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Lucius Primo Augustalis

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Primo Augustalis Lucius

Civil ; Prophète errant

Identité

  • Race : Mythologique ; inspiré des esclaves dorés d'Héphaïstos
  • Âge : Ancien
  • Orientation sexuelle : Hétérosexuel
  • Situation personnelle : Célibataire
  • Nationalité : Apatride, va là où ses visions l’emmènent

Points de caractéristiques

  • Physique :
  • Agilité :
  • Force :
  • Endurance :
  • (Techno)magie :
  • Mana :
  • Puissance :
  • Contrôle :

Compétences [0/3 slots]

La magie de Lucius se divise globalement en deux axes distincts, mais intimement liés : ses dons liés à ses capacités prophétiques et de maîtrise de la lumière, et sa capacité à créer et à manipuler la vie. Toutes ses créations partagent plusieurs points communs : elles ont généralement une durée de vie très éphémère, et ressemblent à des masses de chair musculeuses, parcourues par d’épaisses artères lumineuses dans lesquelles pulse le même sang (plus proche de l’or liquide et brillant que de l’hémoglobine classique) que possède Lucius. Si l’apparence de ces dernières est souvent terrifiante, il y a cependant dans leurs corps profilés et dans le but martial et apparent de leurs membres une esthétique indéniable et primale. p>

Révélations primordiales :

Des yeux aveugles, et pourtant ouverts. Une vérité inacceptable s’impose.

L’esprit de Lucius est en permanence assailli par des visions, révélant indistinctement aussi bien ce qui est que ce qui doit ou ne doit pas être, ou ce qui sera ou a été. Le prophète est plus la victime que le bénéficiaire de son pouvoir, ce dernier rendant plus que précaire sa santé mentale et sa capacité à comprendre son environnement ou à interagir avec ses semblables. Il a pour alléger (au moins en partie) le poids de ce fardeau caché ses yeux sous un masque épais, qu’il se refuse quelle que soit la raison à enlever. Il n’est pourtant pas aveugle, et dispose au contraire d’une vision perçante et panoramique, seul avantage de ses dons de voyant. Si ses yeux venaient à être dévoilés, il devrait à nouveau subir de plein fouet le torrent de ses visions, surchargeant son esprit d’informations et le réduisant rapidement à un état catatonique proche de l’épilepsie.

Pulsion créatrice :

Réparer ce qui a été brisé, supprimer l’imperfection. La chair mortelle est sublimée.

Lucius forme à partir de son bras droit un ou plusieurs tentacules de chair, qu’il projette droit devant lui. Plus il injecte de mana dans ces derniers, plus ils croissent et deviennent grand. Plus son contrôle sur sa magie est important, plus il peut les manier avec précision. Plus sa puissance magique est élevée, plus ils peuvent s’abattre avec force. C’est son principal moyen de défense, et un sort qu’il utilisera régulièrement s’il s’estime en danger.

Prolifération rampante :

Un domaine souverain. Un temple sacré, qui ne saurait souffrir d’intrusion.

Lucius étend autour de lui une masse de chair qui vient recouvrir le sol et les murs qu’elle rencontre. Si cette dernière ralentit quelque peu, de part son aspect spongieux et collant, les adversaires du mage, elle n’a par elle-même que peu d’effets. En revanche, elle modifie et améliore les propriétés de certains de ses sorts, quand elle n’est pas obligatoire pour pouvoir les lancer. Lucius doit, pour maintenir le tissu organique en vie, l’alimenter constamment en magie, et ce dernier se décomposera rapidement s’il s’en éloigne trop ou coupe cet approvisionnement.

Physique


L’observateur médusé qui porterait son regard sur la figure de Lucius réaliserait rapidement une vérité, avant de prendre en compte toute autre considération : ce n’est pas là un être naturel, une créature façonnée par les errances de la Nature. Il y a dans la forme physique du jeune homme une volonté apparente, un propos qui se fait entendre avec une clarté prophétique pour qui le contemple. Il suffit de regarder le tissu satiné qui recouvre sa chair, cette peau couleur de miel à l’épaisseur diaphane sous laquelle pulse avec un rythme de cantique sacré le jeu brillant de ses veines chargées d’un ichor doré. Il suffit de contempler la forme éthérée de son visage, mêlant des traits masculins et féminins en une harmonie irréelle, le contour invitant de sa bouche et l’arrête droite et fière de sa mâchoire. Il semble pareil à ces chefs-d’œuvre issus des rêves les plus inspirés des sculpteurs anciens, et s’impose à l’existence plus qu’il n’en fait partie, comme si sa seule présence inspirait une forme de dévotion aveugle et frénétique. Ces cheveux tombent sur son front en un halo de lumière, encadrant les cornes rougeoyantes qui se recourbent autour de sa tête, leurs pointes recouvertes de traits d’or traçant des sillons courbes et élégants. Ses oreilles pointues et son nez au tracé régalien ajoutent à ce tableau la touche de noblesse suffisante pour sublimer son allure d’éphèbe, complétant enfin son portrait.

Son corps aux allures de spire semble suivre la même logique. Lucius est grand, s’élevant à presque un mètre quatre-vingt-dix, et dispose de membres fins et élancés, prolongés par des doigts de pianiste. Habillé par des vêtements serrés, souvent dans des tons rouges et dorés, sa silhouette fine et élégante et les ornements précieux dont il se pare régulièrement parachèvent de lui donner le côté patricien auquel son nom semble le prédestiner. Il exhibe notamment au niveau du cou une sorte de collier géant, décrivant un arc de cercle allant d’une épaule à l’autre, semblant presque léviter derrière lui et entourer sa tête d’un halo figuratif. Si son apparence suffit à indiquer ses origines mystiques, son sang en est quant à lui une preuve indéniable. Doré et lumineux, il a une consistance particulièrement épaisse, et se solidifie rapidement au contact de l’air, prenant un aspect métallique proche de l’or le plus pur.

Pourtant, ce n’est pas la beauté du personnage qui frappera celui qui le rencontre pour la première fois. Il y a en lui quelque chose de fondamentalement brisé, ou plus précisément d’incomplet, quelque chose qui éclipse cette impression harmonieuse qui devrait normalement émaner de lui. Le signe le plus évident reste le bandeau qui recouvre la partie supérieure de son visage, cachant intégralement. Celui qui regarderait en-dessous découvrirait un spectacle désolé, un pan de chair marqué par des stigmates semant sa peau de cratères rouge vif. Ses yeux sont plus proche de deux trous béants, ses paupières ayant depuis longtemps complètement disparues. Seules deux orbes d’un jaune flamboyant, pareils à une coulée de métal en fusion habitent l’abysse de ses yeux, leur lumière irradiant de toute sa chaleur le pourtour de ses orbites. Son corps est tout entier marqué par les mêmes cicatrices, sa peau fertile laissant fleurir des motifs ésotériques s’entrecroisant en d’étranges arabesques, se faisant une fresque lyrique de douleur et de sens métaphorique. Il n’est donc pas étonnant que son corps accuse difficilement le poids de l’histoire qu’il semble porter. Maigre, ses cotes saillantes ressortent à travers une musculature discrète et maladive, venant certes renforcer l’aspect aérien de sa présence, mais ajoutant à ses airs un arrière-bouquet maladif, et fragile, comme si l’approcher de trop près risquait de le briser.

Malgré sa cécité, Lucius parvient sans difficulté à se repérer dans l’espace. Il n’est hélas pas le plus agile des hommes, et est même particulièrement maladroit. Il se cogne souvent contre les gens et les objets, et a du mal à effectuer sans encombre une tache manuelle, aussi simple soit-elle. Ses muscles défaillants le trahissent souvent, et il se retrouve rapidement à bout de souffle lors d’un exercice trop prolongé. Son corps fonctionne avec une efficacité bien moindre que celui de ses pairs malgré ses origines surnaturelles, témoignant avec le moindre de ses gestes des douleurs qu’il porte encore sur lui. Sa voix quant à elle a aussi été très affectée. S’il est capable de parler, et s’il possède un timbre clair et enchanteur, le faire trop longtemps l’essouffle rapidement, et lui donne l’impression que sa gorge se déchire. Il choisira donc fort logiquement de rester silencieux aussi souvent que possible, et ne parlera que par segments courts et rapides. Enfin, son bras gauche est totalement mutilé, et ressemble à partir de son coude à un moignon mal cicatrisé, certains lambeaux épais de chair pendant encore à son extrémité. S’il le cache généralement sous ses vêtements, il est difficile de réellement camoufler son infirmité à un observateur un tant soit peu attentif.

Caractère



La psyché de Lucius est d’abord façonnée par ses pouvoirs. Ne voyant et ne comprenant pas le monde de la même manière que ses pairs, il est assez logique qu’il manifeste quelques différences. Assez peu intégré à la société, il survit en marge de cette dernière, ne se mêlant aux gens qu’avec une très grande parcimonie. Il a de fait d’énormes difficultés à se lier à eux, et plus encore à rester longtemps concentré sur une conversation. Les diverses hallucinations qui hantent son quotidien, qu’elles soient visuelles ou auditives, rendent en effet son intégration très délicate. S’il apparait pour un observateur extérieur à peu près normal, si l’on occulte son côté excentrique et son style de vie particulier, son monde intérieur est un paysage chaotique et tumultueux, toujours changeant. Il considère avec distance ses semblables, et a du mal à faire preuve de la forme même la plus basique d’empathie. S’il suit quand il le peut pour guider ses actions un code moral, ce dernier reste très flexible et existe plus par un besoin de structure et de logique que parce qu’il souhaite éviter de heurter d’autres êtres vivants. Il a de fait beaucoup de mal à se souvenir des noms des gens qu’il rencontre, ou à associer leurs visages à leurs identités respectives.

S’il est capable de voir autour de lui malgré le bandeau qui lui recouvre les yeux, il doit en permanence faire face à des visions qui viennent se surimposer à la réalité, quand elle ne la remplace pas totalement. Ces dernières n’ont pas forcément de sens, et peuvent montrer aussi bien le passé, qu’un futur possible ou quelque chose qui se passe ailleurs en ce moment. Outre le fait qu’il ait donc souvent du mal à différencier la réalité du délire, et à comprendre son environnement immédiat, cela accapare en permanence une bonne partie de ses ressources mentales, et le fatigue extrêmement rapidement. Il est malgré cela d’une formidable agilité mentale, et a à force d’être en permanence forcé à analyser les informations que ses pouvoirs lui imposent développer une manière de penser particulièrement efficace, bien que portant en elle certains éléments obsessionnels. Il est animé par un désir de comprendre et de connaître, et amasse avec un appétit vorace les informations, tentant de les relier entre elle pour satisfaire son désir maniaque de comprendre les motifs récurrents qui sous-tendent la logique de ce monde. Il ne croit donc fort logiquement pas hasard, et si ses visions lui montrent que plusieurs futurs sont possibles, cette manière de voir les choses le fait parfois passer à côté d’éléments normalement évidents.

Il faut malgré cela qu’il soit pour fonctionner animé par quelque chose. Si la présence de ses semblables et les désirs qui les animent normalement le laissent totalement indifférents, c’est encore une fois sa soif de comprendre qui le pousse à avancer. Cette dernière n’est cependant pas de la même nature que celle que l’on pourrait trouver chez un académicien plus classique. Lucius entend percer les secrets du monde, et comprendre les mystères qui entourent aussi bien ses origines que ses pouvoirs. Il est prêt à tout pour cela, et s’il tentera en temps normal de ne pas exercer d’influence négative sur ses pairs, le temps s’est depuis longtemps chargé de tempérer sa nature douce et aimante. Seul son but l’anime désormais, et il est prêt à tous les sacrifices pour parvenir à ses fins.

Son esprit porte sans surprise les stigmates de son existence. Si l’on peut expliquer, au moins en partie, ses hallucinations comme le contrecoup de ses pouvoirs, il est plus dur de comprendre ainsi les autres parties les plus fragiles de sa psyché. Il lui arrivera souvent de monologuer, faisant seul les questions et les réponses, répondant à des voix sans qu’il ne sache lui-même s’il fait à la fois les questions et les réponses ou s’il converse avec un invité imprévu de son cerveau. Lors de ses crises les plus graves, il lui arrivera fréquemment de douter de sa propre identité, voire même de la confondre partiellement avec celle d’une autre personne. Il a cependant parfaitement conscience de cette vulnérabilité, et tentera souvent lors de ses moments les plus lucides de modérer ses réactions, allant jusqu’à douter de lui-même ou de la réalité qui s’étale en face de lui. Curieusement, se guérir ne fait pas partie de ses priorités, à tel point qu’il ne se questionne jamais sur le sujet. Il estime que ses troubles sont une part intrinsèque de sa personne, et lie leur apparition à un moment charnière de son histoire.

Histoire



Sa peau se flétrissait sur ses os et ses muscles et tombait à ses pieds, les entourant d’un halo de flocons de neige rose. Personne à part lui ne semblait s’en rendre compte dans le flot agité des passants qui se pressaient autour de lui. Il en était pourtant certain. Il s’en rendait compte, même si personne d’autre ne semblait s’apercevoir du tragique de sa situation. Il le sentait, comme il sentait l’odeur électrique de l’azote que dégageait en tombant son épiderme. Il regarda autour de lui, ses orbites aveugles scrutant avec attention les visages des êtres qui marchaient. Leurs faces cyclopéennes semblaient pareilles à des masques de cire, jaunes et fondues, absorbant faiblement la lumière du jour et mollissant sous son action. Et maintenant qu’il marchait parmi eux, il devait agir.

Pourquoi ?

Il le devait, parce que c’était nécessaire.

Un sophisme.

Pourquoi alors ?

Nous savons. Les visions nous guident. La vision nous parle. Il le faut, pour que La Lumière ne brûle pas nos nerfs et que nous soyons plus un tas de chair parcouru seulement de courants électriques générés par des impulsions aléatoires. L’esprit n’est rien sans une volonté pour le guider. L’esprit n’est pas la volonté. L’esprit est le résultat imparfait d’un amas cellulaire et de pulsations rythmique. L’esprit est désordre. L’Esprit, en revanche, est ordonné. Comme un métronome qui marquerait l’écoulement immuable de l’ichor dans les artères divines et les secondes qui passeraient et emmèneraient avec elles les forces vitales d’un humain et la solidité de son esprit et comme le flot des vagues qui attaquerait l’intégrité de la falaise jusqu’à ce que celle-ci devienne craie et aille se mêler à l’écume bouillonnante.

Je ne comprends pas.

Nous savons.

Parle-moi. Parle-toi.

Tu as déjà la réponse. Regarde à l’intérieur de nous. Tourne ta vision, et contemple le chemin que tu as parcouru. Regarde la trace laissée par nos pas, et regarde ce qui reste de toi, et ce qu’il nous reste à être.


Il était né il y avait de cela longtemps. Il ne saurait pas exactement dire quand. Longtemps était de toute façon un mot suffisamment précis pour donner une idée du temps qui s’était passé depuis sa création, depuis sa fabrication. Il n’avait pas, dans ses souvenirs, de géniteur. Il n’était pas sorti d’un ventre de chair, mais était né d’un œuf doré et visqueux, d’une matrice de métal en fusion, suspendue au plafond d’une caverne comme un fruit juteux, sa chair liquide gouttant petit à petit dans l’eau du lac en contrebas, se mélangeant à son eau en volutes qui irradiaient comme des rayons de soleil, jetant sur les aspérités crues de la caverne des reflets ésotériques qui semblaient déformer leurs géométries. Il resta longtemps là, à baigner dans un mélange alchimique et ancien, à incuber dans son liquide amniotique, sa conscience à peine formée incapable de comprendre ce qui lui arrivait, et son regard pourtant déjà tourné vers l’extérieur, contemplant avec fascination son monde. Il voyait dans les creux de la pierre la mousse bioluminescente dont la lumière bleuâtre peinait à exister face à la radieuse incandescence de sa chrysalide. Il voyait les créatures marines qui survivait dans l’écosystème moribond du lac, asphyxiées par les projections fondues de son corps, leurs mâchoires affamées se refermant sur la précieuse manne qu’il dispensait, sans jamais réussir à être totalement rassasiées. Il les vit se dévorer, saisies par un instinct fait d’amour pur, et se mettre à mort dans un immense sacrifice propitiatoire, dans une orgie indécente de corps emmêlés et d’yeux brillants comme des phares. Il vit les plantes saxifrages percer la roche, leur tiges tendues vers lui comme des bras suppliants, leurs feuilles tremblant au rythme d’une brise inexistante et d’un chant muet. Et quand enfin la dernière goutte de sa matrice coula dans le bouillon originel qui s’ouvrait maintenant sous elle, et qu’elle s’ouvrit comme une corolle desséchée pour y laisser tomber son précieux équipage, il vit sa chute. Son petit corps poupin, à peine formé, traversant l’abysse noire des profondeurs chtoniennes dans un sifflement assourdissant fait de silence et de promesses pour s’enfoncer dans la boue dorée du lac.

Commandé par un instinct supérieur, il rampa hors de celle-ci, ses poumons pleins du liquide divin, et en sortit, se trainant sur la pierre et laissant derrière lui une trainée solaire qui fit fumer la roche souterraine. Il se redressa, ses grands yeux de bébé scrutant pour la première fois son environnement sans aide extérieure, ses narines inspirant goulument l’air rance de l’endroit, chassant l’odeur de chair métallique qui avait été la sienne pendant si longtemps. Il était. Il avait cessé de dépendre, pour devenir et être. Il se regarda brièvement, agitant ses doigts potelés devant ses yeux, tournant vers lui sa vision. Il était un être amorphe, une larve à peine capable de se tenir sur ses deux membres postérieurs, ses yeux encore bouffis et son crâne encore mou. Il voulut se mettre en route, mais son corps le trahit, et il se retrouva rapidement à devoir marcher à quatre pattes, la roche écorchant ses genoux et la paume de ses mains. Curieusement, il ressentait la douleur de manière très extérieure. Il avait conscience que cette dernière devait normalement représenter une gêne, mais le fait était que même si ses membres meurtris laissaient derrière lui un sillage sanguinolent, cela ne constituait pour lui qu’une information très distante, rapidement repoussée aux confins les plus lointains de son cortex. Il rampa donc, jusqu’à que ce que son corps épuisé refuse de bouger. La dernière chose qu’il vit avant que les ténèbres ne recouvrent totalement son champ de vision fut deux mains larges et caleuses, l’enserrant avec l’avidité affable d’un prédateur.

Il se réveilla quelques heures plus tard, et regarda autour de lui, une peur primale résonnant sourdement dans la partie la plus primitive de son cerveau. Il nota avec amusement (et une pointe d’inquiétude) que son esprit n’était pas totalement débarrassé des imperfections propres à ses congénères, avant de se reconcentrer sur la terreur qu’il éprouvait en ce moment. Il se trouvait emmitouflé dans des bandages faits d’un tissu rêche et grossier, les fibres grattant désagréablement sa peau délicate. La pièce qui se dévoilait à ses yeux curieux semblait d’apparence modeste, toute entière taillée dans une pierre dure et grossière, le mobilier suivant le même exemple. Il tenta de faire entendre ses protestations courroucées, mais ne parvint qu’à pousser un cri inarticulé, attirant l’attention de son geôlier. La haute silhouette posa sur lui des doigts sacrilèges, le soulevant et l’amenant vers son visage. Il tenta de le repousser de ses mains, mais ses doigts malhabiles ne parvinrent qu’à errer sur sa face, tâtonnant maladroitement sans y trouver de prise. Le géant sourit, et ouvrit la bouche, sa voix rocailleuse emplissant l’esprit de la créature. Il l'appela son fils, sa bénédiction divine, et lui donna un nom. Lucius.


Il secoua la tête, chassant ces futiles réminiscences. Il avait à mieux à faire que de se rappeler de ces moments honteux de sa vie. Il était faible alors. Plus que physiquement, il l’avait été mentalement. Plus que faible, il avait été incomplet, imparfait, son but distant et flou comme un mirage, ses membres se débattant sans aucun fil directeur, sans aucune volonté capable de transcender ses instincts primitifs. Il était aujourd’hui plus que cela, plus qu’une simple pompe à oxygène, plus que la somme des mécanismes moléculaires de son corps. Il avait conscience de chaque cellule, de chaque procédé, du plus humble échange osmotique à l’activité électrique de son cerveau.

Et pourtant, nous errons.

Pas encore.

Pas encore, parce que tu ne veux pas que nous parlions, ou pas encore, parce que nous n’errons pour le moment pas ?

Nous savons très bien quel était le sens de mon propos.

Avons-nous vraiment changé, depuis cette époque ? Ne sommes-nous pas toujours un insecte amorphe, un simulacre incapable de supporter la pleine intensité de notre propos ? Après tout, tu n’as pas mentionné ce qui…

Non.

Peut-être manques-tu encore de clarté. Souviens-toi.


Le développement de ses facultés mentales et la maturation de son esprit eut sur le jeune Lucius un effet singulier. Il oublia ses capacités précédentes, et repoussa dans un coin obscur et oublié de sa mémoire ses considérations les plus agressives. Maintenant qu’il maîtrisait le langage, qu’il pouvait parler et penser et communiquer autrement que par l’osmose bouillonnante des idées et des concepts, que sa bouche pouvait laisser couler des mots, son mental suivait. Il oublia sa mission, et la matrice d’or qui l’avait nourri pendant des siècles. Il oublia le chant silencieux du métal de se peau et les vibrations du cristal de ses os, et porta son regard hors de son noyau, pour regarder autour de lui. Son père adoptif était un homme simple, un fermier veuf qui labourait son champ le jour, son dos courbé se mouillant sous la chaleur du soleil, et qui s’occupait de lui le soir, son regard aimant le regardant avec une fascination affamée qu’il peinait à dissimuler. Lucius était un enfant simple, qui appréciait les choses de la vie, un être solaire au sourire radieux et au tempérament facile. Il ne lui fallut guère de temps malgré son apparence exotique pour se familiariser avec les enfants du village voisin, ces derniers le considérant avec une forme muette et distante d’admiration, comme s’ils avaient sous les yeux un trésor fragile et magnifique, et que respirer trop fort ou trop proche de ce dernier aurait été un affront impardonnable. L’enfant ne s’en formalisa pas, acceptant avec un contentement résigné de ne pas pouvoir réellement s’intégrer parmi eux. Il vécut ainsi jusqu’à l’âge de ses douze ans, fleurissant sous l’amour béat de ses semblables, vivant parmi eux sans jamais réellement faire partie de leur groupe. Jusqu’à ce qu’il chante.

Il ne savait pas pourquoi il l’avait fait. Peut-être était-ce simplement un jeu enfantin, peut-être était-ce une envie qui couvait en lui depuis longtemps. Peut-être encore était-ce tout simplement une fatalité inévitable, un destin tragique et beau qui lui était promis depuis sa conception. Sa bouche s’ouvrit, et son souffle s’envola, résonnant entre les murs sales du hameau. Il chanta la lumière du jour, il parla de l’espoir qui brillait le soir, de l’amour promis et jamais obtenu. Ses paroles ne semblaient pas être totalement les siennes, et son inspiration semblait réellement de nature divine. De sa bouche ne sortirent pas de simples mots, mais l’évocation véritable de concepts et d’idées, charriant avec eux une essence primale et pure. Le cantique semblait ne pas réellement lui appartenir, ses paroles jaillissant malgré lui des profondeurs de son être, emplissant l’espace avec une impérieuse certitude, soumettant à un ravissement béat les spectateurs de sa performance. Le temps sembla un instant s’arrêter, et quand enfin il se tut, satisfait, il laissa un long soupir s’échapper de sa gorge. Il avait accompli quelque chose de beau, une chose vers laquelle tout son être avait tendu, sans même qu’il s’en rende compte. Toutes ses cellules, du neurone survolté à plus humble fibre musculaire vibraient avec une allégresse joyeuse et furieuse au rythme de son chant, comme si ce dernier trouvait au plus profond de ses entrailles nouées une caverne fertile dans laquelle résonner encore. Il porta autour de lui un regard épanoui, et vit avec stupeur les visages pétris d’adoration de la foule. Ces derniers tendaient vers lui des doigts tremblants et lui adressaient des suppliques, leurs lèvres silencieuses s’agitant vainement pour tenter d’exprimer toute la plénitude de leur désir. Lucius les regarda un instant, et entama un nouveau couplet, ravi que sa voix puisse apporter autant de bonheur à sa communauté. Ce qu’il faisait était bon, se dit-il.

Durant les mois qui suivirent, le village se transforma lentement sous l’effet de son influence. Il avait toujours été isolé et admiré de loin, mais ce phénomène pris une toute nouvelle ampleur. Les gens s’écartaient sur son chemin, leurs fronts s’empressant de se baisser pour lui témoigner le respect qu’ils pensaient lui devoir, et refusaient de le laisser participer aux travaux de la journée, de peur qu’il s’abime les mains ou se blesse. Les enfants refusaient maintenant totalement de jouer avec lui de peur qu’il se blesse, et ses jours s’écoulaient dans une torpeur ahurie, alors qu’il contemplait, spectateur forcé, la vie des autres. Le soir, la population se réunissait sur la place, afin de pouvoir venir le contempler. Le jeune garçon craignait de voir ainsi son influence grandir, et voyait la lumière qu’il allumait dans les yeux écarquillés de ses pairs une illumination envahissante qui prenait chaque jour une ampleur un peu plus inquiétante. C’était comme si tout leur être s’était d’un coup vidé pour mieux accueillir son message, et comme si chacune de ses paroles définissait maintenant leur existence. Il tenta bien une fois ou deux de cesser de chanter, prétextant une maladie ou un accès de fatigue soudain. La première fois, les villageois semblèrent l’accepter, bien que le spectacle visages tristes et fermés ait alors provoqué chez lui un véritable regret. La deuxième fois, lorsqu’il voulut prolonger son repos, il comprit rapidement en voyant leurs mines nerveuses et leurs visages tremblants que cela ne pouvait rien donner bon. Il craignit pour sa vie, quand leurs demandes se firent trop pressantes et leurs gestes trop envahissants. Il continua alors, se disant que puisqu’il éprouvait du plaisir à chanter et que ses amis voulaient l’entendre avec autant de ferveur, il n’y avait aucun mal à continuer. Jusqu’au jour où vinrent les soldats du roi. Ce dernier était connu tant pour sa justesse et la prospérité qu’il apportait à son peuple que pour son amour des arts, et se représenter devant lui était généralement le couronnement de la carrière d’un artiste. La renommée de l’enfant avait visiblement atteint les oreilles de leur seigneur, et ce dernier voulait profiter en personne de ce spectacle dont on lui avait tant vanté les mérites. Voyant là une occasion de faire partager avec le plus grand nombre possible ses talents, Lucius accepta avec ravissement de suivre le détachement de soldats, promettant à son père adoptif de revenir rapidement le voir. Ce dernier avait depuis longtemps cessé de le voir vraiment comme son fils, rejoignant le reste de la congrégation dans cette attitude béate de vénération. Comme eux, il le regarda partir avec une sorte de résignation impuissante, les couleurs de son monde se teintant d’un gris catatonique.

Il fut pendant leur voyage traité avec des égards quasi-royaux, son sourire paraissant à son escorte un soleil dangereusement fascinant, ses mots de remerciement du miel à leurs oreilles, et ses intonations lorsque le soir ils se regroupaient devant la lueur fugitive du feu une annonciation divine, qui soulevait leurs âmes hors de leurs corps. Il finit par se tenir devant la cour royale, et encore une fois le miracle eut lieu. L’air vibra autour de lui, plongé dans une servitude délicieuse et frémissante, ses paroles maculant les pierres du grand hall de leur présence, s’imprimant durablement dans la chair malléable de son auditoire. Pendant une heure, il chanta, le cristal pur de sa voix résonnant encore et encore, et quand enfin il se tut, seul un silence assourdissant s’éleva pour le remplacer.


Un silence plus fécond que toutes nos prophéties. Tu n’étais plus si jeune alors, le duvet humide qui bouchait autrefois ta vision s’était depuis longtemps dissipé sous l’effet de la brise. Je remarque que tu n’as pas mentionné ce qu’il était advenu de ton village.

Je ne le sais pas.

Tu peux mentir si tu en as envie. Mais ne te mens pas à toi-même.

Je n’ai jamais demandé d’être cette créature maudite, ce monstre horrible qui brûle et incendie et réduit en cendres tout ce qu’il touche. Il n’y a dans ma bouche que le gout amer de ce que je n’ai jamais eu, et je vois des milliers d’étoiles lumineuses et aveuglantes à chaque fois que j’ouvre les yeux. Comment alors puis-je vivre sans que mon existence ne devienne un cri de douleur amer et impuissant ? Comment dois-je faire pour avancer, quand je ne discerne même pas la trace de mes pas ?

Tu l’as déjà fait, pourtant. S’ils ne peuvent entendre la vérité, si leur cerveau malingre dissimule toute l’ampleur terrible des changements que nous annonçons, alors il est de notre devoir de leur délivrer une nouvelle promesse, une promesse qu’il n’auront d’autre choix que d’accepter. Ils entendront, même si nous devons pour cela leur arracher les tympans.

Ma gorge se déchire et mes poumons sont pleins d’un sable lourd et bitumineux. Je ne peux pas porter ce message.

La douleur est un don qu’il faut chérir. Elle maintient ton esprit éveillé et t’empêche de retomber dans la torpeur lénifiante dans laquelle tu sembles te complaire.

Je te hais.

Bien.


Les années passèrent, et Lucius continua de grandir. Si bon nombre de personnes perdent en passant de l’enfance à l’adolescence le côté angélique et innocent qui caractérise les enfants, ce ne fut pas son cas. Tout juste gagna-t-il en majesté, sa présence se teintant d’un soupçon d’autorité tranquille, ses gestes mesurés prenant une ampleur nouvelle. Il sortait régulièrement du palais, lourdement escorté par un contingent dévoué de gardes ayant pour seul but de s’assurer qu’il ne lui arrive rien. Il eut tôt fait de rapidement recouvrir tout le royaume de son influence, et bientôt l’on chanta ses louanges d’un bout à l’autre du domaine. Les gens venaient à la capitale en pèlerinage dans l’espoir de l’apercevoir, délaissant foyer et famille sans la moindre hésitation. La famille royale le gardait jalousement, comme un trésor précieux que l’on aurait dérobé au moindre relâchement de leur vigilance. Ce ne fut bientôt plus suffisant, l’obsession grandissante que le roi nourrissait à son égard le rendant mauvais et jaloux. Il délaissa les affaires de son Etat, s’abîmant chaque jour un peu plus dans la folie et la paranoïa, craignant qu’on lui enlève celui qui était devenu l’unique lumière de sa vie. Ses journées passaient avec une fébrilité impatiente, ses mains s’agitant nerveusement et tordant ses vêtements, et ses soirées étaient toute entières occupées par la présence impérieuse de l’objet de son désir.

Malgré le traitement royal qui lui était réservé, Lucius ne parvint pas longtemps à supporter sa cage, aussi dorée soit-elle. Il voulait marcher dehors, et contempler la beauté de la nature et les vastes étendues du ciel. Il sentait avec chaque instant qui s’écoulait que les murs se refermaient un peu plus autour de lui, et que les pierres lui murmuraient des choses anciennes, des choses que personne n’aurait jamais dû avoir à entendre. Ce qui avait démarré par un murmure lancinant pris au fil des jours des allures de chœur furieux et tambourinant, leurs paroles martelant les parois de son crâne comme un bélier les portes d’un fort. Hagard, le regard fou et les yeux perdu dans le vide stérile des draps de soie de sa cellule, il vit ses mains couvrir les murs de mots anciens dans une langue qu’il ne connaissait pas, et pourtant comprenant. Ses doigts s’agitaient sans qu’il ne puisse les stopper, hurlant sur les parois de sa prison des serments antédiluviens et des incantations propitiatoires. Il ne fallut pas longtemps pour que l’on lui interdise d’écrire. Car si sa voix prenait des accents célestes pour son auditoire, les caractères mystiques se dérobaient eux à l’œil et l’esprit, et semblaient changer dès qu’on les quittait du regard. Il ne restait au lecteur inquiet qu’un sentiment de malaise profond en les regardant, comme si cet alphabet exerçait sur son âme, sur son essence même une emprise néfaste et destructrice. Cela ne stoppa pas Lucius. Quand on lui retira sa plume, il grava la roche avec une pierre. Quand on l’en empêcha également, il la racla avec ses ongles jusqu’à ce qu’ils saignent, pris d’une frénésie incontrôlable, un rire strident sortant de sa gorge. Il fut alors décidé de le garder enchaîner, afin qu’il ne puisse plus se blesser. Immobile, il chercha des jours durant le moyen de fuir, convaincu que son salut résidait à l’extérieur de cet endroit morbide.

S’échapper fut plus simple qu’il ne l’avait initialement imaginé. Il n’eut qu’à demander à un de ses gardes, et insister quelque peu. Ce dernier ne fut que trop heureux de gagner la faveur de celui qu’il considérait comme un dieu vivant, et il suffit de lui promettre de lui faire entendre sa voix pour lui pour qu’il accepte de l’emmener. Ils partirent donc un soir sur le cheval du soldat, avec pour objectif de rejoindre le royaume voisin, où ils pourraient trouver un cadre plus clément où vivre cachés. Ils ne devaient jamais y arriver, et furent rapidement rattrapés par la garde royale, menée par le souverain lui-même. Optant pour le couvert d’une épaisse forêt, ils s’enfoncèrent sous la canopée complice des arbres en espérant semer leurs poursuivants. Ce ne fut cependant pas un havre de paix qu’ils trouvèrent à l’ombre du bois, mais un terrain ardu et accidenté. Leur cheval trébucha rapidement, projetant son gardien au sol. Emporté par le poids de son armure, cherchant instinctivement à protéger le jeune homme de son corps, il se rompit le cou et mourut immédiatement. Lucius fut moins chanceux, et se brisa dans sa chute plusieurs membres. La douleur le prit au corps, vidant ses poumons, ne le laissant qu’avec une intolérable sensation de vide, comme si tout son corps n’était plus qu’une vibration toute entière dédiée à cette information : il souffrait. Sa main tremblante chercha la ceinture du garde, y détachant le couteau qui y pendait. Il ignora les lumières qui virevoltaient devant ses yeux, et le sifflement strident dans ses oreilles, et rampa, mu tout entier par un impératif vital. Il devait fuir. Il refusait de retourner une fois de plus dans cette cellule, à la merci de cet homme fou et dangereux. Il refusait de laisser les voix revenir, de se laisser encore manipuler par ces forces occultes. Il rampa, jusqu’à ce qu’il l’aperçoive.

Couché au sol, sa forme sinueuse emplissant son champ de vision de son omniprésence, ses écailles lisses luisant d’une lueur mortifère à la lumière ombragée de la forêt. C’était plus un monstre qu’un animal, une créature gigantesque faite d’écailles et de poison, sa langue fourchue goutant l’air en face de lui, ses yeux plissés le regardant avec un mélange d’appétit et de curiosité. Jamais il ne s’était senti aussi proche d’un autre être vivant qu’en ce moment, jamais il n’avait ressenti avec autant d’urgence la présence d’une autre créature. Comme dans un rêve, le serpent s’approcha de lui, ses reptations sinueuses dégageant un charme alien et hypnotique. Sa gueule s’ouvrit, et au moment où ses crocs dégoulinants jaillissaient pour mordre son visage, Lucius leva le bras, et ces derniers virent se planter dans son poignet. La douleur fut aussi immédiate qu’intense, le tirant immédiatement de sa transe coupable. Il sentit le feu de l’animal se répandre dans ses veines, gagner petit à petit son corps. Furieux, il leva son arme, éprouvant pour la première fois de sa vie un sentiment de colère. Il frappa la créature, plusieurs fois, réduisant sa tête en charpie, ne cessant que quand il sentit l’emprise de sa gueule sur son avant-bras se relâcher. Son front était couvert d’une sueur chaude et épaisse, et il sentait son haleine se chargé d’un fumet acide. Il vomit, dégouté autant par l’acte qu’il venait de commettre que par la sensation méphitique qui gagnait son bras, et contempla un instant ses options.

On lui avait toujours expliqué qu’il était beau. Qu’il était un objet sacré, réservé à la contemplation et au plaisir suprême des sens. Que sa voix était un don des dieux, et qu’il avait une mission. Il n’en avait jamais douté. Il avait simplement accepté cela comme un fait, et s’était laissé porté par le courant. Son regard se brouilla, entaché par des larmes furieuses et impuissantes, et il serra les dents, tentant de se concentrer sur autre chose que l’intolérable agonie qui se répandait dans son corps. Il savait maintenant. Il ne pouvait pas rester spectateur. C’était une conclusion simple, évidente pour beaucoup, mais pour le jeune Lucius, ce fut une révélation. Il devait agir. Les voix revinrent, lui chuchotant et lui hurlant leurs demandes et leurs questions. Il leva son bras, sa lame luisant d’un éclat sacrificiel. Les visions emplirent de nouveau sa vue, lui montrant le monde dans toute sa terrible réalité. Il abattit le couteau, le plantant dans sa chair. Pour survivre, il devait laisser une partie de lui derrière. Ce ne fut pas un travail propre, et il mutila sauvagement son bras contaminé, le sang jaillissant en un flot épais et doré, tachant l’herbe et se solidifiant au contact de l’air et fumant pour offrir ses vapeurs à un ciel intangible. Curieusement, il ne ressentit ni joie ni douleur lorsqu’il accomplit son acte. Il regardait sa main travailler avec une forme de détachement fasciné, les sensations qui inondaient son esprit traitées comme de simples informations. Il voyait les choses clairement, maintenant, et se demandait ce qu’il venait réellement de réaliser. Il entendit comme dans un mauvais rêve ses poursuivants arriver, et sentit leurs membres l’enserrer, tenter de l’empêcher de finir son travail. Son moignon pendait inutilement au bout son bras, retenu seulement par les dernières fibres de son être. Il les regarda, ses yeux restant immobiles et fixés dans le vide. Etait-il pour eux toujours aussi beau ? Etait-il toujours cette présence angélique, qui brûlait leur esprit pour que puisse germer dans la terre ainsi fertilisée une ignoble fascination ? Il hurla, s’entendit leur ordonner de le laisser achever sa besogne, les supplier, les maudire et les menacer. Il n’avait jamais été très fort physiquement, et une vie de confort n’avait pas fait de son corps une machine très efficace.

Il ne sut jamais réellement ce qui se passa ensuite. Un instant, il se débattait vainement, ses yeux envahis par la vision prochaine de sa captivité. Le suivant, il n’y avait plus rien. Il était seul, au milieu de corps vaporisés. Il avait simplement senti une sensation intense émaner de lui, et un choc sourd et muet. Il n’eut cependant pas le loisir de se questionner plus avant. Tout le pourtour de ses yeux irradiait d’une sensation de douleur qui réduisait son expérience précédente à l’état de vulgaire anecdote. Il pouvait sentir et surtout voir sa peau qui se détachait en papillons incandescents, avant de voleter et de se dissiper lentement. Il voyait tout ce qui se passait autour de lui, de sa propre forme prostrée et tordue de douleur au bruissement léger des feuilles dans les arbres. Il voyait les composantes de la matière s’agiter en un ballet incohérent, et les étoiles au loin naître et mourir. Il voyait avec une intensité telle qu’il pensa en mourir, son identité noyée sous un déluge d’informations et de couleurs. Il tenta de fermer les yeux, cherchant à se protéger de cette agression, pour se rendre compte que ses paupières n’étaient plus là. Sanglotant faiblement, il arracha un bout de sa manche, cette dernière n’ayant de toute façon plus beaucoup d’utilité, et s’en fit un bandeau. Cela l’apaisa quelque peu, réduisant à un état plus supportable son tourment. Il resta longtemps prostré là, le poids de sa culpabilité l’écrasant. Il était responsable de leur mort. Il ne savait pas ce qu’il avait fait, mais il savait que c’était sa faute. Il avait tué des gens, et pire encore, il l’avait voulu. Il avait, pendant un moment, souhaité leur mort, aussi ardemment qu’il en avait été capable. Il se regarda, sa vision détaillant clairement son corps brisé, et il put enfin comprendre. Il n’avait jamais été beau. Pour être beau, il fallait d’abord être brisé, pour pouvoir rejaillir des flammes plus complet. Plus plein d’une volonté suffisamment forte pour l’animer vraiment.

Et après ?

Tu le sais.

Cela ne change rien. Certaines questions doivent être posées. Tu es comme quelqu’un qui voit avec ses yeux, mais qui ignore la vérité qui se trouve juste en face de lui. Tu es comme une lampe allumée sous le soleil, ton halo n’existant que parce qu’on veut bien l’imaginer. Il nous faut être comme le battement de l’aile d’un oiseau, comme la reptation d’un poisson dans la vase.

J’ai attendu, et j’ai regardé. Perdre la vue a été un catalyseur d’une rare efficacité. C’est comme ça que je t’ai rencontré, après tout.

Nous marchons, maintenant. Nous verrons le cristal originel, et nous lui poserons toutes les questions que le rejeton d’une matrice imparfaite peut poser à sa créatrice. Nous le regarderons en face, et nos yeux brillants et enflammés se poseront dans les siens, et notre voix aura valeur de condamnation. C’est pour ça ?

Je ne sais pas. Je ne vois pas.

Pas encore.

Pas encore.

Profil

  • Pseudo : Holker
  • Âge : Comme avant
  • Tu nous as trouvé où ? Sur internet
  • Un autre compte ? Holker desu n_n
  • Personnage de l'avatar : Trouvé sur DeviantArt, amélioré par Eury. Merci Eury MON amie.
  • As-tu lu le réglement ? Oui
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Oh hey rebienvenue MON biscuit Lu ♫

*va lire la fiche ♫*
Rebienvenue Illidan. Lucius Primo Augustalis 2018221633
    Tchin tchin à bien des conspirations à venir Lucius Primo Augustalis 3622086245
Ça ça sent la conspiration terrible avec lycoris (pourquoi le correcteur orthographique me propose mycose à la place de lycoris Lucius Primo Augustalis 2364450196) et les "anciens" dieux Lucius Primo Augustalis 2364450196.

Re bienvenue en tout cas, voilà une fiche très intéressante Lucius Primo Augustalis 3622086245
Yo Lucius Primo Augustalis 3622086245

J'adore l'image de ta fiche, j'ai hâte de voir ce que donne ton perso
Re camarade de la mythologie Grecque !

Ça promet en tout cas !  Impatient de lire ça Lucius Primo Augustalis 3622086245
Rebienvenue mon p'tit Holo. Encore un avatar où on voit pas toute ta trombine Lucius Primo Augustalis 351090716
Merci à vous n_n

Et je plaide coupable, j'ai toujours eu un faible pour les persos avec un masque ou un casque vissé en permanence sur la tronche (qui a dit Jack Of Blades ?).
C'est dans la boîte !
Tu es officiellement validé ! *lance des confettis festifs*

TEMPS FORTS ҨUne âme torturée de plus en nos belles contrées, Lucius est un personnage au pouvoir ma foi fort intéressant!
REMARQUES Ҩ Au plaisir d'avoir tes petits... camarades rapidement parmi nous également Lucius Primo Augustalis 3622086245

Sur ces mots, je te redirige vers la fiche personnage, obligatoire afin de conserver une trace de ton évolution. Je te souhaite de te plaire parmi nous !