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Lost Kingdom  :: Nueva :: La Grande Forêt

Retrouvailles bucoliques [Ft. Viladra]

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Retrouvailles bucoliques
Feat Viladra Memphis
Bercé par le doux rythme du vent sur la verdure, créant ainsi la mélodie du bruissement des feuillus, mes cheveux sombres remuent et libèrent le doux parfum qui égaye les sens des mortels. D'un pas lent mais calculé, je dépose mes voûtes dénuées sur le sol forestier de la nation des Sages et marque une légère pose après quelques brèves enjambées. Mesurant l'aspect solennel dans la poésie bucolique se présentant devant moi, je me détourne vers les trois fervents de ma vertu m'ayant accompagné pour ce détour dans mon périple. D'un geste doux et rassurant, je caresse la joue de ces personnes qui me dépassent parfois de plus de deux têtes et me délecte du plaisir chaste que cela procure chez eux. Loin de me donner une mégalomanie incontrôlable, leurs émotions émoustillent mes sens et me rappelle la fragilité de leur état et ainsi, par extension, l'importance de ma mission éternelle.

Un dernier geste dans le direction et après leur avoir indiqué de séjourner dans l'auberge la plus proche, je me détourne et refait face à cette nature à la fois accueillante et oppressante. Un fin sourire se dessine sur mon visage tandis que les consciences des trois êtres s'effacent peu à peu dans la noirceur du silence. Rares sont ceux que je chéri plus que je ne chéri déjà mes suivants, pourtant ces trois là avaient sû se démarquer des fidèles pourtant si chers à mes yeux. L'une de part sa capacité à rendre n'importe quel tissu en oeuvre d'art ainsi que son caractère humble l'ayant toujours "obligée" à rester dans les bas quartiers et aider le peuple. Quand bien même sa santé fût été maltraitée.
L'autre pour son éveil, atteint de sens défectueux, cet homme n'a jamais connu que le rejet et n'a pas reçu éducation. Pourtant, depuis sa récupération, il ne cesse de prouver à quel point la nature humaine peut-être délicate.
Et enfin, un ancien fervent d'une de la force. Un véritable mastodonte que ma quête à ému. Preuve vivant que les apparences sont trompeuse. Tout les trois sont si différents dans leur manière de penser que l'on pourrait y voir une famille en désaccord. Pourtant, tous s'accordent en une chose. La protection de ce qui nous séparent des monstres.

Errant dans la forêt comme une âme en peine, je laisse les quelques étoles blanches vêtissant mon corps se teindre de mousse et de terre par endroit. Même si mon attitude ne le montre pas, je sais où aller, je sais où me rendre et malgré la peine que je commence à percevoir, je continue de marcher. Le sentier, bien que tortueux et épineux, ne semble pas vouloir porter atteinte à mon intégrité. Aussi, le plus fin des limiers pourrait déceler d'imperceptible mouvement des ronciers glissant et se décalant pour ne pas effleurer ma chair. Telle une invitation par la nature elle-même, je me contente de continuer à marcher, les bras flottants et les mains ondulant sur les surfaces parfois lisses et parfois rugueuse de l'Art naturel s'étalant autour de moi. Et puis, vient enfin la réalité. Alors que la douleur se fait une place dans mon esprit et que les supplications résonnent, je retrouve la raison de mon détour en ces lieux. Étendus dans l'herbe, trônaient trois corps aux couleurs de Mearian. Une moue peinée se pince sur mes lèvres tandis que mon esprit ne peut s'empêcher de s'exaspéré sur la présence superflue de ses tabards, surtout en ces lieux. Me tournant alors vers le seul dont la vie offrait encore les douleurs, je viens m'agenouiller dans le lit d'herbe, salissant légèrement mes genoux voilés. Avec une douceur appliquée, je viens alors décaler le corps de l'homme et vient apposer mes mains sur sa peau dénudée tandis que je place sa tête sur mes cuisses. Le regard perdu du soldat vient alors s'accrocher à mes yeux, cherchant désespérément à subsister malgré l'ombre sanglante s’étalant sous son corps mutilé. Sans un mot, je viens alors lui caresser la peau, doucement. Telle la caresse d'une plume fraîche, je stimule ses sens et le focalise sur mon contact tandis que je fais taire sa douleur, autant pour lui que pour moi. Le coeur fendu de ne pouvoir le soigner.
Attrapant ma gourde, je viens alors faire couler de l'eau dans ses cheveux. Les nettoyant du sang, de la poussière et de la terre, je fais glisser mes doigts avec une lenteur agréable avant de lui faire fermer les yeux. Mollement, je continue mes actions en murmurant les chansons des bas quartiers. Celles qui parlent de la vie, celles qui parlent de la mort. Les chansons du peuple qui ne sont imbibées de religion mais uniquement que de réalité et de passions. Je chuchote ses paroles tandis que je laisse peu à peu ses émotions disparaître, je fais taire sa peur de partir et l'accompagne dans cette fin peut-être injuste ou peut-être mérité. Je l'accompagne et le regarde s'éteindre puis rejoindre ses compagnons.

Je reste alors là, pendant de longues minutes, parmi le sang et la verdure. Moi, tâche de blancheur parmi la débâcle humaine dans la beauté naturelle. J'aurais du lui poser les questions, profiter de sa volonté de survivre pour lui demander l'auteur. Mais je ne l'ai pas fais, j'ai préféré l'accompagner dignement et lui offrir une dernière marque d'attention. L'aider à s'en aller sans remords mais avec l'impatience de revenir sous une autre forme, peut-être un jour. En vérité, je ne suis pas réellement énervé contre la ou les personnages incriminées. Nous empiétons sur un territoire qui n'est pas le notre, prônont une religion et traitons les non-croyants comme des hérétiques. Il sera sûrement dur de créer une base saine en ces lieux pour les prémices de ma vertu. Mais peut-être y arriverons-nous un jour.
Soupirant faussement, je replace le corps à son emplacement, comme si ma venu ne fût jamais et dépose ma main sur l'arbre avoisinant. Quelque chose me semble alors subitement familier et inconnu, un malaise s'installe passivement en moi avant que le chant résonnant et cristallin d'une haine latente vient carillonner dans mon esprit. Tournant le dos à la négative, je me contente d'épousseter les voilages composant ma tenue avant de m'exprimer avec une intonation meurtrie et pourtant ferme.

"Je ne pensais pas te revoir si tôt.. Ni en ces lieux."

Baissant légèrement la tête, je réprime les bribes du passés ne faisant que faire frémir un peu plus mes sens déjà mis à l'épreuve après cette euthanasie. Faisant couler un fin filet d'eau sur mes mains, je viens rafraîchir mon visage avant de me retourner, offrant un visage à la fois emplit de peine et mué d'une colère non pas envers elle mais uniquement envers moi. Une douleur nécrosée vient entailler mes entrailles et m'empêcher de m'orner de mon sourire rassurant habituel. Je ne lui offre alors que mon véritable visage, celui d'un faux-dieu brisé par la réalité de ce monde et de leur nature.
©️ FRIMELDA

ft. Viladra

ft. Lsemna

「 Souviens-toi... 」
La nuit était tombée sur les toits en ruine de la nation détruite et je me laissai aller à m'allonger sur les tuiles abîmées et recouvertes de lierre. La mélancolie me gagna, comme à chaque tombée du jour, et je sentais les souvenirs m'assaillirent de nouveau avant de laisser place au sommeil. Quel démon du passé allait bien pouvoir m'apparaître, cette fois... ? Oui, je reconnais ton visage... Ce faciès, à la perfection divine, reflet de ton âme sensible et pourtant intransigeante. Cela faisait un moment que nous ne nous étions pas recroisés, mais le souvenir de nos retrouvailles est encore bien présent dans ma mémoire.
Fermant les yeux, je m'enfermai alors dans un voile de ma réalité, laissant mes murs dimensionnels ouverts sur la réalité afin que le décor apocalyptique accompagne mes rêveries.


Leur agonie serait longue et solitaire. Je voyais déjà le désespoir emplir leurs regards tandis que la vie leur échapper lentement dans de longs filets cramoisis. Tant de haine, de souffrance et d'incompréhension... Ces fous n'avaient aucune limite que celle de la mort et une fois qu'ils l'atteignaient, c'était les regrets et la terreur qui les envahissaient. Pourtant, il était amusant de noter que le résultat de ce carnage n'était pas l’œuvre de ma main bien que j'y trempai allègrement un doigt pour attiser les braises... Comment pouvaient-ils se croire si forts, si indétrônables là où leurs paroles et leurs actes n'étaient que murmures insignifiants. Quitter le confort et la sécurité de la nation des dieux avait été leur plus belle erreur... Et voilà qu'ils en payaient le prix.
Assise sur un rocher, invisible de ce monde, j'avais observé la descente en enfer des fidèles de l'Ordre des Astres sans broncher. Leurs bourreaux étaient partis depuis longtemps il le silence de la forêt dans laquelle nous nous trouvions était à peine coupé par leurs respirations saccadées. Comment cela avait-il commençait, déjà...

En escale à Nueva, j'avais du traquer une cible, membre de la rébellion d'Ellgard. N'étant aucunement concernée par les histoires et les guerres entre les nations, celle-ci avait juste fait l'erreur de comploter contre les inquisiteurs, et donc par surcroît, contre ma Victoria. En manque d'adrénaline et remplie d'un ennui profond, j'avais donc décidé de m'occuper de ses petits camarades et lui, enchaînant ainsi les recherches et les interrogatoires dans tout l'Empire. Une fois leur présence localisée à Nueva, sans doute en recherche de sympathisants à leur cause, je m'étais donc rapidement rendue sur place afin de régler mes comptes. Cela n'avait pas été long, leur armement étant sommaire et leur magie inexistante... A vrai dire, je n'eus même pas à me transformer et leur exécution fut si propre que j'aurais même pu ne pas m'en laver les mains. Comme je n'avais rien d'autre à faire et que je n'avais guère l'envie d'aller copiner avec les autres mages noirs, je préférai alors errer à Nueva, appréciant la richesse de leurs paysages et l'étrange décalage technologique avec les autres nations. Ici, l'influence de l'Ordre des Astres était présente mais de façon bien plus hypocrite qu'à Mearian. Beaucoup faisait semblant d'y adhérer, et plus encore la rejeter au profil des anciens dieux ou d'autres croyances. Je ne risquais rien et mon âge avancé faisait qu'en dehors des séraph originaux, personne ne risquait de me reconnaître...

Trois fidèles de l'Ordre avaient décidé de s'arrêter sur la terrasse où je m'étais installée. Parlant à voix haute et de façon virulente sur la puissance de leurs pseudo-dieux, j'avais senti monter le malaise et l'exaspération de leurs voisins. Imperturbable, je les avais laissé déblatérer longtemps, peut-être plusieurs heures, sur leur propagande infecte et avais attendu qu'ils entrent à l'intérieur de la taverne pour répandre mon poison. Me mêlant aux conversations, j'avais repéré les plus belliqueux et avais insufflé la haine des représentants de l'ordre, appuyant sur leur envie de conquête et de domination. Il ne me fallut que peu de temps pour que l'alcool et la colère fassent leur effet. Je m'éclipsai donc au moment où ce groupe de badauds sans cervelle alla cueillir les apôtres dans leur lit. Puis je les avais suivis tranquillement, en toute discrétion...

Voilà que je contemplais maintenant leur corps mutilés et brisé, victimes de leur propre arrogance. Toujours sur mon rocher, perdue entre la réalité et ma dimension, je mis un peu de temps avant de remarquer une présence de l'autre côté de l'étendue herbeuse. Mon cœur sembla rater un battement quand je reconnus la personne qui s'approcha des corps. Cela remontait à des décennies mais je me rappelais toujours de ce visage... L'un des derniers que j'avais pu contempler avant ma descente en enfer. Le hasard avait décidé de le mettre sur mon chemin, ou alors peut-être était-ce un caprice du destin. Je le regardai alors, s'agenouiller auprès du seul survivant et l'accompagner dans la mort. Tu n'avais pas changé... Toujours aussi bienveillant auprès de chaque être que tu croisais. Et pourtant, si tu avais su apporter conseil et réconfort, tes paroles n'avaient pas suffi à me retenir lors de l'affrontement des dieux. Ce n'était pas ton échec, c'était le mien, mais au fond de moi, j'avais toujours espéré qu'une main parviendrait à me retenir dans ma folie. Vains espoirs, regrets dépassés, il me fallait oublier...
Annulant ma dimension, je sortis alors de mon portail et m'approchai de lui, le pas léger et déterminé. Sa voix s'éleva dans les airs, m'apostrophant sans violence et lui laissant le temps de rafraîchir son visage autant que son âme, j'attendis qu'il me regarde enfin, recréant cette étrange connexion qui nous lia jadis.

Je ne pensais pas te revoir tout court, répétais-je en réponse. Nos amis divins se sont mis en tête de me traquer, ou bien est-ce le hasard que de te croiser ici ?

Un mince sourire aux lèvres, j'enjambai sans tristesse l'un des cadavres pour m'avancer un peu plus, lui faisant face tandis que le sang commençait à tâcher le bas de mes vêtements. Peut-être se disait-il que ces cadavres venaient de ma cruauté... Mais je n'eus pas envie de démentir. Après tout, depuis que j'avais quitté ce groupe d'imposteurs, je n'étais plus obligée de me justifier auprès de qui que ce soit...

Et maintenant que le dieu que tu es tombe sur la corrompue que je suis, que comptes-tu fais ? Terminais-je, une pointe d'amusement dans ma voix.

Tout cela semblait se passer de façon très familière, mais une mélancolie me gagnait et j'éprouvais presque un certain plaisir à le revoir. Je connaissais ses dons et je savais qu'il ne servait à rien de lui cacher, alors je préférai rester naturelle. Il était inutile que j'use de la magie pour tenter de me dissimuler à son pouvoir, il était celui qui m'avait le plus connu... Et sans doute la personne devant laquelle je m'étais le plus mise à nue. Autrefois amis, même si ce n'était plus le cas, je ne chercherais pas à détruire la proximité qu'il pouvait encore exister entre nous.



Retrouvailles bucoliques
Feat Viladra Memphis
Sa voix m'interpelle et titille mes sens. Mes tympans vibre avec la même douceur que celle d'antan, reconnaissant cette mélodie comme étant celle d'une amie qui me fût proche. Piqué par une curiosité mesquine, sa voix s'élève dans une phrase à la fois amusée et réprobatrice. Le silence s'installant après sa question, je la laisse s'approcher de ma personne et la regarde enjamber les corps sans le moindre sourcillement. Je ne peux cependant pas le lui reprocher, n'ayant moi même que peu de réactions quand aux coquilles vides que représentent les cadavres.
La proximité se créant, je laisse mes yeux vagabonder sur son visage, sa démarche et chaque chose constituant la désormais nommée Jalousie. Un sourire figé aux lèvres, je laisse la jeune femme continuer sa maigre tirade dans un silence religieux. Une fois la question posée, je ne peux réprimer un vague soupir contrarié. Ainsi pense-t-elle donc que je constitue une menace pour sa personne, ou est-ce simplement de la rhétorique. Ne laissant place à mes songes, je perçois une pointe d'humeur tourmenté dans ses esprits. Autres que la négativité ambiante, je me surprends à percevoir une mélancolie plus douce et plus joyeuse que les derniers instants que nous avions partagés à l'époque. Retrouvant une légère contenance plus assurée, je redresse la tête et l'observe. Elle aurait put essayer de se cacher, de me mentir ou bien de ne simplement pas venir mais pourtant, elle a décidé de faire le premier pas.

"Te dire que vous n'êtes pas traqués par l'Ordre serait un mensonge éhonté. Je n'aime cependant pas appeler la providence comme du hasard.. Parlons plutôt de destin ?"

Marquant une pause, je me met à l'observer avant de tourner la tête vers mon chemin passé, vérifiant ainsi qu'aucune conscience ne se trouve dans les environs. Une fois fait, je me déride quelque peu et observe le ciel avec une certaine forme de regret.

"Rien. Mis à part te demander comment tu te portes. Je ne te ferais rien, comme ne transmettrais pas l'information de ta présence. Bien que futile étant donné l'art que tu maîtrises.
L'Ordre n'est pas encore prêt à savoir que j'ai déjà fais une rencontre avec la noirceur de sa progéniture, sans offense. Ma présence hors des murs peut déjà te donner l'information que je ne suis désormais plus une perle enfermée dans son écrin. Les Astres n'auraient que trop d'informations à assimiler si je me hâtais de te pourchasser. Ils l'apprendront en temps et en heure.
"

Lui adressant un bref sourire, je me met alors en marche en lui faisant signe de me suivre.Le pas léger et lent, je déambule plus que je n'avance et dépose mes pieds nus sur le sol frais de la forêt. Les yeux mi-clos pour profiter de chaque chose autour de nos deux personnes. La voix morne et bien que joyeuse de cette rencontre, je reprends en tâchant de garder une certaine distance émotionnelle.

"Tu n'as jamais été proche des autres. Mais peut-tu m'assurer qu'ils vont bien ?"

M'arrêtant non loin de ce qui ressemble à un ravin fleuri, j'observe les alentours avant de me détourner vers mon ancienne comparse. Le visage serein tout autant qu'observateur. Tout deux ennemis comme amis sans animosité ni réelle amitié. Un sentiment étrange s'empare de moi, une incompréhension de notre situation et de comment me comporter avec elle s'installe. Dois-je la traiter comme une amie, comme une ennemie ? La seule que je vois en elle étant une victime de notre folie.
©️ FRIMELDA

ft. Viladra

ft. Lsemna

「 Souviens-toi... 」
Les sentiments que j'éprouvais à ce moment-là étaient partagés et sans avoir son don de la sensibilité, je le connaissais assez pour savoir qu'il en était de même en lui. Nous avions été si proches... Il était le seul parmi les nôtres que j'avais pu considérer comme un membre de ma famille. Bien souvent, quand j'étais insouciante et trop obnubilée à batifoler follement parmi mes fidèles, il avait su trouver les mots pour m'apaiser. Je me rappelais de ces moments où, si j'avais beau être au-dessus du temps, je me comportais comme une jeune déesse pleine d'allégresse et de naïveté. Je faisais partie de ceux qui étaient les plus joyeux. Je passais mon temps à rire, à me balader partout tant et si bien qu'il était compliqué de me trouver lorsqu'on avait besoin de moi. J'étais réputée pour être une déesse aimante et pleine de joie, pour être une touche de fraîcheur parmi les mines austères et sinistres de certains seraphs. Cette époque me paraissait si loin... Ce temps où je courrais dans les bras de Semna pour m'y réfugier quand la foule m'oppressait un peu trop. Ce temps où je pouvais lui parler des heures comme une adolescente jacassante, et où il m'écoutait toujours avec son sourire bienveillant habituel. Il avait été comme un frère, parfois un père, mais surtout un ami fidèle qui jamais, jamais ne m'avait abandonné. Et pourtant... C'était moi qui étais partie, victime de ma folie et de ma rancœur. J'aurais voulu qu'il me suive, qu'il quitte ces usurpateurs qui salissaient le véritable rôle des dieux. Je savais au fond qu'il avait eu raison de rester, que c'était moi qui devais prendre la responsabilité d'avoir choisi une vie seule et pleine de froideur. Désormais, que ressentais-je quand je le voyais ? Une nostalgie certaine, peut-être une pointe de regret, mais vite effacée par la nouvelle vie que j'arpentais. L'aimais-je toujours ? Et lui... Comment me voyait-il désormais... ?

Sa voix limpide s'éleva dans le lourd silence qui avait suivi mon arrivée. Il ne me fit aucun reproche mais je ressentais pourtant de la tristesse dans sa voix et je savais que mes actes l'avaient déçu. J'aurais préféré qu'il en soit autrement, mais si tout était à recommencer, je pense que je ne changerais rien. J'avais perdu une part de mon humanité et une moitié de mon esprit méprisait ce qu'il était tandis que l'autre me criait de courir vers lui. Qui était-il, maintenant... Nous n'étions plus les deux seraphs d'autrefois, je n'étais plus celle qui jadis avait besoin de ses conseils et de sa présence. Devais-je le voir comme un ennemi, une simple retrouvaille éphémère qui se solderait par un nouveau départ ? Je n'en savais guère et cela m'importait presque peu. Il persistait encore cette étrange lueur en moi qui me ramenait vers le passé, mais elle s'éteignait au fur et à mesure des jours qui passaient. Peut-être que plus tard, j'aurais complètement oublié les sentiments que j'éprouvai à l'époque pour quiconque. Mais avais-je réellement envie de devenir ce monstre... Celui que l'on peignait lorsque les anciens parlaient des corrompus. Devenais-je mauvaise ? Le simple fait de tuer sans éprouver le moindre remord pouvait me répondre, mais je me posais pourtant la question... Était-ce les traces de cette humanité que je croyais disparue ?
Il me demanda comment je me portais et si j'avais des nouvelles des autres. Il ne savait toujours pas que la rebellions des seraph avait été un fait à part, que je n'y avais pris acte que pour m'enfuir et que je ne partageais pas spécialement leur idéologie. Ils voulaient faire renaître Faedhren de ses cendres, invoquer le retour de l'ancien roi. J'en n'avais strictement rien à faire.. .Et je n'avais aucune idée d'où ils se trouvaient. Semna devait certainement penser que nous étions un nouveau groupe, uni dans le mal et la cruauté. Cela en serait presque... affligeant.

L'Ordre peut me courir après, si ça lui chante... Répondis-je enfin. Détruire ces profanateurs de la vérité en serait presque un plaisir. Mais je ne suis pas partie pour me dresser face à eux bien que leur perte me procurerait une joie sans nom. Je suis partie pour vivre une éternité loin de eurs mensonges et de leur lueur malsaine... Peut-être devrais-tu y réfléchir, ta sensibilité ne te donne-t-elle pas conscience de ce qu'ils font ?

Mes paroles n'étaient pas agressives, mais la douceur qui faisait l'identité de ma voix autrefois avait disparu depuis longtemps. De regret, il ne restait plus que de la rancœur tout au plus...

Je ne suis pas irréprochable, loin de là... J'ai fait et causé des actes qui te décevraient sans doute. Souvent par nécessité et non par plaisir, mais je ne les regrette pas... Car faire du mal et l'assumer est différent que de le répandre dans des paroles enrobées de sucre comme ils le font. Mais je ne me fais pas de souci... Ils causeront eux-même leur perte, je me contenterai de les observer.

Un court silence s'installa entre nous avant que je ne reprenne la parole, glissant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Cette situation était si étrange... Mais je me sentais pris d'un sentiment apaisant que je n'avais pas éprouvé depuis longtemps. Cela venait sans doute de ses capacités... Je devrais peut-être m'en protéger, mais sans doute en souvenir de l'ancien temps, je lui faisais confiance. Quelque chose me soufflait qu'il n'oserait pas me faire du mal, et cette semi-certitude était la raison pour laquelle je me tenais ainsi, si près de lui, sans aucune arme entre nous deux. Ce qui m'effrayait le plus était de savoir si moi, moi qui n'avais aucune hésitation à fendre la chair, j'étais capable de le blesser. Cette question me prenait presque aux tripes... J'aurais du le considérer comme un ennemi, mais quelque chose m'en empêchait, au contraire.

Je n'ai aucun lien avec les autres depuis... ce qu'il s'est passé. Repris-je. Je sais que certains parcourent le monde dans des desseins que je ne connais pas, et que d'autres sont peut-être morts. Cela ne m'importe pas, nous ne ne partageons pas les mêmes visions des choses... Et toi, Semna, comment se porte ta vie de dieu ? Les seraph purs sont-ils aussi bienveillants avec leurs fidèles... ?

Je savais qu'il percevrait la pointe de sarcasme dans ma voix. Quelque chose me soufflait que non seulement il la remarquerait, mais qu'il s'en amuserait. Non, il n'était pas du genre à défendre aveuglement les siens... La sensibilité était suffisamment clairvoyante pour faire la part des choses.



Retrouvailles bucoliques
Feat Viladra Memphis
Les cheveux dans le vents et ses paroles dans mes pensées. La pointe acerbe et hasardeuse de ses mots m'arrachant un faible mais présent sourire.  L'on raconte que la rhétorique est preuve d'une santé mentale honorable. Si telles sont les choses, je n'ai pas à m'inquiéter pour elle. Le piquant de sa question vient doucement exciter mes sens tandis que je me targue d'une petite moue joueuse. Cependant, elle ne me laisse point le temps de répondre et s'élance dans une nouvelle prise de parole aussi élégante qu'assassine. Elle ne dit pas que des mensonges et je suis au regret d'approuver beaucoup de ses vers. L'air un peu plus maussade qu'auparavant, je laisse le silence apaiser nos mœurs et observe mon amie effectuer son petit tic capillaire. La morosité de notre discussion s'envole alors pendant quelques secondes étirés, me faisant presque oublier le passé et ses déboires.

Reprenant la parole, feu Désir vient alors m'offrir une autre dimension que la mascarade de la haine latente. Sa voix semble plus hésitante pendant quelques instants avant de retrouver son aigreur passée, m'étirant un léger sourire.
Malgré son nouveau statut et notre devoir de nous entre-tuer, je ne peux m'empêcher d'être plus naturel qu'au naturel. Je laisse le masque divin tomber et offre des émotions pures à la jeune femme, traduites sur mon visage comme l'expression d'un livre ouvert. Après tout, elle ne peut me cacher ses traits sous peine d'efforts... Pourquoi me cacherais-je à elle ?

"Je suis ravi de voir que tu n'as pas perdu ce sens de la répartie."


Lui souriant tel un vieil ami, je laisse un silence se placer entre nous afin de faire reposer l'atmosphère. Le sujet dont nous conversons semble loin d'être le plus aisé à développer. Autant pour l'un que pour l'autre. Et ce que je m'apprête à dire pourrait bien cristalliser sa haine.

"Ma vie de "Dieu", ma "Sensibilité"... Je crains devoir te dire que ces notions tendent à disparaître parmi ceux qui ont été tes frères et sœurs. Les nouveaux-nés portent la véhémence des anciens sans en avoir la sagesse."


Détournant légèrement le visage vers un horizon abstrait, je laisse la peine se lire sur mon visage découvert. Offrant, à la jeune femme, une vision que peu sur ce monde ont put apercevoir.

"J'ai dû en punir un. Il a envoyé un de ses Anges commettre un massacre entre les murs de mon temple. Pour chasser les "Hérétiques".."


Soupirant avec un souffle empreint de douleur, j'observe de nouveau la jeune femme se tenant devant moi. Mon côté "divin" mis à nu devant cette personne pour qui cette farce divine n'a plus d'effet.

"Ma conscience est pleine de la peine du monde et tu le sais. Ma vie est un désastre et je ne peux faire que la regarder s'écrouler. Pourtant je n'ai pas abandonné ma tâche. Je ne compte pas abandonner ce monde sous prétexte que le mien s'écroule.
Peut-être que les autres s'enlisent dans une farce de mauvais goût mais je considère que le statut que nous avons peut nous permettre de belles choses."


La voix brisée de quelques secondes, je resserre mes bras fins autour de mon torse et observe de nouveau une dimension n'existant pas. Comme fuyant un regard que je n'aimerais pas aimer. Laissant une courte pause s'immiscer entre mes paroles, je fini par reprendre, le ton et le visage plus légers, voir complètement surjoués.

"J'aide les pauvre, les démunis et les oubliés. Ma vie se porte comme elle le peut mais je n'arrive pas à me défaire de tâches sur certaines de mes tenues de soie immaculés lorsque je vais dans les bas quartiers. Et toi, très chère, les sacrifices des poulets dans les cavernes sombres t'intéresse ou préfères-tu la vie de bohème solitaire ?"

©️ FRIMELDA

ft. Viladra

ft. Lsemna

「 Souviens-toi... 」
Semna m'avoua avoir du punir l'un de ses fidèles et malgré l'explication, je fus assez étonnée. Ce n'était pas son genre, il n'aimait pas faire de mal et si sa vision pouvait parfois paraître étrange, il était le genre de personne à faire passer le bien d'autrui avant le sien. Peut-être était-ce parce que je dégageais le désir, un sentiment bien égoïste, que lui et moi nous étions si bien entendus... Il était mon contraire et mon semblable à la fois, le plus à même de me comprendre et de déplorer mes actes. Oui... C'était une époque lointaine, un temps qui aurait du être glorieux et lumineux mais que je ne voyais plus que par bribes en gris et noir.

Il évoqua son statut de dieu comme moyen d'atteindre son objectif de faire le bien. J'avais quitté cet idéal depuis longtemps... J'avais conscience que l'Homme et ses semblables étaient faibles, fragiles et corruptibles. Tu leur tendais la main, et ils te la dévoraient sans le moindre regret, t'aspergeant alors de leur ingratitude et de leur mépris. A quoi bon sauver une espèce déjà pourrie... Il valait mieux tout détruire et rebâtir un nouveau monde sur les cendres du passé. Évidemment, je ne pouvais pas me permettre de partager ce point de vue, car je savais qu'il ne le comprendrait et que même pire : il s'y opposerait. Pourtant... Il semblait plus déterminé que dans mes souvenirs, comme si son esprit avait commencé lui aussi à être marqué par les vices de notre éternelle existence...

Nous avions beau renaître peu importe le nombre de fois que nous mourrons, mais aucune pureté ne se regagnait... Une fois le mal installé, il s'étalait comme une tâche d'huile sur un miroir... et laissait ses traces même lorsqu'on s'acharnait à les effacer. Voilà pourquoi les corrompus qui revenaient à la vie ne bénéficiait pas de la liberté... Je me demandais d'ailleurs parfois s'ils avaient réussi à tous fuir ou si certains étaient captifs de l'Ordre des Astres. Peut-être même qu'ils étaient éternellement exécutés, destinés à une éternité de souffrance sans même comprendre pourquoi... Après tout, quelles que soient les atrocités que l'on pouvait commettre dans une vie, on les oubliait une fois un nouveau corps possédé. Ah, les purs... Au final, peut-être étaient-ils pires que nous en cachant leur faciès monstrueux sous des traits divins.

Nous ne possédons aucun statut que celui que nous... que vous vous êtes auto-proclamés. Répliquais-je, amère. Mais si c'est à travers celui-ci que tu te sens exister, peut-être as-tu raison de t'y accrocher...

Mais vivre dans les mensonges des autres ne m'intéressaient plus. Je vivais désormais de ma propre tromperie et de ma cruauté personnelle.

… personnellement, j'ai décidé d'abandonner toutes ces impostures...

Poussant un long soupir de lassitude et d'exaspération mêlées, je fis apparaître le seuil invisible de ma dimension avant de m'y asseoir en croisant les jambes. Je donnais l'impression de flotter dans l'air, mais Semna connaissait ma magie et ne tiqua même pas devant cette apparence étonnante. C'était agréable pour une fois de ne pas user de faux-semblant... Tromper, manipuler et mentir devenaient une seconde nature, cela en était même un peu inquiétant. Je connaissais Sensibilité depuis quatre siècles, maintenant... Quatre cent ans durant lesquels aucun d'entre nous n'avait perdu la vie. On pouvait presque fêter un anniversaire...

Lorsqu'il me posa sa dernière question, je me mis à sourire, amusée. Sacrifier des poulets ou vivre une vie de bohème... Si cela avait été mes seuls choix, ma vie et ma corruption auraient été bien plus simples... Mais j'avais préféré répandre du sable dans les rouages de la vie, œuvrant à un désordre pourtant bien synchronisé. Mes actes semblaient illogiques et incongrus... J'aidais certains, puis les poignardais un peu plus tard... C'était ce piment-là qui me permettait de me sentir exister, de me dire que du peu de l'humanité qu'il me restait, j'en conservais encore les vices à défaut d'en avoir perdu les vertus.

Je me laisse porter au grès du vent... Répondis-je, dans le vague. Et si parfois un peu de sang vient tâcher mes vêtements, j'évite tous les rituels ennuyeux qui l'accompagnent.

Laissant échapper un éclat de rire, je posai un coude sur ma jambe avant de poser mon menton dans le creux de ma main.

Et toi, Semna ? Depuis toutes ces décennies, tu n'as pas de nouvelles croustillantes à m'apprendre... ?

Retrouvailles bucoliques
Feat Viladra Memphis
Souriant d'un air distrait, j'écoute les paroles de la femme qui fût un jour mon amie. Je l'écoute et la regarde sans vraiment la regarder. Son corps surélevé dans une position assise qu'aucun n'aurait qualifié de surnaturelle. Mais après tout, ne l'étions nous pas nous même.. ?
Restant debout pour ma part, je joins doucement mes mains sous le drapé de ma tenue et laisse le vent faire son oeuvre, me donnant l'allure d'un saint. Je ne pût m'empêcher d'imaginer le nom d'une peinture nous représentant. Nous nous pensions si différents et si proche autrefois. Donnée si risible quant à notre situation actuelle.. L'un représentait la déchéance et l'autre la corruption.. Aux Astres de décidé qui est quoi en ce bas monde.
Un bref souffle s'était échapper de mes narines tandis qu'elle parle d'imposture. Comme si nous esprits s'étaient entendu pendant quelques secondes avant qu'elle ne prenne sa dite position. Elle n'a pas tort sur certains points. Et même si sa vue est biaisée par la colère, je ne peux lui retirer ses arguments. Il est parfois triste de se dire que les "Corrompus" sont plus éveillés que les "Purs".

Mon visage se déride lorsque la Jalousie vient à répondre avec humour. Puis mon corps entier se détend tandis que je l'entends rire. Ce rire... Son rire. Celui que je n'avais entendu depuis une éternité. Un frémissement longeant ma colonne vertébrale comme un souffle dans le cou, je détourne mes yeux heureux vers un horizon différent, préférant ne pas lui montrer ouvertement mon confort en sa présence.
Et puis.. Elle me pose cette question. J'oublie alors les émotions passées et reprend une stature dignement neutre. Mon visage se ferme à nouveau dans ce masque de Vertu et je me tourne de nouveau vers Viladra. La voix ferme et pourtant douce, je m'exprime alors sur un sujet que je me gardais d'évoquer jusqu'à présent.

"Je pourrais te raconter bien des choses. Mais je doute que la moitié d'entre elles ne t'intéressent réellement. Néanmoins.."

Marquant une pause, je dévisage le seuil de la dimension de la Jalousie avant de lâcher un soupir peiné. Avec une voix plus douce malgré une certaine crainte de la réaction, je reprend la parole.

"Xérie-Alyn est enfermée dans la geôle la plus noire du Saint-Siège."

Telle une épée de Damoclès, je laisse la nouvelle s’imprégner des l'esprit de ma supposée amie. Une information comme celle-ci pourrait me coûter la vie. Elle comme moi le savons, pourtant.. Je le lui communique comme à une alliée. Comme à mon amie. Espérant ne pas le regretter.

"Sa souffrance n'a de limite et son tourment est le mien depuis bien des années. Je ne peux la libérer sans risquer de prendre sa place."

Laissant un silence s'installer, je laisse mes yeux sincère se porter dans le regard de Viladra. Ma peine lisible dans mes iris, je lui laisse le temps de digérer ou de vociférer des insultes à mon égard, l'esprit trop meurtris pour réellement y faire attention. Et puis, d'une voix plus douce, je fini par reprendre.

"Je peux ralentir l'assaut des Astres sur les "Corrompus". Mais je ne peux rien faire s'ils sont déjà dans les serres de l'Ordre..."

Détournant les yeux et le visage vers la forêt, je laisse mon regard parcourir le néant verdoyant s'offrant à nous. Le souffle presque court parce que je m'apprête à prononcer, je laisse un silence se faire avant de déloger.

"Les prisons des Astres sont impénétrables. Espérons qu'aucun mage puissant n'utilise de magie dimensionnelle pour la libérer."
©️ FRIMELDA

ft. Viladra

ft. Lsemna

「 Souviens-toi... 」
Plus le temps passait, et plus le naturel revenait peu à peu. Une certaine aisance d’antan gagnait nos mouvements, détendant nos méfiances respectives et transformant la scène fictive en une nouvelle pièce bien plus honnête. Nous avions changé, peut-être moi de façon un peu plus flagrante que la sienne ... Je n'étais plus la jeune femme qui venait se jeter dans ses bras en riant, ni celle qui, jadis, piaillait à tout va et passait beaucoup de temps à ses côtés en quête de conseils avisés et de tendresse. Oui, les choses avaient changé depuis, mais ce n'était pas plus mal. On pouvait dire quelques parts, malgré les décennies qui pesaient lourdement sur nos épaules, j'avais grandi... Même si ce n'était pas forcément dans la meilleure des choses.

Semna semblait se détendre lui aussi, et je gardai un mince sourire sur mon visage. Je l'avais d'abord vu comme un nouvel ennemi, me demandant s'il devait y avoir affrontement ou non. De nous deux, je ne savais pas qui aurait le dessus... Nous connaissions mutuellement nos compétences et si je pensais pouvoir l'emporter, je savais que ce ne serait pas chose aisée. J'étais au final assez soulagée de voir que, si nous en étions pas encore au point de retrouver notre complicité d'avant, notre relation était tout de même restée assez saine. Enfin, dans les limites du raisonnable...

Il ne chercha pas à me raconter tout ce qu'il avait fait durant ces dernières années et je l'en remerciai intérieurement. Non pas que je ne m'intéressais pas à sa vie, mais s'il n'avait rien à dire, c'est qu'il savait que parler vainement n'était pas tellement dans mes goûts. Hochant simplement la tête quand il me sortit cette réponse, je le laissai alors poursuivre jusqu'à ce qu'il m'apprenne que Xérie avait été enfermée dans les geôles durant la rébellion des corrompus. Il était vrai que je ne m'étais pas tellement renseignée sur mes confrères, estimant que certains avaient pu fuir et que les autres avaient été capturés. En revanche, maintenant que le temps avançait, leur présence était un soutien de taille que je ne pouvais pas négliger.

Xérie... Je vois. Répondis-je simplement.

Elle devait endurer mille maux enfermée ainsi. Les prisons de l'Ordre des Astres n'étaient pas un endroit où on aimait s'y rendre... Et je me doutais qu'ils l'avaient éloigné, condamnée à une éternité d'oubli et d'abandon. La solitude avait du la rendre folle et sa corruption avait du avancer en flèche. Ce n'était plus une déesse perdue, qu'il détenait... Mais une véritable bombe à retardement. J'allais avoir un malin plaisir à la déclencher et ils regretteraient amèrement d'avoir agi ainsi.

Souriant un peu plus quand il sous-entendit clairement que ma magie pouvait passer outre les barrières de protection de l'Ordre, je jetai un regard à son profil qui se découpait au soleil tandis qu'il détournait le sien. Oui, c'était un peu un acte de trahison, que tu venais de faire là... C'était même clairement une incitation à la mutinerie. Mais ne t'inquiète pas, tôt ou tard j'aurais décidé de faire un tour dans les geôles afin de voir s'il y avait des alliés potentiels. Tu ne faisais que hâter le processus …. Et je savais à quel point ton pouvoir avait du te desservir à proximité d'une telle source de détresse et de haine.

Oui, il serait très fâcheux qu'un nouveau corrompu arrive à leur filer entre les doigts...

« et non pas à vous filer entre les doigts »

Semna avait beau être encore considéré comme l'un des seraph purs, je pouvais presque sentir ses doutes et sa descente vers la noirceur. Telle était notre destin... Et quelque chose me disait qu'il ne tarderait pas un jour à me rejoindre. On ne pouvait vouloir le bien de tous, surtout quand l'être humain et les autres races ne cherchaient que le conflit et la destruction. Un jour tu baisseras les bras, Semna... Et de sensibilité, tu passeras à la destruction de toutes les émotions que tu chérissais tant.

Je suppose que l'Ordre des Astres a un peu oublié notre existence, non ? Demandais-je, ironique. Je suppose que c'est une bonne chose pour nous...

Oui, oubliez nous, oubliez ce que vous avez fait et qui nous sommes. Notre retour n'en sera que plus savoureux, et votre agonie sera délectable...

Retrouvailles bucoliques
Feat Viladra Memphis
L'air détaché et pourtant l'esprit en proie à tant de questions sur l'acte que je venais de faire. Une trahison mais envers qui.. Envers quoi. Devais-je et dois-je jurer fidélité à mon essence ou aux idéaux. Dois-je nier ma propre raison pour sauver les apparences. N'étant pas devenu le Seraph de la fidélité aveugle et absurde, je ne suis ni n'ai jamais été tenu de garder ce genre d'informations pour ma propre personne. Si cela tombe sous la logique de certains, je préfère autant user de ce manque d'instruction pour apaiser mon esprit dans un acte aussi altruiste qu'égoïste.
Souriant légèrement suite aux paroles de celle qui fût ma plus proche compagnie, je me fige doucement tandis qu'elle n'émet sa douce joie quand au possible oubli de leur existence de la part de ceux qui prêchent la pureté.

"Dire qu'ils vous ont oubliés serait un peu osé. Disons plutôt qu'il s'agit d'une guerre froide où chacun des camps se regarde avec haine sans pour autant aboyer."

Alors que je dépose ma main sur l'écorce durcie d'un arbre couché, je laisse mes yeux se fermer et mon esprit vagabonder. Bien évidemment, je frôle le sien et perçoit cette froide colère qui la caractérise à l'heure actuelle. Pourtant, je ne m'y attarde pas ni n'essaie de l'apaiser. Elle prendrait cela pour une forme d'insulte et je la comprendrais. Nous avons dépassés le stade où il suffit de museler certaines émotions pour croire au bonheur. Nous savons tout deux qu'il n'y a pas de recherche aussi futile que celle allant à l'encontre de ce qui nous définit. Peut-être est-ce cela, la corruption. Accepter l'idée que nous le sommes depuis le début.. Corrompus.

Alors que le silence s'installe, je me surprends à percevoir une lueur.. Puis une autre. Des conscience s'éveillant doucement. Humaines ou au moins humanoïdes. S'approchant doucement mais sûrement de notre position. Je soupçonne la présence de ma suite, accompagnée sûrement de quelques nouvelles têtes cherchant des réponses ou simplement l'apaisement.
D'un sourire figé, je me tourne alors vers Viladra et la toise pendant quelques courtes secondes.

"Bien que notre rencontre fût brève.. Je suis soulagé de te savoir en vie."

Ne prenant pas la peine de lui expliquer mon départ, jugeant qu'elle doit sûrement déjà avoir repéré cette intrusion, je tourne les talons et reprends une marche douce vers les consciences. La voix faible et dénuée de toutes illusions, je ne lui fais d'adieu que pour une phrase, sachant qu'elle la comprendra sans trop de difficultés.

"Les souvenirs des paysages de nos sorties resteront dans mes esprits tels des messages gravés dans le marbre, Viladra. J'espère échanger de nouveau avec toi un jour."
©️ FRIMELDA



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