Les seraphs sont tombés
COMMUNIQUÉ IMPÉRIAL OFFICIELFait suite à ⇗ 10 jours après l'intervention publique d'Olieron - mi décembre 417
L'ORDRE DES ASTRES EN PROIE À LA RUINE
En ce début d'année 418, c'est une révélation qui marque un tournant historique dans l'histoire de l'humanité et dans la lutte qui oppose le très haut empire d'Ellgard à l'obscurantiste Ordre des astres. Les seraphs, suffisamment autoproclamés nouveaux dieux du monde, se sont déchirés les uns les autres avant de dévoiler eux-mêmes une vérité pourtant affirmée depuis toujours par l'illustre couple impérial : ce ne sont pas des dieux. Une assemblée extraordinaire s'est tenue au Saint Siège de Théopolis, durant laquelle a été révélée la supercherie que tiennent ces créatures hideuses et difformes depuis plus de deux siècles maintenant : ces fausses idoles ont manipulé le peuple de Mearian pour prendre le contrôle du pouvoir politique et religieux. Des mots de la bouche même du seraph de la Justice, ces créatures sont des êtres qui portent la corruption et le vice en leurs cœurs et dont le destin est de tous devenir des renégats, parangons de l'essence du mauvais et de la lie. Les fidèles du seraph de la Sensibilité ont répandu la parole dans tout le pays : les seraphs sont des fausses idoles qui ont construit leur empire sur le massacre et la crédulité du peuple meariannais. Leurs idoles hypocrites s'égorgent les unes les autres et sont à l'image de leur Ordre : cupides et sanglantes.
UNE RELIGION ÉCRITE DANS LE SANG DES FIDÈLES
Cruelle désillusion pour le peuple de Mearian qui se réveille plein de doutes et de colère. Tout ce en quoi ils ont toujours cru n'est que mensonges et manipulations. Les valeurs de leur peuple s'effritent sous l'hypocrisie de leurs idoles qui tombent du piédestal où elles furent placées. Les foules se rassemblent pour crier leur douleur et la révolte gronde. Déjà, les actes d'une lucidité nouvelle émergent de partout dans le pays : mise à bas des statues de ces mutants inhumains, saccages de leurs autels et inquisitions de leurs temples. Les meariannais sont plein de fureur pour ceux qui se sont joués d'eux et les ont exploités dans la douleur pendant des siècles et des siècles, perchés sur leurs trônes d'ivoire et d'or à recevoir les offrandes pour des prières qui sont restées à jamais sans réponses. À prier des idoles difformes et aveugles, à placer leurs espoirs dans des êtres de corruption, ils s'en sont aliénés l'esprit pour refuser de voir la vérité. Des bûchers commencent à s'élever, alimentés par les symboles de bois de ces monstres. Puissent l'Empereur et l'Impératrice nous garder de ces déviances.
Mais les révélations ne s'arrêtent pas là et, face à la vindicte populaire, la vérité a été forcée de sortir. De la bouche même du seraph de la Justice furent avoués les mensonges et manipulations perpétrés pendant des décennies. C'est une religion entière qui fut écrite dans le sang, de l'aveu même du seraph. Profitant de la souffrance des hommes et de la perte de foi des anciens dieux, les seraphs décidèrent d'usurper leur parole pour se prétendre d'essence divine. Montant une religion, dupant des millions de fidèles en les forçant à se convertir sous peine de représailles envers leurs familles. Même la fière Akantha fut mystifiée par ces adorateurs de monstres et la gangrène s'infiltre jusque dans le peuple du sud. Ils prirent le pouvoir et les richesses, amassant des fortunes colossales pour bâtir des monuments à la gloire de leur orgueil et de leur démesure. Mais, en leurs seins, couvent une corruption plus profonde encore. Lorsque la tromperie s'effrita, mascarade de mauvaise qualité, et que le peuple sceptique en vint à découvrir la vérité, Théopolis commença à se soulever contre leurs idoles mais ceux-ci, enivrées par le pouvoir et l'orgueil, jugèrent cet affront intolérable et massacrèrent le peuple en guise de représailles. De l'aveu même de la bouche du seraph de la Justice, les faux dieux prient la vie de milliers de meariannais. Le meurtre semble inscrit dans leur chair car les seraph massacrèrent les leurs qui tentèrent de dévoiler la vérité. Ils furent ainsi tués et les vingt et un restant effacèrent par magie noire la mémoire de tout Mearian, afin de conserver le masque fragile et laid de leur mascarade. Depuis, ils règnent sans partage en tyrans sous les allures bienveillantes des vertus dont ils se parent, fausses divinités cruelles et pleines de haine.
PREUVES ACCABLANTES
La disparition mystérieuse du seraph de la Sensibilité au moment où celui-ci accuse la Justice d'être aveugle est-elle une coïncidence ? Ces bêtes mal-bâties et estropiées méritent-elles que l'on s'attarde sur leur comportement primitif et imbécile ? Malgré la guerre entre Ellgard et l'Ordre, de plus en plus de meariannais en exil fuient leurs terres natales pour venir s'échouer sur les fiers rivages du nord. Fuyant les massacres silencieux perpétués chez tous les infidèles et tous ceux qui douteraient, ils emportent avec eux femmes et enfants, vieillards et malades, jetés hors de leurs chez eux sans scrupules par des fanatiques et autres parasites du pouvoir. Comment le Pape peut-il permettre de répandre le sang de son propre peuple ? Quel dirigeant éclairé laisserait ceci se produire sans intervenir ? La foi aveugle n'apporte que ruine et sang. Aussi, face à la misère physique et intellectuelle de ces pauvres gens, l'Empereur et l'Impératrice acceptent-t-ils dans leur générosité sans limites de les recueillir et de les protéger comme leurs propres enfants. À l'unique condition, toutefois, qu'ils fassent acte d'apostasie et acceptent la lumière du couple impérial dans leurs cœurs. Leur rééducation sera longue et difficile, mais Ellgard est une terre d'accueil pour toute personne travailleuse et volontaire.
Avides, ces horreurs le sont, et leurs faces crispées et mal fichues n'ont d'yeux que pour le cristal, encore et toujours. Quel usage font donc les meariannais des cristaux qu'ils convoitent sur les ruines du Royaume Perdu ? Aucun. Ils n'ont ni la science du progrès, ni le confort moderne, ni machines pour soulager de l'effort et travailler à leur place. Leurs rues s'éclairent encore à la bougie et à la graisse ! Non, toutes ces veines de cristal n'ont qu'une seule et même fin : l'appétit vorace des seraphs. Car s'ils sont plein de vices et de tares défectueuses, ce n'est que parce qu'ils ingurgitent, encore et toujours, la magie minérale, attaquant ces cervelles aliènes qui leur en réclament toujours plus. Les fausses idoles de Mearian sont folles et sombrent peu à peu. La récente découverte d'anciens textes apocryphes sur des réfugiés meariannais jette une lumière nouvelle et troublante sur les récents évènements. Peuple d'Ellgard, leurs véritables motivations sont désormais claires : les seraphs sont à l'origine de l'incident de 407. Les prêtres du seraph de la Sensibilité sont formels en ce secret inavoué. Cupides et avares, ils ont déclaré la guerre à la grandeur de notre fier empire pour s'en approprier les ressources et corrompre toujours plus d'esprits. Leur présence en Fhaedren ne sert aucun autre but que celui de satisfaire leurs idoles cruelles et malsaines, envoyant à la mort des générations de soldats pour affronter nos patriotes guerriers et semer chaos et désolation en nos rangs. Il n'est nul affront plus grand que de déclarer la guerre par appât du gain, quand le couple impérial règne avec bienveillance, sagesse et vision pour ses enfants.
À partir de là, tout est possible et, qui sait, ne sont-ce pas les seraphs qui, tels le ver dans la pomme, auraient pu provoquer le grand cataclysme de Fhaedren pour satisfaire leur voracité sans limites ?
Ne serait-ce pas les seraphs qui auraient tué les anciens dieux ?