Boom, tam, boom, boom, tam.
T’as beau rêvassé toute la journée, t’as plus quinze ans, t’as plus le temps, tu joues une course contre la mort, contre la montre, contre le destin, et tu connais déjà la fin, à la fin t’auras pas gagné parce que tu fais que lutter, mais tu luttes contre des forces qui te dépassent. Le destin ou le temps, des forces qui te dépassent, qui te terrassent, qui te crachent à la face. Petit mouchard, petit gamin, tu t’abhorres et t’adores ça. Désireux d’attention t’as préféré te détester que créer, désireux d’affliction t’as continué à errer sans jamais te questionner. Peur de se planter, bercer par les pleurs, pleure pour éviter de te planter, tu considères l’option de la mort de plus en plus, t’es frustré après tout d’écouter la trotteuse écourter tes misérables secondes. Misérable, acrimonieux, détestable et vicieux. T’es loin d’être le diable, parce que si je te disais l’inverse ça te ferait sans doute trop plaisir, mais tu t’en donnes l’apparence. Tu te caches derrière ta malfaisance, incapable de faire le bien, ça te frustre même plus, tu t’es habitué et tu t’es tut.
C’était un de ces jours. Une de ces journées où la voix dans ma tête chantait son aria de mes arias. J’avais appelé la voix dans ma tête Lili. Je l’entendais partout où j’allais peu importe ce que je faisais. J’avais pas la moindre idée d’où elle venait, pourquoi elle me hantait, mais elle était bien là. Cette douce mélodie était mon rocher de Sisyphe. Et en cette matinée j’avais laissé le costume de clown, j’avais laissé le Luci enjouait, face au miroir je ne voyais que l’ombre de celui que j’avais pu être, j’avais perdu mon splendide, où était l’homme vénusté que j’admirais chaque matin ? Plus là en tout cas. J’observais las, saoul de regret, mon reflet, ma peau diaphane me donnait la nausée. Pour faire passer tant bien que mal ses relents que je couvrais mon corps d’une fragrance qui trainaît dans ma piaule avant de saisir les premiers vêtements que je voyais pour me vêtir. Le ciel était déchiré par les reflets oranges du soleil chaud d’Akantha, et mon regard se posa quelques instants sur cet éther de flammes comme pour imprégner ce paysage dans mon esprit. C’était une des rares choses que je pourrais emporter une fois dans la barque de Charon, mais je me contenterais de ça aujourd’hui. Mollasson je vins passer une main molle dans mes cheveux pour dresser une mèche rebelle qui s’écroulait sur mon visage avant de profiter de la cigarette du matin. La énième qui venait éclater mes poumons fragiles, mais qui servait tout de même à noyer sous un nuage de fumée mes hantises et mes doutes. Un café amer et sec à mon image, j’étais fin prêt à commencer ma journée. Le planning ? Il était simple, je comptais me laisser traîner par le gré du vent, sous le zéphyr me laisser aller et voir où tout ça me mènerait.
En sortant de ma petite taverne de fortune je les vis. Je vis les vers, verts de jalousie, vrombissant dans leur vie vaine. Je ne véhiculais que de la haine envers ces vermisseaux qu’on appelait la plèbe. Leurs vils visages vulgaires et vultueux m’aveuglaient sous la rage. J’aurai voulu tous les voir disparaître, enseveli sous les gravats, mais ne voulant causer aucune vilénie je ravaler ma médisance verbale, j’arrêtais de virer vers le vicieux et le violent, avant de continuer mon voyage vers le bonheur.
Qu’est-ce que je foutais dans les rues là tout de suite ? Je traquais une occasion, je guettais la moindre goutte pour gaver ma gourmandise insatiable d’aventure et de sottises.
En parlant de sottises alors que je me perdais entre haine et peine, le regard voguant sur la mer de nuages écarlates un enfant d'une dizaine d'année vint me percuter de pleins fouet alors qu'il courait après un papillon. Il tomba sur le sol quand il me percuta avant de commencer à brailler qu'il s'était blessé. Tss. Un regard méprisant sur lui je vins caresser son visage du bout de mes griffes métalliques.
"Laissez moi te donner une raison de pleurer gamin."
A ces mots les trois griffes grises vinrent s'abattre sur son crâne avant de lui découper le visage. L'arme s'enfonça profondément dans sa tête. Je retirai à nouveau mon Psypher avant de lui planter cette fois-ci dans le ventre. Le gamin était déjà mort, mais j'en avais rien à foutre il avait qu'à pas me croiser aujourd'hui. Levant le corps vers le ciel une mare de sang se forma lentement à mes pieds. Dédaigneux je lançais le "corps" du gamin sur le sol avant de cracher sur son cadavre. Tss.
Je toisais du regard les gens effrayés qui couraient dans tous les sens en espérant que quelque chose s'élève contre moi.