventuellement envieux d'un jour en faire un divertissement éphémère qui sait là où même toi tu n'arrivais à prévoir totalement tes instincts les plus basiques, juste à les réfréner parfois même s'ils finissaient toujours par s'exprimer à des degrés différents. Cette nuit ayant été relativement douceâtre de par la barbarie qui stagnait en toi tel de l'eau qui virait, en laquelle se multipliaient germes et larves comme la fureur et la cruauté. Elle prenait son temps tandis que tu doutais qu'il fasse faire preuve d'une intense réflexion pour avouer d'où l'on venait, ce que l'on était. Le silence ayant sans doute ses raisons que tu ne pouvais connaître alors qu'il était possible que cela soit un petit jeu des plus passager. Tu baissas doucement un peu plus la tête lorsqu'elle finit par t'offrir sa réponse, un sourcil s'arquant légèrement ni plus ni moins alors qu'il y avait une infinité de façons d’interpréter ces simples actes. Il y avait comme une sensation de déjà vu en toi, comme encore une fois un subtile rappel même si tu n'en restais unique à ta façon, tout premier humain à avoir survécu à un subtile mélange que tu étais.

Tu écoutas avec une certaine attention la suite de son discours, une attention plus réelle que celle que tu avais feinté lors de sa tentative d’apitoiement. Elle te faisait opposer deux notions, l'attachement à l'Empire que l'on t'avait inculqué, bourré depuis ta plus tendre enfance à chacune de tes plus sensibles frustrations. Les frustrations les plus infâmes qui torturaient ta parcelle humaine, ses préoccupations et pourtant tu te contentais toujours de soutenir ce regard qui avait changé. Une vision dont en émanaient d'autres sentiments des plus différents, tentative de susciter l'empathie totalement absente pour jouer en un autre registre surtout de par ce que tu avais précédemment prononcé. On ne t'avait pas fait pour être faible mais pour dominer sur le champ de bataille, pour broyer, pour triompher et l'envie de lui répondre te brûlait les lèvres même si tu en restais de marbre en dehors de tes mimiques d'il y a quelques secondes. Tes réflexions ayant changés du tout au tout même si l'argument de la liberté restait dans un recoin de ton encéphale, ne pouvais tu pas aider l'Empire mais être en haut de la chaîne avec bien moins de brides, apte à t'émanciper en partie du Ragnarök. Le plus complexe même pour toi était d'estimer si l’appât du gain était réel... Rentable.

Tu envisageais chacun des scénarios qu'elle t'avait présenté et d'autres plus tordues car vous n'étiez pas liés en votre sort plus que cela qu'importe si tu accepterais ou non. Tu ne dépendais pas d'elle tout comme elle ne dépendait pas de tout, peut être pas encore même si cela était complexe à imaginer. Tu la toisais, tes doigts quittant son cou pour reprendre leur place le long de ton corps, bras ballant alors que tu avais toujours ce pied de géant sur ton casque qui choyait le sol depuis un petit moment. Ton attention se reportant sur la main qu'elle te tendait, tu prenais ton temps encore une fois pour peser le pour et le contre. Tu la voulais cette liberté mais au fond avais tu besoin d'elle ? Pouvais tu pactiser ainsi alors que vos paroles respectives n'avaient aucune valeur ? La confiance étant inexistante voir risible au mieux. La période de réflexion commençant à toucher à sa fin, ta personne s'étant permise de soigneusement trier les scénarios les plus probables et la façon dont tu pouvais y répondre. Tu relevas les yeux vers elle alors qu'on pouvait non pas y déceler de la malice mais plutôt un brasier, ta langue venant humidifier tes lèvres. Le cœur de tant d'hommes aurait pu se serrer, leur respiration s'accélérer de par une tension qu'ils auraient eu même construit mais tu avais déjà confronté à ta propre prison en ses propos. Une prison qui ne ravivait qu'un... Chagrin ? Qui sait caché sous la rage, la frénésie et l'absence d'humanité de l'homme.

Tu relevas doucement ton bras droit, poing fermé alors que tes phalanges finirent par se dissocier. C'est en un geste net que tu vins te saisir de son avant bras de ta main l'invitant à faire de même, ou du moins à juste se saisir du tien de ses doigts qu'elle avait laissé voler dans les airs. Tu en avais profité pour l'attirer d'un geste sec, calculé vers toi.

« - Je n'ai jamais été faible. »

Il y avait une part de vérité en ce murmure, tout ce que tu avais enduré physiquement aurait déjà dû tuer n'importe quel vivant depuis des années mais ta réponse était bien plus discutable dans son fond. Sociopathe, paranoïaque, endoctriné cela faisait une bonne liste de déviances, de problèmes qui se superposaient en toi. Des problématiques qui te pourrissaient mais dont tu te souciais, dont tu devrais te soucier malheureusement. On n'avait jamais eu à te briser car on t'avait fait ainsi, les enfants étant si facilement manipulables et marqués, atteignables en leur esprit, en leur évolution et ouverture au monde. L'hémorragie était interne et sibylline.

« - Ne pense pas tout pour acquis cependant bien loin de cela même, on est instrumentalisé mais nous sommes nuisibles à notre entourage aussi et toi je suis convaincu que tu n'es pas une réelle menace physique. Tu es plutôt du genre à répandre ton poison du peu que tu m'as montré et n'espère pas avoir ma confiance pour l'instant. »

Des propos doucement soufflés, tu ne te fermais toutes les portes en cette entreprise qui pouvait être un simple piège et en laquelle à vrai dire tu n'avais le moindre espoir actuellement, juste de la curiosité et le désir d'amusement malsain du chasseur car lui l'espoir ca faisait longtemps qu'on te l'avait ôté comme tout.

« - Aerith... ? »

Une simple question pour combler un dernier vide, la nécessité de connaître son patronyme d'emprunt sûrement si elle était bien un cobaye tout comme toi, même si toi tu resteras à jamais le premier, la première réussite. Qui y avait gagné, elle ou toi si tout ceci n'était pas qu'une vaste mascarade. La jeune femme ayant gagné une parole, un geste qui valait son pesant en or et qui pouvait t'amener à la mort tout comme toi. Toi qui ne lui avait rien vendu car tu n'avais jamais rien possédé hormis juste des possibilités selon comment tout allait se mettre en place.

Était-ce un soupçon d'adrénaline qui afflua l'espace de quelques secondes dans ton sang ? Depuis ta sortie du coma les prédateurs avaient commencés à rôder et tu semblais être devenu comme une proie dans un tableau de chasse bien différent de ceux que tu connais. Tu ne pouvais plus reculer, le mal était fait et tu allais devoir planifier, t'adapter, anticiper car bien des maux arriveraient dans tous les cas pour toi prédateur, piège ou non qu'elle te tendait alors que l'éventuel retour de bâton allait être mortel selon bien des facteurs qu'elle détenait.

Ironique, une femme qui venait de te faire ouvrir la boîte de Pandore...



il marche !
dans ses pas, et attend.

domination

Aerith voulut rire aux éclats. Elle voulait hurler, perforer de ses doigts l’armure de l’homme qui venait de prendre sa main. Elle voulut planter ses ongles dans son avant bras et briser son radius et son cubitus, sentir leurs craquements et la peau se déformer sous la pression qu’elle aurait effectuée. Elle avait envie de lui hurler au visage, d’éclabousser ce dernier de salive et lui rire au nez, plaignant sa crédulité. Par ce mouvement, il avait scellé sa destiné. Aerith venait de débarrasser l’Empire de sa prise sur lui. La laisse avait été relâchée, et il pouvait enfin espérer avoir un semblant de liberté, s’il ne l’avait pas encore dans la bouche, elle savait qu’il était capable de déjà sentir son goût sur ses lippes. Lorsque sa langue caressera enfin ce qu’il semble désirer plus que tout au monde, Aerith sourira. Elle sourira, et s’emparera à son tour de cette laisse, la ramenant à ses côtés. Il s’était libéré de l’Empire, un mal cancéreux, mais s’était enchaîné sans même le savoir de liens plus solides. Des entraves en acier recouvrant son cou, ses bras, ses jambes, et accablant ces dernières d’épais boulets laissant une trace dans le sol - trahissant leur lourdeur. Il s’était condamné, en une simple soirée.

La dragonne sourit, et entoura de ses doigts malingres l’avant bras métallique du soldat avec fermeté, le suivant dans son geste prompt. L’étirement des commissures de ses lèvres dévoilaient une dentition d’albâtre claire et propre, et pourtant suintante d’un poison discret qu’il ne voyait pas encore, trop aveuglé pour le moment par les rêves qu’elle venait de lui offrir. Elle ignorait encore ce qu’elle dirait à l’Inquisiteur et elle n’avait pas véritablement suivi ses directives, mais lui en voudrait-il ? Un garçon comme celui-là ne pouvait être entre les mains d’Ellgard, il devait être sublimé, poli, nettoyé avec douceur par un linge de soie, et exposé comme l’oeuvre exceptionnelle qu’il était. Elle n’avait pas encore fouillé en lui, en ses chairs, ni décortiqué le mécanisme de son psyché mais sentait déjà qu’il y avait là, au fond quelque chose à exploiter, et qui n’avait le droit d’être exploité par quelqu’un d’autre qu’elle.

« Faalenas, souffla-t-elle. »

Un nom d’emprunt. Le nom d’une famille qui n’était plus, qui avait été décimée pour qu’elle puisse devenir la matriarche et l’unique membre. Unique… Non, il y avait un survivant. Il y avait cet enfant qu’elle avait élevé, parce qu’elle n’avait pas pu, peut-être pas osé le tuer. Peut-être aurait-elle dut mettre un terme à sa vie - il n’était jamais trop tard, si il ne se montrait pas à la hauteur des hautes attentes qu’elle plaçait en lui, il mourrait. Et étrangement, elle sentait que la vie du garçon ne tenait qu’à un fil, étroit fil qui menaçait de céder par la lame aiguisée des ciseaux d’Atropos.

Aerith lâcha finalement le bras de l’homme, glissant une main distraite dans ses cheveux, et se tournant vers les cadavres trempés dans leur propre hémoglobine. Elle soupira, et s’éloigna du garçon.

« Je vais respecter ma part du marché, je ferai en sorte que l’Inquisiteur te laisse tranquille. »

Un regard adressé à un des corbeau qui dévorait le foie d’un soldat et qu’elle chassa, l’’observant prendre son envol plus loin. Elle ne pouvait rien lui cacher. Son rapport devra être méticuleux. Mais cela importait peu, elle avait gagné quelque chose de puissant, ce soir. Un allié, un pantin, quelque chose - n’importe quoi. À présent elle allait devoir le couver, l’enrouler de ses ailes obsidiennes et lui montrer qu’entre ses doigts il n’avait rien à craindre. Et lorsqu’il fermera les yeux pour se reposer contre sa poitrine, il sera officiellement sien, et mort. Le dragon inspira profondément par le nez, recrachant l’air par la bouche. Elle offrit un dernier sourire à l’homme, avant de disparaître dans l’obscurité, son derme reprenant sur sa surface la fine carapace écailleuse qui l’avait protégée quand elle était parvenue jusqu’ici. Bien rapidement, on ne la voyait plus, et elle avait disparu dans les ténèbres.

Il avait lui-même ouvert la boîte interdite, et à cause de ce geste, des âmes hurlantes s’échappaient du contenant. Il lui était impossible de la fermer, les exhalaisons du diable lui collaient déjà à la peau.  

@feat brynjar fearghal #6b70b0
Awful