Le temps est un fardeau
Exil avait encore eu une nuit de ces nuits dites agitées, parce qu’elle fut seule, terriblement seule. Elle avait encore quelques cicatrices de la nuit antérieure passée avec Luci, cette délicate tornade blonde qui avait su la faire danser comme jamais personne n’avait su le faire. Elle effleurait du bout des doigts ses fameuses cicatrices, son regard se teintant d’une folie pure quand ses souvenirs revenaient. Elle eut un soupir d’aise, ronronnant bruyamment. La démone fila hors de son appartement, se baladant en ville, achetant de quoi grignoter. Parlant, sautillant comme à son habitude, joyeuse et enjouée.
Exil aimait cette ville, au combien elle recelait de souvenirs avec Ellyn et restait le lieu de sa mort. L’endroit qui lui avait pris sa seule raison de vivre en ce monde, seule volonté d’exister en tant qu’être, d’être un minimum normal. Maintenant Exil n’était plus rien de tout ça, elle n’était plus que folie.
Elle se faufila dans les ruelles, avançant comme elle souhaitait, finissant par monter sur les toits, meilleur endroit aux yeux d’Exil pour regarder le monde, meilleur point de vue sur ce que Lysander appelait Cafards, elle avançait encore et toujours, funambule sur ses toits, sous la chaleur agréable du soleil, contre cette brise chaude et presque étouffante. Qui la mena vers cette mer si particulière qu’elle qu’elle aimait regarder, même de loin.
Le désert.
Etendue de sables qu’Exil aimait observer, endroit isolé où elle aimait se perdre et rêvasser quelques instants du haut des dernières maisons en bordure de ce monde sans fin. La démone n’avait pas tressée l’avant de ses cheveux pour une fois, profitant de sa journée de repos, profitant de l’air chaud qui faisait doucement virevolter ses cheveux roses pâles. Son regard bleu océan tourné vers l’horizon, comme une impatience de voir quelqu’un sortir de cette mer de sable, de voir quelqu’un apparaitre dont ne sut où. Peut-être que personne ne viendrait, Peut-être que quelqu’un qu’elle eut connue montrerait le bout de son nez ou au contraire un inconnu.
Exil ne savait pas pourquoi mais elle espérait une rencontre aujourd’hui, bonne ou mauvaise peu importait, tant que ce fut une rencontre. Elle balançait doucement ses jambes dans le vide, comme une enfant aurait pu le faire d’impatience, ses pieds tapotant doucement contre le muret. Elle ferma doucement les yeux, soupirant légèrement, se perdant doucement dans les méandres des souvenirs de ses anciennes invocations.
Elle ne se souvenait plus combien de personne elle avait pu tuer, combien d’amants elle avait eu, femmes, hommes, enfants de tous les horizons, de tout physiques. Difficile de s’en vouloir, Difficile d’avoir un quelconque remords. Elle ne se souvenait pas en avoir ressenti une seule fois, et son indifférence était devenue bien pire depuis la mort d’Ellyn. C’était même pire que cela. Elle y prenait maintenant plaisir.
« Quel ennui ~ »
Paroles simples, paroles à elle-même ou peut-être pas difficile à dire. Exil était loin très loin, surtout mentalement, aucune logique chez la rose. Peut-être parlait-elle à une enveloppe invisible, ou peut-être à elle-même. Folie, Pure folie. Ne cherchant même pas à savoir s’il y eut quelqu’un, ne prêtant pas attention à ce qui l’entourait, ou si un danger s’approchait, Exil ne faisait tout simplement attention à rien, démone inconsciente et écervelée. Démone folle et perchée. Assisse au rebord de ce désert sans fin.
« Quel sera le prochain jeu. »
Le jeu, seul intérêt dans la vie d’Exil, le jeu la folie, cette motivation intense et sans fin, agréable et délicat qui savait réveiller parfaitement les pires instinct de la jeune femme, instincts les plus fous et les plus meurtriers.
Codage par Libella sur Graphiorum