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Lost Kingdom  :: Mearian :: La source de vie

L'Isolement Curateur [Ft Mavis]

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ft. Mavis

   
L'Isolement Curateur

   
   

   

   Un désir brûlait dans le coeur du Simurgh.Voilà des jours qu’il arpentait les terres et les mers, sans s’arrêter pour autre chose que s’approvisionner. La pluie l’avait empêché de traverser la mer en volant et il s’était bien vite résigné à prendre un bateau pour se rendre dans la partie du continent qu’il n’appréciait guère. La créature haissait en effet tous ce qui concernait de près ou de loin à ces imposteurs qui se faisaient appelés dieux. Il voulait rester le plus loin possible d’eux. Cependant, il ne pouvait décemment pas se permettre d’ainsi limiter son territoire, cela aurait été un affront pire encore.
Il s’était alors rendu jusque là en bateau, bravant la pluie et la mer. Le Simurgh n’avait jamais été très à l’aise avec les bateaux, on pouvait même dire qu’il avait le mal de mer. Il n’avait jamais été fait pour naviguer, son domaine de prédilection restait, et resterait toujours le ciel. Le vol lui manquait terriblement, seule activité procuratrice de bonheur qui lui restait. Il avait longtemps soupiré. Pendant le trajet, pendant la pluie, pendant que les vagues ballottaient l’embarcation et lui retournaient l’estomac. Il avait fini par arriver non loin de Theopolis, cité qu’il s’empressa d’éloigner le plus possible.Il partit ainsi vers le Nord, dans les campagnes ponctuées de quelques bosquets moyens. L’endroit était peu fréquenté, il ne l’avait jamais vraiment été. Seul le secteur agricole, ainsi que la chasse d’une moindre mesure, amenait les gens vers les grandes plaines balayées par le vent. Par chance, la pluie avait cessé et seul un plafond de nuages gris et épais assombrissait le paysage d’une luminosité norme et ennuyeuse. Cet endroit avait-il toujours été ainsi à cette période de l’année ou le coeur desséché du Simurgh lui voilait-il le regard ? Il secoua la tête, détachant son regard des étendues vertes dont l’herbe, agitée par le vent, ressemblait à un océan. Il posa le regard sur un bosquet plus épais que les autres, plus loin encore. De sa position, la ville n’était plus qu’une tâche étrange et difforme dans le paysage. Il avança sans plus se retourner. Plus loin il se trouvait de cette satanée ville de décadence et d’hérétisme, mieux il se portait. Il se dit que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas prié pour le retour des vrais Dieux.
Le soleil était encore invisible, mais la fraicheur et la rosée qui mouillait ses bottes lui indiquait qu’il ne se trouvait encore qu’en début de matinée. Le temps était une notion quelque peu abstraite pour le Simurgh, qui avait tôt fait de ne plus s’encombrer de sottises comme d’une année ou d’une date. Le rythme des saisons ainsi que la course du soleil restait seul indicateur du temps qui passait. Depuis combien de temps avait-il quitté Nueva ? Combien de temps avait-il voyagé en mer ? Il n’en avait aucune idée et cela ne l’inquiétait guère.

Il se rendit dans le bosquet, cela ne lui prit que peu de temps à coup de grandes enjambées. Il n’y avait personne aux alentours et, malgré son visage désespérément inexpressif, il se réjouissait de s’y cacher afin de laisser place à nouveau à son corps originel. Il s’engouffra entre les arbres. Les feuilles réduisaient encore plus la luminosité et une sorte de légère pénombre régnait sur le lieu, perforé par des rayons plus lumineux là où le feuillage ne poussait pas. Quelques oiseaux ici et là chantonnaient, attendant le retour du printemps. Le Simrugh, une fois au centre du bosquet et qu’il fût certain que personne n’aurait pu le voir en passant simplement aux abords des arbres, laissa tomber sac et vêtements un à un. Il rassembla le tout dans son sac après les avoir plié soigneusement. La créature n’avait aucun sens de la pudeur mais il possédait en revanche celui de l’ordre et du rangement. Il regarda une nouvelle fois autour de lui en inspirant longuement. Il n’y avait personne, tout était calme et le moindre craquement de bois aurait résonné dans tout le bosquet.

Il inspira et laissa le sort se dissiper. Son corps mua sans se presser, son corps se couvra de plumes, ses membres s’allongèrent, un museau remplaça son nez. Bientôt, le Simurgh retrouva sa forme mythique. Il s’ébroua avec contentement. Ses plumes lui avaient manqué atrocement. Il poussa un léger cri canin de satisfaction avant de frotter contre un arbre. Il y avait du bon à retrouver un semblant de comportement animal, même si il était tout à fait capable de parler sous cette forme. De toute façon il n’avait personne à qui parler et cette sereine solitude lui plaisait, comme à son accoutumée. Il s’allongea sur le tapis de feuilles et de mousse, les ailes étendues de manière paresseuse et posa sa tête sur une souche. Il voulait profiter de ce moment, c’était ce genre d’instant qui lui permettait encore et toujours de continuer d’arpenter le monde. Il ferma les yeux, ses oreilles demeuraient cependant dressées sur le moindre son.
En cet instant, il oubliait ne serait-ce qu’un tout petit peu, la mélancolie qui résidait dans son coeur.


   
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
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Les tensions internes à l’Ordre la fatiguaient. Mavis était tombée malade ; rien de véritablement grave, c’était une routine dont elle avait fini par avoir l’habitude. Tantôt ses membres étaient en parfait état et plus en forme que jamais, tantôt toute sa constitution s’écroulait sous tant de mana. C’était ce qui lui arrivait à l’heure actuelle ; bien faible, elle tenait à peine debout et n’avait rien ingéré depuis des jours si ce n’était par la force. Cela faisait à présent quelques temps qu’elle reposait dans son lit, chambre uniquement animée par la présence de ses domestiques qui étaient attentifs de son état. Aujourd’hui, la Prêtresse voulait sortir pour embrasser le soleil qui tapait contre Mearian ; une température agréable sans pour autant qu’elle soit véritablement chaude.

Ainsi Mavis trouva la force de se lever de son lit ; couvée comme un vase d’une ancienneté exceptionnelle et par extension d’une préciosité du même qualificatif par ses domestiques, elle était désireuse de prendre l’air ne serait-ce qu’un instant pour profiter de sa condition de vie et de ce que celle-ci avait à lui offrir. Ainsi fut-elle habillée en une robe assez chaude traînant au sol tandis que sur ses épaules fut placée une cape en velours afin de la préserver d’une brise qui serait peut-être trop agressive pour elle, si le climat général ne s’occupait déjà pas de glacer son échine. Son visage, par une simple précaution fut obstruée par un très léger voile plus ou moins opaque - elle n’allait aujourd’hui pas se confronter à la cité, mais elle préférait rester discrète sur son identité on n’était jamais trop prudents. C’est alors qu’accompagnée de trois domestiques elle quittait le Monastère depuis l’arrière de ce dernier qui donnait sur une allée menant tout droit en direction d’un panorama paradisiaque ; étendue naturelle qui s’étendait sur plusieurs hectars, un paysage qu’elle ne voyait en règle générale de sa fenêtre uniquement.

Après un moment de marche, la jeune adulte s’enfonçait dans un bosquet qui dégageait une aura apaisante dans son surnaturel ; malgré le climat encore relativement froid, la végétation rayonnait plus que jamais et le sol était tapis d’une vie inerte et colorée - champignons, fleurs, et diverses autres petites pousses.
Et puis, elle crut voir une forme surnaturelle se dessiner à travers les arbres et les feuilles. Celle-ci semblait l’avoir vue. Au départ, Mavis fut confuse, puis c’est seulement après quelques secondes qu’elle réalisa la situation ; cette forme concordait parfaitement avec une dont elle avait eu vent un certain nombre de fois dans des petits ouvrages indépendants rédigés par des auteurs florissants des campagnes de Mearian.
Dans ces ouvrages étaient décrits une créature enchantée, au crâne lupin surmonté de plumes colorées ; un oiseau à l’apparence indescriptible aux propriétés curatives extraordinaires. Elle avançait alors de quelques pas, et, remarquant qu’elle était suivie de ses domestiques préféra demander à ceux-ci de s’éloigner, refusant de faire peur à la créature qu’elle voulait d’abord véritablement indentifier. Plus ses pas réduisaient la distance qui les séparait, plus ses hypothèses tenaient à être véridiques. Cet animal ressemblait en effet à cette créature et ainsi, elle faisait parti de cette race qu’on appelait Mythologiques. Très rares puisqu’ils vivent souvent en ermite, elle se sentait terriblement honorée d’en rencontrer à seulement dix-neuf ans, alors que plusieurs hommes n’en avaient rencontré un en toute une vie.

Son corps fragilisé une fois à une distance correcte et respectueuse de la bête s’arrêta, s’inclinant devant elle.
« Sîna-Mrû, plus connu sous le nom de Simurgh… Me trompé-je ? » souffla-t-elle d’une voix si douce qu’elle en était incisive. Mavis releva le voile sur son visage pour dévoiler son visage qui trahissait une fatigue dûe à un enfermement durant plusieurs jours. Elle restait cependant plutôt féminine et élégante, même dans un état aussi déplorable. ses yeux détaillaient alors avec beaucoup d’attention le pelage de la créature qui, malgré le fait qu’elle soit imposante ne l’effrayait guère. Elle était totalement fascinée.

« Avant tout, permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Marie, et je ne vis pas très loin. Mais pour avoir vécu ici depuis que je suis enfant, j’avoue être très surprise de votre présence ainsi je me permet de vous demander ce qui vous amène dans les contrées de Mearian qui n’ont rien à envier à Akantha ou même Nueva…? »

On n’était sûrs de rien, elle ne préférait pas lui dévoiler son identité.





   
ft. Mavis

   
L'Isolement Curateur

   
   

   

   Il s'était mis à somnoler. Le sommeil le frôlait, refusait de le prendre dans ses bras, le titillait et lui chuchotait quelques mots. La brise fraîche agitait avec douceur les plumes de la bête qui se reposait. Il n'y avait rien de tel que de renouer avec la nature et lui-même. Il appréciait le moment, le calme, la solitude, le repos.
Jusqu'à ce son, qui lui parvint aux oreilles. Des bruits de pas. Des bruits de pas qui se rapprochaient. D'abord multiples, puis unique. Le Simurgh ouvra les yeux mais ne daigna pas relever la tête de son coussin improvisé ni replier ses ailes imposantes. Il ne pouvait s'agir de rien. Un simple passant qui n'oserait s'approcher d'une créature de toute évidence magique aussi imposante.
Mais aujourd'hui, il n'en était pas ainsi. Les pas s'approchèrent, ainsi qu'une silhouette féminine emmitouflée dans d'épais tissus comme un bambin. Le coeur du Simurgh se serra lorsque quelques souvenirs de sa vie passée lui parvinrent. Il soupira bruyamment par les museaux. Il ne bougeait pas, il détaillait la jeune femme qui se présentait prudemment devant lui. Elle faisait preuve d'un certain courage. Il aurait pu lui arracher la gorge à coup de griffes ou de dents.  Evidemment, il ne s'agissait nullement du comportement du Simrugh qui se trouvait à l'opposé. Ainsi ne bougea-t-il pas d'un pouce, son corps se soulevant seulement au rythme de sa calme respiration. La dame était jeune mais aisée. Elle portait des vêtements typiques de la ville qui se trouvait non loin. Que faisait-elle seule dans un tel lieu ? Etait-elle à sa recherche ? Connaissait-elle son identité ? L'avait-elle suivi ? La méfiance de la créature grandit et son expression se durcit légèrement alors qu'elle s'arrêtait à une distance plus que raisonnable. Aucune peur ne se lisait sur son visage.

Lorsqu'elle s'inclina, le Simurgh s'en étonna, il releva doucement la tête et pencha celle-ci sur le côté dans un geste purement animal. Lui témoignait-elle du respect ? En temps normal, le Simurgh refusait les contacts lorsqu'il se trouvait dans sa forme originelle. Il pensait même déjà à s'envoler loin d'ici. Mais elle semblait inoffensive et même... Elle le saluait. « Sîna-Mrû, plus connu sous le nom de Simurgh… Me trompé-je ? » Elle dévoila son visage. Elle sentait la maladie. Celle-ci était visible sur son corps, dans ses yeux, dans son teint. C'était le genre de chose que le Simurgh avait appris à reconnaître. Il n'y avait aucune mauvaise intention, seulement de l'épuisement et de la lassitude.

Mais plus important : elle le connaissait. Elle connaissait même le nom que les anciens lui donnaient dans certaines régions de ce monde. Le Simurgh ne s'était pas nommé seul, il ne voyait pas l'utilité d'un nom. Ainsi s'était-il fait nommer par nombres de village et villes, le dénominatif de Simurgh étant simplement la plus répandue, il avait fini par s'identifier ainsi.
Comment connaissait-elle son nom ? Il huma l'air, la méfiance le gagna à nouveau. Il ne répondit rien. « Avant tout, permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Marie, et je ne vis pas très loin. Mais pour avoir vécu ici depuis que je suis enfant, j’avoue être très surprise de votre présence ainsi je me permet de vous demander ce qui vous amène dans les contrées de Mearian qui n’ont rien à envier à Akantha ou même Nueva…? » Il n'y avait aucun doute qu'elle venait de Mearian. Il n'y avait que leur habitant croyant qui pouvait ainsi parler de leur ville. Le Simurgh n'y avait plus les pieds depuis des années. Il éprouvait trop de haine à s'y approcher, il ne désirait pas savoir ce qui en adviendrait dans la ville même. Il souffla des naseaux une nouvelle fois. Elle se trouvait bien respectueuse. S'agissait-il là d'un stratagème afin de faire baisser sa garde ? Il avait eu vent des disparitions de mythologiques, destinés désormais à subir de terribles expériences.
Mais ça, c'était l'Empire.

Il engloba la scène du regard en repliant doucement ses ailes contre lui, sa tête était redressée et il se faisait plus imposant en gonflant ses plumes. Il voulait l'intimider, même s'il demeurait au sol. Il hésitait à répondre. Il ne voyait personne, n'entendait rien. Ils semblaient réellement seuls. Il inspira longuement et répondit d'une voix profonde, gutturale bien que d'une étrange mélodie, tout droit venue de la gorge d'un loup chantant. « C'est bien moi. » Il se tut quelques secondes. « Je parcours le monde. Cette terre fait partie de ce monde. Ainsi, me voici. » Il marqua une pause à nouveau. « Pourquoi ainsi te présenter devant moi, Marie ? » Il convenait de lui retourner la question. Il la fixait intensément, avec une légère animosité. Sa voix puissante raisonnait entre les arbres. Il ne parlait jamais beaucoup à cause du volume incontrôlable de ses paroles. Heureusement, ils étaient seuls.
Pourtant, la méfiance restait de mise et tous les muscles du Simrugh étaient tendus. A la moindre alerte, il bondirait dans les airs et prendrait la fuite. C'était ainsi qu'il faisait depuis toujours.

   
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
Isolement
Curiosity may be the lust of the mind
Elle se sentait terriblement petite face à une créature comme celle-ci. Malgré le fait qu’elle ne semblait guère sauvage ou foncièrement méchante de par son apparence générale, le mythologique restait un animal sauvage et imprévisible, même s’il était en règle générale bien plus intelligent que nous autres, les mortels. Mavis observait avec une grande attention la carrure de l’animal - véritablement magnifique. C’était un spectacle exceptionnel qu’elle devait profiter un maximum sans non plus montrer trop son engouement, cela pouvait l’effrayer et elle n’avait pas envie de s’attirer les foudres d’un animal si majestueux.

Lorsqu’il répondit, elle l’écouta avec une grande attention. L’animal possédait une voix androgyne à laquelle on ne pouvait relier de sexe, et figurait à l’image de son apparence. Honnêtement, voir un animal (si elle pouvait le désigner ainsi…) parler n’était pas si anodin pour une personne comme Mavis qui ne cotoyait que des humains et des anges dans la majorité de son temps. Elle était étrangère à toutes ces créatures hybrides ou alors qui n’avaient même rien d’humain mais qui étaient capable de réfléchir et de formuler des propos cohérents.
Lorsqu’il lui posa une question avec son prénom d’emprunt, elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.

« Je pense que le hasard fait parfois bien des choses. déclara-t-elle d’une voix douce, sans bouger d’un pouce pour ne pas effrayer la bête. Je me promenais, j’aime beaucoup cet endroit. J’y vais de temps en temps, pour me vider la tête. Ses yeux s’étaient rivés sur la verdure à côté, qui resplendissait de toutes parts - tout ceci était bien suffisant pour émerveiller la Prêtresse qui ne voyait que la morosité d’un paysage fade quotidiennement. Je dois avouer que la compagnie se fait bien pauvre pour moi, ces derniers temps. Elle semblait parler comme une personne en fin de vie - c’était plutôt ironique. Elle ne comptait pas rendre l’âme tout de suite. Seriez-vous contre un peu de conversation ? » finit-elle par souffler en un sourire.

« Puis-je m’installer à tes côtés ? Je me permet de te tutoyer. J’ignore si tant de formalités te sont agréables. » conclua la Grande Prêtresse alors qu’elle croisa les mains au niveau de son bassin, observant la créature avec de grands yeux.
Myrddin ♕ Epicode


   
ft. Mavis

   
L'Isolement Curateur

   
   

   


Le vent chatouillait les plumes de la bête ailée. Le tapis d'herbe et de feuilles lui était confortable. Il était bien mis, apaisé et, une chance peut-être pour la demoiselle en face de lui, d'une humeur positive. Il ne pouvait appeler ça de la joie, celle-ci ne faisait plus partie de son quotidien depuis un temps qu'il ne prenait plus la peine de compter. Il préférait considéré que sa mélancolie lui avait laissé du répit et qu'il pouvait aborder sa vie de manière plus sereine, oublier ses souvenirs et parvenir à voir quelque peu au travers de l'épais nuage noir qui entourait son coeur.

Ainsi écouta-t-il avec une silencieuse attention la tirade de la promeneuse. Elle semblait également plutôt mélancolique. Pourtant elle se distingua bien vite des valeurs du Simurgh. Sa solitude lui pesait. Elle réclamait la compagnie de l'être mythologique. Il ne l'avait pas quittée des yeux durant son discours, bien qu'elle ne le regardait déjà plus. Etait-elle intimidée ou ne voulait-elle pas provoquer le Simurgh ? Il ne le savait pas mais il appréciait le geste. Le respect de cette jeune personne ne cessait de l'étonner. C'était un bon point pour pouvoir bénéficier de sa présence bienveillante. C'était ainsi qu'on le considérait à l'époque, avec respect, admiration et joie. Il avait aimé ces moments. Mais tout comme Fhaedren, cette ère avait disparu. Maintenant, les êtres sages étaient chassés. Dangereux, puissants, rares, chers, voilà ce qui les définissaient. Le coeur du Simurgh se serra doucement. Il devait profiter de cette opportunité même si l'aigreur de la nostalgie ne tarderait pas à faire retomber la douce sensation de l'étonnement positif. Il posa la tête sur le tronc quand elle eut fini de formuler sa demande. Voulait-elle vraiment de sa compagnie ou plutôt de son savoir afin d'en profiter pour de mauvaises raisons ? Il n'en savait rien. Il savait moins en moins de choses. Il fut un temps, on disait de lui qu'il savait tout et c'était vrai. Maintenant, il n'était plus que l'ombre de lui-même, la pâle copie qui n'avait du Simurgh que les pouvoirs et l'apparence.

« J'accepte. Une compagnie comme la tienne ne me dérange guère, tu sembles être une fille sage. Cela manque, en ces temps troublés. » Le Simurgh n'était plus habitué au son de sa propre voix originelle. Il ne parlait que peu, pour ainsi dire jamais sous cette forme. Les rares personnes qui l'apercevaient préféraient le fuir ou le chasser. Jamais la discussion ne faisait partie de ces rencontres. « Le tutoiement ne me gène pas. »

Bien qu'il ne portait pas cette familiarité soudaine dans son coeur, il ne lui en tint pas rigueur. Comment savoir de quelle manière se comporter devant une telle entité quand il était impossible ou presque d'en croiser ? Ils étaient condamner à se cacher ou à subir, selon les rumeurs, d'horribles expériences auxquelles le Simurgh ne voulait pas penser. Il devait garder une humeur positive autant que possible. Il désigna l'espace à côté de lui du museau d'un geste lent et bienveillant. « Je n'ai pas eu de compagnie amicale depuis bien longtemps. » Voilà qu'il parlait encore, sans qu'elle n'ait rien demandé.

Décidement, cette journée était bien étrange. La méfiance semblait aussi assoupie que la bête. C'était peut-être imprudent de sa part, mais il ne décelait aucune mauvaise intention venant de cette inconnue.
Il comptait bien en profiter.
La solitude n'avait de bon qu'en le comparant à une vie sociale. Peut-être cet échange allait-il le convaincre que cet isolement était toujours aussi nécessaire.


   
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.
   
Isolement
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Lorsque la créature la qualifia de “fille sage”, Mavis ne put s’empêcher d’esquisser un large sourire fier d’être associée à cet adjectif peu inhabituel. On la définissait souvent de sotte idéaliste et parfois trois naïve, chose qui était en partie vraie, mais entendre une autre chanson surtout d’un point de vue aussi externe que celui-ci était bien agréable à son oreille. Surtout par un mythologique, qui était inévitablement un animal sage et posé. Peut-être cette vision était elle aussi idéaliste, mais en l’occurrence, cette créature-ci semblait représenter à la perfection l’image qu’elle se représentait de la race.
Elle courba la tête en guise de remerciement. Soulagée qu’il n’ait pas mal prit la demande de tutoiement - elle voulait profiter de ce moment un maximum.

« Tant mieux, alors. »

Lorsqu’il désigna l’endroit où il lui invitait à prendre place, elle releva alors la face pour lentement rejoindre le petit espace juste à côté de sa figure. S’asseyant de la manière la plus droite possible, elle lissa sa robe. D’ici, elle parvenait à voir la créature avec plus de précision, son pelage était magnifique. Elle n’avait jamais vu une bête aussi belle. Elle l’observa quelques secondes seulement afin que son regard ne soit pas insistant et se ravisa, observant ses mains liées entre elles. Sa dernière remarque sonnait incroyablement triste à son oreille. Elle poussa un léger sourire rempli de mélancolie.

« Moi aussi. Même si je ne pense pas que nos deux situations soient comparables. Je n’ai que dix-neuf ans, après tout. Vous devez être bien plus âgé.

Finalement elle n’avait pas réussi à le tutoyer. Elle le respectait bien trop. Elle ne fit aucune remarque là-dessus, ne jugeant pas nécessaire d’en faire. Ils n’allaient pas s’éterniser sur des formalités aussi basiques, après tout. Mavis n’avait pas beaucoup de temps par la même occasion.

Je n’ai pas eu l’occasion d’avoir des amis. Je suis très couvée par...ma famille. J’avoue qu’avoir une discussion avec vous m’enchante du plus haut point. Cela change. Est-ce pareil pour vous ? Vos mots sonnent bien tristes. souffla la Prêtresse, levant les yeux sur l’imposante créature - frissonnant face à tant de prestance.

La vie ne doit pas être facile. J’ai entendu dire que votre race était persécutée par les chasseurs. … Tu ne dois jamais être réellement tranquille. Fais attention dans les parages, et aux gens. Même si ces grandes ailes doivent servir pour fuir, une mauvaise surprise arrive si vite… ! Enfin, je ne t'apprend sans doute rien. Quelle insolence de ma part. »

Elle avait conclu par une voix d’une douceur surprenante, comme maternelle. Elle offrit par la suite un sourire au Simurgh, avant d’être prise d’une toux pendant quelques secondes. Elle n’allait hélas pas pouvoir converser avec la créature longtemps, vu son état.

Myrddin ♕ Epicode


   
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Quelle innocence. Quelle pureté. Que faisait cette petite chose ici ? Tous ces mots attendrissants détournaient le Simurgh de ses méfiances habituelles. Elle devait venir de cette fichue ville dont il ne voulait même pas penser au nom. Pourtant, cela ne voulait pas forcément dire qu'elle adhérait à ses valeurs. Elle semblait si fragile, si douce, mais en même temps si naïve. Il ne pouvait pas le savoir. Ce n'était pas dans son domaine de connaissance.

Marie discuta, discuta. Elle lâchait ses mots avec spontanéité, passa du vouvoiement au tutoiement. Elle était intimidée, si proche de la tête du Simurgh qui ne put s'empêcher de bailler, dévoilant sous ses babines retroussées des rangées de dents pointues. L'expression du Simurgh n'avait cependant rien d'agressif, ses yeux à moitié fermés fixaient le chemin par lequel la demoiselle était arrivée, sa respiration était calme bien que l'air expiré de ses naseaux émettait un certain bruit. Il l'écoutait avec respect. Elle savait bien des choses sur sa race, elle devait avoir eu une éducation. Vu ses vêtements, il était inenvisageable qu'elle fut d'un milieu pauvre. Son endoctrinement était-il donc puissant ? Elle n'avait pas encore parlé des Seraphs, pourtant. Le Simurgh imaginait en effet les habitants de cette ville comme des fanatiques incapables de se taire sur ces imposteurs afin de louer leur bienveillance.
A vrai dire, il n'avait jamais vraiment approché de personne vivant à Mearian auparavant, il évitait cette ville comme la peste. C'était alors une première.

Le silence s'était installé depuis quelques minutes. La bête n'avait rien répondu, plongé dans ses réflexions. Il releva les oreilles, voilà qui n'était pas très poli. Il ne voulait pas vexer la seule personne qui, en toute connaissance de sa réelle nature, ne désirait qu'une discussion amicale. Il tourna son regard vers la frêle silhouette dont la toux venait interrompre ses mots. Elle était faible, il le voyait encore mieux lorsqu'elle se trouvait près de lui. « Je suis assez âgé pour connaitre tous ces dangers, en effet, ainsi qu'un nombre de connaissance qu'un simple être seul ne pourrait emmagasiner. » Il fit une pause. Il ne se vantait pas, tout était vrai. D'un simple frôlement de plume, il pouvait la guérir de cette maladie qu'il n'avait même pas à identifier. Il n'avait qu'à laisser sa magie opérer. Cependant, elle ne semblait pas connaitre cette capacité et il préférait pour le moment ne pas lui dévoiler. Après tout, à part son nom et son âge, que savait-il réellement sur elle ? Et pourtant, sa nature le poussait à laisser sa magie de guérison faire effet. Il était né pour aider, né pour soigner. Il ne pouvait déroger à cela.

Il résista cependant.

Bien qu'il aurait suffi de le toucher pour qu'elle guérît, il doutait que la demoiselle eut le cran de le caresser. Il ne bougea pas. Il voulait la connaitre. Il voulait la tester. Elle venait de Meadian, c'était sûr. Quoique ? « Viens-tu de la ville non loin nommé Meadian ? » Il n'avait pu retenir sa question, elle lui brûlait la langue. Cela allait changer la conversation de direction si tel n'était pas le cas. Pourtant, il connaissait déjà au fond de lui la réponse. Elle n'avait pas de sac, pas d'habit de voyage, pas d'arme, il était impossible qu'elle fut une voyageuse. Si elle le prétendait, le Simurgh ne pouvait qu'en déduire qu'il s'agissait d'une menteuse. Sa tendance à être direct pouvait peut-être la déstabiliser. Aussi espérait-il que sa posture intimidante la forcât à être honnête. C'était ainsi que se construisait une relation de confiance. Qui sait, peut-être cette fille pouvait être digne de son savoir ? Cela faisait plusieurs années que le Simurgh avait croisé telle personne, ainsi en douta-t-il aussitôt la pensée lui traversa l'esprit. Les hommes sombraient, tous autant qu'ils étaient et ils emportaient toutes races intelligentes avec lui. Ce monde était voué à sa perte. Quelle personne se dresserait-elle encore contre cette décadence ? Cette Marie, même avait toute la volonté du monde, ne semblait aucune capable d'une telle entreprise.

Mais cela valait le coup d'essayer, pensa le Simurgh. De toute façon, maintenant qu'ils en étaient là, il n'avait rien à perdre à la tester.

   
- Adrenalean 2016 pour Bazzart.