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Victor "Mascarade" Skaare, justicier masqué, My Love for you is like a Truck

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Victor « Mascarade » Skaare
❯ RACE : Vampire
❯ AGE : 97 ans
❯ ORIENTATION SEXUELLE : Hétérosexuel
❯ SITUATION PERSONNELLE : En couple avec la JUSTICE.
❯ NATIONALITÉ : Akhantien
❯ FACTION : Civil
❯ MÉTIER : Voisin Vigilant masqué
COMPÉTENCES
En tant que Vampire, Victor est réceptif à la magie de manière naturelle, mais il n’y a jamais excellé, préférant entraîner ses aptitudes physiques. Il a toutefois développé, à travers les années, en absorbant le sang en majorité de lycanthropes, une magie particulière : une magie de la transformation. Étant donné son peu d’aptitude magique, il ne s’agit pas de transformations extraordinaires, en général les seuls succès qu’il a eu ont été marginalement efficaces, parfois comme des moyens de dernière minute comme se faire pousser des griffes acérées ou améliorer les performances de son corps. C’est sur ce dernier point qu’il s’est concentré et, pour l’instant, il n’est plus capable de se transformer physiquement autrement que par l’amélioration de ses capacités physiques (voir Berserker). Ses capacités de transformation ont souvent également un effet mental sur lui. Si c’est habituellement un effet secondaire dû à son manque de talent (0 contrôle), il lui serait potentiellement possible de se « transformer » l’esprit s’il y mettait de la bonne volonté et de l’effort (par exemple en se désensibilisant à la peur) mais cela ne l’intéresse pas pour le moment.

❯ Le Masque : Il s’agit, en apparence, d’une simple cagoule en laine avec une tâche d’encre moche dessus. Cependant, pour Victor, c’est beaucoup plus que ça. En effet, pour lui, il s’agit d’un second visage (il dirait même son VRAI visage) qui cache tout à fait celui de chair en dessous. Il est en vérité tissé avec un très grand nombre de minuscules éclats de cristaux qui permettent de le cacher tout à fait de tout type de super vision. La pulsation des cristaux empêche la magie de pénétrer à l’intérieur du masque et il permet donc de bien cacher un visage (ou de faire une sacoche moche). Ne résiste pas à la technique secrète nommée : je te retire ton masque avec mes mains. Ne protège pas des headshots. Sinon, c’est aussi les cristaux qui font que les tâches d’encres bougent…  
❯ BERSERKER : Laissant le sang de loup garou ingéré depuis des années lui monter à la tête, Victor se laisse aller à une rage primale dans laquelle il perd tout contrôle jusqu’à l’épuisement physique ou magique. Il n’est plus capable de discerner ses alliés de ses ennemis et n’a qu’un vague souvenir de l’objectif qu’il cherchait à accomplir avant de déclencher la capacité. Celle ci augmente drastiquement ses capacités physiques au détriment de ses capacités intellectuelles.
❯ Close Quarter Combat : Capacité passive qui résume les connaissances de Victor en baston et autres bourres-pifs de rue. C’est à dire qu’il s’y connaît pas mal, à force d’avoir eu à casser des bouches de criminels divers et variés. Cela fait de lui une personne assez compétente en combat rapproché sans armes ou avec de petites lames (couteaux, dagues) ou armes improvisées, pour se battre grâce à son environnement (c’est ça d’aller chercher des informations sur les malfrats dans les bars mal famés). C’est un peu l’inverse de « Berserker » au final, vu qu’ici il a quand même un semblant de stratégie et de réflexion. « Berserker » n’annule pas tout à fait cette compétence, tant certaines actions sont devenues instinctives pour lui, mais elle est grandement réduite quand celle ci est active.
STATISTIQUES (10 ou 12 points à remplir selon votre race)
PHYSIQUE
(TECHNO)MAGIE
❯ agilité x x x ○ ○
❯ force x x x x ○
❯ endurance x x ○ ○ ○
❯ mana x ○ ○ ○ ○
❯ puissance x x ○ ○ ○
❯ contrôle ○ ○ ○ ○ ○
PHYSIQUE
Victor n’est qu’un homme ordinaire à qui la vie n’a pas forcément souri et cela se ressent dans son physique. Pour un vampire, qui sont censés être d’une grande beauté naturelle, il ne ressort pas vraiment du lot. Certes, si on le considère sous le point de vue d’un humain standard, il est un peu à part. Les deux points qui sortent le plus du lot dans son visage sont ses cheveux, courts, ébouriffés et d’un argenté un peu sale ; et ses yeux dont les pupilles brillent d’un rouge écarlate. On peut aussi noter, puisqu’on en est là, que ses canines sont un peu longues si on les compare à celles d’un humain lambda… Si on combine tout ça à un visage un peu anguleux, son nez fin et un sourire que l’on a parfois qualifié de carnassier, sans que ce soit une action volontaire de sa part, il peut laisser une marque chez qui est aisément impressionné. Dans un monde où marchent des prétendues déités et où des barbares pyromanes sont rois, ça ne devrait pas trop être choquant, cependant… Quant à sa carrure, il a l’air assez anodin, quoi que bien musclé. Faisait juste un mètre soixante-quinze, il n’est pas à un stade où il peut se trouver grand sans avoir l’air fanfaron. Son allure un peu carrée, à cause de sa vie passées à se battre et à voyager, combinée à son air un peu intimidant pour le badaud, peut le faire passer pour plus grand qu’il ne l’est réellement lorsqu’il commence à sortir le grand jeu, mais ce n’est pas souvent. Il a, en effet, souvent un petit air de déprime ou de mélancolie qui semble totalement injustifié quelque soit le moment, qui fait qu’il ne se tient pas bien droit la plupart du temps, ayant alors l’effet opposé. Côté vestimentaire, il reste souvent simple même s’il donne dans des tons sombres. Il n’est, après tout, pas très aisé en terme d’argent et ne peut pas se permettre de le gaspiller dans des frivolités pareilles. Il faut noter qu’on ne le voit que rarement sans son panneau de bois marqué : « LA FIN EST PROCHE ! » qu’il transporte dans les endroits peuplés afin de prévenir tout le monde que c’est bientôt la fin du monde.

Mascarade est bien plus qu’un homme. Il représente la Justice, la vraie, celle à laquelle le monde a tourné le dos. Il faut remettre à tout le monde les yeux en face des trous, et ça ne se fait pas sans briser quelques os sur le passage. Par conséquent, loin d’avoir l’air ordinaire, loin d’avoir l’air prédateur sans faire exprès, celui ci a tout d’un symbole pour la pègre de la capitale Akhantienne où il sévit le plus. Masque blanc aux encres noires mouvantes selon ses émotions, mais la plupart du temps formant un genre de papillon (ce qui en vérité est à vos interprétations personnelles, c’est un peu un test de Rorschach vivant avant de se prendre un poing dans le visage donc interprétez vite) ; grand impair qui camoufle tant bien que mal sa morphologie générale en dessous ; mains gantées afin d’éviter de se salir et de laisser trop de traces… Il fait tout son possible pour cacher sa véritable identité et ça se remarque, étant donné qu’il n’est pas possible de voir sous son masque à moins de le retirer, ce qu’il ne fait qu’en lieu sûr. En Mascarade, il se sent enfin lui, enfin sûr, enfin confiant. Il se tient bien droit et il a l’air menaçant avec la majorité des gens avec qui il interagit, pour la forme, on ne sait jamais. On peut pratiquement sentir sous le masque quand son sourire, ici très précisément carnassier, se dessine, quand il a trouvé sa proie, quand il va à la recherche d’informations, quand il la tient. Et on le voit effectivement (si la personne est encore consciente, ce qui n’est pas gagné) alors qu’il relève le masque afin de prendre son prix : le sang du vaincu.
CARACTERE
❯ QUALITÉS : Droit dans ses bottes ; juste (à sa manière) ; loyal à ceux qui adhèrent à son code de conduite (jusqu’à ce qu’ils n’y adhèrent plus mais il peut faire des compromis pour certains) ; direct/franc et relativement honnête (sauf si vous êtes un criminel à ses yeux auquel cas il usera de ruse pour vous avoir).
❯ DÉFAUTS : Trop rigide dans sa vision du monde ; Trop persuadé d’avoir raison pour se remettre en cause ne serait-ce qu’un instant dans sa vie à moins qu’il ne puisse le justifier par son code moral étriqué et sa vision du monde ; sa vision du monde est terriblement sombre ; Auto-valide ses hypothèses avec un certain biais, pas d’objectivité à trouver ici ; Brutal, trop brutal. Stalker, grand stalker.
❯ UNE HABITUDE? : Le mâchouillage intensif. Victor est un homme assez tendu dans sa vie et il a besoin de mâcher des trucs, ça le détend. Il a, de ce fait, souvent des sucreries ou des morceaux de bois à se coincer entre les dents afin de les détruire, ce qui est assez satisfaisant. Lorsqu’il a le masque mais qu’il ne se sent pas en danger, il lui arrive de le retrousser jusqu’au haut de la bouche afin de mâchouiller efficacement.
Il est également assez religieux et ne manque jamais d’honorer sa divinité fétiche, Aquaros, ainsi que Lumenal au nouvel an. Ces dieux ci ne répondent pas à ses prières, mais il prend leur histoire très au sérieux et ne désespère pas qu’ils reviendront un jour et qu’alors ils verront qu’il leur reste des fidèles, ce qui apaisera leur juste courroux.

Victor n’est pas grand-chose. Victor n’est pas le plus grand, il est fort mais ce n’est pas le plus fort, il n’est pas non plus le plus rapide ou le plus intelligent et il a grand peine à subvenir à ses propres besoins dans une société Akhantienne qui l’a rejeté, ancien esclave aujourd’hui affranchi mais ayant tout juste les moyens de ne pas y replonger dans l’immédiat. De ce fait, le trait le plus caractéristique que l’on pourrait lui attribuer, mentalement, serait le manque de confiance en soi. Il n’est pas irrémédiablement incapacitant mais… Il donne le doute. Il donne la peur. Il fait voir le monde sous une couleur terrible, celle d’un monde qui en a après lui, qui veut le retrouver, qui veut lui faire la peau. Son costume était-il bien ajusté l’autre nuit ? Peut être que le timbre de sa voix était mal modulé et que quelqu’un le reconnaîtra… avait-il soulevé un peu son masque ? Pouvait-on reconnaître ses canines ? Tant de doutes… Mais, malgré tout, il réussit plus ou moins à vivre. Il aura tendance à ne pas vraiment regarder les gens dans les yeux malgré sa carrure et son potentiel, à se laisser un peu marcher sur les pieds, à garder pour lui ses griefs… Hélas ! Il n’y peut rien, il ne trouve pas la confiance pour agir de manière plus directe. Il n’y a qu’un moment où l’instinct reprend le dessus : c’est quand il faut faire usage de la violence. Là, il n’y a pas de problème, il est sûr de lui. Un malfrat débarque pour lui faire les poches ? Il va avoir une sacrée surprise… Mais le doute, là où il subsiste, c’est dans le moment où faire usage de la violence. À moins qu’on ne le menace directement et physiquement, il ne sait jamais… Doit-il infliger des sévices terribles à la personne qui vient de l’insulter ou juste en rire, ou juste se taire ? Ou alors une simple gifle pour la forme ? Ce sont des décisions bien trop complexes pour lui, et selon la situation il devra improviser et faire un peu au hasard. Il n’est pas simple de se rapprocher du Victor sans masque, car bien qu’il ne paie pas de mine, il n’oublie pas son code et s’il ne s’en occupe pas avec la véhémence de la Mascarade, il reste fidèle à ses idéaux. Avec les gens normaux, il restera sans doute calme voire un peu indifférent, sinon un peu gêné par son manque de savoir vivre. Pour les gens qui, sans le connaître, suivent son code de conduite, il sera impressionné et aura tendance à les mettre sur un piédestal et à les admirer, ce qu’il croira faire secrètement mais que n’importe qui avec plus de deux neurones pourra déceler. Enfin, tout cela à moins qu’il ne soit en train de clamer, panneau à la main, l’approche de la fin du monde, auquel cas il aura un peu plus de confiance en lui pour expliquer son point de vue.

Quand il enfile le masque, par contre… Mascarade n’a aucun de ces doutes. Dès qu’il se masque, on pourrait, si quiconque était à proximité pour l’entendre, un soupir de soulagement. Victor sait que c’est un masque. Mais il a presque l’impression qu’il ne peut être véritablement lui même qu’avec le masque, que celui ci serait son « véritable » visage. Masqué, il peut laisser parler sa véritable personnalité : celle d’un impitoyable justicier qui ne recule devant rien pour juger ceux qu’il considère comme criminels. Ses méthodes sont sauvages, n’hésitant pas à casser quelques doigts pour soutirer des informations à une personne qu’il considérera comme complice et ses jugements… expéditifs. Pas de contradictoire, ici, la sentence est aussi brutale que la gravité de l’acte perçu par Mascarade. Il n’a aucun scrupule à dispenser la peine de mort à ceux qu’il pense la mériter, même si l’État ne le fait pas. Il est là pour ça. En tout cas, c’est ce qu’il pense. Sa confiance en lui lui fait prendre mieux conscience de son environnement, aussi, comme il peut à loisir observer au lieu d’être un peu recroquevillé sur lui même et le monde ne fait pas beau à voir. Il le perçoit pourri de l’intérieur et on ne peut combattre le feu qu’avec le feu, d’où ses méthodes. D’un autre côté, ce n’est pas non plus un barbare psychopathe qui cherche une excuse pour frapper des gens (à s’y méprendre!) : il ne s’en prend qu’à ceux qu’il considère avoir enfreint un code moral un peu flou qui mélange les infractions à la Loi et les infractions à ce qu’il croit être Juste. Les gens « ordinaires », qui se contentent de vivre leur vie sans faire de vague, il les tolère quoi qu’il les regarde un peu de haut. Les gens qui adhèrent à un code moral compatible au sien, qui ont de vrais idéaux qui lui ressemblent, il les respecte et il est prêt à mettre à disposition sa propre brutalité pour eux. Enfin, encore faut-il qu’eux même ne soient pas repoussés par sa manière de faire ! Cela rend sa compagnie difficile pour beaucoup de gens, mais il essaie de faire des efforts pour ceux qu’il aime bien (ce qui ne lui est pas simple du tout).

Il ne fait aucun doute que sa personnalité a été grandement altérée par le port répété de son masque, entrelacé de micro cristaux, aussi proche de son visage. Cela lui donne une espèce de dépendance, comme il se sent plus « lui » lorsqu’il le porte, et amplifie au fur et à mesure, tout doucement, son côté impitoyable. Cela ne fait que lui donner une faiblesse : il se sent incroyablement fragile sans son masque et c’est ça qui occasionne le manque de confiance, etc et ne fait que lui donner envie de le porter plus. Il redoute donc plus que tout qu’un de ses adversaire, un jour, le capture et le démasque, il ne sait pas du tout comment il réagirait. Il pourrait abandonner Victor et devenir totalement la Mascarade… Cette idée le séduit mais, pour le moment, il ne peut s’y abandonner. Le monde, un jour, n’aura plus besoin de la Mascarade et il devra se faire à sa vie ordinaire. Et pour qu’il ait une vie ordinaire, il ne doit pas avoir toutes les associations de malfrat sur le dos. Il lui faut une identité secrète. La Mascarade…

Dans tous les cas et qu’il soit masqué ou non, sa piété envers les anciens dieux reste la même et sa méfiance, voire animosité, envers les Seraphs et la religions méarienne, malgré sa nationnalité Akhantienne, est toujours apparente. C’est une des raisons pour laquelle il annonce la fin du monde. Même s’il ne veut pas trop l’admettre toutefois, il pense qu’il reste un espoir de ramener les dieux anciens et c’est pour ça qu’il continue à prier. Il est d’ailleurs assez superstitieux sur ces points et croit vraiment qu’au fond, ils ne sont pas si loin que ça et que la divinité qui a présidé à sa naissance, Aquarios, garde un œil bienveillant sur lui.
HISTOIRE
Dans le post suivant (pas la place sinon)

❯ PSEUDO : Hikorzik
❯ AGE : 22 ans
❯ TU NOUS A TROUVÉ OU ? Oui
❯ UN AUTRE COMPTE : Non
❯ LE PERSONNAGE DE TON AVATAR : Rorschach (Watchmen)/Project Zed (LoL)
❯ TU AS LU LE RÈGLEMENT ? Oui


HISTOIRE
Si vous trouvez ce journal, vous êtes priés de le transmettre au patron du Lycan-qui-boîte, dans une ruelle située entre le port et la voie principale. Il saura quoi en faire.

Journal de la Mascarade, introduction.
Il n’est pas commun pour les esclaves de connaître de façon précise leur date de naissance. C’est tout particulièrement le cas pour les enfants de prostituée. Je n’ai aucune manière précise de savoir mon âge mais à partir de ce qu’on m’a raconté et des indices que j’ai pu glaner, je suis né un jour d’avril 320. Puisqu’il faut bien donner une date, que les gens lancent des regards bizarres quand on leur dit qu’on ne connaît pas sa date de naissance, je dis que je suis né le 1er avril. Quelle blague…
C’est donc sous le règne de ce bon vieux Onyx que je suis né. Une ère difficile pour tous, sans nul doute, comme une féroce bataille d’intrigue s’engageait dans la noblesse pour savoir qui aurait le plus de droits et qui exploiterait le plus les sujets. Pour nous autres, les esclaves, ça n’a jamais changé grand-chose.

Je pense que je n’ai pas été voulu. Cela paraîtra peut être évident au lecteur (ma propre mère n’a pas daigné retenir ma date de naissance) mais j’ai eu suffisamment de doute dans ma jeunesse pour que ce soit écrit quelque part. Ma naissance n’est due qu’à la chance, car ma mère, qui était une prostituée de luxe dans un bordel de la capitale, avait peur des conséquences si elle avouait à son maître qu’elle était tombée enceinte de lui. Un riche bourgeois vampire n’avait pas besoin d’un bâtard, ni d’une prostituée qui ne pouvait pas travailler. Elle avait peur de vivre dans la misère ou de devoir subir un avortement douloureux et fit de son mieux pour me cacher puis accoucha dans le secret. Elle ne put pas me cacher longtemps, toutefois, comme ces dames, malgré leur statut, n’avait que peu d’intimité et elle fut vite dénoncée. La concurrence, vous comprenez… Mais le maître était magnanime. Un petit garçon, quelle joie ! Un nouvel esclave à son cheptel, gratuitement en plus ! Il n’avait même pas eu besoin de s’occuper de la mère en plus ! Une bonne surprise, assurément. Ce n’est pas pour ça que mon enfance fut tendre, loin de là. Ma mère n’avait pas plus d’intérêt pour moi qu’elle n’en avait pour ses collègues, c’est à dire très peu, peut être moins même car elle devait travailler d’arrache-pied pour réussir à s’occuper de moi, tâche qui lui avait été donnée par le maître qui ne se voyait pas le faire lui même.

À partir de maintenant, ce journal contiendra des éléments de ma vie qui, vous vous en doutez, n’ont pas tous été écrits au moment où je les ai vécus, ce qu’il vous sera possible de déceler par le style d’écriture, probablement. Ainsi que l’âge que j’ai pu avoir. Ou peut être que j’écrirai, à la page adéquat, le jour où j’ai acquis ce carnet.

Novembre 325.
C’est une date, peu précise certes mais vous ne pouvez pas reprocher à un enfant à peine éduqué de connaître le calendrier précisément, dont je me souviendrai probablement toute ma vie. Ça a probablement été la première fois que je me suis rendu compte de l’environnement dans lequel je vivais et les conséquences que ça pouvait avoir pour moi.

Je commençais à comprendre à peu près ce qu’il se passait auprès de moi. Des monsieurs tous différents et pas toujours ragoutants venaient « rendre visite » à ma mère, comme on me disait, et je ne devais sous aucun prétexte les déranger. Je devais passer mon temps à faire autre chose, comme des menues tâches de rangement ou, lorsque le maître se sentait particulièrement altruiste, un peu d’éducation histoire que je ne sois pas totalement idiot.

Ce jour là était spécial car j’avais eu un peu d’attention de ma chère mère, chose que j’appréciais encore à l’époque et que je ne voulais pas laisser passer. Je savais pourtant que lorsqu’il y avait un client, je devais juste partir. C’était comme ça. Les enfants ont des caprices… Je voulais rester, donc j’étais resté juste devant la porte. J’entendis des bruits, c’était étrange. Je voulais voir. Je suis rentré. Dans la pénombre, je ne pus rien apercevoir mais… « Qu’est ce que c’est que ça ! Qu’est ce que ça fout là ! Putain ça fout tout en l’air c’est n’importe quoi ! » Je me rappellerai toujours de ces mots. Parce que juste après, je me suis pris la plus grosse branlée de ma vie. Je dérangeais… Je dérangerais toujours.

328
Je suis de trop dans ce bordel. J’ai 8 ans et pourtant je m’en rend déjà compte. Il faut dire que j’en ai un peu marre de me prendre des raclées par ma chère mère, qui blâme son manque de popularité de ces derniers temps sur ma naissance. Tout était de ma faute. Hé bien, peut être que ce serait mieux si je partais. Si j’allais ailleurs. Si je disparaissais.

J’esquissais l’envie de m’enfuir loin, mais déjà cette idée me paraissait folle. Je mourrais de faim en un rien de temps. Et je savais ce qu’on faisait à ceux qu’on rattrapait car j’y avais… participé. Je suis jeune, on ne s’occupe pas de moi. Je suis un vampire. J’ai faim. Les esclaves récalcitrants… On me les donne. Ça les fait rire. J’ai du mal à planter mes crocs, j’ai du mal à aspirer le sang, j’en met partout, on ne m’a pas appris à manger proprement. Quel spectacle. Mais j’ai trop faim, je n’ai pas d’autre choix que de me donner en spectacle.

Je prend mon courage à deux mains. Je vais voir le maître lui faire part de mes doléances. Je tremble car partout on dit que c’est un maître terrible et j’ai vu ce qu’il faisait à certains esclaves. J’ignorais encore qu’il était mon père. Peut être était-ce pour ça qu’il me traitait avec un peu de bienveillance ? En tout cas, il m’a écouté sans rien dire, sans me reprendre bien que j’ai quelques difficultés. Il comprend. Il va m’envoyer ailleurs. Il possède d’autres endroits de divertissements qui ont besoin de main d’œuvre. Peut être pour la première fois de ma vie, je ressens de la joie et mon visage s’illumine. Naïf.

Son divertissement, c’est une arène de combats plus ou moins légaux entre des esclaves. Il n’y a pas spécialement de loi contre mais il paraît que l’article du code des esclaves sur la dégradation des biens d’un homme libre s’applique malgré son consentement et que donc en théorie il peut demander des réparations. Enfin ça, je l’ai appris bien plus tard et à mon âge, ça ne changeait pas grand-chose. J’allais devoir me battre pour gagner ma pitance. Quand le maître m’a emmené la première fois, je me suis retourné, interrogatif, avec espoir. Je me disais : « il m’emmène ici mais moi, je vais nettoyer le sang, je vais monter les stages, je vais aider les gladiateurs, panser leurs plaies ». Son sourire m’a marqué. Il paraît que je tiens de mon père.

Septembre 330
De nos jours, personne ne prie plus. Les dieux sont partis, nous disait-on. Enfin, à part les illuminés de Mearian qui ont trouvé une nouvelle voie. J’en entend parler parfois, mais par ici on ne les voit pas. Du coup, moi je prie. Ce mois ci, j’ai récupéré un petit livre, tombé de la poche de mon adversaire, mais je ne sais pas lire alors j’ai du demander à un adulte ce qu’il racontait. Des prières. Sur des grands êtres qui nous auraient tous fait, tout puissants, qu’il faudrait honorer. Lumenal, l’original, qui aurait tout créé. Puis les éléments. Je suis né en avril, donc je suis sous la protection d’Aquaros. Mais l’histoire ne me plaît pas, il paraît que les vampires ont été créés par les ténèbres et que ce sont les ténèbres qui ont rendu le monde mauvais. La lumière me fait du mal mais j’ai aussi un peu peur des ténèbres, encore : on ne sait jamais ce qui peut arriver. J’ai vu un camarade se faire casser les membres, une nuit, car son adversaire s’était infiltré dans le dortoir. Personne n’a essayé de l’aider. Moi non plus. J’aimerais ne pas me faire casser les membres, alors je prie chaque nuit Aquaros et Lumenal de veiller sur moi, même si je suis un vampire. Les grands disent que ça ne sert à rien mais ça me rassure. Je suis sûr qu’ils vont revenir et qu’ils m’entendent, puisque je suis toujours là.

Mes jours dans l’arène sont difficiles mais pas impossibles. J’ai eu la chance d’être né avec une bonne constitution et les règles du combat me laissent me nourrir si je gagne. Pour m’apprendre à aimer me battre, on me laisse sans sang pendant très longtemps, je ne saurais pas dire combien de temps, je perds la notion du temps quand j’ai trop faim, puis on me lâche sur d’autres enfants comme moi. Il paraît que ça fait un super spectacle. Je ne sais pas, je ne sais pas, je perd le contrôle.

Mes adversaires réguliers sont soit des bêtes, lorsqu’un braconnier ramène des prises exotiques de je ne sais où, soit les races connues pour être les plus combatives de notre monde. Des salamandres, des lycans, des elfes noirs, des humains plus forts que la moyenne, des goules, d’autres vampires… Les vampires et les goules étaient particulièrement appréciés, vu la maladresse de leur jeune âge et le dérèglement que l’on peut provoquer chez eux en alternant des périodes de privation avec des périodes fastes. Je tiens le coup. Je crois. Je ne me rappelle plus bien, honnêtement. C’était il y a si longtemps…

1er janvier 336
Les combats se font de plus en plus difficiles. Je suis dans l’arène depuis mes 8 ans maintenant. D’abord, j’ai été sauvage. Puis, survivant mes défaites (on ne tue pas le favoris du propriétaire de la maison sans s’exposer à quelques problèmes) et me démarquant dans mes victoires, des poulains plus âgés m’enseignèrent le combat. Le vrai. Des prises, des feintes, des ruses. Dans l’arène, pas d’honneur, car c’est avant tout le spectacle qui prime. Le spectateur attentif pouvait déceler, dans les yeux des combattants, une lueur d’espoir : pour les adultes, à chaque victoire, une petite partie des paris leur revient. Peut être pourront-ils acheter leur liberté, après tout ? Une difficulté reste de mise, c’est que lorsqu’ils ont de l’argent la plupart de leurs dépenses de survie dans l’arène sont à leurs frais, comme la réparation des armes ou armures, ou les soins administrés. Ceux qui économisent trop meurent car les maîtres sont proches de leurs sous, ils veulent gagner de l’argent, s’ils voulaient payer un salaire ils seraient mécènes pour des combattants bien plus honorables.

Je n’ai pas beaucoup de ces frais car je n’utilise pas d’arme. Les enfants, au début, n’ont pas le droit de s’en servir. Il est plus drôle de voir ces petits êtres s’affronter avec leurs bras frêles et se marteler jusqu’à se briser les doigts plutôt que d’observer l’un d’entre eux tomber lamentablement et maladroitement sur la lame rouillée de son adversaire et mourir d’un seul coup. De plus, ce que je sens en moi me fait peur. Je bois trop de sang de lycan, je pense. Ça me fait… des choses. Me sentir féroce. Brutal. Je ne veux pas de ces armes, je veux sentir mon adversaire se briser sous mes doigts. Quand je sors du combat, je regarde mes mains et je tremble. Le problème, c’est que depuis avril je suis rentré dans l’arène avec les adultes, qui sont bien plus difficiles à battre de cette façon, car leur équipement est meilleur. Je me demande s’ils feront exprès de me mettre contre de tels adversaires un jour… j’ai pour l’instant eu la chance de tomber sur des adversaires similaires. Pour me jauger, sûrement.

En ce jour ci, je dépense mon argent gagné depuis avril pour une des premières fois, à part les nécessités. J’ai beaucoup économisé pour ce moment, mais je dois rendre au divin un grand remerciement, car malgré ma condition peu enviable je suis toujours en vie. J’ai, de plus, appris à lire grâce au livret de prières que j’ai trouvé il y a longtemps déjà et que je garde toujours avec moi. Pour ce nouvel, que peu dans l’arène fêtent, j’achète de quoi me faire un autel de fortune, quelques vivres à sacrifier et une bougie. Je n’ai aucune idée de comment sont conduits les vrais rites, mais je me dis que cela suffira et que ça fait rituel avec la bougie. J’ajoute une goûte de mon sang, afin de sacrifier quelque chose qui vienne de moi. À ce niveau là, j’imagine bien que je viens de réinventer le rituel totalement, mais au fond je pense que Lumenal me pardonne car je fais luire sa lumière ici bas, ce que nul n’a fait depuis que je suis arrivé. Les autres se moquent, certains regardent avec curiosité, beaucoup n’en n’ont rien à faire. Je ne suis qu’un autre sac de chaire à sacrifier. Je n’y crois pas, les dieux ne feraient pas cela.

1er avril 336
Je crois qu’Aquaros veille vraiment sur moi. Aujourd’hui s’est produit un événement marquant : l’arène va probablement être démantelée. J’allais monter sur le ring et un homme en armure, armé de pied en cap, a débarqué en furie dans l’enceinte, lui et bien d’autres. Tenant son épée à la main et un parchemin dans l’autre, il a déclaré que ces combats étaient une utilisation illégale et non déclarée des esclaves et que ceci devait cesser immédiatement. Le maître était présent et il n’avait pas l’air satisfait de la tournure des événements. « Ce doit être une erreur », disait-il. Mais l’homme n’en démordait pas. Les combats furent annulés pour la journée, puis pour la semaine. Peut être que j’aurais enfin une vie ordinaire, dehors ?

15 avril 336
La date que j’ai fixée comme étant mon anniversaire doit être maudite. Ce jour est le 2e à rester incrusté dans ma mémoire pour toujours, car c’est ce jour là que je me suis rendu compte de la nature profondément injuste du monde. Aquaros me pardonne, mais ce jour là ma foi a vacillé. Je me suis repenti depuis mais le regret demeure.

À peine une semaine après la fermeture, réouverture pour la plupart d’entre nous. Pas moi, j’étais à nouveau soumis à un régime drastique, « pour me remettre d’aplomb », à ce qu’on m’avait dit. J’assistais quand même aux scènes de combat, pour voir mes prochains adversaire.

Le garde en qui j’avais placé mes espoirs était dans la cage. Nu. Avec une simple épée pour toute arme. Contre lui ? Trois des plus sadiques des esclaves de ce trou maudit. Bien équipés, avec des protections, mais surtout pas mal d’ustensiles, comme des fouets, des pinces, de quoi faire du feu… Sacré spectacle. Ils l’ont gardé en vie une bonne demi heure, à le tabasser de façon créative. Le désespoir était palpable dans son comportement. Il ne comprenait pas. Il ne faisait que faire appliquer la Loi ! Et il se retrouvait ici devant une foule hilare. Et la douleur… Il n’avait jamais rien demandé de tout ça. Et tout le monde s’en fichait.

Pas moi.

20 avril 336
Le manque de sang fait naître de drôles de pensées. J’allais tuer le maître. Ces jeux devaient finir. J’y suis depuis trop longtemps déjà. C’est une chose que d’envoyer à une mort sans but des esclaves sans valeur. C’en est une autre que d’utiliser son influence pour humilier et assassiner les citoyens, les justes. Qu’est ce que le système Akhantien s’il ne permet même pas à ceux qui pourtant sont censés le mériter de jouir de leur liberté ? Si on ne joue pas le jeu, si on n’adhère pas aux règles, si on remet en cause l’autorité légitime ? Je ne peux pas le supporter. Il représente tout ce qui doit arriver de mal dans ce monde, à mes yeux, influencé que je suis par les prières que je lis. Je vais l’assassiner.

Le manque de sang fait de moi une bête. Ce doit être le régime au lycan que j’ai subi des années qui remonte à la surface, incontrôlable. De fait, je suis, comme leur transformation, mû par l’instinct, qui me rend plus furtif que ce que j’aurais été si j’avais eu pleine possession de mes moyens. Ils ont sûrement raison : le manque de sang fait un bon spectacle dans l’arène… Ici aussi, le spectacle sera bon. Dommage qu’il n’y aura aucun spectateur.

À la faveur des combats, puisque j’ai toujours été assez docile, je me glisse à l’extérieur, je ne suis pas attaché, je ne suis pas surveillé. Sur une table, je dérobe une dague qui traîne, encore tachée de son utilisation récente par un peu de sang coagulé. Je le lèche sans m’en rendre compte. La perspective de me nourrir me booste encore un peu plus.

Le maître n’est pas dans sa tribune, c’est qu’il doit être occupé ailleurs. Je me demandais si on remarquerait mon absence, ce soir là ? Après tout, je n’avais pas de combat prévu dans un futur proche, je crois me rappeler… Je pense que je n’ai pas été découvert, mais de toute façon je suis vite parti, après ça.

Je ne savais pas où vivait le maître, mais je me rappelais du bordel. Je m’y rendais. J’avais bien grandi, on ne me reconnaîtrait pas. J’avais peur qu’on ne me laisserait pas entrer à cause de ma piètre tenue, mais elle était marquée du signe de la propriété du maître, donc on ne fit pas trop de remous, tant que je passais par derrière. Il était ici, dans son bureau. Devrais-je le tuer maintenant ? Plus tard ? Était-je seulement en mesure de le tuer ? Tant de questions que je ne me posais pas. Évidemment que je le tuerais ici, maintenant.

Je tape à la porte. Il ne répond pas. Je rentre sans attendre. Il était à son bureau, en train de compter de l’argent. Seul. Visiblement irrité du dérangement. Je ne sais plus ce que je prétextais. Je voulais lui parler de ma mère, à nouveau. Il esquive la question. Je me rapproche, l’air innocent. L’air intéressé de ce qu’il fait. Il me pense simplement insistant, il me somme de partir, qu’il me reparlerait plus tard. Il ne voit pas que c’est lui que je fixe. Je suis assez proche pour voir ce qu’il fait sur son bureau. Il relève la tête, ouvre la bouche une dernière fois.

Je frappe.

La dague virevolte, dans ma main, se plante directement dans sa gorge. Ses yeux s’écarquillent, il ne croit pas ce qui est en train de lui arriver. Il ouvre la bouche plusieurs fois, je ne sais toujours pas s’il voulait appeler à l’aide ou me sermonner, se rassurer à voix haute. Peu importe, aucun son ne put en sortir, à part le gargouillis du sang. Je me régale du spectacle un instant, puis je me jette sur le repas. Je me repais. Je ferme la porte du bureau à clef (clef qui est dans la porte mais qui n’avait pas été utilisée avant) et, l’esprit plus clair, je réfléchis à ce que je vais faire. Je fouille la pièce, déjà. Je me remplis les poches avec de l’argent, je prend aussi tout ce qui a l’air d’avoir de la valeur, des papiers, un genre de masque intrigant avec ses tâches mouvantes… Je récupère la dague et je repars, mais par l’extérieure, cette fois ci. Je grimpe par la fenêtre de son bureau, m’accrochant aux nombreux rebords de la bâtisse pour arriver au sol. Je cherche une cachette. Un endroit sombre, un sol meuble, je creuse à la main rapidement. J’y plonge mon butin. La dague, je la jette dans la mer au port d’Everbright, lorsque je pense que personne ne me regarde. Je rentre rapidement dans ce qui me sert de dortoir.

21 avril 336
Mon petit monde est en émoi. Le maître est mort. L’arène se dissout, tout comme le bordel, car personne n’a les fonds personnels pour reprendre l’affaire. Son business est si tentaculaire que résoudre les histoires d’héritage prendra sûrement des années. Tout le monde suspectait tout le monde, chez les citoyens libres. Moi ? Disons que personne ne me suspecte trop. Quelques personnes de peu d’importance m’ont vues brièvement rentrer mais pas sortir, elle ne se rappellent pas de ma description exacte. Je ne suis pas forcément très remarquable. Ça aurait pu être n’importe qui, déguisé qui plus est.

Les esclaves vont sûrement être revendus par la suite. Je ne suis jamais passé par la casé « marchand aux esclaves ». Je me demande ce que ça fait.

Novembre 336
C’est long, chez le marchand d’esclave. J’y reste plus ou moins 7 mois. On a pris mes mensurations, on m’a demandé mes activités passées, mon ancien propriétaire, et on m’a assigné un prix. J’attends. On me nourrit aux plus extrêmes intervalles pour faire des économies. Je n’ai pas l’air très attractif ainsi : j’ai de l’expérience, donc je coûte cher, mais je ne paie pas de mine. Je ne pense pas que quiconque veuille m’acheter un jour. Je ne peux pas non plus acheter ma liberté avec mon pactole : qui croirait qu’un esclave comme moi aurait eu l’argent nécessaire ? On me dirait que je l’ai volé, et ces gens auraient raison.

Mais je me trompais. Un homme à la mine un peu particulière, très… triste. Généralement triste. Il vient, il nous observe. Son regard semble tous nous pénétrer. Il a besoin de gardes. Le marchand vend mes mérites : il en a marre de moi. Je suis acheté. Je suis mon nouveau maître avec docilité mais je reste méfiant. Je me demande si je devrais disposer de lui aussi et essayer à nouveau de trouver ma liberté, mais il n’a rien fait de mal, donc il ne le mérite pas. Je ne suis pas un monstre. Je crois.

Il semble… différent. Il nous achète des vêtements, que nous aillons l’air présentable. Il souhaitait nous emmener à Mearian. Je voulais refuser, je ne voulais pas me rendre dans ce repère d’illuminés. Je ne le dis pas, mais je pense : « hérétiques ». Je serrais fort mon carnet dans ma poche, sans le laisser voir. Je n’eus pas le choix, de toute façon, il m’avait acheté. Peut être qu’à nous tous nous aurions pu lui résister, mais après ? Se faire marquer ? Retourner au marchand ? Non merci…

Avril 341
Grande surprise. Nous n’avons pas été achetés pour un simple prêtre en mal de protection mais pour servir une déité qui, en mal de confiance autour d’elle, est allé chercher de tristes hères au marché pour faire des missions de reconnaissance.

L’humain n’était qu’un intermédiaire.

Si à Mearian il n’y a pas de statut des esclaves, nous ne sommes pas libres pour autant. Les faux dieux sont puissants et nombreux et leur contrôle des foules absolu. C’est pour cela qu’il avait besoin de nous, pauvres esclaves : en faisant mine de magnanimité il remplissait son rôle ; en amenant des étrangers, il s’assurait qu’ils étaient complètement en dehors du système et qu’il pourrait alors leur faire confiance. Il a été clair avec nous, nous ne devions faire confiance à aucun de ses compères ni des mortels qui peuplaient ce pays, car nous étions des étrangers et donc nous n’avions aucune valeur. Nous ne pouvions lui faire confiance qu’à lui, puisqu’il avait dû faire preuve de beaucoup de précautions et dépenser pas mal d’argent pour nous acquérir, donc il avait fait un investissement qu’il ne voulait pas perdre. Cela me semblait logique et je n’avais aucun amour pour ses pairs, donc son avertissement me parut bon à suivre.

J’en profitais pour observer la société mearienne et noter qu’elle était tout aussi corrompue que celle d’Akhanta. Le peuple pouvait souffrir, personne n’en avait cure tant que les prêtres étaient nourris et les Seraphs contents. Le peuple lui même souffrait avec joie car il appréciait de voir les faux dieux, pour les réconforter. Cela me dégoûtait. Il fallait leur montrer leur erreur. Mais je ne pouvais pas encore, je n’étais qu’un simple vampire, rien de plus. Pas encore la Mascarade.

En attendant, nos missions étaient ennuyeuses. J’avais encore le goût du sang de l’arène, bien que je ne regrettais pas de l’avoir détruite par la racine. Cette période de relatif calme me permit de m’améliorer dans d’autres domaines, notamment la discrétion. Ce n’était pas mauvais à savoir. Nous étions surtout là pour récolter des informations, nous agissions peu. De toute façon, quand il le fallait, ce n’était pas nous, pauvres esclaves, qui étaient appelés.

L’un dans l’autre, mon dégoût profond pour cette période ne vient que des obligations rituelles que les Seraphs nous imposaient chaque jour. Mon maître semblait déceler ma répugnance, mais, son nom lui faisant honneur, nous avions découvert qu’il était « Chagrin », il n’en fit pas un véritable cas, tant que je pratiquais les rites. Peut être s’amusait-il de ma souffrance, ou alors la trouvait-il… belle ? Je n’ai jamais su l’expliquer.

25 juin 345
De ce que je pus appeler « maître » ou figure d’autorité, il a été la meilleure avec moi. Je conçois qu’il est un grand privilège dans la société méarienne de côtoyer ainsi un Seraph, même si je n’en éprouve aucun plaisir moi même. Je conçois aussi que nous n’étions pas la seule équipe qu’il possédait dans ce but. J’aime toutefois penser que je m’attachais à lui pour sa personnalité, même si tout le reste me repousserait à tout jamais.

Ce mois ci, toutefois, sans explication ni autre motif, il nous renvoya tous. Il n’avait plus besoin de nous, c’est tout. Nous pouvions rester à Mearian et nous intégrer ou partir, cela lui importait peu. Il n’avait même pas peur que nous révélions ce que nous savions. En tout cas il ne nous donna jamais d’instructions à ce sujet. Peut être songeait-il que le courroux des dieux était suffisant à nous tenir à carreau, ou alors que le secret de notre existence empêcherait quiconque de croire à nos boniments.

J’avais bien remarqué qu’il avait changé, que son comportement devenait de plus en plus… comme paranoïaque ? Il prenait des précautions qu’il n’avait jamais essayé de prendre avant.

Je ne savais pas quoi faire. J’étais… Libre ? Perdu. Je suis resté longtemps à Théopolis, assis sur un muret. Contemplatif ? Que faire ?

Un instinct me ramena à Everbright. Je n’avais rien d’autre à faire à Mearian et ces satanés hérétiques. J’avais déjà perdu toute une partie de ma vie dans la servitude, mais heureusement que les vampires vivaient longtemps. Je pouvais prendre le restant en main. Peut être.

5 juillet 345
J’ai eu du mal à rentrer à Everbright. Il a fallut que je navigue seul dans tout Mearian pour redescendre. Je n’ai que très peu de fonds et je ne suis pas leur modèle de croyance. Je voyage seul. Leurs différentes communautés ne veulent pas m’héberger car elles sentent qu’elles ne peuvent pas me faire confiance. On me refuse des services à de nombreuses reprises.

Éventuellement, j’arrive. Je suis bien habillé, car Chagrin prenait tout de même soin de nous, donc personne ne m’avais accusé d’être un esclave ou de prouver que je n’en étais pas un, situation à laquelle j’avais peur d’être confronté.

Cela faisait 9 ans que j’étais parti et j’avais peur du changement. Je mis à moment à reprendre mes repaires : j’avais vécu une grande partie de ma vie, peut être la quasi intégralité, à l’intérieur, donc il m’était très difficile, venant de l’extérieur de la ville, de retrouver les fameux endroits où ma vie avait commencé. Tout avait changé dans ces quartiers. Je demandais à droite à gauche, à des gens qui avaient l’air moins recommandables que d’autres, pour retrouver des points de repère. À partir de là, j’essayais de retrouver mon trésor.

Cette partie de la ville était un peu décrépite, mais elle existait toujours. Par le plus grand des hasards, ma pierre n’avait pas été bougée et c’est avec beaucoup d’appréhension que je la déplaçais moi même. Peur de tout retrouver vide, peut que derrière moi ne surgisse un garde qui aurait trouvé ce trou et laissé en piège son contenu, pendant des années, dans l’espoir de retrouver l’assassin. Rien de tout cela. Le masque, toujours présent. L’argent, présent également, quoi que je ne pourrais dire si tout s’y trouvait encore ou si quelqu’un en avait trouvé une partie. Je prenais le tout et décampais rapidement.

En comptant, ce qui m’avait paru être une fortune, pour un adolescent combattant illégal, était en vérité assez modique. Pas de quoi vivre une vie d’hédonisme et d’oisiveté. Pas de quoi vivre beaucoup d’ailleurs.

Août 345
Après être rentré à Everbright, il me fallait retrouver une place dans la société. Je n’en avais jamais vraiment eu une, pour de vrai, mais j’avais au moins un endroit où dormir et des visages familiers à observer -ou à tabasser-.

Je fus sans abri pendant un moment. Je ne savais pas comment m’y prendre pour trouver un logis et tout me paraissait désespérément cher. Je ne pouvais pas juste me construire quelque chose au hasard dans un coin. Je ne savais pas faire et on ne me laisserait pas faire.

Les dieux doivent tout de même me sourire, car j’ai trouvé, au fin fond du port, tout au bout, là où seuls les bateaux les plus sombres accostent, et de nuit, un taudis dont le propriétaire se débarrassait pour une bouchée de pain. Ça tombait bien, c’était pile ce que j’avais sur moi. Cette propriété me servirait de preuve que j’étais un citoyen libre et non un esclave. C’était à moi.

J’y vis toujours aujourd’hui. C’est aussi à ce moment que je me suis mis à écrire régulièrement à l’homme qui nous avais acheté.

Pour subvenir à mes besoins, je trouve des boulots plus ou moins légaux. Souvent pour dire d’utiliser mes gros muscles. Je compte économiser beaucoup, car j’ai besoin de voir. De voir le monde. Ça me fait du bien de savoir que j’ai une propriété ici, que je peux revenir. C’est tout ce qu’il me fallait. Je me rhabille à la mode Akhantienne avant de préparer mon départ.

Août 347
J’ai pris deux années pour parcourir le monde. Les mers étant dangereuses, je repartis vers Mearian pour pouvoir me rendre à Nueva à pied, pour voir si, là bas aussi, la corruption était commune. Je remarquais qu’à la surface, les communautés semblaient paisibles et bien organisées, avec un chef sage et vénérable, avec des institutions non invasives et bien pensées. Mais en creusant, je pouvais voir que tout n’était pas rose et que si de l’intérieur tout semblait bien se passer, le gouvernement de Nueva n’était pas mécontent de laisser ses nationaux semer le trouble dans les autres États, en investissant parfois de l’argent dans ces activités ! C’était une preuve irréfutable de leur corruption.
Je pris ensuite la route d’Ellgard pour voir si le pays était meilleur sur ce point. Que de merveilles de technologies pouvait-on y trouver ! Cela m’impressionna quelques instants, mais ici les problèmes crevaient les yeux. La hiérarchie et les inégalités étaient encore plus écrasantes qu’à Akhanta, et c’était pas peu dire pour une société sans esclaves ! Je trouve que cette soi-disant méritocratie favorise encore et toujours les puissants… Il n’y a définitivement rien à sauver de concret dans ce monde.

À part peut être les gens d’eux même.

Je rentre dans mon chez moi qui a été squatté par des esclaves en cavale qui l’ont un peu dévasté. Je les rosse en bonne et due forme et les envoie balader. Il n’ont rien volé car ils ont considéré qu’il n’y avait rien de valeur dans ce taudis autre qu’une cachette temporaire.

Ils avaient tort. Ils auraient pu empêcher la suite. Ils auraient pu voler mon visage.

1er septembre 347
Je rencontre la première situation de rectification de la corruption à Everbright que je dois corriger. Je me rencontre réellement également pour la première fois.

Je ne suis pas le gladiateur des arènes illégales des sous sols. Je ne suis pas un homme qui écoute les ordres d’un Seraph quelconque à Mearian, qui scoute pour lui, je ne suis pas docile, je ne suis pas timide, je n’écoute pas ce qu’on me dit.
Je suis brutal. Mes dures années m’ont donné des capacités que peu soupçonnent. Lorsqu’il faut survivre à tout prix, le corps défaille ou ne fait que s’adapter en s’améliorant. Le mien s’est endurci.

Sortie d’un bordel quelconque. Un garde traîne une des dames par le bras. Elle résiste. Il la gifle. Elle crie. Il est tard. Le peu de personne qui passe détourne le regard : personne ne veut de problèmes. Je revois ma mère en image. La violence. Des scènes insoupçonnées, enfouies dans mon subconscient, refont surface avec clarté. Je comprend. Je bous. Je vois ce qu’il va faire et je dois l’arrêter. Comment ? Il n’y a que moi mais on risque de me reconnaître… Je fouille mes poches. Je tombe, par hasard -pourquoi l’avais-je prise cette fois ci ?- sur l’étrange cagoule volée bien des années plus tôt à feu mon maître. Je l’enfile. Je n’ai plus rien à craindre.

Le garde ne me vit jamais arriver. Il allait commencer son affaire avec la prostituée sanglotante à ses pieds. J’arrive par derrière, sans bruit. Il me détecte néanmoins mais a à peine le temps de se retourner que je lui décolle une droite dont j’ai le secret dans la mâchoire. Alors qu’il est sonné, j’en profite pour le frapper jusqu’à ce qu’il sombre dans l’inconscience. La tâche achevée, je ne fais plus attention à la prostituée devant moi ou à l’homme mis à terre par ma pluie de coups. Je regarde mes mains. Elles sont d’une drôle de couleur… Comme au temps de l’arène… Mais cette fois ci, ce n’est pas pour ma survie, mais pour celle des autres. C’est une sensation enivrante.

Je décide de garder le masque sur moi. Dans la nuit, j’arpente les ruelles. Je me défoule sur ceux que je considère comme des criminels. Voleurs, violeurs, bandits, trafiquants. Je ne les tue pas, je les empêche, sur le coup, de procéder à leur méfait en les mettant hors d’état de nuire. Pour la première fois de peut être toute ma vie, je me sens… moi.

Je rentre, je retire mon masque, je me couche sur la maigre paillasse qu’il me reste. Il me manque quelque chose. Je m sens… différend.

2 septembre 347
J’achète ce journal que je remplis avec diligence. J’achète du papier, de l’encre, de quoi écrire et je me permet de correspondre avec le prêtre qui m’a jadis acheté pour me mettre en contact avec le Seraph. Je lui raconte ce que je pense. Je ne m’attend à rien mais je pense qu’il est important que lui et son genre sache ce que le monde est vraiment.

1er octobre 347
Je ne m’attendait pas à une réponse mais le prêtre m’a répondu. Le Seraph a bien lu mes doléances et les a prises en compte, mais en tant que citoyen d’Akhanta il ne peut rien me dire de plus. Je vais me mettre à lui écrire régulièrement, on ne sait jamais, peut être que je peux en amener à respecter les dieux anciens comme je le fais moi.

353, date exacte inconnue
Ces derniers temps ont vogué entre très remplis et un peu ennuyeux, donc je n’ai pas pris le temps de remplir mon journal. Je dois corriger le tir car je ne veux pas avoir dépensé de l’argent pour rien.

Je me suis procuré de nouveaux vêtements afin de me faire un costume distinctif, en plus de mon masque. Je ne peux pas me permettre d’être reconnu, sous aucune circonstance : mes activités ne sont pas bien reconnues et bien que je rende la société meilleure, ceux qui sont au pouvoir ne sont pas toujours de cet avis. J’ai passé la majeure partie de mon temps à sévir dans les rues les plus noires d’Everbright, -joli paradoxe, n’est ce pas-, parfois punissant la même personne plusieurs fois sans qu’elle ne comprenne que sa situation ne pouvait plus durer. Je ne crois pas avoir encore tué qui que ce soit mais j’en ai amoché quelques uns… Je suis tombé dans quelques pièges aussi. Attrapé ma part de coups. J’ai l’habitude. Je les rend bien. J’ai l’instinct de survie qu’ils ne sauraient jamais surpasser et… Le sang des lycans absorbé au travers des années bout en moi. Je m’en suis rendu compte plus que jamais lorsque la situation devient désespérée, lorsque quelqu’un essaie de me retirer mon visage… Jamais ! Vous ne me l’enlèverez jamais, vous entendez ! Rien que d’y penser, j’enrage. Je dois me calmer si je veux continuer à écrire. Je rentre dans une transe guerrière qui augmente mes forces mais m’embrouille l’esprit. C’est pour ça que je ne peux dire uniquement que je crois n’avoir tué personne, pas que je le sais. Je l’espère en tout cas.

En d’autres nouvelles, le prêtre a arrêté de me répondre. Je ne sais pas ce que j’ai dit de mal, mais il a dû mal prendre mes tentatives de… conversion, je pense. Ce n’est pas grave, je n’ai que faire d’être écouté ou non d’un usurpateur comme lui.
Je commence, toutefois, à être recherché par les autorités de plusieurs pays. Si je reste en général à Everbright, où ma tête est mise à prix, je voyage parfois. Et les autres pays n’aiment pas que la Justice soit rendue sur leur sol sans leur consentement. Heureusement que ça ne m’arrête pas, je n’ai pas que ça à penser. Je dois trouver un moyen de rendre le monde meilleur sur une échelle plus grande, mais je manque de fonds et de contacts. Je ne suis qu’un ancien esclave et je n’ai que peu de portée. Aider mon prochain suffit pour le moment.

J’ai également découvert que mon masque doit posséder des propriétés magiques, car des mages ont essayé de voir par dessus en utilisant leurs pouvoirs, et cela s’est révélé infructueux. Je leur ai bien sûr appris le prix de cette atteinte à ma vie privée. Avec mes poings. C’est rassurant de savoir qu’on ne peut pas pénétrer le secret de ce qui se cache sous le masque. Sous mon véritable visage. Sous… la Mascarade.

15 décembre 354
Chagrin m’a recontacté. Je crois que mes écrits l’ont touché. Sa lettre demande de le retrouver dans un endroit un peu obscur… Je ne sais pas si je devrais y aller. Ou comment. Je vais m’y infiltrer en tant que Mascarade et nous verrons bien. Je ne veux pas m’exposer. C’est peut être un piège, peut être qu’il gardait mes lettres pour pouvoir me reprendre. Je refuse.

20 décembre 354
C’était une bonne idée d’y aller masqué. Il ne m’a pas reconnu et il avait l’air bien changé. Mes paroles n’ont pas eu l’air d’avoir changé sa vision de la vie mais… Il a l’air différent. Il m’a introduit à pile ce dont j’avais besoin : un genre d’organisation qui cherche à rendre le monde meilleur… Ils n’ont pas l’air commode, mais de ce qu’il m’en dit, ils correspondent à mes idéaux et à mes attentes. Il me révèle que mon masque est en fait tissé avec des cristaux et que leur pouvoir est sans limite. Il m’éduque sur le passé de ce monde et ce que nous pourrions avoir si Ephraïm, puisque tout est censé être de sa faute, avait été moins fou. Ce que nous aurions pu faire à sa place. Les cristaux, dont j’ignorerais totalement l’existence si je n’avais pas vu leurs prodiges à Ellgard, seraient si puissants qu’ils pourraient tout faire.

Je ne suis pas assez fort pour procéder aux changements du monde que je voudrais voir venir seul. Cette organisation a les moyens de mettre en place ce en quoi je crois. Il est logique que je me mette à leur service… tant que nos objectifs sont similaires.

Ils se font appeler les « mages noirs ». Je ne suis pas mage mais la Mascarade leur donnera son aide. Pour un monde meilleur.

1er janvier 355
Comme tous les ans, je célèbre Lumenal de la meilleure façon que je puisse. Je le remercie cette fois ci particulièrement pour tous les bienfaits qu’il m’a accordé, malgré ma condition de vampire.

Normalement, j’institue une trêve le 1er janvier car je n’ai pas le temps pour le monde lorsque mon attention est toute entière dévouée au divin. Je fais une exception pour les mages noirs et je leur prête ma force pour leurs opérations. Ils tentent de faire pencher le monde en leur faveur sans trop révéler leur existence. Les gens doivent se rendre compte par eux même qu’ils courent à leur propre perte et par conséquent se changer eux même, pour être prêts à subir le changement que nous allons leur apporter ensuite. J’ai dit aux mages noirs que Victor était un de leurs dévoués serviteurs, dans l’ombre, et qu’il serait un agent de leur message discret, tandis que la Mascarade serait un bras armé plus visible. Maintenant, quand je me balade en civil, je brandis un panneau « LA FIN EST PROCHE » pour que tous puissent le voir. Je raconte aux curieux où va le monde. Les autorités akhantiennes ne font rien car nous avons la liberté de conscience.

Et, au fond, ils savent. La fin est vraiment proche.

360
Mon travail me prend de plus en plus de temps et je néglige à nouveau mon journal. J’ai tendance à penser que mes journées ne sont pas aussi intéressantes que ce que j’aimerais le croire et ne méritent pas d’être couchées sur le papier. J’ai tout de même ressenti un changement chez moi que le lecteur doit connaître.

Le masque me change, je le sais. Ce n’est pas une mauvaise chose, je suis même plutôt content : je découvre ma véritable personnalité lorsque je le mets. Quand je l’enlève, c’est comme si je retournais dans un genre de léthargie désagréable. Le monde est plus lent, plus gris, plus fade. Je le retire de moins en moins, même si ça reste nécessaire pour soutenir mon rythme de vie et au moins dormir ou me cacher. Je ne peux pas tout le temps être la Mascarade. Tant pis.

[Les pages suivantes sont remplies de rapports sur les prises du jour et l’évolution de mes méthodes de travail. Plus de violence, moins de parlotte. Elles sont toutes très similaires et n’apporteraint que peu au récit.]

15 mai 387
J’ai reçu de mon informant une rumeur, comme quoi des trafiquants prépareraient un coup non loin du port d’Everbright, dans une de ses artères sur la côte. À la faveur de la lune, ils échangeraient des esclaves illégalement acquis dans une très fructueuse transaction. Pas si j’ai mon mot à dire.

25 mai 387
C’est en tremblant que je note la pire des humiliations que j’ai subie à ce jour. Usant de mon identité en tant que Victor, je me suis rapproché dans les alentours de l’endroit où aurait lieu la transaction. J’allais agir. Je VOULAIS agir. Il y avait une 3e force, on ne m’avait pas prévenu. J’allais mettre mon masque lorsqu’ils sont arrivés. Les pirates. Ils débarquent, ils cassent tout, ils tuent les deux camps adverses, raflent les esclaves et partent en un éclair. Je suis bousculé dans la boue et laissé là, tétanisé, incapable de mettre mon masque à cet instant à cause de l’imprévu. Je suis rentré et j’ai dévasté ma propre maison dans un élan de rage berserker incontrôlé. Je retrouverai ces pirates. Je les aurai.

392
Ma chasse aux pirates me prend la majeure partie de mon temps. J’ai appris le nom de ma rivale, la capitaine du navire qui a fait capoter ma mission. Grimborne. Je me rapproche doucement. Ses mouvements sont discrets, à moins qu’elle ne fasse un gros coup, mais le déplacement par la mer me prend de court, je ne suis pas capable de la rattraper, juste d’arriver après coup sur les restes encore chauds de ses opérations. Mais je ne suis pas loin derrière. Je l’aurai.

En attendant, mes activités dans le cadre des mages noirs souffrent un peu de cette chasse interminable mais… peu importe, il fallait résoudre cette affaire et vite.

395
Le Roi est mort, vive le Roi. Aussi pourri que l’autre, toujours en coopération avec les hérétiques de Mearian. J’espère qu’il verra la qualité de mes actions et retirera le prix sur ma tête. Je n’ai pas beaucoup d’espoir là dessus.

5 mars 407
J’ai tout de même dû arrêter ma chasse aux pirates pendant un moment… Mes autres responsabilités ne pouvaient plus attendre. C’est dommage, mais bon. J’ai donc passé tout mon temps, ces dernières années, à reprendre mes activités normales de chasse aux criminels et mes petits boulots pour les mages noirs, ainsi que quelques activités destinées à produire du revenu en tant que Victor. Mais je n’oublie jamais. J’ai eu une piste. Je vais l’avoir de court cette fois, c’est sûr !

12 juin 407
Attraper cette pirate se révèle plus difficile que prévu. Je dois faire ça dans les règles de l’art et… c’est difficile. Je savais que la pirate allait faire un coup dans les réserves des sirènes. Elle allait s’approprier tous leurs sang-mêlés, qui par la Loi leur revenaient de droit. Je devais mettre fin à ses méfaits.

J’approche les autorités compétentes sous l’identité de la Mascarade et je les convainc de ne pas m’arrêter sur le champ grâce à ces informations. Notre traquenard est mis en place, je participe car je dois aborder en première ligne le navire de Grimborne, je dois l’arrêter moi même. Lui montrer ce qu’est ma Justice.

Elle ne se laisse pas avoir. Elle ne tombe pas dans notre piège et la bataille fait rage. Nous avons la supériorité numérique et la puissance de feu mais les courants lui sont favorables et son navire est plus élancé, plus rapide. Elle nous rend coup pour coup en eau difficile. Je ne désespère pas, nous allons mener le combat sur son navire assez rapidement, car nous avions un filet assez large de mit en place.

Le navire sur lequel j’étais s’approche assez pour qu’on puisse enfin aborder. Je m’élance le premier, je suis prêt à mener l’assaut. Elle manœuvre avec brio, on ne peut pas lui enlever, protégée par son équipage tandis qu’elle tente d’éloigner son vaisseau du notre. Dans notre joute nous oublions une chose. Ces eaux sont dangereuses. Les sirènes commencent à s’éloigner aussi, laissant ceux qui avaient abordé le vaisseau à la merci des pirates. Et d’autre chose aussi…

Le dragon des eaux. Une sacré bestiole. Elle garde l’accès maritime à Fhaedren de ce côté. Nous sommes sur son territoire. Il n’est pas content.

Il déchaîne sa fureur sur nous. Plus qu’une idée en tête : fuir. Nous somme sobligés de coopérer avec l’équipage pour avoir notre chance de survivre. Ceux qui peuvent essaient de faire fuir la bête en lui tirant dessus avec leurs armes ou en l’attaquant. C’est peine perdue. Personnellement, je prépare un canot de secours, le vaisseau est perdu. Je lance un regard en arrière. Grimborne défie la bête. Elle va l’attaquer cette folle ! Je ne peux pas laisser faire ça, si elle meurt dans ces circonstances je n’aurai pas lavé l’affront qu’elle m’a fait. Je fonce, je la pousse hors de la portée de la bête qui attaque. Trop tard, elle est touchée. Pas le temps de tergiverser, je l’emmène avec moi sur la barque. Nous partons.

Nous avons eu beaucoup de chance de survivre. Je remarquais pendant le voyage qu’elle était elle aussi un vampire et la nourrit d’un peu de mon sang pour assurer sa survie malgré la perte de son sang, sa blessure terrible. J’ai fait mon meilleur garrot mais je ne peux pas l’aider plus. Ce serait aller contre mes valeurs. Et je n’ai pas de magie régénératrice de toute façon, qu’elle se débrouille.

Juillet 407
J’ai appris que la guerre était déclarée entre Mearian et Ellgard et qu’Akhanta tenait en théorie avec Mearian. Quelle folie. Si ce n’est pas un signe de la fin des temps, je me demande ce que c’est. Qu’ils s’entre détruisent, pour ce que ça me fait. Nous pourrons mieux reconstruire au dessus de ces ruines.

Plus important, je sais que Grimborne est toujours en vie. Je n’en ai pas fini avec elle. Nous nous retrouverons.

Juin 417
En plus de la guerre qui n’en finit plus, Ellgard se prend récemment une guerre civile. Quand Nueva va s’impliquer militairement pour de vrai, nous aurons tous les éléments pour que les mages noirs et leurs sympathisants, nous, puissent enfin agir. Sortir de l’ombre. Ça ne devrait plus prendre trop de temps… La Justice sera rendue pour tous. Au delà de moi, c’est la Justice suprême que vous subirez tous. Je suis prêt à aider à ce qu’elle soit rendue, je l’attend de tout mon cœur. Quant aux méchants et aux impurs… Craignez nous.
J'vais te patater la tronche avec tes 11k toi.
Tu peux toujours essayer Victor "Mascarade" Skaare, justicier masqué, My Love for you is like a Truck 351090716