Le goût dégueulasse de mon mélange vodka redbull extasie sur les lèvres, ces même lèvres sèches presque autant que ma bouche était pâteuse. Putain … Ma tête me détruisait de l’intérieur. Mon cerveau déconnait totalement. Entre hallucination, voix, douleur, j’avais l’impression d’être l’ombre de celui que j’étais vraiment … La fête était finie pour cette journée et j’étais venu tuer mes douleurs, mes angoisses, mes remords et toutes ces conneries désagréables sous les litres et la poudre de cristaux. J’avais un talent, un don pour me détruire méticuleusement, j’étais plus un gamin, pourtant j’étais destiné à claquer et ça me bouffait parfois. Cela me bouffait parce que je savais que j’avais bien trop à accomplir dans un délai démentiel. C’était trop pour un humain, c’était trop pour n’importe qui doté d’un minimum de logique, d’une simple pincée de bon sens. Mais j’étais ce genre de connard qui ne possédait pas de bon, qui n’avait aucune putain d’idée de la définition du mot logique et surtout … Humain ? Moi. Putain regardez-moi cet Appolon cinq secondes avec un minimum de sérieux et vous verrez que je ne peux décemment pas être comparé à un putain d’humain.
Alors pourquoi j’angoissais devant mon verre ? Pourquoi dans mon sourire on pouvait lire une simple façade, un simple masque ? Excellentes questions Jamy, mais vous pouvez aller vous faire rafler par Sabine et Marcel, parce que je ne vous répondrai pas. Nah. Après tout c’est moi qui raconte donc je pose les questions. Pourquoi les boites de pizza sont-elles carrées puisque les pizzas sont rondes ? Vous avez quatre heures.
Bref. Je sirotais mon cocktail, l’air gai, une petite chemise blanche déjà tâchée de sang. J’avais passé une dure journée dans les quartiers sales de cette foutue cité … Putain cela faisait bien trop longtemps que j’étais là, j’en pouvais plus de côtoyer la crasse, de côtoyer ces chiennes de la noblesse alors que je pourrais tout faire péter à nouveau dans ce pays de merde. Je n’allais pas tarder à me tirer loin de ce foutu paysage, mais tout d’abord je devais encore choper des informations sur cette famille royale … Quelque chose clochait avec eux, j’avais pu voir ça, j’en étais sûr qu’on ne nous disait pas tout, il y avait forcément une connerie qui se tramait dans l’ombre … Quelque chose de gros, quelque chose sur quoi je pourrais capitaliser. Une petite musique tournait dans la salle, une petite musique agaçante, après je n’étais pas d’humeur aussi, mais je grommelais mon mépris pour cette artiste approximatif qui s’appelait Maître Grims.
Ouais j’avais pas d’inspi pour celui-là, jugez pas trop.
Bref, le seul soulard du bar eut la fantastique idée de venir me voir avant de poser son poing violemment sur le comptoir. Il posa son regard lourd, vitreux et gras sur mon visage. Je pouvais sentir qu’il puait la gnole et la violence, mais je ne disais rien. Je continuais à siroter, mon rictus ne voulait décidemment pas quitter mon visage et cela avait le don de lui faire crier plus fort sur ma gueule. J’étais irrespectueux ? Un petit con ? Putain. Il ne savait pas à quel point il avait raison. J’ai du hériter ça de mon créateur. Un petit connard qui a la haine contre le monde. Il chopa mon verre, pris une gorgée avant de me cracher la boisson à la gueule. Un rire grave s’échappa de ma gorge. Il me chopa par le col. J’aurai pu le tuer à cet instant de quatre … Non six manières de le tuer. Mais non. Je le laissais me choper et me secouer comme une pétasse. Il leva son poing, il était bien bâti sûrement un ex taulard ou un petit criminel, en tout cas lorsque son poing vint s’abattre sur ma gueule je pus sentir craquer légèrement ma nuque et ma mâchoire. Je continuais à rigoler, j’aimais cette souffrance, mais je profitais encore plus de sa faiblesse. Je lui avais laissé un coup d’avance, mais vous commencez à me connaître. Comme un Lannister je paye toujours mes dettes.
Tout d’abord le crachat, après avoir cessé de rire je vins perdre mon sourire avant de lui cracher une gerbe de sang directement dans l’œil, puis dans la même seconde mon poing vint s’écraser sur son nez le brisant et le laissant groggy. Tss. C’était une proie facile. Je pris son crâne avant de l’écraser contre le comptoir. Il s’écroula lourdement au sol, le crâne enfoncé et le nez pété. Il se réveillerait sûrement défiguré, s’il avait la chance de se réveiller après tout. Je vins renverser le contenu du verre qu’il avait souillé sur sa gueule avant d’envoyer le récipient directement dans son visage. Des bouts de verres se plantèrent dans ses lèvres et ses joues. Maintenant c’était sûr qu’il serait défiguré. Personne ne fut plus étonné que ça de voir une destruction dans ses quartiers malfamés et encore plus dans un bar où on pouvait sniffer sans le moindre complexe.
Mon sourire était revenu et d’une voix calme, presque trop après la scène qui venait de se dérouler en quelques secondes, je vins reprendre la parole.
« Barman. La même chose, sans le gros lard avec. »