Tu étais enfin seule. Au revoir Maria et son désir de parlote continuel, au revoir Faun et sa jeunesse éternelle qui te narguait. Tu te retrouvais enfin seul avec tes pensées. Il n’y a rien de plus beau que contempler le silence. La tyrannie qu’il t’impose afin d’être en paix avec toi-même est la plus douce des sensations et tu en serais presque à vouloir devenir muette. Mais pas besoin de cela pour te taire, alors tu profites simplement du silence, jusqu’à ce qu’une pensée vienne lentement se chuchoter à ton esprit.
« Depuis quand ne m’as-tu pas rendu grâce ? Ne suis-je donc plus rien à tes yeux… ? »
Tu rouvres les yeux lentement, pour remarquer que tu es dans ta chambre. Allongée sur ton lit depuis longtemps, tu n’as même plus idée de t’être posée de tout au long dessus. Peut-être avais tu démarré une petite sieste, ou alors étais-tu tombée de fatigue. Tu ne sais plus. Tout ce que tu sais, c’est ton front est chaud, et ton ventre aussi, tes mains, elles, sont glaciales, et pourtant tu ne les retire pas tout de suite de ces deux parties de ton corps, fixant le plafond comme si une expérience extraordinaire allait se produire. Mais au bout de quelques minutes, rien ne s’est passé. Logique implacable, hormis le fait que tes mains se sont un peu réchauffées, ton ventre et ton front rafraichis, les quatre parties de ton corps animé par la même chaleur, tu te décides à te lever, pour te rendre à la salle de bain. Tes pas ont été guidés par un unique but : Vénérer Luménal, et c’est ce que tu comptes faire, mais avant ça, tu te dois de passer sous l’eau, pour te laver, symboliquement, des manquements que tu as pu avoir ces dernières semaines. Tu as manqué énormément de moment où tu aurais pu les passer à vénérer ton Maître, mais au lieu de cela, tu as du « survivre ». Soit, mais aujourd’hui, ce soir, c’est l’instant parfait pour obtenir l’absolution.
Ainsi, une fois dénudée, tu rentres dans la douche, et profite. Tête baissée, et yeux fermés toujours, pour contempler l’immatériel, et tente d’en contact avec le Seigneur, en vain. Néanmoins tu ressens la paix. La paix que tu cherches à offrir à ce monde en les ramenant vers les Vrais Dieux. Le silence habite toujours l’appartement, et seuls les gouttes claquant contre ton corps ou le sol. Tu te sens revigoré lentement, comme si toute la souillure que comportait ton corps disparaissait par la simple coulée d’eau. La propreté est la moitié de la foi. Jamais tu ne t’y manqueras.
Une fois ton absolution ordonnée, tu peux enfin te décider à sortir et rejoindre le temple de Terraris. Voilà l’unique but de ta soirée. Tu l’avais découvert lorsque Maria t’avais offert la possibilité de découvrir la ville. Depuis ce jour, tu ne rêves que d’une chose, t’y rendre afin de prier. Voilà l’unique pensée qui t’habitait continuellement depuis ton arrivée. Une fois sur le chemin du temple, tu rencontres énormément de personnes, sorties pour diverses raisons, toutes plus insignifiantes les unes que les autres si elles ne sont pas dirigés par une volonté supérieur autre que l’intérêt terrestre. Quelle raison de vouloir connaître le plaisir ou l’envie alors qu’ils sont voués à disparaître sous le poids du temps et de la volonté divine ?
Mais inutile pour le moment de démarrer une discussion théologique avec ces mécréants, et tu préfères rejoindre directement le temple. Une fois arrivé au sein de celui, tu remarques immédiatement les parois et autre « murs » du temple complètement enseveli sous les plantes et le lierre. Ne craignant aucunement les créatures du Seigneur de la Terre, tu t’enfonces au sein de celui-ci, avant de t’arrêter devant la statue du dieu. Récupérant ton arme et la posant devant toi, tu finis par toi-même te mettre devant celle-ci. Fixant une dernière fois ta lame, avant de fermer les yeux, et de poser tes mains sur tes cuisses, tels que la secte t’as appris à prier, tu entres dans une forme de méditation, dont tu espères, que personne ne viendra troubler la pérennité.
Karin & Cérès
La ronces frémissent dans la l'obscurité de la nuit tombée, en cette période le temple restait ouvert à des heures bien plus tardives qu'à l'accoutumée afin de célébrer le printemps et le retour de la vie au sein de la nature et de la terre. Un fait plus symbolique qu'autre chose alors que peu de personnes ne se rendaient au temple dans la soirée, vacant à leurs occupations et leurs impératifs. A l'étage la dryade observe le ciel étoilée par l'une des fenêtres, prise dans ses pensées, des pensées que les ronces interrompent alors que leur frémissement remonte le long de son échine, quelqu'un venait de pénétrer les portes et il y' avait vraisemblablement quelque chose qui n'allait pas avec cet inconnu. Lentement la dryade se détourne pour rejoindre les escaliers menant à l'étage inférieur où se dressait le temple du dieu de la terre. Mouvements fluides et gracieux alors qu'elle pousse délicatement la porte de bois afin d'entrer dans l'immense pièce religieuse où les ronces avaient également élu domicile, bénéficiant de la fraicheur de la pierre et de l'obscurité.
C'est une silhouette féminine et immobile qui s'impose à elle, en pleine méditation devant la statue du dieu et c'est avec respect que la dryade s'avance sans dire mot, restant en retrait pour ne pas interrompre la jeune femme qu'elle observe dans le moindre détail. Une combattante très certainement au vue de son arme et de son accoutrement, un fait expliquant le frémissement des ombres.
Alors la silhouette reste là, en retrait, attendant alors que sa longue chevelure écarlate semble luire dans la pénombre alors qu'elle tombe sur la robe blanche, simple et immaculée. Un temps d'attente respectueux et solennel avant qu'enfin la blonde ne sorte de ses prières. Une attente de quelques secondes alors qu'elle se redresse puis la voix s'élève, froide et paisible.
" Je vous souhaite la bienvenue dans la demeure de Terraris. "
Un silence avant d'ajouter.
" Prenez tout le temps qu'il vous plaira, néanmoins je vais devoir vous demander de laisser votre arme à l'entrée, c'est l'une de nos règles et nous ne faisons aucune exception. Il s'agit d'un lieu de paix et de prières ou les symboles de la violence n'ont pas leur place. C'est pour cette raison que cette caisse est ici, afin que chacun y dépose les armes en entrant. "
Un mouvement gracieux de la main pour lui indiquer la caisse de bois prêt des portes du temple.
" Si vous avez la moindre demande ou question, je suis à votre disposition. "
Bebebe